Coco Chanel, portrait d’une femme libre

De Chanel, tout le monde connaît la petite robe noire, le sac en cuir matelassé, les colliers de perles et les chaussures bicolores… Mais que savez-vous de celle qui les a imaginés ? Partez à la découverte de Coco Chanel, une femme libre et inspirante, qui a mis son talent au service de l’émancipation féminine.

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De Gabrielle à Coco

Une enfance pauvre et solitaire

Gabrielle Bonheur Chasnel naît le 19 août 1883 à Saumur. Elle est la deuxième des six enfants d’Albert Chasnel, camelot, et de Jeanne Devolle, couturière. Les détails de son enfance sont peu connus. À l’âge de 12 ans, Gabrielle perd sa mère, qui succombe à la maladie et à l’épuisement : un choc pour la fillette, qui suscitera chez elle une grande capacité de résilience. Abandonnée par son père, elle est placée avec ses sœurs Julia et Antoinette à l’orphelinat de l’abbaye cistercienne d’Aubazine, en Corrèze. Elle y restera six ans et y apprendra la couture. De cette période rude et austère, naîtra son goût pour un style sobre et épuré.

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Gabrielle devient Coco

À ses 18 ans, Gabrielle s’inscrit chez les dames chanoinesses de l’institut Notre-Dame de Moulins. Elle se forme au métier de couseuse en compagnie de sa tante Adrienne, 18 ans également, qui partage la même ambition d’un avenir meilleur. Elle occupe son premier emploi au sein de la maison Grampayre, un atelier de couture qui confectionne des trousseaux et layettes. Elle y restera de 1903 à 1907. À Moulins, elle fréquente les cafés chics et devient très courtisée. On la retrouve à 24 ans sur la scène du café-concert La Rotonde, où elle fait forte impression sur les officiers de la ville (ndlr : Moulins abrite le 10ème régiment de chasseurs à cheval). Ce sont eux qui lui donnent le surnom de « Coco », en référence au titre « Qui qu’a vu Coco dans l’Trocadéro » qu’elle chante en boucle.

À La Rotonde, elle fait la connaissance du riche Étienne Balsan, un ancien officier devenu éleveur de chevaux de course. Amants pour un temps, ils resteront amis pour toujours. Il lui fait découvrir la haute société et la vie de château, dans son domaine près de Compiègne. La jeune femme prend ses premières libertés vestimentaires avec les codes de l’époque : elle assiste aux courses hippiques vêtue de robes droites qu’elle coud elle-même, et fréquente les écuries habillée de jodhpurs – pantalons d’équitation – en peau et cravate !

« La mode se démode, le style jamais. »

La naissance d’un style

C’est grâce à Étienne Balsan que Coco rencontre son grand amour, Arthur Edward Capel, surnommé « Boy », un riche homme d’affaires anglais. Elle le suit à Paris, où il finance l’ouverture de sa première boutique au 21 de la rue Cambon, sous le nom de « Chanel Modes ». Coco y propose des chapeaux qu’elle achète et qu’elle personnalise. Son style inédit, élégant et sobre plaît immédiatement. En 1913, pressentant l’essor des stations balnéaires, elle ouvre une boutique à Deauville, puis en 1915, une autre à Biarritz. Elle y vend ses propres créations : des chapeaux, mais aussi des vestes et des jupes. Cette période marque la naissance de son style avant-gardiste. Coco conçoit des vêtements simples, confortables et pratiques, qui libèrent le corps des femmes jusqu’alors enfermé dans des corsets et des robes longues.

La maison Chanel

Pendant la Première Guerre mondiale, la couturière doit faire face à une pénurie de tissus. Elle confectionne alors des robes de sport en jersey, en s’inspirant des maillots de corps des garçons d’écurie qu’elle-même porte depuis longtemps, et lance la marinière. La rayure rencontre un énorme succès. À la fin de la guerre, en 1918, elle est à la tête d’une maison qui emploie plus de 300 personnes.

Le 22 décembre 1919, elle apprend la mort de Capel dans un accident de voiture. Dévastée par le chagrin, la créatrice se réfugie dans le travail. « Je perdais tout en perdant Capel » déclarera-t-elle plus tard. Elle s’approprie en quelques années les numéros 27, 29, et 31 de la rue Cambon, adresse qui abrite aujourd’hui encore la célèbre maison de couture qui porte son nom.

Le 5 mai 1921, Coco Chanel est la première créatrice de mode à se lancer dans la parfumerie en dévoilant Chanel N°5, un parfum floral créé par le parfumeur de la cour de Russie.

En 1926, elle dessine une robe fourreau droite, sans col et à manches 3/4. Le modèle noir, en crêpe de Chine, devient iconique, et sera maintes fois copié.

