Deuxième saison d’Euphoria : du sexe, des drogues, du trash

Sortie le 10 janvier 2022, la saison 2 d’Euphoria a beaucoup fait parler d’elle. La première saison de cette série américaine réalisée par Sam Levinson était passée plus inaperçue. Au programme : une banlieue américaine, un lycée, des adolescents tourmentés, beaucoup de drogue et de sexe, une esthétique vintage et une BO signée Zendaya (l’actrice principale) et Labrinth. Attention spoilers !

Saison 2 d’Euphoria : du teen movie à la série trash

Euphoria reprend largement les codes du teen movie. Entre premières ruptures et rencontres amoureuses, l’amour est sans doute le premier thème de la série. Or, on est loin d’être dans la Boum. Les relations toxiques prennent rapidement le dessus et les personnages accumulent les névroses au fil des épisodes. Dans la première saison, Nate, l’archétype du beau gosse du lycée, étrangle sa petite amie Maddy, qui, malgré les ruptures et trahisons à répétition, ne cesse de revenir vers lui. Rue, la junky de service et le personnage principal joué par Zendaya, cache son addiction à Jules, sa meilleure amie qui devient par la suite son amoureuse. Cassie, la jolie blonde qui traîne avec les filles populaires du lycée, souffre d’un besoin d’attention cuisant et ne semble vivre que pour les garçons de son entourage.

Si les personnages sont supposés être âgés de 17 ans, ils nous donnent plutôt l’impression d’en avoir 25. Dans la tradition du teen movie, la « première fois » est un topos par excellence. On se souvient par exemple de Vic, jouée par Sophie Marceau dans La Boum 2, demandant conseil à sa grand-mère Poupette. Dans Euphoria, la question est vite expédiée. Tous les personnages semblent avoir dix ans d’expérience sexuelle derrière eux, et déjà maîtriser tous les codes de la sexualité. Seule Kat, une adolescente en surpoids censée incarner le body positivisme, est vierge au début de la série, mais elle ne le reste que le temps d’un épisode et finit par montrer son corps sur des sites pornographiques.

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Euphoria, série féministe ou série archétypale ?

Euphoria, notamment la première saison, montre plusieurs pans malsains de la sexualité contemporaine à dénoncer. Reproduction des codes du porno, violences conjugales dès l’adolescence, revenge porn (divulgation de nudes ou sex tapes sans l’autorisation de la personne concernée pour se venger d’elle, après une rupture par exemple)… La liste est longue.

D’un autre côté, la mise en scène de ces violences est si fréquente qu’elles en deviennent presque banalisées, voire érotisées. Dans l’épisode 6 de la saison 2, Cassie déménage chez Nate, l’ex-petit ami de Maddy, et frappe contre son torse, comme pour l’accuser de la situation dans laquelle elle se trouve (Cassie était la BFF (best friend for ever) de Maddy, et cette dernière lui en veut d’avoir « piqué son ex »).

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Mais ce qui a sans doute provoqué le plus de critiques, c’est l’hypersexualisation des personnages féminins, encore plus frappante dans la saison 2 que dans la première saison. Que les filles aillent au lycée dans des tenues de soirée passe encore, mais qu’elles soient souvent montrées nues à l’écran pour aucune raison valable est un autre problème. Cassie, l’archétype de la blonde populaire au corps de rêve, est constamment sexualisée. Sa poitrine est toujours mise en avant et elle porte des hauts qui semblent souvent trop petits pour elle, comme dans l’épisode 4 de la saison 2, où son maillot de bain rose fuchsia la sexualise à outrance.

La représentation de la drogue sur le petit écran

Il n’y a pas que le sexe qui soit banalisé dans Euphoria. La drogue l’est aussi. La série entière repose sur le personnage de Rue, qui en est d’ailleurs la narratrice, droguée depuis l’âge de 13 ans. Son père, décédé dans la série, souffrait d’une maladie grave et la petite Rue a commencé à se droguer en prenant les anti-douleurs qui lui étaient administrés. La saison 1 commence par sa sortie de cure de désintoxication après une overdose. Sauf que… même en rehab, Rue continuait de se droguer.

Voir Rue défoncée aux opiacés devient petit à petit habituel, et le spectateur cesse de questionner ce qui apparaît comme une simple mauvaise habitude. Il semblerait pourtant que Sam Levinson et son équipe de scénaristes se soient réveillés pour la saison 2 puisque, dans l’épisode 6, Rue débute un sevrage aux côtés de sa mère et de sa sœur. Ce qui aurait pu être un moment fort de la série apparaît comme une éclipse. Le spectateur est tellement habitué à voir Rue se droguer, que son corps affaibli par le sevrage et la douleur provoquée par le manque ne le choque même plus. Plutôt que d’être un moment symbolique, le sevrage apparaît comme un moment obligé de la série, avant une énième rechute. À la fin de l’épisode, Rue apprend en effet que les centres de désintoxication sont tous complets, suggérant que le personnage principal n’en a pas fini avec la drogue… À saluer tout de même : la performance de Zendaya, dont le jeu d’actrice est encore meilleur dans la deuxième saison que dans la première.

Vous aimez les séries ? Nous aussi ! Celles qui Osent à dédié trois de ses articles à Succession, à Sex Education et à Emily in Paris, à retrouver sur notre site.

Victoria Lavelle pour Celles qui Osent

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