Interview d’Elsa Miské, oser riposter contre le sexisme

Celles qui Osent a découvert Elsa Miské dans une vidéo sur Internet, au sein de laquelle elle présente son jeu de cartes Moi, c’est madame, un outil ludique de ripostes contre le sexisme. À 34 ans, Elsa est consultante et formatrice en stratégie digitale. Elle accompagne ses clients et forme des étudiants dans l’appropriation des codes de la communication online. Co-fondatrice du podcast Yess avec Anaïs Bourdet et Margaïd Quioc, Elsa célèbre les victoires des femmes contre le sexisme ordinaire. Rencontre avec une femme de détermination et de convictions !

Graine de rebelle parisienne, addict aux réseaux sociaux 

Aujourd’hui à Marseille, Elsa Miské est née à Ivry-Sur-Seine, de parents réalisateurs de films documentaires. Pour les vacances ou dans le cadre de leurs tournages, Elsa voyage beaucoup à l’étranger. Elle grandit avec une mère féministe, « qui ne l’a pas endoctrinée, mais sensibilisée. » Addict des réseaux sociaux depuis toujours, elle s’éveille à ce mouvement via Tumblr, puis MySpace et Facebook. 

Bilingue anglais, fort de son bac littéraire et de ses études de Sciences Po, elle se dirige vers les métiers des médias, de la publicité. « Initialement, je voulais travailler au sein d’un label de musique ». Elle intègre un peu par hasard une agence de web à Paris, où elle découvre, enthousiaste, qu’elle peut prodiguer des conseils sur les réseaux sociaux à de grandes entreprises encore novices à l’époque. « J’assiste à un retournement de situation très intéressant : les grandes marques jusqu’alors toutes puissantes doivent subitement, à cause d’Internet, prendre en compte les avis que les consommateurs postaient en direct, et contrer les bad buzz ! Oui, les gens ont le droit de dire ce qu’ils pensent, c’est la démocratie en fait ! »

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Celle qui n’aime pas rester dans l’ordre établi dénonce déjà ce qui doit l’être « il faut bousculer les personnes qui se croient intouchables… » 

Pourtant, en travaillant dans le milieu ultra misogyne de la publicité, Elsa se « plie aux codes pour être acceptée ». En entreprise, elle se sent « regardée, semblable à de la viande. » Elle tient quelques années, mais finit par démissionner, avant de devenir « allergique au CDI ». Elle considère cette forme de travail comme une situation surréaliste : « C’est insensé qu’un patron possède ton temps et ton cerveau, non ?! » 

Lien vers des formations en écriture digitale

Elle met à profit sa période de chômage pour s’autoformer à la vidéo, puis elle part vivre en Afrique du Sud pendant un an. Elle rentre ensuite en France puis donne des cours en marketing digital à l’Université. elsa-miské-podcast-yesss-moicestmadame-CQO-cellesquiosent

Haro au harcèlement 

Stop à la banalisation de la violence

Elsa Miské découvre Anaïs Bourdet et son fameux Tumblr « Paye ta Shnek » contre le harcèlement de rue. Elle constate amèrement qu’elle banalise elle-même cette violence. « Adolescente, à Paris, j’avais l’habitude de me faire harceler dans la rue. Les mecs qui te disent sale pute dix fois par jour ou qui se branle devant toi dans le bus ou le métro, tu t’habitues. Cela fait partie du paysage. Normal. » 

Elsa précise qu’il faut arrêter de croire au « mythe du viol sous un pont la nuit. 9 viols sur 10 sont commis par une personne de notre entourage, sans violences physiques. » Le harcèlement de rue est partout, dans les grandes villes ou les petites. Elsa souligne que les violences sexistes existent avant tout dans la sphère privée.

« Je serais toujours plus fâchée contre les députés soi-disant éduqués qui huent une femme à l’Assemblée parce qu’elle porte une robe à fleurs, plutôt que par des mecs en situation de très grande précarité. » 

« Moi c’est madame », un jeu qui impose le respect

Arrivée à Marseille en 2018, Elsa Miské crée YESSS avec deux copines, Anaïs Bourdet et Margaïd Quioc. Ce « podcast de warriors » compile les victoires des femmes contre le sexisme. « Plutôt que tirer le fil de ce qui ne va pas, nous faisons le choix de privilégier les solutions, les récits de personnes qui ont réagi, qui se sont rebellées. » Déjà un million d’écoutes en deux ans. Elles bâtissent ainsi ensemble un collectif de « self-défense ». Des femmes leur envoient des vocaux où elles racontent une situation dans laquelle elles ont su se défendre contre le sexisme dans leurs quotidiens, avec leur partenaire ou dans la rue, etc.

L’une des punchlines « Moi c’est madame » connaît un grand succès. Elsa décide alors de prolonger l’expérience du podcast avec un jeu de ripostes baptisé « Moi c’est madame ». « Je voulais créer un outil concret permettant à tous de s’entraîner à répliquer. Face à une agression verbale violente, humiliante, les victimes font face à une réaction psychologique de sidération, qui nous rend juste kéblo. »

La règle du jeu est simple : il y a des attaques et des ripostes. Les joueurs tirent chacun leur tour une carte « attaque » pour interpeller son voisin ou tout le monde. Les ripostes sont issues du podcast Yess en majorité « car elles marchent. Elles ont été testées dans la vraie vie, ce n’est pas de la théorie ! » 

Le jeu n’a pas pour vocation de mettre mal à l’aise ou d’évoquer avec trop de légèreté des situations graves. « Le sexisme est un sujet sérieux. »

S’inspirer de la puissance des rappeuses

Passionnée par le milieu du rap, Elsa Miské estime que ce sont de grands précurseurs dans le digital : « Nicki Minaj a fait des Lives avant tout le monde ». Elsa utilise aussi la musique pour aborder avec ses étudiants des thématiques qui la touchent : le racisme, le sexisme, les inégalités en général, etc.

Actuellement, elle écoute Lala&ce, rappeuse lesbienne talentueuse et Megan Thee Stallion, une Américaine « hyper puissante » de 26 ans, « des femmes qui osent s’affranchir du regard des autres, de ce que l’on peut penser d’elles. Elles parlent de sujets très intimes, presque Hard-Cores. »

Cardi B a osé affirmer ses opinions politiques en soutenant ouvertement Bernie Sanders, l’un des candidats à l’élection présidentielle du Parti démocrate : « elle est limite communiste la meuf ! » 

 

Elsa Miské regrette qu’en France, ne plus mettre de soutiens-gorge ou ne plus s’épiler reste encore des prises de position « osées ». Elle nous interroge sur le sexisme intériorisé ou le conditionnement des choix des femmes dans la société. « Comment peut-on s’infliger de saigner des pieds avec des talons aiguilles ? Les talons, c’est pour les tapis rouges, pas pour la vraie vie ! J’ai hyper envie d’avoir un enfant, mais n’est-ce pas une convention sociale ? Plus je suis féministe, plus je deviens misandre et cela devient compliqué de trouver un papa ! Les femmes qui continuent leur carrière tout en étant mamans sont des super warriors de l’espace. » Elsa, toi aussi tu es une warrior, une femme qui ose donner la parole aux femmes et célébrer leurs victoires du quotidien.

 Celles qui osent, nous vous avons trouvé un jeu sympathique pour vos prochains Skype Apéro ! 

 Violaine B — Celles qui Osent 

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