Hélène Darroze : son ascension vers les étoiles

Le grand public connait surtout Hélène Darroze pour ses participations à l’émission Top Chef en tant que jury star. Depuis janvier 2021, elle est aussi une cheffe trois étoiles, décernées par le Guide Michelin. À 54 ans, elle rejoint le cercle encore très masculin des chefs triplement récompensés, après Anne-Sophie Pic. Quel a été le parcours de cette femme aux multiples facettes pour atteindre un tel niveau d’exigence ? Sa patience, sa combativité et son souci de la perfection dans l’assiette l’ont menée au sommet. La biographie d’Hélène Darroze montre qu’elle a aussi connu des moments de doute et de remises en question. Cette passionnée utilise aujourd’hui sa notoriété pour convaincre les femmes talentueuses de conquérir le monde de la gastronomie. Son message : oser, toujours y croire, ne jamais renoncer !

Le parcours d’une cheffe trois étoiles

Issue d’une famille de restaurateurs passionnés par la gastronomie depuis 1875, tout prédestinait Hélène Darroze à suivre cette voie. C’est pourtant vers des études de commerce qu’elle se dirige, bien décidée à exercer dans la gestion hôtelière. Elle travaille au Louis XV à Monaco quand Alain Ducasse décèle son potentiel et la persuade de se mettre aux fourneaux. Les choses vont très vite pour elle ensuite : en 1995, elle reprend l’auberge familiale et est élue « Jeune chef de l’année ». Elle est félicitée en 1996 par le Président de la République Jacques Chirac, qui reprend deux fois de son pigeonneau farci.

En 2001, elle accède à sa première étoile, un an après l’ouverture de son propre restaurant à Paris « Chez Darroze ». Une seconde suit en 2003, qu’elle perdra cependant en 2010. En parallèle de ses activités parisiennes, en 2008, elle met son talent au service de l’hôtel londonien « The Connaught ».
La consécration arrive en 2015 : elle est nommée « meilleure femme chef du monde » dans le classement annuel 50 Best.

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2021 est sans conteste son année ! Elle décroche une troisième étoile pour son restaurant londonien en janvier et, peu de temps après, récupère sa seconde étoile pour celui de Paris. Le tout dans un contexte de crise sanitaire et de fermeture de ses restaurants.

La cuisine d’Hélène Darroze : le reflet de la sensibilité d’une femme qui ose

Hélène Darroze cuisine avec sa sensibilité de femme et le revendique. Elle souhaite faire partager ses émotions dans l’assiette alors que les chefs masculins, selon elle, veulent montrer avant tout leur technique. Sa cuisine est sincère et authentique, c’est celle qu’elle aime, rappelant ses racines et ses origines du Sud-Ouest.
Les distinctions du Guide Michelin ont récompensé une cuisine qui ose les mariages inattendus, alliant traditions du Sud-Ouest et modernité. Selon Gwendal Poullennec, directeur international du Michelin :

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« Les assiettes paraissent simples, mais il y a une réelle complexité dans toutes les préparations, qui aboutissent à une explosion de saveurs »

Sa cuisine mêle châtaignes et Saint-Jacques, lotte et chorizo, ou encore huitres d’Oléron et foie gras de canard. Lors d’une interview à Femme actuelle, Hélène Darroze évoque avec nostalgie cette anecdote, alors qu’elle travaillait encore avec son père. Elle avait testé une recette de tajine cuite avec du foie gras, qui avait fait bondir ce dernier : « Ton grand-père va se retourner dans sa tombe ». Preuve est aujourd’hui qu’en cuisine il faut avoir de l’audace : la cheffe aux trois étoiles l’a bien compris !

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Une cheffe combative, entre doutes et émotions

Cette cheffe à l’itinéraire hors norme a traversé des périodes de doute. Elle a connu l’échec avec la fermeture de son Bistrot « Toustem » et la perte de la deuxième étoile de son restaurant parisien en 2010. Femme de caractère, combative, elle sait prendre les bonnes décisions et à chaque fois rebondir. La preuve, elle décroche deux étoiles pour son restaurant londonien « Hélène Darroze at The Connaught » en 2011, un an après !
En 2019, elle renoue avec ses racines et rebaptise son restaurant, qui a fait peau neuve, « Marsan par Hélène Darroze ». Une façon de rendre hommage au Sud-Ouest, sa région natale. Elle retrouve ainsi en 2021 sa deuxième étoile. Sa marque de fabrique : une cuisine généreuse, authentique et une histoire de collaborateurs fidèles et de producteurs passionnés. Son insatiable curiosité qui l’invite à se remettre en question en permanence et une rigueur sans faille l’ont ramenée vers les sommets. Elle le sait mieux que quiconque : rien n’est jamais acquis.
Aujourd’hui, elle s’inquiète pour la profession, dans un contexte de pandémie et d’incertitude pour l’avenir. Ses trois restaurants sont fragilisés par de longs mois de fermeture. Elle ne cache pas une situation financière difficile, même si ses ventes de hamburgers à emporter ont bien marché.

