L’histoire de Liliʻuokalani, la dernière souveraine d’Hawaï

Parmi les États américains se trouvent les îles paradisiaques d’Hawaï. Mais savez-vous qu’avant d’appartenir aux États-Unis, une reine était à la tête de ce royaume ? À la fin du XIXe siècle, Liliʻuokalani règne sur les îles. Les natifs hawaïens cohabitent avec les colons américains et européens dont le pouvoir ne cesse de croître. Face aux propriétaires de plantations, aux hommes d’affaires et aux politiciens, la reine décide de lutter pour protéger sa culture et son peuple. Celles qui Osent vous emmènent au milieu du Pacifique pour rencontrer Liliʻuokalani, la dernière souveraine du peuple hawaïen.

Lydia Kamakaeha, future princesse hawaïenne

C’est sous le soleil et les palmiers d’Honolulu qu’est née Lydia Kamakaeha le 2 septembre 1838. Issue de la noblesse hawaïenne, elle est adoptée par un couple de grands chefs de tribus. Lydia reçoit une éducation d’exception dans une école réservée aux enfants de la royauté. À 24 ans, la jeune femme est donnée en mariage à John Owen Dominis, un membre du gouvernement fils d’un colon américain. Le couple s’installe à Washington Place, une luxueuse maison construite par le père de son époux. Passionnée de musique, la jeune femme est également une excellente compositrice. À la demande du roi Kamehameha V, elle compose un hymne national pour le peuple hawaïen. En 1874, son frère David devient le roi du royaume d’Hawaï. Ce n’est qu’au décès de son deuxième frère William, héritier du trône, que Lydia obtient le titre de princesse et le nom de Liliʻuokalani.

Les prémices de la prise de pouvoir d’Hawaï par les colons

Lydia prend son nouveau rôle de princesse à cœur et gouverne à la place de son frère lorsque ce dernier part faire un tour du monde. La jeune femme rencontre des personnalités importantes de son époque. Elle accompagne la reine Kalākaua à la Maison-Blanche où elle est accueillie par le président Cleveland et voyage jusqu’en Angleterre pour assister au jubilé d’or de la reine Victoria. Malheureusement en son absence, les propriétaires de plantations, réunis dans un groupe nommé la « Hawaiian League », essaient de prendre le pouvoir sur l’archipel. Le roi Kalakua se retrouve contraint de signer une nouvelle Constitution : la « Bayonet Constitution ». Celle-ci implique deux changements majeurs :

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  • Les étrangers sont autorisés à voter.
  • Les personnes avec des faibles revenus ou qui ne sont pas propriétaires terriens ont un accès limité au vote.

Les trois quarts du peuple hawaïen se retrouvent interdits de scrutin. Les propriétaires de plantations, bien que présents en très faible nombre sur les îles, ont ainsi réussi à affaiblir la monarchie et dominent sur les îles.

L’arrivée sur le trône de la première reine d’Hawaï

En 1891, à l’annonce de la mort de son frère le roi Kalakua, Lili‘uokalani devient la première femme à monter sur le trône d’Hawaï. Sous le règne de son frère, un traité a été signé avec les États-Unis pour supprimer la taxation sur l’importation des produits hawaïens, notamment le sucre. En contrepartie, le roi a cédé Pearl Harbor et l’îlot Oahu aux Américains qui souhaitent s’implanter dans le Pacifique. La nouvelle reine souhaite rétablir l’autorité de la monarchie. Pour atteindre ce but, sa première décision est de modifier la Constitution. Lili‘uokalani désire annuler le droit de vote qui avait été accordé aux étrangers et redonner plus de pouvoir à la royauté et au peuple hawaïen. Cette proposition fait suite à une nouvelle loi tarifaire adoptée par le Congrès américain qui décide d’augmenter la taxation des produits importés. À cette annonce, un groupe d’hommes d’affaires et de propriétaires de plantations de canne à sucre, inquiets pour leur avenir et pour leurs intérêts, décident de se réunir avec une idée en tête : l’annexion des îles par les États-Unis.

