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Indira Gandhi : celle qui gouverna l’Inde

Dans Stories
16 décembre 2020

Celle qui Osa gouverner l’Inde

Qui ne connaît pas le nom de Gandhi ? Irrémédiablement associé à l’Inde, il a été popularisé par le Mahatma, un petit homme pacifique qui œuvrait pour l’indépendance de son pays. Mais il existe une autre Gandhi, petite elle aussi, qui occupe une place importante dans l’histoire de la plus grande démocratie du Monde. Son nom ? Indira Gandhi. Découvrez la destinée de celle qui osa gouverner l’Inde.

Indira Gandhi, une femme de tête 

Une enfance baignée de politique 

Indira Nehru naît en 1917 à Allahabad, dans une famille de brahmanes, la plus haute caste de la société indienne. Son grand-père et son père, Motilal et Jawaharlal Nehru, sont tous deux avocats ; la famille est fortunée.

Après le massacre d’Amritsar (qui a vu des centaines de civils indiens périr sous les balles des soldats britanniques, menés par le brigadier-général Reginald Dyer), sa famille se rallie au Mahatma Gandhi et se défait de ses biens. Ils brûlent tout ce qui évoque l’Occident, et commencent à lutter pour l’indépendance de l’Inde. 

La petite Indira grandit dans ce contexte houleux. 

À l’âge de 11 ans, elle apporte sa pierre à l’édifice familial en dirigeant « l’armée des singes ». Ce groupe était constitué uniquement d’enfants. Pendant les manifestations, ils circulaient le long du cortège pour transmettre les messages. 

En privé, la vie de la petite fille est moins exaltante. Elle est particulièrement affectée par l’absence de son père, emprisonné à 9 reprises en raison de ses engagements politiques. 

De manière générale, l’activisme de ses parents est une source de stress constante. Au printemps 1930, elle se retrouve seule pendant un mois, tous deux ayant été emprisonnés. 

Elle souffre également de l’isolement de sa mère Kamala, mise à l’écart par la famille Nehru à cause de sa constitution fragile. Atteinte de tuberculose, elle fait des allers-retours entre le pays du Taj Mahal et la Suisse, où elle est soignée dans des sanatoriums. Finalement, Kamala Nehru s’éteint à Lausanne en 1936, à l’âge de 36 ans, entourée de sa famille. 

Feroze et Indira Gandhi : un mariage d’amour 

Après le décès de sa mère, la fille de Nehru poursuit ses études en Suisse, puis en Angleterre. Elle y retrouve Feroze Gandhi, l’ancien assistant personnel de sa mère. Celui-ci étudie à Londres, Indira à Oxford. Tous deux se retrouvent régulièrement, la jeune femme ayant accepté la demande en mariage de son compatriote. 

Les deux amants repartent en Inde en 1941, pendant la deuxième guerre mondiale. Indira retrouve son père et lui fait part de son souhait d’épouser Feroze. Le patriarche accepte, même si le jeune fiancé est issu d’un milieu social différent. Le mariage est célébré le 26 mars 1942. Indira réussit donc le tour de force d’épouser l’homme qu’elle aime, dans une société indienne très patriarcale, où les mariages arrangés sont légion. 

La naissance d’une grande politicienne 

Indira Gandhi, partagée entre épouse et fille 

À cette période, Indira Gandhi est déjà très investie en politique. Elle milite activement pour l’indépendance de son pays. Elle participe à de nombreuses manifestations en compagnie de son père et de son mari. Cet engagement lui vaut de passer huit mois derrière les barreaux, de septembre 1942 jusqu’au 13 mai 1943.

La période qui suit sa libération marque un véritable tournant dans sa vie de femme. Son époux et elle s’installent à Lucknow, où Feroze dirige un journal, le National Herald. La jeune femme donne naissance à deux fils : Rajiv en 1944, et Sanjay en 1946. 

En même temps, le processus devant mener à l’indépendance de l’Inde se met en place. 

Jawaharlal Nehru est très engagé dans les négociations. Il demande l’aide de sa fille, qui le rejoint à Allahabad pour tenir sa maison. Elle se partage alors entre deux villes, et entre deux foyers.

