Qui sont les hijras, communauté transgenre en Inde ?

Les hijras, en Inde, désignent une communauté de personnes définies par un troisième genre. Persécutées pendant l’ère coloniale, elles ont obtenu une reconnaissance légale en 2014, lorsque la Cour suprême indienne a reconnu les hijras, les personnes transgenres, intersexes, non-binaires comme « troisième genre ». Elles ont également bénéficié d’une reconnaissance légale au Bangladesh et peuvent inclure ce troisième genre dans les papiers officiels au Népal et au Pakistan. Celles qui Osent vous en dit plus sur cette communauté, méconnue en Occident.

Les hijras dans la tradition hindouiste

Les premières traces des hijras remontent à l’Antiquité. Dans la religion hindouiste, la communauté prie la déesse Bahuchura Mata, considérée comme la protectrice des hijras. On les retrouve également dans deux textes fondateurs de la mythologie indienne : le Ramayana et le Mahabharata. Par ailleurs, les représentations transgenres sont nombreuses dans la religion hindoue. Par exemple, Shiva, l’un des dieux créateurs, est parfois représenté comme étant mi-homme mi-femme.

Aujourd’hui encore, les hijras détiennent un fort pouvoir symbolique dans la société indienne. Elles représentent la chance, la fertilité et la bonne fortune, et assistent à des mariages, des naissances, ou des emménagements dans un nouveau foyer contre rémunération pour bénir les couples et les familles. Leur pouvoir serait directement issu de la déesse Bahuchura Mata, et elles peuvent également porter malchance dans le cas où on leur manquerait de respect.

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Un changement de statut sous l’ère coloniale

L’Inde est restée sous colonisation britannique de 1757 à 1947. Au XIXe siècle, sous l’ère victorienne, les Hijras sont criminalisées pour indécence publique et atteinte aux mœurs. Elles étaient alors considérées comme des eunuques. Toute personne se livrant à des danses, des cultes, ou portant des vêtements féminins pouvaient se faire arrêter par les autorités britanniques et être suspectées d’homosexualité. Ces lois restrictives ont conduit les hijras de l’Inde du Nord à émigrer dans des pays voisins.

Aujourd’hui, en raison des stigmates issus de la colonisation britannique, les hijras peuvent être dénigrées, rejetées et associées à l’homosexualité qui, malgré sa dépénalisation en 2018 par la Cour suprême indienne, demeure très mal vue en Inde. Les hijras vivent souvent en marge de la société, et se livrent à des activités telles que la prostitution ou la mendicité pour survivre. Il arrive qu’elles soient victimes de violences perpétrées par la police et les forces de l’ordre.

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La place des hijras en Inde dans la société actuelle

En 2014, la Cour suprême indienne a reconnu le troisième genre. Le gouvernement a également œuvré pour les hijras dans le domaine de la santé et de l’éducation. Chaque année, elles se réunissent à l’occasion d’une grande fête ayant lieu au sud de Madras (Tamil Nadu, sud de l’Inde) pour revivre un épisode du Mahabharata, œuvre fondatrice de la mythologie indienne. Tout comme l’Iliade, le Mahabharata met en scène une grande bataille, menée par le clan des Pandavas. À la veille d’un affrontement, les Pandavas, guidés par un astrologue, doivent sacrifier un homme pour s’assurer la victoire. Le fils du roi des Pandavas accepte de donner sa vie, mais exige, avant sa mort, un mariage et une nuit d’amour. Le dieu Krishna accepte de se métamorphoser en femme le temps d’une nuit, et c’est à lui que les hijras s’identifient lors de la célébration annuelle qui reproduit cette histoire de la mythologie hindoue.

Les hijras sont socialement construites selon un ordre bien précis. Elles sont soumises à un leader, le guru qui répartit les tâches et organise les activités de la communauté. Les gurus sont les hijras qui ramènent le plus d’argent à la communauté. Si une hijra se marie, elle reste dans le groupe et doit toujours subvenir aux besoins de ce dernier. Les gurus adoptent une posture parentale, dans un pays où 98 % des hijras sont rejetées par leur famille.

La culture indienne vous intéresse ? Vous pouvez lire notre biographie de Vandana Shiva, écoféministe indienne, ou celle d’Indira Gandhi, ancienne première ministre indienne.

Victoria Lavelle pour Celles qui Osent

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