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Biographie d’Hélène Darroze : une femme aux multiples facettes

Ceux qui n’ont pas la chance de fréquenter son restaurant peuvent voir régulièrement la cheffe dans Top Chef en tant que membre du jury. Elle est arrivée dans l’émission en 2015, seule femme parmi ses collègues masculins, mais pas vraiment débutante avec son expérience et ses étoiles au compteur. Son accent chantant du Sud-Ouest a rapidement séduit le public. Pour autant, cette femme au franc-parler n’hésite pas à prendre position sur des sujets polémiques tels que le sexisme en cuisine ou le comportement de certains chefs en période de confinement. Outre ses talents culinaires et sa présence médiatique, Hélène Darroze est également écrivaine à ses heures. Paru en 2005, son premier livre Personne ne me volera ce que j’ai dansé est une romance autour de recettes de cuisine, véritable ode au plaisir et à la vie, qui pourrait tout à fait être autobiographique.
Les ouvrages qui ont suivi sont des livres de recettes, huit en tout, dont les deux tomes de Chez moi, écrits conjointement avec ses filles pendant le confinement.
Côté vie privée, Hélène Darroze est l’amie de Læticia Halliday et la marraine de ses deux filles, Jade et Joy. Elles ont fondé ensemble La Bonne étoile, une association qui vient en aide aux orphelins et leur donne l’accès aux soins et à l’éducation. Dans un premier temps, le soutien a été apporté aux enfants du Vietnam, pays cher aux deux femmes, puis s’est étendu au monde entier.

Une cheffe inspirante ? Femmes, osez la haute gastronomie !

Le saviez-vous ? Sur une liste de 130 restaurants au monde, seules sept cheffes peuvent revendiquer trois étoiles. Un signe d’exception en 2021 : le Guide Michelin a récompensé deux femmes. Ce palmarès montre que le monde de la haute gastronomie, trop souvent associé aux hommes, est en train de changer. Hélène Darroze salue cette évolution qui, selon elle, est liée à celle de la place de la femme dans la société.

« Il y a vingt ans, j’entendais parler de chefs qui ne voulaient pas de femme dans leur cuisine ».

Elle regrette néanmoins que beaucoup de jeunes femmes talentueuses renoncent à exercer ce métier à haut niveau pour fonder une famille. Les exigences de cette profession et le nombre d’heures de présence ont raison des plus courageuses. Elle-même a dû faire des choix dans sa vie. C’est à l’âge de 40 ans qu’elle a pu concilier ses responsabilités professionnelles et un rôle de mère, grâce à ses moyens financiers et sa position de chef d’entreprise. Elle est aujourd’hui la maman poule de deux filles de 12 et 14 ans, adoptées au Vietnam.
Une femme inspirante ? Sans aucun doute. Même si elle veut relativiser son importance par rapport à celle d’autres femmes. Elle se félicite de pouvoir partager son expérience avec de jeunes talents et espère ainsi les inciter à conquérir le milieu de la restauration.
Sa présence dans les médias lui permet de délivrer des messages, de démontrer que tout est possible, qu’il faut toujours continuer à y croire.

« Il ne faut surtout pas dans ce milieu d’hommes essayer d’être un homme. Il faut réagir, cuisiner, donner du bonheur, en restant une femme. Avec une générosité différente, des émotions différentes. Quand vous êtes derrière un piano, restez vous-même, restez une femme ».

Vivre une passion au féminin : depuis les fourneaux de sa grand-mère jusqu’aux cuisines de ses restaurants gastronomiques, Hélène Darroze n’a eu de cesse de progresser. Sa biographie montre qu’elle a su relever tous les défis de ce métier particulièrement exigeant pour atteindre le sommet. Aujourd’hui encore, elle doit faire face à de nouvelles difficultés liées à la crise sanitaire. Elle réfléchit à la cuisine de demain, rassurante et gourmande, mais aussi plus respectueuse de l’environnement. Elle privilégie d’ores et déjà les fournisseurs locaux et les circuits courts pour ses approvisionnements. Solidarité et entraide sont désormais les messages qu’elle veut faire passer. Cette cheffe trois étoiles toujours combative veut rester résolument optimiste pour l’avenir !

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Sabine Bertoche, pour Celles qui Osent
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.

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