Comment attiser le désir des femmes ? Halte aux idées reçues, on reprend les bases

Véritable croisade, le désir des femmes semble nourrir de nombreux fantasmes. 97 % des femmes estiment qu’il est essentiel. Différents de l’orgasme ou de la jouissance, il est ce petit plus qui vous met en appétit. La rubrique sexo des magazines distribue des astuces pour décupler votre excitation et cette envie de tout envoyer valser, culotte et raison comprises. Pourtant, pousser toujours plus loin les positions ou les scénarios pour éveiller les sens et s’enflammer ne suffit pas. Reprenons les bases de cette tension tant convoitée et voyons comment augmenter le désir féminin pour que l’expérience reste inoubliable et durable.

Comprendre le désir des femmes pour mieux l’assouvir

Votre premier aphrodisiaque

Condensé de pulsions et de sensations, le désir est la principale motivation pour passer à l’action. L’excitation pointe le bout de son nez et met en tension toutes vos fibres. Le désir vous pousse, vous retourne l’esprit et transcende votre corps pour combler ce manque qui vous tiraille. Son seul but : se délecter.

Il n’implique pas obligatoirement un rapport ou un consentement sexuel. Il peut rester à l’état de pensées. Considérez-le comme une allumette qui émoustille vos sens et votre psyché. Il vous met en condition pour profiter des plaisirs intenses qui se profilent et vous guide, si le cœur vous en dit, jusqu’à l’orgasme.

annonce sortie livre Patiente de Violaine Berlinguet

Désirer c’est se laisser la liberté de ressentir, tant au niveau physique, qu’émotionnel ou mental. De nombreux facteurs peuvent bloquer ou décupler cette excitation (l’âge, le mode de vie, la religion, les cycles hormonaux, la relation du couple, le stress, etc.). Reconnaître vos accélérateurs et vos freins est donc aussi crucial que de savoir où se trouve votre clitoris.

Désir réactif vs désir spontané

Dans son livre Je jouis comme je suis, Emily Nagoski, sexothérapeute, explique que : « Là où le désir spontané apparaît en anticipation du plaisir, le désir réactif émerge en réponse au plaisir. »

Lien vers des formations en écriture digitale

Nos expériences, nos ressentis et notre imaginaire sont autant de stimuli qui excitent notre désir dit réactif. Un frôlement, un baiser langoureux et vous sentez poindre des frissons et une chaleur vous envahir. Votre corps réagit pour vous mener droit vers la case « prendre son pied ». Notre bien aimé cerveau comprend que la situation qui se présente lui a déjà procuré une satisfaction. Pourquoi hésiter ? Vous débutez alors une danse de charme à l’assaut des délices tant espérés. Les sens se réveillent, la température grimpe et votre excitation bourdonne en vous.

Ce désir réactif est moins connu et surtout dévalorisé par rapport à celui dit spontané.

Pulsionnel et irréfléchi, ce dernier est vu comme la référence, mis en lumière par Hollywood et la littérature. Un seul regard puis votre corps s’embrase, submergé par un besoin presque bestial. Un véritable tour de magie dans votre culotte !

Pourtant, ces deux types de désirs sont complémentaires et normaux. Vous pouvez ressentir les deux ou juste l’un d’entre eux. Il n’y a pas de règle. À vous de comprendre votre propre fonctionnement pour trouver les clés de votre plaisir.

Décrypter les freins pour augmenter le désir féminin

Quand le corps et l’esprit ne font pas bon ménage

Imaginez : en plein milieu de votre parade de séduction, le soufflé retombe ! En mode commentatrice sportive, vous analysez votre performance et votre physique. Un monologue intérieur s’ouvre malgré vous. Au revoir désir ! Au revoir plaisir ! Vous vous coupez de vos sensations et n’êtes que spectatrice de ce moment intime. William Masters et Virginia Johnson, deux sexologues américains, nomment ce phénomène « spectatoring » ou « spectatorisme » en français.

Selon le Dr Lori Brotto, directrice exécutive de l’Institut de recherche sur la santé des femmes en Colombie-Britannique : « Le désir repose sur une connexion du corps et de l’esprit. »

Ce duo est essentiel pour réaliser l’escalade vers le plaisir et laisser libre cours à votre passion. Une colocation déséquilibrée entraînera alors une dissonance sexuelle. Votre tête ronronne d’envies, mais vous restez de marbre. Vous n’êtes pas dans le « mood », mais votre corps s’exprime.

La fameuse charge mentale influence ces mécanismes. Vous croulez sous votre quotidien et votre cerveau, en roue libre, vous rappelle chaque détail. Cette pollution vous épuise et votre libido s’essouffle.

