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Joséphine Baker, la star sous-lieutenant de l’armée de l’air

Dans Stories
13 octobre 2020

Joséphine Baker ou comment voler du Missouri à Bobino tout en glanant la croix de guerre

Je ne sais pas vous, mais moi quand j’entends ce nom, je visualise un chapelet de bananes agité autour des hanches d’une afro-américaine plutôt délurée. Ensuite, grâce à feu les Brandgelina qu’elle a inspirés, je me rappelle qu’elle a aussi adopté autant d’enfants que sa ceinture comptait de fruits jaunes.

Mais j’ai récemment découvert une facette insoupçonnée de l’illustre comédienne. Enfin, insoupçonnée pour moi, mais moi je plane souvent. Peut-être étiez-vous au courant ? Joséphine a été sous-lieutenant des forces aériennes françaises et agent du contre-espionnage. Retour sur l’effervescente vie de Joséphine Baker !

Des ghettos du Missouri aux éclats de paris

Danser et faire le pitre début 1900 : une urgence dès l’enfance

Joséphine Baker nait Freda Joséphine McDonald, le 3 juin 1906 à Saint-Louis, dans le Missouri. D’origine afro-américaine, amérindienne et espagnole, elle vient d’une famille d’artistes fauchés et danse depuis son enfance, pour se réchauffer disait-elle. Ce qui paraîtra plus tard d’une facilité déconcertante aux yeux du public est le fruit d’années de travail dès le plus jeune âge.

En 1921, de spectacles improvisés pour distraire les files d’attentes des théâtres aux scènes des cabarets, Freda l’intrépide finit par tenter sa chance à Broadway, elle a 16 ans. Et devinez quoi ? Elle s’est déjà mariée deux fois, à 13 et 15 ans. Elle divorcera quatre fois, notamment du fameux Baker. Sacré caractère.

L’envol pour Paris l’inconnue à 19 ans et le succès immédiat

Nouvellement racheté, le Théâtre des Champs Élysées cherche son public et un spectacle. Ce sera la scandaleuse Revue nègre, avec Joséphine en meneuse affriolante. Financée par un impresario, la jeune fille de 19 ans débarque à Paris en 1925 au sein d’une troupe qui compte Sidney Bechet comme illustre inconnu.

Sa fraîcheur, sa détermination, son déhanché sauvage et son lumineux sourire déclenchent ce qu’il faut bien appeler une Bakermania.

Et les voilà, ces images en noir et blanc que nous avons toutes et tous d’elle. Joséphine déroule la partition exotique attendue, s’amuse et dénonce cette image des colons envers leurs colonisés : une indigène grimaçante noire et nue, roulant des yeux, objet de fantasmes. Avec en prime des pas frénétiques du Charleston en vogue aux États-Unis quand les français piétinent encore sur la valse.

Choc frontal total. Baker la sulfureuse aux bananes détonne et séduit. Le succès fulgurant est si colossal qu’on lui propose d’écrire ses mémoires… à 20 ans.

Fatalement, Paris succombe à son profond vibrato dans J’ai deux amours en 1930.

On dit qu’au-delà des mers
Là-bas sous le ciel clair
Il existe une cité
Au séjour enchanté
Et sous les grands arbres noirs
Chaque soir
Vers elle s’en va tout mon espoir

J’ai deux amouuuuuuuuurs

Mon pays et Pariiiiiiiis

Par eux toujouuuuuurs

Mon cœur est raviiii

Tournées européennes, tournée mondiale. C’est le tourbillon pour Joséphine qui devient une star planétaire, mais dont la couleur de peau en horrifie plus d’un. Elle écrit quelques livres et apparaît dans quelques films mais ce pourquoi le public l’acclame et la veut, ce sont la danse et la chanson dans de froufroutantes couronnes de plumes.

