Flatulences excessives : mieux comprendre l’origine de nos pets

Pourquoi je pète beaucoup ? Si vous lisez cet article, il y a de grandes chances pour que vous ayez fait cette recherche sur Google. À la lecture de cette question, j’avoue avoir réagi comme vous…Non, je n’ai pas pété, j’ai souri à l’idée d’en savoir plus sur le berceau de nos flatulences excessives. Vents légers ou tonitruants, passagers clandestins éventés, gaz fréquents d’odeurs discrètes ou nauséabondes, il n’en faut pas moins pour s’interroger : mais pourquoi pète-t-on beaucoup et quand faut-il s’inquiéter de cette activité naturelle de nos intestins ? Que disent de notre santé ces émanations invasives ? Si elles deviennent excessives et gênantes pour notre vie sociale et intime, comment maîtriser nos flatuosités au quotidien ? Qu’on se le dise, nous sommes tous égaux, ou presque, devant les ventosités, mais pourquoi le corps s’emballe-t-il jusqu’à la douleur et l’asphyxie ? Surtout, ne vous retenez pas : découvrez (sans tabou) pourquoi nous pétons tant et suivez quelques conseils pour éviter que nos émissions de gaz ne prennent le dessus.

Un pet, c’est quoi ?

Vous avez dit prout ? Mais qui se cache derrière ce gaz intestinal si familier ? L’intestin abrite environ 200 ml de gaz et les flatulences quotidiennes représentent un volume de 500 à 700 ml. 75 % d’entre elles sont le résultat de la fermentation des nutriments ingérés. L’aérophagie et le système sanguin produisent également des gaz intestinaux expose Jonathan Gotfried dans le Manuel MSD de mars 2020.

Formule chimique des flatuosités

Ce sont les bactéries contenues dans le côlon qui sont responsables de leur production, d’après le Dr Paul Wiesel, gastroentérologue. L’assimilation incomplète de certains glucides et d’autres matières ingérées expliquent ce phénomène naturel. Ces nutriments, intacts dans le côlon, sont alors décomposés par les bactéries qui les digèrent. Elles produisent ainsi 99 % des gaz intestinaux, dont l’hydrogène, le gaz carbonique, et le méthane. Et le 1 % restant ? Ce sont les traces de ce «fameux» gaz nauséabond, le très connu sulfure d’hydrogène à l’odeur prononcée d’œuf pourri. Une vraie bombe à retardement…

annonce sortie livre Patiente de Violaine Berlinguet

Fréquences et odeur des émanations

Une personne lambda avec un régime alimentaire de base évacue environ 33 à 125 ml de gaz en moyenne 13 fois par jour, selon La lettre de l’hépato-gastroentérologue de septembre-octobre 2005. Facile de compter, plus dur d’évaluer son volume d’émissions de pets journaliers… sauf en milieu hospitalier avec un flatulogramme. Si si… Je laisse libre cours à votre imaginaire et vous renvoie aux sources de l’article. Le volume de chacun des gaz et leur débit au niveau du rectum est très variable d’un sujet à l’autre, et chez une même personne. Au-delà de 20 fois par jour, on peut supposer que les flatuosités posent problème et méritent une exploration précise pour poser un diagnostic.

Pour ce qui est des émanations, 99 % d’entre elles passent inaperçues : l’azote, l’hydrogène, l’oxygène, le dioxyde de carbone et le méthane sont en effet inodores. Vous pouvez vous laisser aller en toute discrétion ou presque : pour ce qui est des sonorités, tout dépend de la pression du gaz à la sortie. Le son émis est simplement lié aux vibrations produites autour de l’anus. On sait maîtriser son plancher pelvien, mais pour le reste…

Lien vers des formations en écriture digitale

Pourquoi je pète beaucoup ? Causes des flatulences excessives

Une excrétion rectale de gaz anormalement élevée est le résultat de deux mécanismes différents :

  • soit une diminution de la consommation de gaz par les bactéries du côlon entraînant une augmentation de ces derniers (cas le plus fréquent) ;
  • soit une augmentation de l’aérophagie, air ingéré pendant les repas, qui trouve deux choix de sortie, le rot ou le pet.

