Charge mentale des femmes : la comprendre et y faire face

Quelle femme ne s’est jamais sentie débordée face à la multitude de choses à faire et à gérer au quotidien ? Combien d’entre elles n’ont jamais éprouvé ce sentiment d’épuisement à la fin de la journée avec cette désagréable impression d’avoir passé leur temps à courir ? Conceptualisée pour la première fois en 1984 par Monique Haicault, la charge mentale des femmes reste, à l’heure actuelle, un vrai problème de société. Un sondage Ipsos de 2018 montre clairement que 80 % d’entre elles sont concernées par ce phénomène ! Un chiffre qui s’explique par le nombre croissant de femmes qui travaillent et une obligation de concilier vie personnelle et professionnelle. Alors de quoi s’agit-il exactement et comment réduire sa charge mentale au quotidien ?

La charge mentale des femmes ou l’impression de devoir penser à tout, tout le temps

La charge mentale : une forme de surcharge cognitive

Contrairement aux idées reçues, le concept de charge mentale ne désigne pas l’ensemble des tâches à accomplir dans une journée mais plutôt le fait de devoir penser à les réaliser. La chercheuse canadienne Nicole Brais la définit comme le « travail constant et incontournable de gestion, d’organisation et de planification de la bonne marche de la maison et qui a pour objectif la satisfaction des besoins de chacun ». Cette responsabilité écrasante incombe le plus souvent aux femmes et vient se greffer à leur activité professionnelle. Elles sont donc contraintes de jongler, en permanence, entre leur travail et leurs obligations familiales tout en essayant de trouver un équilibre.

La gymnastique mentale nécessaire pour tenter de concilier ces deux pôles n’est pas sans conséquence. Elle entraine une véritable surcharge cognitive qui influe à la fois sur le plan physique et psychologique. En plus du surmenage et de l’épuisement, la charge mentale peut également provoquer des symptômes typiques du stress ou de l’anxiété ainsi qu’une irritabilité. À long terme, cela peut conduire à une dépression ou un burn-out. En d’autres termes, ce rythme de vie effréné a des répercussions négatives sur le bien-être des femmes, mais aussi et plus largement sur l’harmonie du couple et de la vie familiale. Il est donc indispensable de prêter attention à son ressenti et aux signes avant-coureurs pour trouver des solutions.

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Les femmes, prédisposées à endosser le rôle de « superviseur de la vie familiale »

La psychiatre Aurélia Schneider a identifié dans son livre, La charge mentale des femmes… et celle des hommes, trois facteurs qui prédisposeraient les femmes à la charge mentale.

Des schémas sociétaux tenaces

Malgré une évolution incontestable des mentalités, certains modèles éducatifs perdurent et se transmettent par mimétisme. L’image de « la femme aux fourneaux » qui assure le bon fonctionnement du foyer est toujours bien présente ! Ainsi, les enfants acquièrent, par automatisme, des comportements genrés et stéréotypés en observant la façon dont leurs parents agissent au quotidien. Même si les hommes participent davantage aux tâches ménagères et à l’éducation des enfants, ils sont encore trop peu nombreux à prendre des initiatives. Il revient donc à la femme de se charger de la « logistique familiale » et de gérer la maison à la manière d’un chef de projet ! Un rôle qui est, en réalité, bien plus vaste qu’il n’y parait puisqu’en plus de planifier les tâches domestiques et parentales, elle en effectue la majorité.

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Des traits de caractère typiques et une tendance féminine à tout calculer

Les femmes à tendance perfectionniste ou dans le contrôle sont plus sujettes à ce problème. Elles ressentent le besoin de tout gérer pour se rassurer et leur niveau d’exigence, envers elles-mêmes, est très élevé. Ainsi, il leur arrive fréquemment de s’en vouloir de ne pas avoir respecté le planning qu’elles s’étaient fixé ou de ne pas avoir réalisé parfaitement les tâches accomplies. De même, une mauvaise estime de soi ou une comparaison excessive aux autres peut aggraver ce phénomène.

D’autre part, pour la psychiatre, compter et anticiper sont deux aptitudes féminines naturelles. Son raisonnement repose sur la chronobiologie et principalement les cycles menstruels qui rythment l’existence d’une femme. Dès leurs premières règles, la plupart d’entre elles prennent l’habitude d’établir un calendrier psychique et utilisent ensuite ce mode de fonctionnement dans leur vie de tous les jours.

