Devenir la meilleure version de soi-même : quête de sens ou survalorisation de l’ego ?

Apprivoiser nos émotions, gagner du temps, savoir dire non, mieux s’accepter… Ces titres vous disent quelque chose ? On les retrouve généralement classés au rayon « développement personnel » chez nos libraires et grandes surfaces. Un phénomène qui dépasse les frontières de nos commerces puisqu’il occupe aussi une grande place sur les réseaux sociaux. Grâce à des pratiques transposables à tous les domaines de notre vie, le mouvement vers l’accomplissement de soi connait une grande popularité. Avec un risque potentiel de surconsommation, assistons-nous à une dérive de cette philosophie de vie à la mode, si bien que l’on peut se demander : développement personnel ou narcissisme ?

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Devenir la meilleure version de soi-même : véritable quête de sens ?

Une formule séduisante 

« Devenez la meilleure version de vous-même », est une expression familière dans le jargon du développement personnel. Un slogan prometteur qui désigne notre pouvoir de devenir la version « 2.0 » de nous-mêmes en modifiant certaines pensées et pratiques au quotidien. Pour transformer les paroles en actes, rien de plus simple en théorie : se libérer de ses obstacles, se fixer des objectifs à long terme, se lever tôt, faire des séances de sport régulières, méditer, manger healthy, etc. Vous trouvez la liste longue ? Ce n’est qu’un échantillon des possibilités. Mais autant d’exigences sont-elles nécessaires pour insuffler du sens à sa vie ? N’oublions pas que le mot « meilleur » est un jugement de valeur : à quel moment étions-nous une moins bonne version de nous-mêmes ?

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Des motivations inconscientes

Il est vrai que la recherche de sens encourage l’introspection puisqu’il s’agit d’une découverte individuelle avant toute autre étape. Le repli sur soi est un moment essentiel qui permet ensuite à l’individu d’être en mesure de changer les autres. Cependant, il est important de faire la distinction entre quête de sens et quête de perfection. Certaines pratiques mises en avant, comme les régimes alimentaires ou les exercices sportifs ciblés, correspondant plus à un phénomène de mode qu’à une recherche existentielle. Les tendances sociétales telles que la recherche de la perfection esthétique répondent davantage à une préoccupation narcissique qu’au besoin de se comprendre. Avec des objectifs qui sont parfois clairement revendiqués comme grimper dans l’échelle sociale, se faire plus d’amis, devenir beau, etc., il est permis de se demander si nous souhaitons accéder à cette meilleure version de nous-mêmes pour s’ouvrir à soi et aux autres ou pour être mieux appréciés en société ?

Développement personnel ou narcissisme : la séparation entre l’individu et la communauté ?

L’exemple du bullshit job

Cela ne vous aura pas échappé, dans développement personnel il y a « personnel ». L’attention et les efforts sont volontairement égocentrés pour pouvoir accéder à son plein potentiel. L’entourage et les communautés sont rarement considérés comme un facteur fondamental. On conseille d’ailleurs même d’éviter tout obstacle, comme des situations ou des personnes « toxiques » qui nuiraient au cheminement vers la meilleure version de soi. La recherche de sens dans le parcours professionnel est un exemple de la confusion qui peut exister entre intérêts individuels et collectifs. Il existe aujourd’hui de nombreuses possibilités de reconversions quand le cœur n’est plus à l’ouvrage. Plus répandue chez les millennials, l’appellation du bullshit job désigne un « emploi à la con ». L’idée étant de quitter une situation où son potentiel n’est pas assez exploité, pour une activité qui aligne davantage ses valeurs avec sa profession.

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La nécessité d’être lucide

Face à cette prise de risques, l’enjeu est de taille puisqu’il permet d’évoluer là où son efficacité sera décuplée. Rejoindre une cause qui nous tient à cœur, œuvrer dans le développement d’un service innovant, exercer une activité pédagogique, etc., les possibilités sont nombreuses pour améliorer à la fois son bien-être personnel et le bien-être collectif. Si les motivations sont d’ordre narcissique surestimer ses compétences peuvent à l’inverse, desservir le bien collectif. Parfois guidés par des normes sociales qui valorisent davantage les profils à hauts potentiels intellectuels, nous franchissons la porte de sortie pour assouvir notre désir de mener une carrière plus « sexy ». Pensant mériter mieux et en se survalorisant, le risque d’être en réalité à la mauvaise place est réel. Par ailleurs, nous serons par conséquent moins efficaces pour le bien collectif. Alors, quittons-nous une place pour donner du sens à notre environnement ou par déséquilibre de l’ego ?