En 1947, Jawaharlal est nommé Premier ministre. Il s’installe à Teen Murti, une demeure située au cœur de New Delhi, la capitale. Indira le rejoint rapidement pour tenir la maison, emmenant mari et enfants dans ses valises. 

Malheureusement, Feroze supporte mal cette cohabitation forcée. Il quitte donc les lieux en 1952, à la faveur de son élection au Parlement. Cependant, il reste en contact avec sa compagne. Il meurt finalement d’une crise cardiaque en septembre 1960, à 47 ans. 

L’entrée en politique de l’héritière des Nehru

En 1959, le poste de président du Congrès se libère. Jawaharlal Nehru propose le nom de sa fille pour le reprendre. Tout le monde s’étonne, tant Indira est discrète depuis qu’elle travaille avec son père. 

Elle accepte le poste, et occupe ainsi sa première fonction politique d’importance. 

Jawaharlal Nehru meurt en 1964. Même si son nom est évoqué, sa fille ne devient pas Premier ministre. Le parti du Congrès choisit d’élire Lal Bahadur Shastri, une figure de la lutte pour l’indépendance.

Sur proposition du nouveau chef d’État, Indira est promue ministre de l’Information et de la Télédiffusion. Elle devient rapidement une figure clé du gouvernement. 

Shastri disparaît brutalement, terrassé par un arrêt cardiaque en janvier 1966. Le parti du Congrès doit donc élire un nouveau Premier ministre, pour la deuxième fois en deux ans. Le 19 janvier 1966, les chefs du parti nomment Indira Gandhi à ce poste. Ainsi, à 48 ans, elle prend les commandes de la plus grande démocratie du monde, qui compte alors 500 millions d’habitants. 

Indira Gandhi élue : une femme gouverne l’Inde 

Un régime autoritaire 

Lors de sa nomination, les dirigeants du Congrès espèrent profiter de la jeunesse et de l’inexpérience d’Indira pour la garder sous leur coupe. Mais elle déjoue rapidement les pronostics. 

Elle s’affirme et crée un lien direct avec le peuple indien. Son ascension contraste avec la crise qui agite le parti, liée aux difficultés rencontrées par le pays (mauvaises récoltes, guerre contre le Pakistan, dévaluation de la roupie). 

Ouvertement socialiste, fidèle aux valeurs défendues par son père, elle fonde sa politique sur la défense d’une démocratie laïque et sur le non-alignement. En matière d’économie, elle choisit de nationaliser les 14 plus grandes banques indiennes. Cette mesure la rend très populaire auprès des basses classes. Plus elle s’impose, plus le Congrès s’inquiète : Indira gouverne par ordonnances, coupant court à toute tentative d’opposition. Son autoritarisme engendre des conflits, qui mènent à une première scission du Congrès. 

En 1970, elle dissout le Parlement, et elle abolit les privilèges dont bénéficient encore les princes. 

À l’international, plusieurs événements permettent à Indira Gandhi d’asseoir son autorité : 

  • En 1971, les relations entre le Pakistan occidental et le Pakistan oriental se détériorent. L’Inde intervient dans le conflit, et permet la création d’un nouvel état indépendant : le Bangladesh (ex-Pakistan oriental).
  • La même année, l’Inde et l’URSS signent un traité de coopération, qui entérine l’entente militaire entre les deux pays. L’alliance est destinée à contrer la coalition Chine-Pakistan-États-Unis.
  • En 1974, l’Inde fait exploser sa première bombe nucléaire, devenant le 6e pays à tester cette arme avec succès. Indira Gandhi affirme sa volonté d’en faire une utilisation pacifique. 

L’état d’urgence 

Malheureusement, cet âge d’or ne dure pas. L’inflation explose, la situation politique se dégrade, le gouvernement est vivement critiqué. Indira est même accusée de népotisme pour avoir octroyé des privilèges à son fils Sanjay. 

Dans ce contexte difficile, la fille de Nehru fait l’objet d’une plainte pour fraude électorale. Son adversaire gagne : l’élection de 1971 est invalidée le 12 juin 1975. 

