Révélée en animatrice d’émissions de télévision, Virginie Efira a longtemps été cantonnée aux personnages sympathiques de comédies sentimentales. Ces dernières années, l’égérie Cartier s’est épanouie au cinéma dans des rôles de plus en plus audacieux et engagés. Celle qui rêvait depuis petite aux feux de la rampe a été choisie pour être la maîtresse de cérémonie d’ouverture et de clôture de la 75e édition du Festival de Cannes. Comment la provinciale Belge complexée est-elle devenue une référence du 7e art français ? Celles qui Osent vous présente la biographie de Virginie Efira, ou le chemin d’une femme vers la libération et le succès.
Malgré les complexes, la petite Belge veut devenir actrice
Virginie Efira naît à Bruxelles en 1977. Avec son papa, médecin oncologue souvent absent, elle partage la passion des échecs. Le jeu représente pour la petite fille l’occasion de moments d’échanges précieux. De sa maman, esthéticienne pendant un temps, elle conserve un amour pour certains gestes beauté.
L’écolière ressent très tôt le désir de monter sur scène et commence à jouer vers 6 ans. Rapidement, son envie se heurte à son manque de confiance et à un sentiment d’illégitimité qui l’accompagneront tout au long de son parcours. Virginie se sent « trop petite par rapport à ce rêve immense ». Le jugement des autres la pétrifie. Elle se fait même exclure de sa première école de théâtre à cause de ses absences et nombreux blocages.
Adolescente, elle camoufle ses questionnements et sa faible estime d’elle-même sous un maquillage appuyé et des tenues provocantes.
« J’avais tout l’attirail de la fille qui ne doute de rien, alors qu’à l’intérieur il y avait surtout de la peur et une timidité extrême ».
Au fond d’elle, son rêve ne la quitte pas : elle veut devenir comédienne. Elle a en elle ce désir de notoriété et d’une vie d’actrice qu’elle imagine exaltante. Elle fantasme sur les voyages incessants, le fait d’être dans le mouvement et l’adaptation, et d’avoir plusieurs maris.
Lorsqu’elle se confie, elle récolte bien souvent les moqueries, voire les humiliations. Un enseignant va jusqu’à faire référence à la prostitution quand il évoque un jour devant la classe le projet de la jeune femme.
Elle poursuit son chemin avec conviction, malgré les railleries, et entre à l’Institut national des arts du spectacle à Bruxelles, puis au conservatoire pour faire du théâtre.
En dépit des doutes, la présentatrice de la Star Academy en Belgique se fait remarquer
Virginie Efira se lance en 1998. Elle ne se sent pas à la hauteur pour être comédienne.
Elle commence par l’animation d’émissions à la télévision belge : Mégamix, puis la Star Academy et À la recherche de la Nouvelle Star.
Elle analyse aujourd’hui que son manque de confiance à cette période lui a paradoxalement permis une réelle liberté de mouvement. Avide de rencontres, d’expériences, Virginie Efira n’a pas peur de l’échec. Se mettre en action est, selon elle, une des clés pour évoluer pas après pas vers son but. C’est guidée par les opportunités et son courage qu’elle continue d’avancer.
Au début des années 2000, l’animatrice rejoint la télévision française et la chaîne M6 au sein de laquelle elle prend rapidement une place importante. Elle présente des émissions de divertissement comme Le Grand zap ou Classé confidentiel. En 2006, elle remplace Benjamin Castaldi à l’animation de la Nouvelle Star et devient très populaire auprès du public français. On la retrouve aussi à cette époque dans la série Kaamelott et sur Canal +.
Elle épouse en 2002 le comédien et producteur Patrick Ridremont. Ils se séparent 3 ans après et divorcent en 2009.
L’animatrice de la Nouvelle Star voit enfin sa carrière d’actrice débuter
En 2008, Virginie Efira quitte le petit écran pour se concentrer sur sa carrière d’actrice. Elle tourne dans plusieurs comédies romantiques : L’amour, c’est mieux à deux (2009) avec Clovis Cornillac, ou encore La Chance de ma vie (2011) avec François-Xavier Demaison. En 2013, la jeune femme devient pour la première fois tête d’affiche, avec Pierre Niney, dans le film 20 Ans d’écart.
À cette époque, elle joue essentiellement dans des comédies. Elle ressent que son « visage rond » et sa « sympathie » la destinent à cela et l’accepte avec plaisir. Elle fait de son mieux pour être en phase avec sa personnalité et privilégie les propositions plus singulières. Elle impose son style avec douceur et conviction.
À cette même époque, elle participe à Rendez-vous en Terre Inconnue avec Frédéric Lopez. La diffusion du reportage bat des records d’audience. Virginie séduit par sa spontanéité et son authenticité. Elle est alors remarquée par la réalisatrice Justine Triet qui confie avoir eu un coup de foudre. L’actrice, de son côté, est consciente que ses films, et ce passage audacieux dans l’émission ont finalement fait la différence.
De son union avec le réalisateur Mabrouk El Mechri naît une petite Ali en 2013. Le couple se sépare quelque temps après.