L’excès des émissions de gaz est très souvent lié à notre alimentation, mais il peut s’agir aussi de symptômes caractéristiques de maladies à prendre au sérieux. Hippocrate en son temps nous avait prévenus : « La source des maladies ne doit pas être ailleurs que dans les vents ou les pets. »

Des explications alimentaires à l’excès de pets

L’apport de certains aliments dont les nutriments sont mal assimilés provoque un excès de gaz :

  • les glucides ;
  • certains fruits (pommes, pruneaux, bananes, abricots) ;
  • certains légumes comme les crucifères (choux), le navet, le radis ;
  • les légumineuses (pois chiches, haricots blancs et rouges, lentilles…) ;
  • les féculents à base d’amidon ;
  • les fibres alimentaires ;
  • le pain à base de farine blanche très raffinée ou le pain complet riche en fibres ;
  • les boissons gazeuses ;
  • les lipides contenus dans les viandes grasses, les sauces, les fromages ;
  • les chewing-gums ;
  • les aliments ultra transformés.

Autant de responsables du syndrome de malabsorption, qui augmentent les flatulences et varient d’un individu à l’autre. Et si l’on pète beaucoup la nuit, rien de plus naturel puisque tout notre corps se relâche sans pouvoir le contrôler. Reste à éviter les aliments gazogènes la veille d’un rendez-vous galant !

Une hypersensibilité intestinale

Le syndrome du côlon irritable se manifeste dans des troubles associés du fonctionnement de l’intestin : des douleurs abdominales, un inconfort, des troubles du transit intestinal. On observe notamment dans cette maladie des anomalies de la sensibilité intestinale. Les personnes atteintes ressentent alors plus péniblement des phénomènes pourtant normaux, comme les flatulences. L’émission de ces gaz participe au soulagement des gênes ou des douleurs intestinales.

Les règles à l’origine de flatulences excessives

Les prostaglandines libérées au moment des menstruations seraient les responsables de nos excès de gaz intestinaux, renseigne Santé Magazine. Les crampes menstruelles malmènent le côlon en exerçant des pressions, ce qui génère des flatuosités plus fréquentes. Il en va de même de la flore bactérienne intestinale, qui se modifie au cours du cycle sous l’effet des variations hormonales. La fermentation bactérienne évolue, modifiant ainsi la quantité de gaz et leur évacuation devient excessive. Une étude de 2016, publiée dans la revue scientifique Journal of Women’s Health, affirme aussi que de nombreux symptômes du syndrome prémenstruel sont provoqués par une inflammation aiguë liée à la protéine C réactive. Parmi eux, les ballonnements et des flatulences fréquentes.

⏩ À lire aussi : travailler quand on a ses règles

Redondance d’émissions gazeuses et maladies

Pour mieux comprendre nos flatulences excessives, il faut les écouter : elles sont un indice sérieux de maladies à ne pas négliger, surtout lorsque l’inconfort intestinal s’installe sur une durée supérieure à trois mois avec douleurs abdominales récurrentes. Ce qui fait flatuler davantage sont souvent les intolérances : au lactose contenu dans les produits laitiers, et celles au gluten, responsable de la maladie cœliaque, affection intestinale chronique. Des infections digestives par bactéries ou parasites accroissent momentanément les gaz intestinaux. Les diabétiques sont sujets aux pets abondants compte tenu de la modification de leur régime alimentaire : un apport supplémentaire de fibres serait responsable de modifications de la population bactérienne, rapporte la Société canadienne de recherche intestinale. Enfin, le stress et les angoisses sont également des facteurs déclencheurs d’émissions gazeuses excessives accompagnées de douleurs et de ballonnements. Du gonflement au météorisme – accumulation de gaz retenus dans le gros intestin – il n’y a qu’un pas, quand le regard de la société interdit de péter aux êtres civilisés que nous sommes.

Améliorer son confort intestinal pour péter moins

Vous savez maintenant pourquoi nous pétons beaucoup et que le pet est bon pour la santé, mais il est possible d’améliorer le confort de nos intestins grâce à des comportements alimentaires réfléchis.

Privilégier les aliments non flatogéniques est un gage de réduction des gaz. Il suffit de repérer ceux qui multiplient les inconforts et les émissions gazeuses. Le régime d’exclusion n’est pas nécessaire : limiter au quotidien les responsables gazogènes est suffisant pour contourner l’excès de flatulences. Le Dr. Peyrin-Biroulet du Service d’hépato-gastroentérologie au CHU de Nancy-Brabois propose de préférer le riz aux pâtes, bien moins bien assimilables, ou encore d’ajouter du cumin ou du fenouil à l’eau de cuisson des crucifères. Il conseille de bien laver les légumineuses à l’eau tiède avant cuisson pour réduire leur pouvoir gazéifiant, et d’abaisser l’apport en lipides qui augmente la rétention de gaz intestinaux. De même, la diminution des apports en fibres dans notre alimentation réduit significativement le débit rectal de gaz.

