Une chronologie du château de Chambord, demeure de François Ier

Vous avez forcément déjà entendu parler du château de Chambord, célèbre demeure de François Ier. Et pour cause, cet édifice grandiose illustre parfaitement l’époque de la Renaissance, qui commence au début du XVIe siècle en France. Cette période se caractérise par de nouveaux courants de pensée et la redécouverte de la culture antique. Tout cela va apporter un nouveau souffle sur les arts et l’architecture : Chambord en est l’un des plus prestigieux exemples que l’on puisse admirer aujourd’hui.

Ce monument, vieux de plus de 500 ans, est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1981, car il s’agit d’« un chef-d’œuvre du génie créateur humain », selon les critères définis par l’Unesco. De même, Jean Martin-Demézil, un historien spécialiste du Val de Loire, a dit que Chambord est « de la race des grandes pyramides ». À juste titre, car avec plus d’un million de visiteurs par an, c’est le troisième château le plus fréquenté de France après le Louvre et Versailles.

Malgré la célébrité de cette demeure royale,  on peut dire que la chronologie du château de Chambord est lacunaire. Ces dernières années, des fouilles archéologiques ont été menées pour tenter de reconstituer les parties manquantes de son histoire. Envie d’en connaître un peu plus sur son passé ? C’est parti pour un voyage dans le temps à la découverte de l’histoire du château de Chambord !

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Vue aérienne du château de Chambord avec le donjon et son enceinte. Source image : chambord.org

Une chronologie du château de Chambord : les origines

Les origines du château sont méconnues, car les archives du XVIe siècle ont été en grande partie détruites. Ainsi, ce sont principalement les études archéologiques qui permettent d’en savoir un peu plus sur les débuts de la construction. Ce qui est sûr, c’est que le château précédent a été rasé pour faire place à un bâtiment entièrement neuf.

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Un maître d’œuvre royal

Le point de départ de ce projet colossal est un tout jeune monarque arrivé sur le trône en 1515 : François Ier, à peine âgé de 21 ans. Ami des arts et des lettres, à l’instar d’Aliénor d’Aquitaine, il fait partie de ce que l’on appelle les rois bâtisseurs et entreprend, dès le début de son règne, la construction et l’aménagement de plusieurs édifices. Les châteaux d’Amboise, de Blois, du Louvre et de Fontainebleau, pour ne citer qu’eux, vont connaître de grands changements. C’est donc dans un contexte politique et financier favorable que Chambord va voir le jour au cours de l’année 1519.

Saviez-vous que François Ier n’y séjourna que quelques jours ? Au total, une cinquantaine seulement. En effet, Chambord servait d’étape pour accueillir le souverain lors de ses déplacements avec la cour.

Un lieu tranquille

L’emplacement du chantier se situe à une dizaine de kilomètres au sud-est de Blois, dans une zone marécageuse de la Sologne, près d’une rivière appelée le Cosson. Cette zone se trouve en plein cœur d’un massif forestier propice à la chasse, activité appréciée de Sa Majesté. François Ier va par la suite étendre le domaine jusqu’à atteindre une superficie d’environ 2 500 hectares, soit l’équivalent d’environ 3 500 terrains de football ! Il ordonne l’édification d’un mur d’enceinte autour de ces terres giboyeuses. Des capitaineries royales sont créées en 1542 pour assurer la garde de cette propriété contre le braconnage.

Un architecte inconnu : l’ombre de Léonard de Vinci

Les sources rares de l’époque ne permettent pas d’attribuer l’élaboration de l’édifice à un architecte en particulier. Toutefois, des faisceaux d’indices font penser que Léonard de Vinci, décédé en 1519, c’est-à-dire au moment du démarrage des travaux de construction, aurait pu contribuer de manière indirecte à la conception de Chambord. Il développe dans ses carnets des théories sur l’urbanisme idéal. On y retrouve ainsi l’utilisation du nombre d’or pour les proportions des bâtiments, l’usage des formes géométriques pour la conception des pièces, un escalier à double révolution, etc.

Ces préceptes sont plus ou moins appliqués. À titre d’exemple, le système des latrines mis en place à Chambord suit fortement des préconisations du maître italien en matière d’aération. On les retrouve dans le Codex Atlanticus, fol. 76v b. : « Les lieux d’aisance [sont] pourvus d’ouvertures pour l’aération prises dans l’épaisseur des murs, de façon que l’air puisse y venir des toits ».

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L’histoire du château de Chambord : quel chantier !

Des débuts un peu chaotiques en 1519

Peu de temps après le lancement du chantier, celui-ci doit s’interrompre, car le roi est capturé par Charles Quint à Pavie. Les travaux reprennent à sa libération en 1526, mais le plan originel est modifié. En effet, lors de fouilles archéologiques, il a été décelé que les appartements du donjon devaient être disposés autrement. Le donjon est finalement achevé en 1539 lors de la visite d’Henri VIII, le roi d’Angleterre. Entre 1540 et 1544, le logis du roi sur l’aile orientale est terminé. L’année suivante, les arcades des galeries et les escaliers à vis apparaissent.