Elle qui adore les bijoux et ne se déplace jamais sans ses perles, devient la première femme à lancer une ligne de haute joaillerie en 1932.

Artiste parmi les artistes, elle se lie d’amitié avec Jean Cocteau, Marcel Proust, Toulouse-Lautrec, Auguste Renoir, pour ne citer qu’eux…

La parenthèse de la Seconde Guerre mondiale

À l’annonce de la Seconde Guerre mondiale, Coco Chanel ferme la rue Cambon, licencie ses 4 000 salariées, et se consacre à ses lignes de parfum. À partir de 1941, elle se rapproche des autorités allemandes. Selon certaines archives déclassifiées, elle aurait été recrutée comme espionne de l’Abwehr – le renseignement militaire allemand – qui misait sur ses liens avec le duc de Westminster et son amitié avec Winston Churchill pour favoriser une paix séparée entre l’Allemagne et la Grande-Bretagne. Arrêtée et interrogée à la Libération, elle est rapidement relâchée grâce à l’intervention de Churchill. La couturière s’exile alors en Suisse, à Lausanne, où elle séjourne pendant près de 10 ans.

Le retour à Paris

De retour à Paris à l’âge de 71 ans, elle s’installe définitivement dans la chambre qu’elle loue au Ritz depuis 1937 – aujourd’hui devenue « la suite Coco Chanel » – et s’emploie à reconstruire son empire. Face aux créations ultra féminines (corset et guêpière !) de son jeune concurrent Christian Dior, elle imagine le tailleur en tweed, les escarpins bicolores et le sac matelassé à chaîne dorée, qui deviennent rapidement des classiques. Les actrices les plus populaires du moment, Romy Schneider ou Jeanne Moreau, mais aussi Jackie Kennedy, portent ses créations. Marilyn Monroe déclare ne dormir qu’avec « quelques gouttes de Chanel N°5 ». Décrite comme solitaire et acariâtre à la fin de sa vie, elle meurt le 10 janvier 1971 dans sa suite du Ritz, à l’âge de 87 ans. Elle repose au cimetière du Bois-de-Vaux, à Lausanne, dans une tombe qu’elle a elle-même dessinée.

Coco Chanel, femme libre

Coco, l’affranchie

De toute sa vie, Coco Chanel n’a jamais rien fait comme les autres. La crainte de déplaire ou de choquer par son mode de vie indépendant ne l’a jamais freinée. Elle a découvert très tôt le plaisir de laisser sa peau bronzer au soleil, et a consacré une grande partie de sa vie au sport et aux loisirs de plein air : le golf, le ski, le yachting, la pêche… Et bien sûr, l’équitation, passion partagée avec Étienne Balsan, puis Boy Capel, joueur de polo, et le duc de Westminster. Des activités qui lui ont inspiré un dressing qu’on n’appelait pas encore « sportswear », mais qui en a clairement posé les bases. « J’ai inventé le costume de sport pour moi ; non parce que les autres femmes faisaient du sport, mais parce que j’en faisais. Je ne suis pas sortie parce que j’avais besoin de faire la mode, j’ai fait la mode justement parce que je sortais. »

« Prenez mes idées, j’en aurai d’autres. »

Force est de reconnaître que Coco Chanel a démodé tout ce qui avait été fait précédemment. Redoutable femme d’affaires à l’instinct aiguisé, elle a été la première à bâtir une entreprise indépendante et à la dimension internationale. Elle a travaillé d’arrache-pied et s’est battue pour être seule à décider de son destin et à diriger sa société. Coco Chanel a inventé une allure et un style qui resteront d’éternelles références. Elle a imposé sa vision d’une garde-robe simple, aux lignes sobres et épurées, qui n’entrave plus les mouvements des femmes et suit leur quotidien.

L’indépendance à tout prix

« Ne débarrassez pas la table, à moins que les hommes ne se lèvent pour le faire aussi. »
Ne jamais se laisser enfermer par quiconque, encore moins par les hommes, a été l’un des grands traits de caractère de la créatrice. Indépendante dans sa vie privée, « Mademoiselle » Chanel l’a été tout autant dans ses affaires. Si Boy Capel l’a aidée financièrement à ouvrir ses deux premières boutiques en 1910 et 1913, Coco a mis un point d’honneur à lui rendre jusqu’au dernier centime. Inconcevable pour elle d’être une femme entretenue. Une question de principe, presque un instinct de survie : ne dépendre de personne et rester libre à tout prix.

Si vous souhaitez lire un autre portrait d’une femme libre et engagée, découvrez Rosa Parks, celle qui osa combattre les discriminations.

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