Loin d’accepter cette défaite, Indira Gandhi réagit dans la nuit du 25 au 26 juin : elle proclame l’état d’urgence, et s’accorde des pouvoirs dictatoriaux. Les libertés civiles sont réduites ; la presse et l’opposition sont muselées. 

Cette période noire dure presque deux ans. Elle est marquée par la montée au pouvoir de Sanjay, le fils cadet d’Indira. Il mène des réformes très contestées, sans avoir été élu. L’opposition grince des dents. 

Le destin tragique d’Indira Gandhi, la femme qui gouverna l’Inde 

Un retour en politique rapide 

Incapable d’évaluer sa popularité, Indira Gandhi met fin à l’état d’urgence en janvier 1977. Elle organise alors de nouvelles élections, et les perd. Elles sont remportées par le parti politique du Janata Dal, une très large coalition de ses opposants. Les dissensions sont nombreuses au sein du nouveau gouvernement. Cela mène à une nouvelle scission du Congrès, en 1978. La fille de Nehru s’en sert pour retrouver sa popularité perdue : elle prend la tête du Congrès I (Congrès Indira), avant de gagner les élections de 1980, et de retrouver son poste de Premier ministre.

 La nouvelle gouvernante espère remettre son fils Sanjay au pouvoir. Malheureusement, le décès prématuré de ce dernier l’en empêche. La mère éplorée appelle alors à son fils aîné, Rajiv. Malgré ses réticences, il accepte de l’assister. Il entre au Congrès fin 1980. 

Un deuxième mandat qui s’achève dans le sang 

À cette période, Indira Gandhi est confrontée à l’émergence d’un mouvement séparatiste : le parti Shiromani Akali Dal prône la création du Khalistan, un état sikh indépendant, au Pendjab. La dirigeante s’y oppose fermement. 

En juillet 1982, la situation dégénère : les sikhs occupent le temple d’Or à Amritsar, principal lieu de prière des adeptes du sikhisme.

Pour mettre fin à la rébellion, la place sainte est attaquée par l’armée indienne le 05 juin 1984. L’offensive fait des centaines de morts, combattants armés ou simples civils. Les sikhs ne pardonnent pas cette attaque. En représailles, Indira Gandhi est assassinée par ses deux gardes corps sikhs, le 31 octobre 1984. Elle reçoit 30 balles, et succombe à ses blessures quelques heures plus tard. 

Son fils Rajiv est choisi pour lui succéder, perpétuant ainsi la lignée des Nehru-Gandhi. 

Aujourd’hui, Indira Gandhi est la première femme à avoir dirigé l’Inde. Ses mèches blanches sur chevelure de jais sont célèbres ; son nom est associé à la dynastie la plus influente du pays. Mais la dirigeante indienne n’est pas la seule femme politique qui a osé. Découvrez le parcours inspirant de Michelle Obama, une first lady engagée. 

Delphine Jouenne – rédactrice SEO

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Charlotte Perriand : l’engagement au service de la créativité

Dans Stories
9 septembre 2020

L’architecte prolifique et avant-gardiste Charlotte Perriand a toujours essayé de se libérer d’une esthétique conventionnelle, pour se tourner vers une approche à dimension humaine de l’habitat. Ses meubles de métal, puis de bois sont le reflet de son audace dans le milieu du design très formaté des années 30 à 50. Ses collaborations avec Le Corbusier lui ont valu d’intervenir dans des projets grandioses et précurseurs, avec le souci de proposer un mobilier et un habitat fonctionnels et confortables. Retour sur l’œuvre abondante, généreuse et inventive de Charlotte Perriand, qui fut à la fois une créatrice et une femme moderne et engagée.

Le parcours d’une jeune femme déterminée et humaniste

Charlotte Perriand est née en 1903 et elle n’a pas perdu de temps avant de trouver sa voie, qu’elle suivra jusqu’à son décès en 1999. Fille d’une couturière et d’un tailleur de pierre, elle se lance dès 1920 dans des études à l’Union centrale des arts décoratifs dont elle sort diplômée à l’âge de 22 ans.

