Le parcours inspirant de Sophie Loubet pour réinventer sa féminité et surmonter le handicap

trouver l’estime de soi lorsque le cancer vous attaque et vous affaiblit ? Comment rester féminine après une amputation de la jambe ? Quelle place le sport peut-il tenir dans le processus de résilience ? Sophie Loubet a été confrontée à toutes ces questions dans sa lutte contre l’ostéosarcome et la nécessité d’apprendre à vivre avec le handicap. Ne vous arrêtez pas à sa blondeur et son sourire angélique, c’est le portrait d’une femme forte, volontaire et optimiste que Celles qui Osent vous propose.

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Survivre au cancer, le combat de Sophie Loubet

Jeune femme de 23 ans, fraîchement amoureuse, Sophie Loubet s’est cassé la jambe en marchant simplement dans la rue. Pas de chute, pas de choc, rien à part les douleurs ressenties depuis un moment. Très active, Sophie a attendu 20 jours avant de se tourner vers les médecins. ≪ Je voulais d’abord finir une mission de travail. Je l’ai terminée avec des béquilles. ≫

Le diagnostic tombe : ostéosarcome. Pendant 10 ans, Sophie enchaînera traitements, opérations lourdes, chimiothérapie et rééducation pour lutter avec courage contre le cancer des os. La maladie l’oblige à stopper sa pratique intensive du snowboard et du handball. Elle place son énergie ailleurs, dans la construction de sa vie de couple. Sa première greffe osseuse la garde assise pendant un an et demi. ≪ J’en ai profité pour poursuivre mes études. J’ai passé un master de marketing en distanciel. J’ai eu le temps d’écrire ma thèse. ≫

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La troisième récidive révèle un cancer malin, très agressif et métastasé. Elle avance son mariage de 6 mois. Deux jours après, Sophie s’engage dans un protocole de chimiothérapie intensive suivie d’une opération. Très affaiblie, l’accompagner dans ses traitements est indispensable. Sa maman s’en charge.

≪ Ma féminité était très attaquée. J’avais perdu mes cheveux, ma jambe était abîmée, je me déplaçais avec des béquilles. ≫

Son mari ne la soutient pas, au contraire, elle se sent rabaissée et critiquée. ≪ Pourtant, je me suis toujours attachée à soigner mon image. J’étais fière de moi face à ce combat contre la maladie. Mais lui, non. ≫ Le rendre heureux pour le garder à ses côtés devient la seule préoccupation de Sophie.

C’est à la quatrième attaque du cancer que l’amputation de jambe est évoquée. S’adressant à l’oncologue, l’homme qu’elle aime demande si amputer est vraiment nécessaire : ≪ Pourquoi souffrir tous les deux si elle doit mourir dans 2 ans ? ≫ S’accrochant au moindre espoir, Sophie ne s’était pas demandé quelle était son espérance de vie avec un ostéosarcome.

≪ Perdre mon mari m’inquiétait plus que perdre ma jambe. ≫

💡 Retrouvez l’interview de Julie Meunier qui propose à celles qui luttent contre le cancer, une solution pour préserver leur féminité.

Retrouver sa féminité avec un corps modifié

Porter une prothèse avec fierté et aimer son corps

Sophie Loubet sort de son amputation transfémorale très motivée pour retrouver sa vie d’avant cancer. Elle s’investit à fond dans sa rééducation, s’approprie sa prothèse, réapprend à marcher puis retourne travailler.

Un jour, l’entreprise Proteor la contacte pour lui proposer de participer aux dernières phases de test d’un prototype bionique innovant, le Synsys. Le progrès réside dans la coordination du mouvement de la cheville et du genou. Le jour du premier essai, sa prothésiste lui demande d’apporter des chaussures à talon. ≪ J’avais tout jeté parce que c’est difficile de changer de chaussures avec les prothèses classiques. ≫ Sophie adopte immédiatement ce nouveau matériel. ≪ Porter le Synsys m’a rendue fière. Pour le montrer, j’ai acheté des robes courtes. ≫ Grâce à sa prothèse bionique et à sa force de caractère, elle apprend à s’accepter, à aimer son corps, malgré le handicap.

S’affranchir des souffrances morales pour se reconstruire

Sophie retrouve son estime de soi, mais à la maison, elle se sent toujours rabaissée. Son mari lui demande de porter des robes longues, de cacher sa prothèse, elle éprouve sa honte lorsqu’il marche à bonne distance d’elle dans la rue. Il la quitte plusieurs mois puis revient.