⏩ À lire aussi : Exposer son corps pour mieux l’aimer | Rencontre avec Rose Leroy

Quand le genre impacte l’épanouissement du désir

Même si le féminisme a permis une libération de la sexualité, de nombreuses connaissances restent dans l’ombre. Il a fallu attendre 2017 pour qu’un manuel de biologie représente le clitoris pendant que les murs de nos rues se parent de charmants phallus depuis que l’homme sait tenir un crayon. Une bonne indication de l’impact socioculturel sur votre sexualité, mesdames.

Dans le documentaire Ce que veulent les femmes, l’autrice féministe Maïa Mazaurette explique que :

« Le désir des femmes et sa représentation pendant l’acte sexuel ont beaucoup été mis en image par des hommes hétéros. Très tôt dans notre vie, on est saturées par ces images qui nous imposent ce à quoi nous devrions ressembler quand on fait l’amour, quand on ressent du désir ou quand on a un orgasme. »

La sexualité féminine a longtemps été calquée sur celle des hommes. Sans considération pour ses spécificités, elle serait similaire, mais insatisfaisante et limitée au domaine relationnel et émotionnel. Il est donc complètement accepté qu’une femme manque de désir. C’est pourquoi la diminution de la libido suite à la prise de la pilule n’a jamais été un frein à sa distribution.

Ces clichés placent la pénétration comme point central d’une relation sexuelle. Elle procure un plaisir intense à l’homme jusqu’à l’orgasme dans 95 % des cas. Si la femme n’éprouve pas cela, c’est donc que quelque chose cloche. Rassurez-vous ! La représentation de la sexualité imposée est le vrai problème. Un homme et une femme n’ont pas les mêmes besoins pour prendre leur pied. Selon une étude IFOP réalisée en 2015, seulement 26 % des femmes interrogées réussissent à jouir grâce à la pénétration vaginale. Si elle est associée à la stimulation clitoridienne, l’orgasme survient dans 77 % des cas. La pénétration est un moyen de se procurer du plaisir et non une fin en soi.

Certes, les langues se délient, mais nombre d’entre vous ont dû apprendre et se découvrir seules, sans réponses à leurs questions. Le désir féminin reste encore un sujet tabou, considéré comme futile.

Quand l’orientation sexuelle restreint le plaisir

Une étude publiée en 2017 dans la revue scientifique Archives of Sexual Behavior illustre parfaitement le décalage du plaisir chez les femmes selon leur orientation sexuelle. 65 % des femmes hétérosexuelles ont un orgasme lors d’un rapport contre 86 % des femmes homosexuelles.

Selon Coraline Delebarre, psychologue et sexologue, « la définition du coït est totalement hétéronormée puisqu’il s’agit de la pénétration du pénis dans le vagin. Or, les lesbiennes ne peuvent pas donner cette définition à leur rapport sexuel, ce qui change de facto les perceptions de la sexualité. »

La pratique du saphisme (homosexualité féminine) n’est pas phallocentrée. Il n’y a ni course à l’érection ni de terminus après l’éjaculation. Le « golden trio » de la jouissance y est plus présente (91 %) que dans un couple hétérosexuel (80 %). Il est constitué de sexe oral, de baisers avec la langue et de caresses génitales. De plus, le sexe entre femmes serait plus épanouissant pour deux raisons : une meilleure connaissance du corps féminin et une possibilité de faire durer la montée du désir sans contrainte.

Les couples hétérosexuels suivent majoritairement la partition traditionnelle : préliminaires – pénétration – éjaculation. Cette pratique laisse peu de place à l’exploration du désir féminin.

Les lesbiennes semblent donc plus satisfaites. La mémoire corporelle suite à la libération des hormones du plaisir (ocytocine et dopamine) facilite la répétition de l’expérience. Plus le corps goûte à la jouissance, plus le désir s’éveillera aisément.

⏩ À lire aussi : Maïa Mazaurette : parler de sexe sans parler de cul

S’aventurer sur le chemin du plaisir en 5 tentations

1. Recentrez-vous et respirez

Avec l’éveil du désir, votre corps s’exprime. Vos tétons durcissent, le regard se fait langoureux, votre intimité se délasse. Reconnaître ces sensations naturelles vous aidera à les assumer. Osez accueillir ce qui bouillonne en vous et faites-vous confiance. Laissez-vous la chance de dépasser les préjugés d’une sexualité maladive que ce cher Freud a semés.

Pour vous aider, vous pouvez faire appel à la méditation en pleine conscience. En plus de doper l’estime de soi, elle est idéale pour vous lier à vos sensations et vous ancrer dans l’instant présent.