Dès lors, elle ne cessera de donner vie au mobilier tout en assumant pleinement son appartenance à l’époque mécanique du XXe siècle. Celle qui a eu l’idée de détourner un phare de voiture acheté au salon de l’auto pour en faire une suspension dans sa salle à manger n’avait pas fini d’étonner ses contemporains.

Le Corbusier : une rencontre révélatrice pour un essor notoire

En 1927, Charlotte Perriand se fait remarquer avec son Bar sous le toit, conçu pour organiser des soirées conviviales, autrement qu’assis autour d’une table basse. La jeune femme, coiffée à la garçonne, n’hésite pas à innover dans une époque plutôt sexiste en utilisant du cuivre nickelé et de l’aluminium anodisé.

Exposée au Salon d’automne de 1927, cette pièce lui vaut d’être remarquée par Le Corbusier, qui la fait entrer dans son atelier. Plutôt aride de compliments, celui qu’on surnommait Corbu, lui a reconnu des qualités exceptionnelles et novatrices dans le domaine du design.

D’abord chargée de suivre l’exécution des réalisations de l’atelier, elle devient vite un élément phare de l’équipe du Corbusier et de Pierre Jeanneret et dès 1928, elle crée le fauteuil Grand Confort. Ce meuble qu’elle surnommait avec légèreté le « panier à coussins » est une adaptation du fauteuil club avec des matériaux résolument modernes et confortables : des tubes d’acier laqué et des coussins de cuirs remplis de plumes.

La carrière de designer de Charlotte Perriand est lancée.

Des voyages au bout du monde afin de scruter son propre intérieur

Désireuse de garder son indépendance vis-à-vis des salons académiques très fermés, Charlotte Perriand fonde l’Union des Artistes Modernes (UAM) en 1929, épaulée par René Herbst. Dans cette dynamique de s’intéresser aux facettes sociales et politiques, elle effectue un voyage initiatique en Union Soviétique en 1931. Elle en revient plus déterminée que jamais et rejoint en 1932 l’Association des écrivains et artistes révolutionnaires aux côtés, notamment de Fernand Léger.

Puis en 1940, c’est le Japon qui lui fait l’honneur de l’inviter pour la nommer au poste de conseiller à l’art industriel, par l’intermédiaire de Junzo Sakakura, un ancien collaborateur de l’atelier du Corbusier.

La guerre de 39-45 fait rage et la France connaît une période très chaotique. Dans ce pays nippon qu’elle surnomme « la lune », elle découvre un univers qui lui est inconnu, mais qui lui semble couler de source. Charlotte Perriand apprécie particulièrement la combinaison de constructions modernes avec un respect fondamental de la culture traditionnelle.

La pratique du zen devient pour elle une façon naturelle d’envisager des réalisations dans un esprit pratique et dépouillé, avec une quasi-obsession : chacun peut bénéficier de l’un de ces habitats.

L’important ce n’est pas l’objet, mais la personne

Enfant, lors d’un séjour à l’hôpital, elle fait la découverte d’espaces épurés d’un blanc immaculé et totalement dénudés. Cet état de dépouillement, au lieu de l’angoisser devient une source de bien-être pour cette gamine précoce et observatrice.

En rentrant chez elle, à la vue du désordre ambiant qui règne dans la maison, elle comprend que le vide a un pouvoir profond : celui de mettre en valeur des objets mêlant l’utile à l’esthétique.

Son goût pour l’habitat minimum est né et il restera ancré dans son œuvre jusqu’à son dernier souffle.

Une crise du logement qu’il faut combattre à tout prix

Dès 1930, les effets de la crise se font sentir en France et touchent principalement le milieu agricole, métallurgique et textile. Lorsqu’elle rejoint l’Association des écrivains et artistes révolutionnaires, elle côtoie de nombreux artistes et intellectuels comme Malraux, Gide ou encore Giono.

Tous ces personnages influents souhaitent lutter au côté du prolétariat et Charlotte Perriand va désormais orienter son travail dans ce sens.