Victoria : le tournant dans la biographie de Virginie Efira
Justine Triet lui propose en 2016 de jouer une avocate divorcée, mère de deux enfants et au bord de l’effondrement nerveux, dans Victoria. Le film fait sensation lors de sa présentation au Festival de Cannes. La performance de la comédienne est saluée de manière unanime. Elle lui vaut de recevoir le Magritte de la meilleure actrice et d’être nommée aux César dans cette catégorie.
Ce rôle est un tournant. La confiance que lui accorde Justine Triet et le regard qu’elle pose sur l’actrice l’aident beaucoup à s’affranchir du complexe qu’elle entretient depuis toujours d’être « trop grosse, trop solide ».
La même année, elle intègre le casting international réuni par le cinéaste néerlandais Paul Verhoeven pour le thriller psychologique Elle, aux côtés d’Isabelle Huppert. L’œuvre obtient un succès considérable et remporte le César du meilleur film en 2017. Virginie Efira s’illustre ensuite, entre autres, dans Une famille à louer (avec Benoît Poelvoorde) et Un homme à la hauteur (avec Jean Dujardin).
Avec Un amour impossible, l’actrice assoit sa crédibilité au cinéma
Forte de ses récents succès et de la confiance que lui a offerte Justine Triet, Virginie ose en 2017 ce qu’elle ne s’est jamais autorisé. Elle apprend que Catherine Corsini adapte Un amour impossible. Malgré ses doutes, elle démarche personnellement la réalisatrice et obtient le rôle principal.
Pour sa prestation, elle reçoit notamment le César de la meilleure actrice. Elle rencontre le comédien Niels Schneider, qui devient son compagnon.
Virginie Efira tourne dans Le Grand Bain, de Gilles Lellouche, et est proposée pour un second César. La critique reconnaît unanimement son talent et sa capacité à utiliser une palette d’émotions toujours plus large. L’actrice étonne à mesure qu’elle se libère.
Entre 2019 et 2020, on la voit dans Sybil de Justine Triet, Police d’Anne Fontaine ou encore Adieu les cons d’Albert Dupontel, pour lequel elle est nommée pour le César de la meilleure actrice. Elle incarne des femmes à la fois puissantes et vulnérables qui, comme elle, cachent leur fragilité derrière leur sourire et leur aisance apparente.
Le parcours de Virginie Efira : avec le rôle principal dans Benedetta, l’actrice ose et s’affranchit des codes
L’année 2021 et la sortie de Benedetta de Paul Verhoeven marquent un nouveau palier dans le parcours de la comédienne. Le réalisateur lui offre le rôle-titre sans même lui faire passer d’essai, certain de ses capacités à incarner ce personnage ambigu. Le film est sélectionné en compétition officielle au 74e Festival de Cannes.
Malgré des longs métrages récents s’affranchissant des codes (Victoria, Adieu les cons), l’actrice ne s’était jamais autant mise en danger. Elle endosse le rôle d’une nonne italienne du XVIIe siècle qui, sur le point d’être béatifiée, découvre les plaisirs de la chair avec une novice du couvent. Elle embrasse son personnage charnel, ambivalent et polémique de tout son être et assume sa prise de risque.
« Jusqu’ici, je n’ai pas tourné de choses tranchantes ou fait preuve d’une parole clivante… Je suis assez consensuelle. Ce film, lui, ne l’est pas. Mais à 40 ans, il est plus facile qu’à 20 d’accepter qu’on ne plaira pas à tout le monde ».
Elle explore l’audace dans ce thriller clérico-érotico-féministe, en toute confiance, aux côtés de Paul Verhoeven. Virginie trouve que le réalisateur raconte à merveille la réappropriation par la femme du pouvoir de son corps, les notions de désir, de plaisir, avec une extrême bienveillance.
Précédé d’une réputation sulfureuse, le long métrage suscite la controverse au Festival de Cannes 2021. Virginie Efira est quant à elle louée par la critique et se voit pour la quatrième fois nommée pour le César de la meilleure actrice.
En 2022, la comédienne est à l’affiche de 4 films et continue à dessiner sa route vers le succès et l’acceptation de sa singularité.
Très bel exemple d’un parcours qui n’a pas été tracé dès le départ, la biographie de Virginie Efira révèle la force de la détermination. Loin encore de s’assumer pleinement, l’actrice vit aujourd’hui la consécration. Après des années à chercher sa place dans ce monde qui la faisait rêver, elle a été désignée pour être Maîtresse de cérémonie du 75e Festival de Cannes. Les secrets de sa réussite : avancer pas après pas, sans jamais se trahir, développer sa confiance en soi, choisir avec le cœur. S’accepter tel que l’on est, oser et vivre dans le mouvement et la joie ont été ses objectifs. C’est le chemin d’une existence, mais l’histoire de cette actrice émouvante nous enseigne que c’est aussi une superbe voie vers le succès.
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Laetitia Molto, pour Celles Qui Osent
Sources :
Madame le Figaro : Virginie Efira : « Tant que j’avais honte de moi et de mon histoire, ça ne marchait pas »
Madame le Figaro : » On me faisait des blagues très humiliantes » : Virginie Efira revient sur les moqueries subies à l’adolescence
Psychologies.com : Virginie Efira : « Je découvre le plaisir d’être moi-même »
Gala : Virginie Efira, biographie
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