L’art de prendre son temps et d’être conscient de vos gestes est une clé du sexe tantrique. Dans une atmosphère apaisante, vous vous reconnectez à vous et à l’autre et dépassez la dimension mécanique de l’acte.

Dans le calme, installez-vous confortablement. Commencez par échanger vos ressentis grâce à vos regards puis à de simples effleurements. Chaque sens s’éveille progressivement. La conscience des réactions recrée un lien et ancre le désir. Vous pouvez vous arrêter là, ou approfondir l’expérience par des massages. Cet échange d’énergie ne repose pas sur la course à l’orgasme. Son but est de vous faire profiter pleinement du voyage.

N’hésitez pas à feuilleter le livre 50 exercices de Slow love et sex meditation d’Emmanuelle Duchesne. Elle vous guidera dans le lâcher-prise et la découverte de vos envies.

Pour commencer, voici 4 étapes pour mieux respirer et ainsi vous aider à vous détendre et à évacuer les tensions négatives :

  • installez-vous et prenez conscience de vos appuis ;
  • inspirez par le nez pendant cinq secondes ;
  • expirez par la bouche pendant dix secondes ;
  • répétez huit fois, pour un total de deux minutes.

Vos pensées s’égarent ? C’est normal. Acceptez cette divagation et recentrez-vous sur votre respiration. Cela vous aidera par la suite si votre tête vous joue des tours avant ou pendant l’action.

2. Divulguez vos fantasmes

Comment votre partenaire peut-il ou peut-elle connaître ce qui vous fait décoller si vous ne lui dites pas ? Même si l’observation est cruciale, rien ne vaut l’explication de vos ressentis. Vous posez vos limites, vos envies et vos appréhensions. Pour booster sa libido en couple ou en solo, pensez « communication » : écoutez et partagez. Savoir que vous ne resterez pas sur votre faim, n’est-ce pas la meilleure des motivations ?

La parole peut aussi être un jeu émoustillant. Vous connaissez le « dirty talk » ? Il repose sur un langage sexuel parfois cru pour booster l’excitation. Selon votre envie, il peut se limiter à un gratifiant « Oh oui ! J’adore ! » au creux de l’oreille de votre partenaire. Un de ses avantages est de pouvoir exprimer son ressenti et donc faire comprendre à votre moitié ce qui vous fait décoller. « Tu m’excites quand tu te touches ! ». Pour les plus téméraires, il peut même devenir un ordre : « Baise-moi ! » « Lèche-moi ! ».

Le « dirty talk » n’est pas forcément hardcore. Il peut être tendre et érotique. C’est un bon outil pour apprendre à connaître l’autre en posant des questions sur son plaisir à l’instant T. « Tu aimes quand je te caresse ici ? ». En anticipation, il peut être un véritable catalyseur : « Je vais t’embrasser et te plaquer contre le mur ! » Plongez votre regard dans le sien, attendez quelques secondes et lancez-vous. Effet garanti !

Sachez lire l’atmosphère et l’adapter au contexte. À pratiquer dans le respect des limites de chacun(e) sans devenir malaisant ou insultant sans consentement. Alors parlez-en !

3. Abstenez-vous

Un orgasme, une partie de jambe en l’air ou une pénétration ne clôture pas obligatoirement la montée du désir. Vous pouvez redéfinir les enjeux en enlevant toute attente sexuelle.

Et pourquoi ne pas pousser l’expérience plus loin en jouant avec l’abstinence ? Attention, ne retirez pas tout l’érotisme de votre vie, bien au contraire. Entre délices et frustrations, les provocations que vous ne manquerez pas d’imaginer (regards, caresses, effeuillage, dirty talk, sexto, etc.) feront bouillir votre relation jusqu’à la délivrance.

Trouvez le déclencheur qui titille vos sens et pimentez votre coffre à jouets. La pensée est votre alliée ? Tentez les livres érotiques en papier ou audio, ou les podcasts érotiques. Les mots écoutés se rapprocheront facilement de votre esprit. Si les images sont plus parlantes, découvrez le porno féminin, la photographie ou la peinture sulfureuse.

N’hésitez pas à piocher dans les différents sextoys au gré de vos envies. Vous en trouverez forcément un fait pour vous. Si vous avez besoin d’une idée pour commencer, lisez notre article sur le sextoy Womanizer.

4. Touchez-vous

N’ayez crainte. La masturbation ne diminuera pas votre envie de faire l’amour avec votre partenaire. Le désir ne se divise pas, mais se multiplie. Soyez donc libre de vous toucher. Ainsi, vous apprendrez à connaître votre corps, ses réactions et ce qui marche pour vous. Avec la paume de la main ? Sans pénétration ? En vous caressant les seins ? Vous contrôlerez l’expérience en toute confiance et à votre rythme. Plus vous ressentirez ces sensations libératrices, plus il vous sera facile de vous laisser transporter seule ou à plusieurs.