À la mort de François Ier en 1547, l’édifice n’est pas achevé. D’autres monarques et figures illustres vont y ajouter leur touche personnelle.

Les travaux s’achèvent enfin deux siècles plus tard

Après plusieurs années où le domaine est délaissé, au XVIIe siècle, Gaston d’Orléans, le frère de Louis XIII, récupère le domaine. Il agrandit le parc de façon considérable. Sa superficie atteint environ 5 440 hectares ! Le mur d’enceinte subit des modifications jusqu’à atteindre une longueur de 32 kilomètres. La réparation des terrasses, en très mauvais état, est également entreprise.

Puis, entre 1680 et 1686 sous le règne de Louis XIV, des remaniements sont réalisés pour rendre les lieux plus confortables. L’architecte Jacques Hardouin Mansart a alors pour défi de créer des appartements afin de loger la cour. Des travaux d’assainissement sont effectués et des écuries sont créées.

À partir de 1745, le maréchal de Saxe procède à de nouveaux agencements avec la création d’un théâtre dans le donjon. Finalement, au XIXe siècle, le comte de Chambord, petit-fils de Charles X, entreprend plusieurs opérations de restauration.

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Un édifice à l’architecture hors du commun

Le château de Chambord fait parler de lui dès ses débuts

C’est un édifice qui marque les esprits depuis plus de 500 ans comme en attestent les écrits de Jacques Androuet du Cerceau. Il y fait mention dans son ouvrage Les plus excellents bastiments de France paru en 1576 ! Le château fait partie du premier volume qui décrit 15 demeures exceptionnelles au même titre que le Louvre et Vincennes. Cet ouvrage est dédié à la belle-fille de François Ier, Catherine de Médicis, reine depuis 1547. Il parle du château en ces termes :

« Tout l’édifice est admirable, à cause de cette grosse masse, et rend un regard merveilleusement superbe ».

Description et symbolique des bâtiments

Le château se compose d’un donjon central carré auquel sont accolées quatre tours rondes. Ce donjon est relié à deux bâtiments et une enceinte fermant une cour. Autour du château, des douves sont présentes, alimentées par le Cosson. Ces caractéristiques défensives rappellent les châteaux forts du Moyen Âge.  Au début du XVIe siècle, ces éléments sont désuets, mais à Chambord, leur rôle est symbolique puisqu’ils représentent la puissance militaire du roi.

Des éléments de la Renaissance italienne sont visibles dès l’extérieur avec les nombreuses ouvertures et par la présence de galeries ouvertes. Puis, la disposition à l’intérieur du donjon forme un plan en croix grecque, directement inspiré des églises italiennes. Au centre de cette croix se trouve le fameux escalier hélicoïdal à double révolution. Constitué de deux rampes imbriquées, ceux qui l’empruntent ne se croisent pas.  Il dessert les étages et mène au toit-terrasse, surmonté d’une tour lanterne. Chaque étage est divisé de la même manière avec quatre appartements.

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Escalier à double révolution du château de Chambord : les personnes empruntant chacune des entrées ne se croisent jamais ! Source image : commons.wikimedia.org

 

Une décoration abondante et des mystères

Dans toute l’histoire du château de Chambord, on ne peut passer à côté de son aspect décoratif. Les façades ainsi que les cheminées sont ornées d’une multitude de sculptures aux motifs figuratifs et végétaux typiques de la Renaissance italienne, mais adaptées au goût français. Le motif le plus représenté à Chambord n’est autre que la salamandre, l’emblème de François Ier : on en trouve plus de 300 !

L’histoire du château de Chambord n’a pas encore révélé tous ses secrets. La dernière découverte en date remonte à novembre 2021 : un graffiti signé de Jean de la Fontaine !

Chambord est devenu propriété de l’État en 1930. Les visiteurs peuvent y vivre une expérience unique et se créer un parcours sur mesure entre la visite des lieux, les expositions des créateurs contemporains ou encore les promenades sur le domaine. Il ne reste plus qu’à vous mettre dans la peau de l’un d’entre eux et de partir à sa découverte !

☕️ À lire aussi : l’article sur Margaux Brugvin pour avoir un regard neuf sur l’histoire de l’art.

Céline Levert pour Celles qui Osent.
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.

Sources :
– BRYANT Simon, CAILLOU Jean-Sylvain, HOFBAUER Dominic, PONSOT Patrick, « Le château de Chambord (Loir-et-Cher) – Un monument trop (peu) regardé. » Medieval Europe, Paris 2007. Actes du congrès tenu à l’INHA, Paris, 2007.
– CAILLOU Jean-Sylvain et HOFBAUER Dominic, « Chambord d’après ses latrines », dans 25 années d’archéologie royale (1990-2015), Bulletin du Centre de recherche du château de Versailles, 2015.
– https://www.chambord.org
– https://www.chambord-archeo.com

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