La maison du jeune homme | Une porte d’entrée dans un nouveau monde

En 1935, elle présente à l’Exposition internationale de Bruxelles, un espace conçu comme étant le lieu d’habitation idéal pour un jeune homme de l’époque. Cette réalisation, élaborée avec l’ensemble du cabinet du Corbusier, est l’occasion pour Charlotte Perriand de montrer son fauteuil en bois paillé pour la première fois.

L’espace est pensé comme un reflet de l’équilibre du corps et de l’esprit, avec deux parties distinctes destinées pour l’une aux besoins quotidiens et pour l’autre à la pratique de loisirs. Ce point de vue architectural bouscule toutes les convenances de l’époque, et ce n’est que le début d’une longue liste de chamboulements.

Le salon des arts ménagers | En réponse aux injustices sociales

En 1936, la créatrice est persuadée que son rôle ne s’arrête pas à la conception d’habitats. L’urgence réside aussi dans l’aide qu’il faut apporter aux plus démunis. Cette prise de position annonce le début de recherches sur le mobilier pour les classes moyennes en difficulté.

Grâce à la collaboration d’autres designers comme André Hermant ou Francis Jourdain, on commence à chercher des solutions pour loger les gens dans des espaces limités, certes, mais avec une modularité et une organisation optimale.

Dans une pièce jouxtant cette salle de séjour idéale, elle installe un photomontage gigantesque dont le nom n’est pas équivoque : « La grande misère de Paris ». Elle sera d’ailleurs accusée d’être communiste, mais cela n’arrêtera pas sa croisade pour l’amélioration de l’habitat pour tous.

La naissance des loisirs | Un paysage architectural remodelé

Avec l’élection du Front populaire en 1936, de nouvelles portes de créativité s’ouvrent pour ces artistes et intellectuels de génie. C’est ainsi que Charlotte Perriand participe à différents projets, comme l’Exposition de l’habitation, présentant une Cité de week-end située dans la presqu’île de la Cride dans le Var.

On lui demande aussi de créer une salle d’attente pour le ministère de l’Agriculture en reprenant les codes de propagande qu’elle avait utilisés dans sa fresque sur Paris. Il y est question de conventions collectives, d’allocations familiales ou encore de la limitation de la journée de travail.

Parallèlement à ce projet, elle est chargée de construire un musée de l’Éducation populaire, qu’elle sera malheureusement contrainte d’abandonner pour des raisons budgétaires.

Une ode à l’habitat collectif, dans le respect de chacun

En 1952, Charlotte Perriand participe à l’agencement de la Maison de la Tunisie, édifiée par l’architecte Jean Sebag. Elle sera en charge d’aménager la cafétéria, la salle de réunion et une quarantaine de chambres.

Ce sera l’occasion de montrer à ses pairs avec quelle ingéniosité elle arrive à créer un espace fonctionnel et plaisant avec des contraintes spacieuses et budgétaires drastiques. Suivront ensuite la Maison du Mexique et la Maison de l’étudiant.

Des fonctionnalités inédites et des matériaux novateurs

En s’entourant des meilleurs spécialistes, elle innove encore en proposant des meubles à éclairage intégré, des étagères modulables ou encore des bibliothèques conçues comme des éléments séparateurs de l’espace.

Suite à son intervention dans la Maison du Mexique, la Cité internationale universitaire de Paris lui confie l’aménagement du Pavillon du Brésil en collaboration avec Lucio Costa. Cette création prend d’ailleurs un nouvel écho avec un projet qui lui tient particulièrement à cœur.

Lorsque son mari est nommé directeur d’Air France pour l’Amérique Latine en 1962, elle est toute désignée pour créer leur nouveau logement. Elle découvre que ses affinités pour les matériaux hérités de son séjour au Japon dénotent complètement dans cet univers baroque.

Elle va chercher et apprivoiser de nouvelles matières comme le jacaranda, un bois local, avec lequel elle construira une bibliothèque de 6 mètres 50 de long, semblant flotter dans l’espace.

Un retour aux sources pour accomplir l’œuvre d’une vie

Cette petite fille de Savoyard n’a jamais perdu son attachement pour la montagne et c’est tout naturellement qu’elle va y œuvrer à partir de 1961. En construisant son propre chalet à Méribel, elle met en application tous les préceptes qu’elle a emmagasinés lors de ses expériences précédentes.