La tribu arc-en-ciel : Joséphine veut à tout prix faire vivre son idéal de fraternité

Mariée au chef d’orchestre Jo Bouillon, elle subit une hystérectomie pendant la seconde guerre mondiale. De ce vide intime naît son projet de Rainbow Tribe : 12 enfants adoptés du Japon à la Finlande en passant par la Côte d’Ivoire, le Maroc, la Colombie, la France, l’Algérie et le Venezuela. L’illustration de son idéal de fraternité universelle mêle des confessions supposées opposées : juif, animiste, musulman ou chrétien. Plan initial, n’adopter que des garçons pour éviter les attirances dans la fratrie. Mais le couple craque pour Marianne et Stellina.

Joséphine s’évertue à concrétiser son utopie d’universalité en créant le Village du monde, qui la mène à la ruine.

Les enfants côtoient des célébrités de tous univers : Fidel Castro, les Kennedy, Cocteau, Sophia Loren, Gabin, Alain Delon, Grace de Monaco, Maurice Chevallier, entre mille autres. D’ailleurs, que sont-ils devenus ? Des anonymes aux professions « sérieuses », comme l’avait voulu leur maman, très loin des strass et des paillettes.

Le sous-lieutenant Baker, rédactrice première classe, échelon officier de propagande

« C’est la France qui m’a faite. […] Vous pouvez disposer de moi comme vous l’entendez. »

Telles sont les paroles que rapporte, ému, l’officier Jacques Abtey du service de renseignement de l’Armée. Après avoir épousé le jeune Jean Lion d’origine juive, Joséphine devient française en 1937 et prouve aussitôt sa gratitude envers ce pays qui a révélé sa liberté. Comme toujours, elle fonce, mettant sa vie en péril.

La star commence par refuser les concerts dans Paris occupé et s’astreint à une correspondance avec quelques 4 000 filleuls de guerre. Puis, elle passe un brevet de pilote et rejoint les Infirmières Pilotes Secouristes de l’Air pour secourir les réfugiés de la Croix Rouge.

Le Bureau des forces françaises libres cherche des personnalités et la recrute dès 1939 comme « honorable correspondant ». Pimpante dans les dîners d’ambassades et de consulats, elle s’informe avec décontraction des mouvements allemands et italiens, puis rédige des notes qu’elle cache dans son corsage. Délicieux, non ?

En 1940, elle abrite des réfugiés dans son château périgourdin des Milandes, fait installer un émetteur radio dans la tour et soutient le réseau de résistants du maquis voisin.

L’oiseau des îles traverse l’Atlantique tout sourire en offrant à l’officier qui l’accompagne une couverture d’artiste. Les précieux messages militaires traversent les frontières, écrits à l’encre sympathique sur ses partitions tandis que les douaniers n’ont d’yeux que pour elle.

Sillonnant le Maghreb ou le Proche-Orient en jeep pour soutenir le moral des troupes alliées, Joséphine se dépense et dépense sans compter. Elle se produit à ses frais partout où on le lui demande, et est gravement hospitalisée à plusieurs reprises.

En 1944, la danseuse de music-hall est promue sous-lieutenant de l’Armée de l’air et reçoit une petite croix de Lorraine du général de Gaulle, puis une médaille de la Résistance en 1946. Enfin, en 1961, Joséphine Baker est faite chevalier de la Légion d’honneur et reçoit la croix de guerre avec palme. Ha ! Qui dit mieux ?

Joséphine aux côtés des descendants d’esclaves afro-américains

Sur un autre front, Joséphine la métisse s’investit dans la revalorisation des cultures noires. En 1956, c’est la seule femme du premier congrès mondial des écrivains et artistes noirs, à la Sorbonne, où elle intervient comme conférencière.

Mais ça, c’est de ce côté-ci de l’Atlantique.

Car aux États-Unis, les noirs luttent encore pour leur liberté. Depuis l’abolition de l’esclavage en 1866, la ségrégation raciale des états sudistes est aussi vive que l’apartheid et ne sera abolie qu’en 1964. Au milieu du XXe siècle, rendez-vous compte ! Quand la star européenne s’y produit en 1951, on lui refuse l’entrée de certains hôtels.