À lire aussi : Peut-on réussir sa vie en étant dépressif ?

Développement personnel sur les réseaux sociaux : le culte du moi ?

Un sujet qui peut tous nous toucher

C’est en contemplant son reflet dans l’eau que Narcisse y est tombé. Si aujourd’hui notre miroir s’apparente plutôt à l’écran de notre smartphone, les risques de s’y heurter sont tout aussi nombreux. Avec Facebook, Snapchat ou Instagram, nous avons un accès permanent au quotidien de nos amis et célébrités préférés. Tout comme Léna Situations dans le choix du thème de son premier livre « Toujours plus », le développement personnel est régulièrement mis en avant par les influenceurs. Une tendance qui s’explique par son potentiel très exploitable puisque le sujet peut tous nous concerner : morning routine, programme fitness, une journée dans mon assiette, pouvoir de la négociation, vaincre sa timidité, etc. Toutes les facettes de notre vie sont susceptibles d’être « pimpées ».

La facilité de se sentir aimé

Outre le potentiel business du phénomène, c’est aussi l’occasion rêvée de pouvoir se mettre en scène à travers des moments simples de vie. Avec les réseaux sociaux, la reconnaissance et la validation peuvent être aisément obtenues grâce à une communauté de followers fidèle et dévouée. En comparaison à la vie « hors écrans », les démonstrations d’amour sont bien plus nombreuses et peuvent booster l’ego très rapidement. Dans ce contexte, comment distinguer conseils de développement personnel avérés et besoin d’admiration ? Avec des recommandations censées nous guider vers une meilleure vie, les influenceurs pointent, peut-être à tort, le curseur de réussite sur leurs propres expériences. Vouloir se distinguer des autres, quitte à se mettre en compétition dans une course effrénée aux likes, accomplit le besoin narcissique de se sentir unique.

Boom des services de coaching : une compétition à la survalorisation ?

Une aide 100 % personnalisable

Avec la prolifération des ouvrages en magasin et une tendance certaine sur les réseaux sociaux, les offres de services en coaching suivent également le mouvement. C’est aux États-Unis, berceau de la pratique, que le phénomène a véritablement explosé. Un marché économique qui prospère et qui a encore de beaux jours devant lui. En France, l’usage est également présent dans notre quotidien. On fait appel à un coach pour toute sorte de problématique : finances, amour, sociabilité, gestion de carrière, etc. Le coach en développement personnel est un véritable couteau suisse, à la fois motivant, inspirant et réconfortant. Telle une entreprise qui souhaiterait accroître ses résultats, le particulier fait appel à ses services pour atteindre des objectifs bien précis.

Une pratique à consommer avec modération

Dans cette recherche de perfectionnement, la course aux compétences et le risque d’en vouloir « toujours plus » ne sont jamais très loin. Où se trouve l’index de réussite ? Le développement personnel permet en effet d’exploiter son potentiel au plus haut niveau. Comme dans toute pratique, l’excès n’est pas recommandable. Tel un sportif qui serait en boulimie de développement de masse musculaire, la pratique du développement peut vite devenir addictive. Améliorer nos compétences par la mise en place de conseils ou de schémas est une idée encourageante, mais presque robotisante. Nous pouvons vite prendre gout à cette ascension du nouveau « moi » amélioré et mettre le curseur toujours plus haut. À quel moment nos attentes de valorisation seront-elles comblées sans risquer de tomber dans l’admiration excessive de soi-même ?

 

Avec la montée de l’expression individuelle sur les réseaux sociaux, des services de coaching et ouvrages spécialisés, le développement personnel est un marché prospère. Avantage ou inconvénient, les promesses séduisantes du mouvement assouvissent avec efficacité le besoin de nourrir l’ego. Comme pour tout phénomène, le développement personnel peut engendrer certaines dérives : préoccupations narcissiques discrètement dissimulées ou quête de perfectionnisme autocentrée impactant notre rapport aux autres. La vigilance est donc de mise afin de ne pas entraver un procédé qui rappelons-le, est censé nous guider vers une meilleure vie.

☕️ Pour aller plus loin sur le sujet, lisez cet article : développement personnel, pour ou contre ?

Caroline Bultez pour Celles qui Osent
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.

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