Elle y joue la carte de privilégier la relation intérieure-extérieure en délimitant les deux d’une simple baie vitrée. Elle s’inspire encore une fois de son vécu au Japon pour créer un espace de vie sans cloisons et garni de tatamis au sol.

Sa collaboration avec sa montagne natale atteint son point d’orgue avec l’aventure des Arcs qui la conduit à travailler pendant une vingtaine d’années auprès de spécialistes chevronnés. Elle sera la coordinatrice de ce projet grandiose et sera en charge de la cohérence entre l’architecture, l’urbanisme et l’équipement des appartements.

En imaginant des espaces modulables, sans vis-à-vis et donnant directement sur l’extérieur, elle conclut avec maestria ce qui a été l’histoire de toute sa vie : arriver à produire des espaces intimes et fonctionnels dans des bâtiments d’habitation collective de grande envergure.

Lorsque le projet prend fin en 1989, Charlotte Perriand a 86 ans.

Comme ultime pied de nez à cette vie qui tend vers la fin, elle imagine en 1993 La Maison du Thé, sur une commande de Hiroshi Teshigahara pour figurer sur la plazza de l’Unesco à Paris. Toujours habitée par un souhait de réunir tradition et modernité, elle reste fidèle aux enseignements que le Japon, ce pays qu’elle a tant aimé, lui a donné.

Avec ce dernier ouvrage, Charlotte Perriand réussit un tour de force : boucler la boucle d’une existence rocambolesque et extraordinaire.

Séverine Faure – Rédactrice Web Professionnelle
(ancienne élève de Lucie Rondelet)

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Florence Arthaud : l’aventurière des mers est partie vers le grand large

Dans Stories
15 avril 2021

Une vie bercée par les flots et la houle. Vous l’aurez compris, nous parlons d’une figure emblématique de la Voile française. Navigatrice depuis sa plus tendre enfance, Florence Arthaud embarque sur les mers et les océans à la poursuite d’expéditions maritimes et d’exploits nautiques. Le 18 novembre 1990, elle est la 1re femme à remporter la prestigieuse Course du Rhum. Florence devient en 14 jours, 10 heures, 8 minutes et 28 secondes, une véritable légende des Mers. Une autre date hante les esprits. Le 9 mars 2015, durant le tournage d’une émission de télévision en Argentine, Florence Arthaud monte avec d’autres participants dans un hélicoptère. À 57 ans, elle vit sa dernière aventure. Son embarcation se crashe et ne laisse aucun survivant. Ce jour-là, c’est bien tous les marins du monde entier et les amoureux des océans qui pleurent leur « petite fiancée de l’Atlantique ». La gent féminine pour laquelle elle a été une navigatrice engagée est également en deuil. Florence Arthaud, aventurière des mers, a pris le grand large et laisse derrière elle une génération de femmes, héritières de son audace. Quel patrimoine leur lègue-t-elle ? Celles qui osent est donc partie en expédition. Embarquons-nous à la rencontre de cette héroïne maritime au caractère si trempé.

Florence Arthaud : une aventurière des mers hors pair

L’océan, son univers depuis toujours

Florence Arthaud est tombée, très jeune, dans une marmite d’eau salée. Elle a été embarquée par l’incroyable passion de son père pour la mer. Célèbre éditeur de récits marins, Jacques Arthaud, l’a ainsi initiée dès son plus jeune âge à la découverte de la navigation et aux exploits maritimes. Bercée par les périples de grands navigateurs comme ceux de Bernard Moitessie ou d’Éric Tabarly, sa destinée d’aventurière semblait toute tracée. Florence Arthaud souhaite coûte que coûte rester proche de l’eau. Il lui est impensable de résider trop longtemps loin de la côte. En 2003, elle largue donc naturellement ses amarres à Marseille.