Malgré diverses controverses, Joséphine rejoint le mouvement des droits civiques de Martin Luther King et…

I have a dream. Le 28 août 1963, à Washington sous un soleil lourd, Martin Luther King organise une marche historique, puis déclame son rêve devant une foule vibrante, suspendue à ses mots. À 57 ans, Joséphine est là, seule femme à s’exprimer à la tribune pendant vingt minutes, vêtue de l’uniforme de la France libre. « C’est le plus beau jour de ma vie. »

Joséphine renoue avec le succès en France et tire sa révérence

Toujours adulée, la star connaît néanmoins une fin de carrière agitée avec de nombreux revers financiers qui la conduisent à vendre son château qui l’abrita une trentaine d’années.

Joséphine l’infatigable s’endort pour ne jamais se réveiller quelques jours après une représentation à Bobino d’un spectacle éblouissant qui salue ses 50 ans de carrière. Le 12 avril 1975, elle tire sa révérence sur une attaque cérébrale, qui succède à plusieurs infarctus, sans doute dus à l’épuisement de soucis familiaux et financiers.

Cette arrière-petite-fille d’esclave reçoit des funérailles nationales et les honneurs militaires.

Il y aurait encore tellement à dire sur la surnommée Tumpie ou Fifine, la petite danseuse de Saint Louis devenue égérie mondiale.

Qu’elle aima passionnément la vie, les hommes comme les femmes. Qu’on lui prête des liaisons avec Hemingway, Simenon, Colette et Frida Kahlo. Qu’elle promenait parfois un léopard comme on sort son chien dans les rues de Paris. Que son effigie fit vendre aux parisiennes des années 30 du Bakerfix et du Bakeroil, une brillantine à la Betty Boop et une lotion bronzante.

Joséphine Baker en adjectifs choisis ?

Solaire, intelligente, extravagante, sulfureuse, clown, combative, généreuse, humaniste, courageuse, héroïque, déterminée, aimante, militante. LIBRE.

En 2013, Régis Debray réclame sa panthéonisation. Pas du tout son genre selon Akio, son aîné, elle aurait refusé de s’y enfermer. Au contraire, maman aurait été honorée confie Brian, un autre fils. « Son entrée insufflerait gaieté et fantaisie au Panthéon ».

Sa vie au-delà des normes nous rappelle que la liberté s’acquiert. Elle est pour certains un douloureux combat, au-delà des préjugés et des frontières.

Vous ne voulez pas quitter Joséphine ? Alors visionnez le passionnant documentaire d’Arte, Joséphine, première icône noire ou ce petit récap en image Merci Joséphine Baker pour les 40 ans de la journée internationale de la femme.

Anne-Sophie Aboké

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Rosa Parks : oser combattre les discriminations

Dans Stories
6 janvier 2021

Celle qui osa dire NON à la ségrégation : Rosa Parks 

Restée dans l’Histoire comme Celles qui a Osé dire « NON », Rosa Parks incarne « la femme qui s’est tenu debout en restant assise » (FranceCulture). Surnommée « La madone de Montgomery » , Rosa Parks, femme forte, militante, œuvrant sans relâche dans la lutte contre la ségrégation est devenue, malgré elle, une icône pour les droits civiques. Celles qui Osent revient sur son parcours militant admirable. 

Grandir dans un contexte de ségrégation 

Rosa Louise McCauley Parks naît le 4 février 1913 en Alabama, 48 ans après l’abolition de l’esclavage. Elle grandit dans une Amérique marquée par la ségrégation avec les lois « Jim Crow » et le principe du « separate but equal » (séparés mais égaux). Les Noirs doivent traverser la rue si un ou une Blanche est sur le même trottoir, les enfants Noirs n’ont pas le droit au bus scolaire, les Noirs ne peuvent pas voter…Dans une atmosphère de violence marquée par les actions du Klu Klux Klan qui maintiennent les Noirs dans un état de peur permanente, où ceux-ci doivent dormir tout habillé pour fuir en cas de menace, elle réalise chaque jour la dépendance économique et sociale vis-à-vis des Blancs. « Le message de suprématie blanche est tu es noir, donc ta vie ne vaut rien ». Quant à la place des femmes dans la société, qu’elles soient noires ou blanches, elles sont bien évidemment aux fourneaux et s’occupent des enfants. 