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Liliʻuokalani face au coup d’État

En janvier 1893, des hommes armés se réunissent sous les fenêtres du palais de Washington Place. Le groupe est constitué de résidents européens et américains, de natifs hawaïens et du parti missionnaire dirigé par un avocat nommé Sanford Dole. Ils souhaitent renverser la monarchie pour que les îles deviennent un territoire des États-Unis. De cette manière, Hawaï serait soumise aux mêmes législations et aux mêmes avantages que les producteurs installés sur le continent américain. Face à cette armée supportée par l’U.S. Navy, la reine demande à sa garde royale de déposer les armes pour éviter le bain de sang. Liliʻuokalani se rend et un gouvernement provisoire présidé par Sanford Dole est mis en place. Le traité d’annexion est signé en février 1893 par le président Benjamin Harrison. Le drapeau américain flotte désormais au-dessus du palais de Washington Place.

La reine soutenue par le peuple hawaïen

Peu de temps après ce coup d’État, Cleveland est de nouveau nommé président des États-Unis. Liliʻuokalani l’a déjà rencontré lors de son voyage à Washington. Elle décide de le contacter pour obtenir son aide. Le président annule le traité d’annexion et annonce le retour au pouvoir de la reine. On pourrait penser que l’histoire se terminerait là, mais c’était sans compter Sanford Dole. Il estime que son gouvernement est légitime et refuse de quitter ses fonctions. Dole réussit à garder son poste et en juillet 1894, la République d’Hawaï est créée. Six mois après cette annonce, Robert Wilcox, un natif hawaïen, tente une contre-révolution pour le retour de Liliʻuokalani. Ce coup d’État est un échec. Le groupe de partisans et la reine sont arrêtés. Des armes ont en effet été retrouvées dans le jardin de Washington Place et Liliʻuokalani est accusée de conspiration.

La fin de la dernière souveraine d’Hawaï

Au cours du procès, la reine nie toute participation à cette révolution. Elle est pourtant jugée coupable et condamnée à une amende de 5 000 $ et cinq ans de travail forcé. La peine est commuée et la reine est assignée un an à résidence au Iolani Palace. Lors de cette assignation, Liliʻuokalani décide d’abdiquer officiellement pour sauver ses partisans emprisonnés qui allaient être exécutés.

« Le flot de sang était prêt à couler si je ne l’arrêtais pas avec mon stylo. »

Liliʻuokalani est autorisée à retourner dans son palais de Washington Place où elle vivra jusqu’à sa mort. Elle continuera de lutter contre l’annexion des États-Unis et créera le mouvement « Oni pa’a » qui signifie « inébranlable ». Hawaï sera malheureusement annexée en juillet 1898 pour devenir un territoire des États-Unis. Vingt ans après le coup d’État, le gouvernement lui accordera une pension à vie. Elle décèdera en 1917 à l’âge de 79 ans dans son palais de Washington Place.

Si le règne de Liliʻuokalani n’a duré que deux ans, son engagement auprès du peuple hawaïen n’a cessé jusqu’à sa mort. Elle racontera son histoire dans son autobiographie intitulée « Hawaii’s Story by Hawaii’s Queen ». Au lieu de prendre les armes, la dernière souveraine d’Hawaï a préféré lutter de façon pacifique pour protéger ses partisans. À la suite de son abdication, elle continuera de recevoir la population dans son palais de Washington Place. Ce n’est qu’en 1993 que le Congrès américain s’excusera officiellement auprès du peuple hawaïen pour cette prise de pouvoir.

🎬 Pour vous plonger dans la vie de Liliʻuokalani, n’hésitez pas à visionner le film Princess Kaʻiulani sorti en 2009 et réalisé par Marc Forby.

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Margaux Pleuvret pour Celles qui Osent

Sources :

Celles qui osent instagram
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