Une destinée de navigatrice

Le milieu de la mer la voit donc grandir et devenir la championne nautique que nous connaissons tous. Florence Arthaud se forme à l’art de piloter les bateaux auprès de grands marins comme Marc Linski par exemple au club de voile d’Antibes. Ses mentors sont pour elle des phares la guidant à l’instar d’une boussole. Florence devient, en 1993, maman d’une petite fille, Marie, née de son union avec le skipper professionnel Loïc Lingois. En 2005, elle épouse Éric Charpentier, navigateur lui aussi. Elle mène une existence de terrienne, de mère et d’amoureuse. Mais sa plus belle idylle semble être celle qu’elle vit avec son amour de toujours : l’Océan.

1990 : la consécration de Florence Arthaud

Elle enchaîne les courses au large et fait le tour du globe. Navigatrice de talent, elle participe à la mythique Route du Rhum en 1978. Elle se fait remarquer par son tempérament de conquérante et ses empennages de talent. Héroïne, elle gagne, en 1990, cette périlleuse escapade. Débarquée en Guadeloupe, à bord du trimaran « Pierre 1er », Florence est la première femme skipper à remporter cette course en solitaire. La 4e édition de la Route du Rhum marque donc une performance historique dans les archives de la navigation. Florence Arthaud s’empare alors du cœur des Français et devient pour tous « la petite fiancée de l’Atlantique ». Quelques mois plus tard, elle pulvérise le record de la traversée sans escale de l’Océan Atlantique en 9 jours, 21 h et 42 min.

1990 est résolument l’année de son apogée. Elle sera d’ailleurs élue cette année-là « Championne des Champions français » par le journal L’Équipe.

Des exploits sur l’eau à n’en plus finir

Florence Arthaud enchaîne les courses nautiques. En 1997, elle remporte, avec Bruno Peyron, la célèbre course La Transpacifique . Le monde de La Voile se l’arrache et tous les navigateurs souhaitent embarquer avec elle (Jean Le Cam, Luc Poupon, Philippe Poupon, etc.). Elle reçoit plusieurs prix prestigieux récompensant ses performances. Elle vit une réelle consécration en tant que femme sportive et navigatrice hors pair.

Une mer pas toujours tendre avec elle

Florence Arthaud frôle la mort à plusieurs reprises. À 17 ans, elle est victime d’un accident de la route. Elle est alors plongée pendant plusieurs mois dans un profond coma. Un autre traumatisme est rapporté dans son ouvrage « Cette nuit, la mer est noire », publié en 2015, aux éditions Arthaud. Elle y évoque sa panique quand elle chavire de son voilier, seule au milieu de l’eau entre le Cap Corse et l’Île d’Elbe. Ce jour d’octobre 2011, elle est miraculeusement repêchée en état d’hypothermie. Sa tragique destinée n’était décidément pas assignée à se terminer dans les méandres de l’océan.

Une navigatrice engagée au caractère bien trempé

Son combat pour la cause des femmes

Florence Arthaud aurait pu se satisfaire de son incroyable destin de navigatrice. Elle a su se faire une belle place, en tant que femme, dans un milieu marin que l’on dit être très masculin, presque misogyne. Son formidable investissement, à défendre la cause féminine trouve assurément son origine dans la discrimination qu’elle constate si souvent.

  • Défendre une parité considérée par beaucoup comme étant illusoire ;
  • dénoncer la domination des hommes ;
  • revendiquer une féminisation du métier de navigateur.

Voici les engagements que Florence souhaite prendre.

Inspirée par des personnalités dévouées à la cause féministe telles que Simone de Beauvoir, Florence sait profiter de la lumière des projecteurs sur ses exploits. Ainsi, elle s’érige comme missionnaire d’une cause humaniste. Ses engagements publics auront toujours dans leur sillage cette volonté assumée d’émanciper le sexe faible. En 2015, elle coécrit dans les colonnes du journal Libération une tribune sur l’égalité des sexes au titre évocateur : « Si t’es un homme ». Elle ne s’arrête pas aux mots.

Dans son combat, elle a choisi certes de dénoncer, mais plus que tout d’agir. Quelle plus belle façon de militer que d’organiser une course nautique de femmes, pour les femmes ?