Après le divorce de ses parents, Rosa Parks part vivre avec sa mère dans la ferme de ses grands-parents. Elle tient à ce que sa fille soit instruite, malgré les nombreuses entraves que subissent les enfants Noirs pour accéder à la scolarité. Sa mère lui fait donc l’école à la maison jusqu’à ses onze ans. Rosa Parks fréquente ensuite les écoles et l’université pour Noirs mais sera malheureusement obligée d’arrêter ses études pour s’occuper de sa mère malade. « Je n’ai jamais eu le corps criblé de balles, ou traîné derrière une auto, mais j’ai souvent ressenti que c’était mon esprit que l’on lynchait. J’ai grandi dans un monde où le pouvoir blanc était surtout utilisé avec cruauté et ingéniosité pour réprimer de pauvres noirs sans défense ». 

Un mariage d’amour avec un militant de la cause des droits civiques 

Au tournant du XXème siècle, les Afro-Américains partent par centaines de milliers du Sud pour fuir et trouver du travail dans le Nord : des millions de personnes migrent entre 1916 et 1930. L’affaire des Scottoros Boys éclate en 1931, dans un train : neuf jeunes adolescents noirs resquillent. Une bagarre éclate entre des hommes Blancs et eux. Ils sont sortis manu militari et accusés à tort d’avoir perpétrés des viols sur des femmes blanches, sans preuve. “Il y a une jalousie de la part des Blancs pauvres envers les hommes Noirs qui pourraient mieux réussir qu’eux.” Une mobilisation retentissante s’organise ; elle sera le creuset de l’engagement politique de Raymond Parks, un militant de la cause des droits civiques. Les adolescents passeront 20 ans en prison, pour de fausses accusations. La communauté noire est révoltée par cette profonde injustice. Jeunes issus de la classe ouvrière, proches d’organisations de travailleurs socialistes et communistes, Rosa et Raymond découvrent la force de leur engagement et de leur amour. Ils se marient en 1932. Son mari l’encourage à reprendre ses études, et elle obtient donc son diplôme en 1934, dans une époque où seulement 7% des Noirs ont un diplôme du secondaire. Ensemble, ils deviennent membre de la « Montgomery Voters League », une association qui aide les Noirs à réussir les tests nécessaires à l’inscription sur les listes électorales.

Pour subvenir aux besoins du foyer, Rosa Parks exerce plusieurs métiers comme femme de ménage, couturière ou aide-soignante. En effet, bien que diplômée, elle est avant tout noire et ne peut prétendre à d’autres emplois. En 1943, elle devient la secrétaire de Ed Nixon dirigeant de la section NAACP National Association for the Advancement of Colored People locale, l’organisation américaine de défense des droits civiques. Ce poste subalterne ne la destinait en rien à la célébrité. 

Oser dire “non” à un Blanc 

Le 1er décembre 1955, Rosa Parks monte dans un bus. Elle s’assied dans la partie arrière, celle réservée aux Noirs. Quand un homme blanc arrive, le conducteur somme toute la rangée d’usagers noirs de se décaler pour lui faire une place. Elle refuse, las. C’est une accumulation. Dans ce bus de la ville de Montgomery, elle est arrêtée puis mise en prison. Les adhésions aux ligues blanches progressent dans la ville contre « les negro radicaux ». Inculpée pour désordre public et violation des lois locales, elle dira « les gens racontent que j’ai refusé de céder mon siège parce que j’étais fatiguée, mais ce n’est pas vrai. Je n’étais pas fatiguée physiquement, ou pas plus que d’habitude à la fin d’une journée de travail. Je n’étais pas vieille non plus, j’avais 42 ans. Non, la seule fatigue que j’avais était celle de céder. » L’épisode du bus est un court épisode de sa vie ; en effet, c’est une militante de longue date des droits civiques américain. 

