Johnny Depp et Amber Heard : que retenir de ce procès qui défraye la chronique ?

C’est l’un des couples les plus connus au monde. Après un premier jugement ayant eu lieu au Royaume-Uni durant lequel les violences que l’acteur infligeait à son ex-épouse ont été établies, un nouvel épisode judiciaire oppose les ex-amants terribles. Il a porté plainte contre elle pour diffamation après qu’elle a publié une tribune dénonçant les violences conjugales qu’il lui aurait infligées. Retour sur le procès Johnny Depp et Amber Heard, hors-norme et ultra-médiatisé.

L’affaire Depp-Heard : rappel des faits

Nous sommes en 2020. La Haute Cour de justice de Londres a rendu son verdict : non, le tabloïd anglais The Sun n’était pas en tort lorsqu’il a qualifié Johnny Depp de « frappeur d’épouse ». Sur les quinze faits de violence domestique abordés durant le procès, douze ont été jugés « substantiellement vrais ». Mariés de 2015 à 2017, Amber Heard et Johnny Depp étaient amants depuis 2012, mais leur couple a vite pris un tournant cauchemardesque. Alors qu’ils étaient en instance de séparation, Amber Heard dénonce, en 2016, les violences que lui aurait fait subir son mari, sous l’emprise de l’alcool et de la drogue.

Deux ans après un premier procès, les deux ex-époux se retrouvent à nouveau au tribunal, mais cette fois sur le sol américain. En cause : la tribune écrite par Amber Heard, parue dans le Washington Post, dans lequel elle dénonce les violences que lui aurait infligées son ex-mari. L’acteur lui réclame 50 millions de dollars, notamment parce que les accusations auraient porté préjudice à sa carrière (Walt Disney a par exemple mis fin à sa collaboration avec Johnny Depp pour le film Pirate des Caraïbes). Mais cette fois-ci, Amber Heard contre-attaque, et porte plainte à son tour. Elle exige 100 millions de dollars, pour diffamation.

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Une relation toxique et violente

Quand on s’attarde sur l’histoire du couple Depp-Heard, on est saisi par la violence de leur relation. C’est Johnny Depp qui s’est exprimé le premier lors du procès, toujours en cours, et il a tenté de convaincre le jury qu’il avait lui-même été victime de violences conjugales, infligées par son ex-épouse. Une affirmation appuyée par ce qui s’avère être une preuve improbable dans de telles affaires, mais accablante : des enregistrements audio, que les deux époux avaient pris l’habitude de mettre en route lorsqu’ils se disputaient. Dans l’un de ces audios, passé lors du procès, on entend l’actrice avouer avoir giflé Johnny Depp, et lui infliger des violences psychologiques. Johnny Depp a aussi accusé Amber Heard de lui avoir entaillé très profondément le doigt avec une bouteille de vodka qu’elle lui aurait lancée dessus. Les avocats de la plaignante affirment, de leur côté, qu’il se serait fait cette blessure après une violente dispute, durant laquelle il aurait cassé son téléphone.

La consommation excessive de drogue et d’alcool de Johnny Depp a été au cœur de la défense mise en place par les avocats d’Amber Heard. L’interprète de Pirate des Caraïbes a d’ailleurs, durant le procès, avoué avoir touché pour la première fois à la drogue à l’âge de onze ans, alors qu’il était victime de ses parents violents. Quant à l’actrice d’Aquaman, elle a de nombreuses fois déclaré avoir été frappée, étranglée, agressée sexuellement par son ex-mari.

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Le traitement médiatique du procès Johnny Depp et Amber Heard

Contrairement à la France où il est interdit de filmer au sein d’un tribunal, les États-Unis autorisent aux chaînes américaines de diffuser, en direct, le procès. Alors depuis le 18 avril 2022, date à laquelle le procès a commencé, les médias se déchaînent. Amber Heard est-elle une menteuse ? Johnny Depp est-il un homme battu ? Ce que l’on peut dire, comme l’affirme la chercheuse Jamie R. Abrams, professeure de droit de la famille, dans Libération, c’est que :

« Les revendications sous-jacentes suivent un schéma similaire à celui d’autres dossiers de l’ère MeToo. »

Pourtant, les plaintes pour diffamation sont en général brandies par les hommes accusés de violence en tant que menace, mais ne voient jamais le jour. C’est ce qu’a fait par exemple le journaliste accusé par plusieurs femmes de viol, Patrick Poivre d’Arvor, la semaine dernière.

Ce qui est certain, c’est que Johnny Depp a une double image à déconstruire : celle de l’acteur hollywoodien superstar, et celle de l’homme tout puissant, car rares sont les procès aussi médiatisés durant lequel la victime de violences conjugales n’est pas une femme, mais un homme. Quant à Amber Heard, elle a également dû faire face à de nombreuses accusations sexistes et dégradantes dans les médias et sur les réseaux sociaux, qui l’ont accusée à plusieurs reprises d’hystérie et de mythomanie.

Dans tous les cas, peu importe l’issue du procès. Ce dernier, d’une longueur sans précédent, aura permis la médiatisation mondiale d’une affaire de violences conjugales, durant laquelle les deux plaignants ont eu l’occasion de donner leur version des faits. L’histoire l’a montré à plusieurs reprises : les affaires judiciaires font souvent avancer les choses en matière de droits des femmes et de violences conjugales, et en entendre parler au quotidien permet de contribuer à la fin de leur invisibilisation.

Poursuivez votre lecture sur ce thème avec notre article sur l’association FNSF, qui se bat aux côtés des femmes violentées.

Victoria Lavelle

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