Arrachée à la vie par cet accident d’hélicoptère, Florence Arthaud n’aura pas le temps de mener à bien sa mission. Dans son héritage, subsiste une part importante de l’engagement dans lequel elle s’est littéralement plongée.

Sa personnalité bien trempée

Florence Arthaud évolue depuis toute jeune dans un univers masculin rude et exigeant. Les prérequis de son métier sont intransigeants, voire dévorants. Florence excelle dans ce milieu si calfeutré de la navigation, quand tant d’hommes échouent et demeurent anonymes.

Cette ténacité qui la caractérise tant est-elle devenue une adaptation nécessaire à ce cosme des performances maritimes. Ou est-ce sa personnalité si incroyable qui l’a amenée à devenir la championne que nous connaissons tous.

Son mental de gagnante a sans nul doute été une des clés de voûte de sa réussite.

Isabelle Autissier, figure emblématique de la navigation, souligne une confrontation certaine de la personnalité de Florence sur la terre et sur la mer. « Florence était quelqu’un d’extraordinaire sur l’eau, mais incontrôlable à terre, ça a joué contre elle ». Son énergie est incontestablement un atout sur les océans, mais elle est également perçue, par certains, comme un raz-de-marée difficile à canaliser sur la terre ferme. Un tempérament de feu au service des performances. De cela, Florence en a bien conscience.

Elle s’essaye donc au monde médiatique et s’offre à la lumière des projecteurs. Florence Arthaud devient alors une égérie.

Son image d’égérie

Florence a très vite été mise en lumière. Ses exploits sur l’eau marquent le départ d’une carrière médiatique. Elle devient alors un personnage public dans lequel beaucoup de Français se reconnaissent. Ils ressentent pour elle un élan non dissimulé de sympathie et d’affection. Elle est une invitée de choix sur les plateaux de télévision. Sollicitée pour de nombreuses couvertures de magazines comme celle de l’hebdomadaire Elle, Florence jouit d’une image populaire et appréciée. Ce jeu d’icône médiatique, elle le vit avec plaisir et malice.

Elle s’essaye également à la musique en chantant un duo avec Pierre Bachelet. Elle posera ainsi sa voix, en 1989, sur les paroles de « Flo ».

En 2015, le tournage de Dropped, en Argentine, émission de téléréalité française, est son dernier projet. Victime d’un accident d’hélicoptère pendant les prises de vues, Florence Arthaud meurt à l’âge de 57 ans.

Elle publie plusieurs ouvrages qui trouveront leur lectorat, dont « Fiancée de l’Atlantique » en 1982, et son autobiographie « Un vent de liberté » en 2009.

 

Florence Arthaud est sans condition une femme qui ose. En 2020, la course du Vendée Globe bat son record de participations féminines. Florence inspire, Florence encourage, Florence suscite des vocations, mais surtout, elle impulse des émancipations. Une génération de navigatrices semble manœuvrer dans le sillage de notre aventurière des mers. Observons avec intérêt les parcours sportifs et les exploits nautiques de certaines héritières dont nous sommes en train de devenir témoins. Des femmes comme Alexia Barrier, Clarisse Crémer, Samantha Davis, Isabelle Joschke, Pip Hare ou encore Miranda Merron sont bien parties pour prendre la barre dans le monde de la navigation.

Sabine Le Roy pour Celles qui Osent

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1 Comment
    Jacinda Ardern, Première ministre « modèle »  | Celles qui osent says: Reply
    janvier 31st 2021, 10:28

    […] pas à découvrir l’histoire d’Indira Gandhi, première femme à avoir gouverné […]

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Bienvenue sur votre webzine Celles qui Osent ! On a souhaité vous offrir un espace collectif, de proximité, pour vous donner la parole. Ici, on narre les histoires de femmes aux destins exceptionnels, mais aussi les vôtres. Celles qui, avec une formidable énergie, souhaitent partager des idées, des projets, des points de vue. Celles aussi qui veulent entreprendre, s’investir pour la planète ou pour des causes qui leur tiennent à cœur. Faire des choses qui ont du sens. CQO pour se cultiver, s'informer, s'inspirer. Merci de nous lire et de nous faire confiance !

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