De plus, ce n’est pas la première fois qu’un Noir refuse d’obéir aux règles révoltantes de la ségrégation raciale. Bien d’autres femmes ont désobéi avant elle, dès 1884, mais Rosa Parks est éduquée, mariée et sa réputation n’est salie par aucun scandale. Elle est la respectabilité incarnée. La NAACP cherchait effectivement un prétexte pour mettre en place une action en justice afin d’abolir la ségrégation dans les transports en commun uniquement. « Non elle n’est pas devenue accidentellement Rosa Parks »

Une icône de la lutte pour les droits des Noirs

Ed Nixon demande à Clifford Durr, un avocat blanc sympathisant de la cause des Noirs, de la défendre lors de son procès. Elle écope alors d’une condamnation avec sursis et d’une amende de 10 dollars. Lors de ce procès, il transforme la défense de sa cliente en une manifestation contre la ségrégation et l’élève au rang d’icône de la lutte pour les droits des Noirs. C’est la première fois qu’une femme est mise en avant par le mouvement et occupe le devant de la scène dans la lutte contre la ségrégation.

Suite à cet évènement, des militants groupés autour d’un jeune pasteur Noir encore inconnu, Martin Luther King, organisent un boycott des autobus de la ville. Cette action non violente, inspirée de celles de Gandhi, est une première dans l’histoire de la lutte des Noirs aux USA. C’est le début des campagnes de protestation non violentes et de désobéissance civile. Privée de recettes, la compagnie d’autobus cède au bout de 381 jours et abroge la ségrégation dans ses transports.

 

“Il arrive un moment, mes amis, où les gens en ont marre d’être plongés dans l’abysse de l’humiliation où ils connaissent la désolation d’un désespoir lancinant.” Martin Luther King. 

 

Cette victoire sera entérinée lors du procès en appel de Rosa Parks auprès de la cour suprême d’Alabama, déclarant inconstitutionnel la ségrégation raciale dans les transports public le 5 juin 1956, jugement confirmé par la cour suprême des Etats Unis en décembre 1956.

La fuite pour préserver sa sécurité

Après cette médiatisation soudaine et craignant pour sa sécurité, Rosa Parks part vivre dans le nord à Hampton d’abord puis à Détroit dans le Michigan. Elle travaille d’abord comme couturière, tout en continuant à militer pour les droits civiques. Elle finit par rejoindre l’équipe du représentant démocrate du Michigan, l’Afro-Américain John Conyers à la Chambre des représentants des États-Unis, pour lequel elle travaille jusqu’à sa retraite en 1988.

En 1979, la NAACP décore Rosa Parks de la Médaille Spingarn, sa plus haute distinction. Elle reçoit par ailleurs de nombreuses distinctions dont la Médaille d’or du Congrès (Congressional Gold Medal), la plus haute distinction décernée par l’organe législatif américain.

A la fin de sa vie, Rosa Parks peine à payer son loyer et doit faire appel à la générosité de son église. Elle souffre d’une maladie neuro dégénérative. Elle termine sa vie pauvre, couverte de dettes, souffrant d’une tumeur à la gorge et d’ulcères à l’estomac, qui l’emportent le 24 octobre 2005.

A sa mort, la classe politique lui rend hommage : le président George W. Bush  honore sa mémoire dans une allocution télévisée, sa dépouille reste exposée deux jours dans la Rotonde du Capitole des États-Unis pour un hommage public, privilège réservé d’habitude aux hommes politiques et aux soldats. Des milliers de personnes et de nombreuses personnalités comme Bill et Hillary Clinton, le pasteur Jesse Jackson, assistent à ses obsèques. 

 

Celles qui a Osé dire « NON » à la ségrégation n’a pas combattu en vainc : des mesures seront prises pour interdire toute forme de discrimination dans les lieux publics, les tests et autres taxes pour devenir électeur aux États-Unis seront supprimés, et la légalisation des mariages mixtes seront autorisés dans tout le pays par la cour suprême des États Unis.