Comment réduire sa charge mentale au quotidien ?

Repenser l’organisation de ses journées et son rythme de travail

Alléger son emploi du temps quotidien est un moyen efficace de réduire sa charge mentale. Pourquoi ? Parce que se concentrer uniquement sur l’essentiel permet d’utiliser son énergie à bon escient ! Il convient donc de se fixer des priorités et d’établir un planning. Le plus simple est de classer les tâches par ordre d’importance, en tenant compte du temps nécessaire pour les réaliser. Par ailleurs, il est indispensable de prévoir des pauses et de s’accorder du temps pour soi.

Pour parvenir à s’organiser efficacement et éviter de se sentir débordée, il est également possible d’utiliser plusieurs astuces :

  • faire des listes pour désencombrer son esprit (to do list, courses, repas de la semaine, etc.) ;
  • anticiper tout ce qui peut l’être pour ne pas être pris de court ;
  • faire une chose après l’autre.

Déléguer les tâches ménagères

Diminuer sa charge mentale demande de ne plus assumer la totalité de ses obligations. Autrement dit, d’accepter d’en confier une partie aux autres membres du foyer, principalement à son conjoint. Mais surtout, déléguer une tâche revient à ne plus s’en occuper et la laisser entièrement à la charge de l’autre. Cela nécessite à la fois de la confiance mais aussi un lâcher-prise. Les femmes doivent donc renoncer à l’idée de tout gérer et de tout contrôler même si le travail n’est pas exécuté à leur manière. Attribuer un rôle précis à son partenaire permet aussi de lui faire prendre conscience, à petite échelle, de la lourde responsabilité qui pèse quotidiennement sur les épaules d’une femme.

Favoriser la prise de conscience pour alléger la charge mentale des femmes : une solution privilégiée par Julie Hebting et Emma

Ces conseils, pourtant bien connus des femmes, ne suffisent pas, en eux même, à résoudre le problème de la charge mentale. C’est pourquoi Emma et Julie ont décidé de proposer des solutions concrètes.

Il suffira d’une crise et Fallait demander : des bandes dessinées qui révèlent le quotidien des femmes  

Lorsqu’elle a découvert le concept de charge mentale, Emma, alors informaticienne, a décidé de l’illustrer sous forme d’une bande dessinée intitulée Fallait demander. Son objectif était de sensibiliser les lecteurs à ce problème, en se mettant dans la peau d’une femme au quotidien. Un sujet qui lui tenait à cœur autant qu’il la concernait personnellement ! Son œuvre, publiée sur son blog, a connu un succès très rapide et de nombreux commentaires positifs lui sont parvenus, la confortant ainsi dans sa démarche. Ses dessins ont permis à de nombreuses femmes de poser des mots sur ce qu’elles vivaient et aux hommes de prendre conscience de la situation. L’auteure a sorti en 2020 une nouvelle bande dessinée sur ce thème, Il suffira d’une crise, qui met en lumière le travail des femmes durant le confinement.

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Maydée : une application pour évaluer et mieux répartir la charge mentale au sein du foyer

Lancée en 2020, Maydée est une application gratuite, en ligne, qui permet de mesurer la charge mentale des femmes. Cet outil, inventé par Julie Hebting, quantifie les tâches domestiques réalisées par les membres du foyer. Pour l’utiliser, il suffit de sélectionner une activité en indiquant le temps qu’elle a nécessité ou de le chronométrer directement. Cette application offre donc des données concrètes sur lesquelles s’appuyer pour rééquilibrer la prise en charge des tâches au quotidien. En créant cet outil et l’association qui porte le même nom, Julie Hebting a voulu apporter son soutien aux femmes et lutter contre « l’injustice ménagère ». Son combat se base sur deux constats : de manière générale, les hommes surestiment leur participation aux tâches et ne reconnaissent pas le travail accompli par leur épouse, parce qu’il ne se voit pas.

La charge mentale est, sans aucun doute, un sujet qui parle à toutes les femmes. Raison de plus pour s’intéresser de plus près à cette problématique et trouver des solutions pour adoucir son quotidien ! Et si on osait prendre le temps de vivre et ne plus être esclave des autres ou des dictats de la société ?

Pour aller plus loin, voici un article qui aborde l’épineuse question du féminisme et des tâches ménagères !

Aurore Dhermy pour Celles qui Osent

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