De plus, la masturbation est votre meilleure alliée pour assouvir une flambée de désir que vous préférez conserver pour vous. Elle est antidépresseur et apaisante. Accordez-vous un temps de détente et une ambiance propice à ce moment intime qui vous appartient. Pour vous aider les premières fois, n’hésitez pas à utiliser un miroir pour visualiser votre vulve et votre clitoris.

Le toucher ne se limite pas à l’onanisme. Votre partenaire peut attiser les tensions sans pression grâce à des attouchements sans fin sexuelle pour profiter de l’instant présent. Les massages sont un bon moyen de vous délasser avec une approche sensuelle pouvant faire des étincelles. S’effleurer avec les mains ou une plume, titiller un téton ou souffler sur le cou. Autant de contacts pouvant déclencher une vague de chaleur et de désir.

5. Découvrez vos limites

Dans le respect de la confiance et du consentement de chaque partenaire, découvrez de nouvelles pratiques et faites le tri. En connaissant pleinement ce qui vous sort de la torpeur du moment ou ce qui vous y plongera, vous ne serez pas frustrée. Agrandir sa zone de confort n’est pas simple, mais peut s’avérer surprenant.

L’idée d’avoir les mains attachées vous intrigue ou une fessée vous fait frémir d’envie ? Le BDSM, soft ou poussé, s’ouvre à vous. Cette pratique est fortement décriée en raison de nombreux stéréotypes. Elle flirte avec le jeu de rôle et regroupe le bondage (restriction), la soumission-domination, le sadomasochisme (jouer avec la frontière douleur-plaisir). Chacun peut y trouver son compte selon ses besoins.

Vous aimez visualiser votre partenaire prendre du plaisir avec une ou plusieurs autres personnes ? Le candaulisme repose sur le consentement des pratiquants. Il demande de la réflexion et de la communication sur la jalousie et la notion d’exclusivité.

Votre imagination déborde de personnages et de situations ? Les jeux de rôle seront parfaits pour réaliser vos fantasmes et décupler votre désir.

La connaissance de vos limites établira un cadre permettant une expérience sexuelle sécurisée. À chaque instant, il est possible de changer d’avis.

Attiser le désir féminin ne se confine pas à offrir un verre ou un bouquet de fleurs. L’équilibre du trio de choc « désir-réponse génitale-plaisir » sera la clé de votre épanouissement. Pour ce faire, la communication, la confiance en vous et l’écoute de vos envies seront de précieux alliés. Votre désir évolue en même temps que vous. Écouter votre petite voix intérieure vous facilitera bien plus la vie que de vous forcer à entrer dans un moule imposé. Alors maintenant que vous savez ce qui vous fait monter au rideau, à vous de jouer ! Et pour combler votre curiosité, abonnez-vous à notre newsletter !

Saint-Ouen Aurore, pour Celles qui Osent

Sources :

NAGOSKI, Emily. Je jouis comme je suis : Guide pour une sexualité féminine épanouie LEDUC.S; Illustrated édition, 27 avril 2021. 476 pages.

Frederick, D. A., John, H.K.S., Garcia, J. R. et al. Differences in Orgasm Frequency Among Gay, Lesbian, Bisexual, and Heterosexual Men and Women in a U.S. National Sample. Arch Sex Behav 47, 273–288 (2018)

Coraline Delebarre, « À propos du “ Lesbian Bed Death ” : Quelles réalités sexuelles chez les femmes qui ont des rapports sexuels avec d’autres femmes ? », Résultats de l’enquête SexoFSF. Mémoire pour le diplôme interuniversitaire « Étude de la sexualité humaine », université de Paris V René-Descartes UFR de médecine.

MIMOUN, Sylvain. Ce que les femmes préfèrent. Première enquête sur le désir féminin. Albin Michel, 2008.

Les principes du plaisir sur Netflix

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-pieds-sur-terre/une-libido-a-soi-6147497

https://www.terrafemina.com/article/masturbation-comment-le-plaisir-solitaire-peut-booster-notre-vie-sexuelle_a342754/1

https://www.aufeminin.com/sexe/dirty-talk-s4011195.html

https://www.elle.fr/Beaute/Massage/Massage-tantrique-3419315

https://www.santemagazine.fr/psycho-sexo/desir-et-plaisir/pratiques-sexuelles/tout-savoir-sur-le-candaulisme-cette-pratique-sexuelle-detonante-919813

https://www.ipsos.com/fr-fr/sexualite-de-quoi-les-francaises-ont-elles-vraiment-envie

Celles qui osent instagram
Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.