Violaine B – Celles qui Osent 

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Indira Gandhi : celle qui gouverna l’Inde

Dans Stories
16 décembre 2020

Celle qui Osa gouverner l’Inde

Qui ne connaît pas le nom de Gandhi ? Irrémédiablement associé à l’Inde, il a été popularisé par le Mahatma, un petit homme pacifique qui œuvrait pour l’indépendance de son pays. Mais il existe une autre Gandhi, petite elle aussi, qui occupe une place importante dans l’histoire de la plus grande démocratie du Monde. Son nom ? Indira Gandhi. Découvrez la destinée de celle qui osa gouverner l’Inde.

Indira Gandhi, une femme de tête 

Une enfance baignée de politique 

Indira Nehru naît en 1917 à Allahabad, dans une famille de brahmanes, la plus haute caste de la société indienne. Son grand-père et son père, Motilal et Jawaharlal Nehru, sont tous deux avocats ; la famille est fortunée.

Après le massacre d’Amritsar (qui a vu des centaines de civils indiens périr sous les balles des soldats britanniques, menés par le brigadier-général Reginald Dyer), sa famille se rallie au Mahatma Gandhi et se défait de ses biens. Ils brûlent tout ce qui évoque l’Occident, et commencent à lutter pour l’indépendance de l’Inde. 

La petite Indira grandit dans ce contexte houleux. 

À l’âge de 11 ans, elle apporte sa pierre à l’édifice familial en dirigeant « l’armée des singes ». Ce groupe était constitué uniquement d’enfants. Pendant les manifestations, ils circulaient le long du cortège pour transmettre les messages. 

En privé, la vie de la petite fille est moins exaltante. Elle est particulièrement affectée par l’absence de son père, emprisonné à 9 reprises en raison de ses engagements politiques. 

De manière générale, l’activisme de ses parents est une source de stress constante. Au printemps 1930, elle se retrouve seule pendant un mois, tous deux ayant été emprisonnés. 

Elle souffre également de l’isolement de sa mère Kamala, mise à l’écart par la famille Nehru à cause de sa constitution fragile. Atteinte de tuberculose, elle fait des allers-retours entre le pays du Taj Mahal et la Suisse, où elle est soignée dans des sanatoriums. Finalement, Kamala Nehru s’éteint à Lausanne en 1936, à l’âge de 36 ans, entourée de sa famille. 

Feroze et Indira Gandhi : un mariage d’amour 

Après le décès de sa mère, la fille de Nehru poursuit ses études en Suisse, puis en Angleterre. Elle y retrouve Feroze Gandhi, l’ancien assistant personnel de sa mère. Celui-ci étudie à Londres, Indira à Oxford. Tous deux se retrouvent régulièrement, la jeune femme ayant accepté la demande en mariage de son compatriote. 

Les deux amants repartent en Inde en 1941, pendant la deuxième guerre mondiale. Indira retrouve son père et lui fait part de son souhait d’épouser Feroze. Le patriarche accepte, même si le jeune fiancé est issu d’un milieu social différent. Le mariage est célébré le 26 mars 1942. Indira réussit donc le tour de force d’épouser l’homme qu’elle aime, dans une société indienne très patriarcale, où les mariages arrangés sont légion. 

La naissance d’une grande politicienne 

Indira Gandhi, partagée entre épouse et fille 

À cette période, Indira Gandhi est déjà très investie en politique. Elle milite activement pour l’indépendance de son pays. Elle participe à de nombreuses manifestations en compagnie de son père et de son mari. Cet engagement lui vaut de passer huit mois derrière les barreaux, de septembre 1942 jusqu’au 13 mai 1943.

La période qui suit sa libération marque un véritable tournant dans sa vie de femme. Son époux et elle s’installent à Lucknow, où Feroze dirige un journal, le National Herald. La jeune femme donne naissance à deux fils : Rajiv en 1944, et Sanjay en 1946. 

En même temps, le processus devant mener à l’indépendance de l’Inde se met en place. 