Faire l’éloge de la lenteur pendant nos repas limite le risque de péter beaucoup : l’air ingéré alimente une partie des gaz émis à l’anus. Il est préférable de prendre son temps pour mastiquer et de boire avant ou après le repas plutôt que pendant. Et pour se faire plaisir, tout en gardant un œil sur nos gaz, pourquoi ne pas choisir les recettes healthy sexy des YouTubeuses vegan.

La pratique d’une activité physique est également recommandée pour accélérer le transit des gaz, ne serait-ce que la marche à pied.

⏩ À lire en complément : oser booster son immunité grâce aux aliments

Recettes de grand-mère et traitements pour lutter contre les flatulences abondantes

Certains traitements médicamenteux sont aléatoires, voire inefficaces, pour limiter les émissions de gaz. L’usage du charbon végétal est reconnu pour absorber l’odeur fétide des émanations gazeuses, mais il ne permet pas de réduire leur fréquence, tout comme l’argile. De même, l’huile de menthe, réputée aider l’expulsion des gaz, n’a pas prouvé son efficacité.

L’avenir semble appartenir aux probiotiques, qui s’intéressent à notre microbiote. Ces micro-organismes vivants composés de bactéries ou de levures ont la capacité de consommer de l’hydrogène tout en limitant la production de méthane. Les probiotiques, tels que les yaourts fermentés dont le lactose est réduit, ou le kéfir d’eau ont bonne presse pour diminuer les flatulences. Ils équilibrent la flore intestinale et la mécanique de fermentation grâce à des levures et de saines bactéries comme le Lactobacillus acidophilus.

La Mini Revue d’hépato-gastro et oncologie digestive de juin 2020 expose que l’usage de certaines souches de probiotiques utilisées pour le syndrome de l’intestin irritable diminue les ballonnements et les flatulences. Elles génèrent un soulagement général et une amélioration de la qualité de vie.

Attention aux prébiotiques comme l’inuline présente dans la chicorée qui, à la différence des probiotiques, ne sont pas des micro-organismes, mais des nutriments non digérés par les enzymes humaines. On les trouve également dans l’ail, l’oignon, les asperges, les artichauts ou encore les bananes. Ils favorisent le développement et la préservation des probiotiques. L’Inserm signale que leur administration à dosage élevé dans le traitement de maladies métaboliques comme le diabète peut provoquer des ballonnements et flatulences importantes. Une équipe de recherche dirigée par Matteo Serino, chercheur Inserm au sein de l’Institut de recherche en santé digestive, a mis en évidence d’autres molécules pouvant faire office de prébiotiques sans ces inconvénients intestinaux, en particulier grâce à une algue rouge. Une nouvelle étude est en cours afin d’évaluer son efficacité chez l’homme.

Avouez quand même qu’évoquer sans tabou nos murmures dans nos culottes, c’est mieux que de rester dans l’ignorance qui induit toujours en erreur. Cet article aura peut-être eu son petit effet comique, à partager sans modération pendant les longues soirées d’hiver en apostrophant vos convives : « Tu sais pourquoi on pète beaucoup ? » Ambiance assurée sans retenue, car vous le saviez déjà : une bulle d’air finit toujours par trouver la sortie…

⏩ Pour aller plus loin, Celles qui osent vous conseille la lecture du best-seller de Giulia Enders, Le charme discret de l’intestin

💌 Et n’oubliez pas de vous abonner à notre newsletter !

Véronique Vénuat, pour Celles Qui Osent.

Sources :

http://thesesante.ups-tlse.fr/1649/1/2017TOU32004.pdf, Université Toulouse III Paul Sabatier, faculté des sciences pharmaceutiques.
https://presse.inserm.fr/nouveaux-prebiotiques-des-benefices-sans-les-inconvenients/35870/
https://www.sante.fr/ballonnement-flatulence-et-aerophagie
Manuel MSD
https://badgut.org/centre-information/sujets-de-a-a-z/le-diabete-et-les-intestins/?lang=fr
Société Nationale Française de Gastro-Entérologie ;
Mini Revue Hépato-Gastro et Oncologie digestive, Volume 27, Numéro 6, juin 2020 ;
La lettre de l’hépato-gastroentérologue – n° 5 – vol. VIII – septembre-octobre 2005 ;
Dr Paul WIESEL, Gastro-entérologue FMH, Centre Médical d’Epalinges.

Celles qui osent instagram
3 Comments
Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Vous aimez Celles qui osent ?

Suivez la newsletter… 💌

👉  Et recevez nos épisodes de podcast et nouveaux articles chaque mois !

Merci pour votre abonnement !