Le film documentaire Mon nom est clitoris, écrit et réalisé par Lisa Billuart-Monet et Daphné Leblond, retrace le dialogue entre de jeunes femmes autour de la sexualité féminine, filmé dans l’intimité de leurs chambres. « Ah ouais ?! Cela à la taille d’un pénis, le clito ? » Avec une liberté, un courage et un humour communicatifs, elles partagent leur expérience et leurs histoires. « Ne t’en va pas trop loin chercher la vérité, elle se trouve peut-être dans le creux de tes jambes. » En osant aborder le sujet, elles démontrent leur volonté de changer le monde autour d’elles et de faire valoir le droit des femmes à une éducation sexuelle informée, délivrée des contraintes, des tabous, du patriarcat et de la censure sexiste. Celles qui Osent analyse pour vous ce documentaire libérant la parole sur le clitoris.
Le clitoris, un organe obscur du désir
Dessiner « ce continent inconnu », de mémoire, n’est pas chose aisée. Alors, parler de cet organe obscur du désir… c’est l’exercice que les réalisatrices ont demandé à douze jeunes femmes, âgées de 20 à 25 ans.
Aborder ouvertement la sexualité, sans tabou, cela fait peur. Il y a le jugement des autres. « Je ne pense pas que ma sexualité appartienne à mon mec, et pourtant je m’interroge : est-ce une bonne idée de parler de cela devant une caméra ? » Pour toutes, il y a une gêne, presque palpable.
Elles commencent par évoquer leurs premières sensations, parfois ressenties dès l’enfance, à la fois agréables et désagréables. Elles tentent de rassembler leurs souvenirs, souvent vagues, leurs premières règles, la poussée de leurs seins ou encore leurs premiers tampons.
Le manque d’éducation sexuelle à l’école
Oser parler de sexualité à leurs parents ? Très peu pour elles ! L’une raconte qu’elle s’est éduquée au sexe avec « le guide du zizi sexuel », écrit par Hélène Bruller et dessiné par Zep. « D’une manière générale, on parle plus souvent du zizi des garçons que de l’anatomie des filles. Les cours de sciences et vie de la terre sont techniques : ce ne sont pas des cours d’éducation sexuelle. »
Alors, elles imaginent, le plaisir, forcément à deux, “comme dans les films.” Peu à peu, à l’adolescence, elles s’aperçoivent que « c’est normal de ressentir du désir, de l’attirance ». Ce n’est malheureusement pas à l’école qu’elles en apprennent plus sur ce mystérieux clitoris. Ce mot est même souvent absent des livres d’anatomie. « Nous n’avons aucun apprentissage sexuel et pourtant on nous demande d’être performantes au lit. » Ce fantasme perfectionniste est très ancré et peut générer du stress, pour les partenaires.
Les jeunes femmes osent parler de leurs premières fois. « Cela ne rentre pas, pourquoi ? » Certaines en arrivent à se dire « OK, faire l’amour, cela fait mal. » La pénétration n’est pas toujours agréable, alors ?
Qu’est-ce que la virginité ? « Perdre » sa virginité : perd t-on vraiment quelque chose ? On imagine souvent que l’on ne peut se dépuceler qu’avec un mec, alors que pour certaines, « c’est triste et pas imaginatif ».
Les préliminaires peuvent suffire et faire l’amour sans pénétration est chose possible. Internet et les forums répondent parfois à leurs questions, parce que tous les gynécologues ne sont pas à l’aise avec leurs interrogations.
Masturbation féminine : vers la connaissance de soi
« Fais-toi plaisir toi-même ! » La masturbation féminine semble être quelque chose de tabou et “pourtant c’est plaisant !” Rien n’est évident. “Savoir s’occuper de son clito, ce n’est pas facile.” Cet organe demeure le seul destiné au plaisir dans notre corps. « C’est à travers le prisme masculin que l’on apprend à se connaître car les garçons semblent avoir le droit d’en parler plus ouvertement que nous. » C’est important d’en parler, crûment, ou pas.
« Traînée, coincée, frigide, cochonne, mal baisée, fille facile, prude, salope, etc. Nous nous sentons vite jugées. »
Il est important de s’aimer soi et son corps. Quelle que soit sa corpulence, tout le monde a le droit au plaisir.
Les jeunes femmes abordent également une autre « norme sociétale » : l’épilation. Pour être conformes à l’image féminine désirable que la société et les médias nous inculquent, de nombreuses femmes subissent cette contrainte, « alors que non, ce n’est absolument pas obligatoire de s’épiler pour avoir un rapport sexuel ! »
Percer les secrets de la jouissance féminine
Pour définir l’orgasme, clitoridien ou vaginal, les jeunes femmes expliquent : ”cela coupe le souffle, rigidifie le corps. On tremble. Puis vient une éjaculation et un relâchement total. » Quant à la fameuse zone G, il s’agit d’une zone précise, particulièrement sensible aux caresses. À chacune de la trouver ! « Il n’y a pas de recette magique, c’est dommage ! »
Les hommes fantasment sur le sexe, souhaitant percer les secrets de la jouissance féminine. Les « multiorgasmiques girls » deviennent les nouvelles superhéroïnes télévisuelles. « Les pornos, c’est à la fois bien que cela existe et dommage qu’ils véhiculent autant de clichés. » Simuler ? « On se surprend parfois à le faire ».
Le consentement ne semble pas être complètement entré dans les mœurs.
« C’est important d’oser parler, dire quand cela fait mal, et stop quand on a plus envie. » L’ignorance de soi, de toutes, est la pire. « C’est dangereux de ne pas connaître son propre corps. Coucher avec un mec sans plaisir, cela ne devrait pas arriver, comme avoir peur de sexe. »
Comme il ne devrait pas y avoir de malaise à parler clito, et pourtant…
Ce documentaire est utile et salvateur, pour toutes celles qui osent être en quête d’une sexualité épanouissante, libre et égalitaire. Les réalisatrices filment, sans contexte superflu, de jeunes femmes, au sein de leurs intimités. Elles les questionnent simplement, et leurs réponses spontanées, sincères et drôles nous touchent. Ces femmes se livrent avec beaucoup de pudeur et d’honnêteté sur leur rapport à la sexualité et à leurs corps. Elles soulèvent aussi les problématiques de notre société qui tend à laisser les jeunes filles ignorantes de leurs anatomies et de leurs plaisirs.
Violaine B — Celles qui Osent
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