Jawaharlal Nehru est très engagé dans les négociations. Il demande l’aide de sa fille, qui le rejoint à Allahabad pour tenir sa maison. Elle se partage alors entre deux villes, et entre deux foyers.

En 1947, Jawaharlal est nommé Premier ministre. Il s’installe à Teen Murti, une demeure située au cœur de New Delhi, la capitale. Indira le rejoint rapidement pour tenir la maison, emmenant mari et enfants dans ses valises. 

Malheureusement, Feroze supporte mal cette cohabitation forcée. Il quitte donc les lieux en 1952, à la faveur de son élection au Parlement. Cependant, il reste en contact avec sa compagne. Il meurt finalement d’une crise cardiaque en septembre 1960, à 47 ans. 

L’entrée en politique de l’héritière des Nehru

En 1959, le poste de président du Congrès se libère. Jawaharlal Nehru propose le nom de sa fille pour le reprendre. Tout le monde s’étonne, tant Indira est discrète depuis qu’elle travaille avec son père. 

Elle accepte le poste, et occupe ainsi sa première fonction politique d’importance. 

Jawaharlal Nehru meurt en 1964. Même si son nom est évoqué, sa fille ne devient pas Premier ministre. Le parti du Congrès choisit d’élire Lal Bahadur Shastri, une figure de la lutte pour l’indépendance.

Sur proposition du nouveau chef d’État, Indira est promue ministre de l’Information et de la Télédiffusion. Elle devient rapidement une figure clé du gouvernement. 

Shastri disparaît brutalement, terrassé par un arrêt cardiaque en janvier 1966. Le parti du Congrès doit donc élire un nouveau Premier ministre, pour la deuxième fois en deux ans. Le 19 janvier 1966, les chefs du parti nomment Indira Gandhi à ce poste. Ainsi, à 48 ans, elle prend les commandes de la plus grande démocratie du monde, qui compte alors 500 millions d’habitants. 

Indira Gandhi élue : une femme gouverne l’Inde 

Un régime autoritaire 

Lors de sa nomination, les dirigeants du Congrès espèrent profiter de la jeunesse et de l’inexpérience d’Indira pour la garder sous leur coupe. Mais elle déjoue rapidement les pronostics. 

Elle s’affirme et crée un lien direct avec le peuple indien. Son ascension contraste avec la crise qui agite le parti, liée aux difficultés rencontrées par le pays (mauvaises récoltes, guerre contre le Pakistan, dévaluation de la roupie). 

Ouvertement socialiste, fidèle aux valeurs défendues par son père, elle fonde sa politique sur la défense d’une démocratie laïque et sur le non-alignement. En matière d’économie, elle choisit de nationaliser les 14 plus grandes banques indiennes. Cette mesure la rend très populaire auprès des basses classes. Plus elle s’impose, plus le Congrès s’inquiète : Indira gouverne par ordonnances, coupant court à toute tentative d’opposition. Son autoritarisme engendre des conflits, qui mènent à une première scission du Congrès. 

En 1970, elle dissout le Parlement, et elle abolit les privilèges dont bénéficient encore les princes. 

À l’international, plusieurs événements permettent à Indira Gandhi d’asseoir son autorité : 

  • En 1971, les relations entre le Pakistan occidental et le Pakistan oriental se détériorent. L’Inde intervient dans le conflit, et permet la création d’un nouvel état indépendant : le Bangladesh (ex-Pakistan oriental).
  • La même année, l’Inde et l’URSS signent un traité de coopération, qui entérine l’entente militaire entre les deux pays. L’alliance est destinée à contrer la coalition Chine-Pakistan-États-Unis.
  • En 1974, l’Inde fait exploser sa première bombe nucléaire, devenant le 6e pays à tester cette arme avec succès. Indira Gandhi affirme sa volonté d’en faire une utilisation pacifique. 

L’état d’urgence 

Malheureusement, cet âge d’or ne dure pas. L’inflation explose, la situation politique se dégrade, le gouvernement est vivement critiqué. Indira est même accusée de népotisme pour avoir octroyé des privilèges à son fils Sanjay. 

