Enfant déjà, Sarah Marquis rêve de découvrir seule des contrées éloignées, des endroits reclus, sauvages, pour s’ouvrir au monde. À travers son odyssée de 1000 jours et 1000 nuits, elle raconte sa marche solitaire, son existence libre. Pourquoi marche-t-elle ? À cette question, l’auteure évoque son besoin viscéral de partir, seule, à pied. Pour retrouver sa « flamme de vie », sa liberté. Chaque pas a du sens. Ces randonnées de l’extrême lui permettent d’apprendre sur elle-même, sur l’humain et sa place sur Terre. Quand elle marche, elle savoure l’isolement, et le calme apaisant de dame nature, qui lui permettent de recharger ses batteries loin des humains et de la civilisation. Pas après pas, retraçons ensemble la mission eXplorAsia de Sarah Marquis. En tant que femme blanche, marcheuse solitaire, survivra-t-elle à la mythique route de la soie ?
eXplorAsia, une marche solitaire de l’extrême
Une guerrière sauvage en terre hostile
Il lui a fallu deux ans de préparation pour réussir ce défi titanesque et la mise en place d’une véritable organisation, d’une équipe sur qui elle peut compter. Sarah Marquis a dû budgétiser le projet puis convaincre des partenaires financiers tout en s’entraînant ardemment à un effort physique soutenu. Son projet, baptisé eXplorAsia consiste à traverser six pays, de Sibérie en Australie. Elle a préparé méticuleusement son itinéraire, mais ses débuts en Mongolie sont difficiles. La marche solitaire est éprouvante : elle doit avancer seule en poussant une maison ambulante de 50 kg avec un sac à dos de 17 kg, malgré les conditions climatiques extrêmes. Telle une guerrière, elle fait face aux conditions climatiques violentes : les tempêtes de sable, la chaleur étouffante, le déchaînement du vent, le froid, l’orage et sa foudre, sans aucune protection. Ses rares haltes dans les villages pour se laver et se ravitailler en eau et en nourriture sont furtives. Elle ne s’y attarde jamais et préfère dormir à l’abri, en pleine nature, comme à l’état sauvage, camouflée, protégée du danger.
L’éprouvante marche dans le désert du Gobi
En chemin, elle doit fuir des cavaliers mongols complètement saouls, de jeunes dealers de marijuana et affronter une attaque de chiens errants. Malgré son livre d’images, elle peine à se faire comprendre et s’agace du peu d’expressivité des visages mongols. Elle accepte l’hospitalité des nomades et leurs thés au lait salé malgré l’inconfort digestif que cela lui amène. La culture mongole et ses us et coutumes sont surprenants, parfois triviaux : les hommes qu’elle rencontre lui montrent leur sexe en signe de prospérité. Femme seule, ses habits de jours sont des vêtements d’hommes dans lesquels elle cache sa peur de l’autre, de l’inconnu.
Il lui faudra trois tentatives pour réussir la traversée du désert du Gobi. Sa première tentative est stoppée au 80e jour d’expédition par une rage de dents qu’elle doit soigner en urgence au Japon. Son deuxième essai se fait l’hiver : n’ayant pas le matériel adapté, elle abandonne et modifie son itinéraire : elle remontera la Chine au lieu de la descendre. Sa troisième tentative du Gobi est la bonne : son opiniâtreté a payé. Sa marche en solitaire peut continuer. Une mauvaise nouvelle gâche la fête : elle traverse la Sibérie avec une douleur immense, celle de la perte de son chien adoré Djoe.
Marcher seule pour la liberté des femmes dans le monde
L’Asie, entre solitude sereine et sueurs froides
Au Laos, lors d’une traversée en canoë, elle est infectée par la dengue. Malgré les fortes fièvres, elle arpente des jours durant dans la jungle. Une nuit, elle est attaquée par une dizaine de jeunes hommes à mitraillettes, des trafiquants de drogue qui mettront plusieurs heures à comprendre que ce n’est qu’une simple touriste suisse. Les montagnes de Thaïlande sont plus faciles à gravir que la jungle laotienne. Sereine, elle croise des moines, marcheurs insolites priant dans la forêt. Elle marche seule dans les rizières en compagnie des buffles d’eau, et s’endort en sécurité dans l’enceinte même des temples avec sa tente. Elle parcourt ensuite la région Ayutthaya-wat phu khao thong dévastée par les inondations de 2011, puis embarque à bord d’un cargo de marchandises, seule femme à bord. Quinze jours de navigation plus tard, elle atteint l’Australie.
Fin de périple extrême dans « son » bush
Elle marque une étape au port de Brisbane, puis s’aventure dans le brouillard pour réaliser la traversée du Misty Mountains, forêt sombre et lugubre. Dans le bush, elle évite les tirs des chasseurs de cochons sauvages dans son campement, et se baigne dans des ruisseaux peuplés de crocodiles. Sa rencontre avec des hommes mi-aborigènes, mi-cowboy, visages ravagés par l’alcool, la confronte à une extrême misère humaine. Elle continue sa progression en suivant le Bibbulmun Track, sentier de mille kilomètres dans le bush, tracé par des bénévoles, qu’elle connaît déjà pour l’avoir arpenté lors de ses entraînements.
La fin de son expédition est freinée par des douleurs insoutenables dans le dos, les jambes et les pieds. Elle parvient courageusement à atteindre, après trois ans de marche en solitaire, « son petit arbre ». La mission eXplorAsia est réussie ! Retrouvez l’intégralité de son incroyable aventure dans son livre « Sauvage par nature ». Sarah Marquis y narre son épopée fascinante, pleine d’audace, inspirante comme les destinées des Culottées de Pénélope Bagieu.
Sarah Marquis expérimente à l’extrême la faim, la soif pour mieux connaître l’impact de l’esprit sur le corps. À quoi pense-t-elle quand elle marche ? À rien. Simplement à l’instant. En marchant seule des heures durant, elle perd ses repères temporels, savoure le moment présent et sa liberté. La faim est un langage universel. Partout lors de son périple, des femmes l’aideront, transgresseront les règles pour veiller à lui remplir l’estomac et le cœur. Sarah Marquis dédie donc naturellement sa marche solitaire à toutes les femmes de par le monde qui luttent encore pour leur liberté.
Violaine B.
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[…] la manière de Sarah Marquis avant sa marche solitaire, les deux aventuriers ont passé une année à préparer leur nouvelle […]