≪ Alors que j’étais en train de me relever, il voulait m’imposer sa vision des choses et multipliait les phrases humiliantes. ≫

C’est celle de trop qui aide Sophie à réaliser qu’elle perd son temps, car jamais il ne pourra aimer une femme handicapée. Elle doit partir pour se reconstruire et bien vivre avec son amputation. Sophie sort de cette existence sous l’emprise d’un conjoint toxique et s’engage sur un chemin de vie plus enthousiasmant.

S’entourer de personnes positives et encourageantes

Sophie reprend sa liberté et répond favorablement à toutes les propositions de participation à des manifestations autour du handicap et du sport. ≪ J’ai croisé des gens comme moi. ≫

Le partage d’expériences la nourrit et elle devient active sur les réseaux sociaux pour témoigner de ses exploits du quotidien. ≪ J’ai reçu beaucoup de retours positifs. Ces encouragements donnent de la force pour continuer à avancer avec l’amputation. ≫ Sophie défile pour la fashion week et habille sa prothèse de paillettes. Elle rencontre aussi des volontaires qui s’investissent pour soutenir et inclure les personnes handicapées.

≪ Il y a des limites à l’adaptation que peut fournir une personne en situation de handicap. L’inclusion est indispensable dans la société et l’entourage proche. ≫

Surmonter le handicap grâce au sport

Explorer les possibilités de son corps

Sophie Loubet trouve son moteur dans sa passion du sport. Reconnectée à l’image de soi : ≪ Je retrouve mon dynamisme et je reconnais ma personnalité d’avant le cancer. Le sport m’a fait tellement de bien. Je n’ai pas envie de m’affaiblir dans quelques années. Je reste en forme, debout et musclée. Je ne lâche rien. ≫ Chiche de reprendre le snowboard ? Bien sûr ! Sophie s’entraîne même avec l’équipe de France de parasnowboard. Elle a aussi pris l’initiative de participer debout à des compétitions de wakeboard qui se déroulaient en châssis jusqu’alors. ≪ Ce n’est pas parce que j’y arrive que c’est facile ! Mais la capacité et la volonté de celles et ceux qui peuvent pratiquer debout doit être respectée. ≫

La maladie l’avait affaiblie et l’attitude de son conjoint renforçait cette impression. Sophie se sentait diminuée, mais c’est terminé. ≪ Contrairement à certains gestes du quotidien, je ne me trouve pas handicapée sur un snowboard ou un wakeboard. Quand je glisse, je retrouve mes sensations d’avant mon amputation. ≫

✍️Lisez aussi l’histoire de Clémence Bellanger qui a trouvé dans l’écriture le moyen d’accepter son handicap.

Oser rêver des jeux paralympiques

L’audace de Sophie semble sans limite. ≪ Participer aux jeux paralympiques 2026 en snowboard cross c’est mon rêve et mon objectif. ≫ Elle s’y prépare. Pourtant, le Comité paralympique international (ICP) s’interroge sur la pertinence de maintenir la catégorie LL1 féminine dans cette discipline. D’après Sophie, les athlètes LL1 sont les plus performantes car elles réussissent cette épreuve difficile avec les handicaps les plus lourds. ≪ Depuis 10 ans, les femmes ont été présentes dans cette discipline et aujourd’hui nous sommes encore plus nombreuses. J’ai l’impression qu’on veut nous invisibiliser en supprimant notre catégorie. ≫

J.O ou pas, le snowboard reste une passion que Sophie partage avec son nouveau compagnon. ≪ J’ai la chance d’avoir rencontré un homme qui porte un regard très positif sur moi. Il m’aide et me soutient au quotidien. Il m’aime pour celle que je suis maintenant. ≫

Championne de la résilience, survivante du cancer et femme amputée épanouie, Sophie Loubet illustre ainsi ce qui l’anime : ≪ Il faut toujours s’accrocher au positif, même infime. Je n’ai jamais lâché l’espoir de m’en sortir. ≫

Pour suivre le parcours inspirant de Sophie, retrouvez-la sur son compte Instagram ou sa chaîne Youtube.

🥇 Si la place des femmes dans le sport vous intéresse, lisez le portrait d’Alice Milliat qui a impulsé la participation des femmes aux jeux olympiques.

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Sophie Vasseur pour Celles qui Osent

Sources :

Interview du 07/02/2022

Caractéristiques de la prothèse Synsys de Proteor

Communiqué de presse de l’ITC sur la catégorie LL1 féminine en parasnowboard

Celles qui osent instagram
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