Dans ce contexte difficile, la fille de Nehru fait l’objet d’une plainte pour fraude électorale. Son adversaire gagne : l’élection de 1971 est invalidée le 12 juin 1975. 

Loin d’accepter cette défaite, Indira Gandhi réagit dans la nuit du 25 au 26 juin : elle proclame l’état d’urgence, et s’accorde des pouvoirs dictatoriaux. Les libertés civiles sont réduites ; la presse et l’opposition sont muselées. 

Cette période noire dure presque deux ans. Elle est marquée par la montée au pouvoir de Sanjay, le fils cadet d’Indira. Il mène des réformes très contestées, sans avoir été élu. L’opposition grince des dents. 

Le destin tragique d’Indira Gandhi, la femme qui gouverna l’Inde 

Un retour en politique rapide 

Incapable d’évaluer sa popularité, Indira Gandhi met fin à l’état d’urgence en janvier 1977. Elle organise alors de nouvelles élections, et les perd. Elles sont remportées par le parti politique du Janata Dal, une très large coalition de ses opposants. Les dissensions sont nombreuses au sein du nouveau gouvernement. Cela mène à une nouvelle scission du Congrès, en 1978. La fille de Nehru s’en sert pour retrouver sa popularité perdue : elle prend la tête du Congrès I (Congrès Indira), avant de gagner les élections de 1980, et de retrouver son poste de Premier ministre.

 La nouvelle gouvernante espère remettre son fils Sanjay au pouvoir. Malheureusement, le décès prématuré de ce dernier l’en empêche. La mère éplorée appelle alors à son fils aîné, Rajiv. Malgré ses réticences, il accepte de l’assister. Il entre au Congrès fin 1980. 

Un deuxième mandat qui s’achève dans le sang 

À cette période, Indira Gandhi est confrontée à l’émergence d’un mouvement séparatiste : le parti Shiromani Akali Dal prône la création du Khalistan, un état sikh indépendant, au Pendjab. La dirigeante s’y oppose fermement. 

En juillet 1982, la situation dégénère : les sikhs occupent le temple d’Or à Amritsar, principal lieu de prière des adeptes du sikhisme.

Pour mettre fin à la rébellion, la place sainte est attaquée par l’armée indienne le 05 juin 1984. L’offensive fait des centaines de morts, combattants armés ou simples civils. Les sikhs ne pardonnent pas cette attaque. En représailles, Indira Gandhi est assassinée par ses deux gardes corps sikhs, le 31 octobre 1984. Elle reçoit 30 balles, et succombe à ses blessures quelques heures plus tard. 

Son fils Rajiv est choisi pour lui succéder, perpétuant ainsi la lignée des Nehru-Gandhi. 

Aujourd’hui, Indira Gandhi est la première femme à avoir dirigé l’Inde. Ses mèches blanches sur chevelure de jais sont célèbres ; son nom est associé à la dynastie la plus influente du pays. Mais la dirigeante indienne n’est pas la seule femme politique qui a osé. Découvrez le parcours inspirant de Michelle Obama, une first lady engagée. 

Delphine Jouenne – rédactrice SEO

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1 Comment
    Marie Curie : celle qui consacra sa vie à la science | Celles qui osent says:
    décembre 14th 2020, 10:53

    […] autre femme engagée ? Dans un registre plus léger, découvrez le portrait de la sulfureuse Joséphine Baker qui bouscula le paysage artistique français dans les années […]

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Bienvenue sur votre webzine Celles qui Osent ! On a souhaité vous offrir un espace collectif, de proximité, pour vous donner la parole. Ici, on narre les histoires de femmes aux destins exceptionnels, mais aussi les vôtres. Celles qui, avec une formidable énergie, souhaitent partager des idées, des projets, des points de vue. Celles aussi qui veulent entreprendre, s’investir pour la planète ou pour des causes qui leur tiennent à cœur. Faire des choses qui ont du sens. CQO pour se cultiver, s'informer, s'inspirer. Merci de nous lire et de nous faire confiance !

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