Née en 1956 à Paris, la navigatrice Isabelle Autissier a de quoi faire rêver. Ses 4 sœurs et elle ont été élevées par des parents bienveillants. Ils l’ont soutenue dans toutes ses ambitions et ne lui ont jamais dit qu’une fille pouvait moins qu’un garçon. Enfant, elle passe toutes ses vacances en Bretagne, cette terre maritime qui l’a poussée à se lancer dans l’agronomie halieutique, puis à prendre le large. Tour à tour scientifique, professeur, championne de voile, militante, auteure et conférencière, cette femme qui lutte pour protection de l’environnement a même donné son nom à une variété de rose. Découvrez l’incroyable destin de cette femme de l’océan.
Sa vie au gré des vagues
L’amour de la mer, elle le doit principalement à son père. Lui-même féru d’activités de plaisance, il emmenait toute la famille au bord de l’océan à chaque période de vacances. À l’âge de 31 ans, Isabelle entreprend de construire son propre bateau et de mettre les voiles. À bord de cet engin de 10 mètres de long, elle traverse seule l’océan Atlantique pour la première fois.
À partir de 1987, Isabelle Autissier enchaîne les courses, principalement seule à bord de son navire. Tandis qu’en 1990, Florence Arthaud, célèbre navigatrice française, devient la première femme à gagner la Route du Rhum, Isabelle devient, en 1991, la première à accomplir un tour du monde en solitaire (Boc Challenge).
En 1996, elle participe à la troisième édition du Vendée Globe, le fameux tour du monde à la voile sans escale et sans assistance. En deuxième position pendant un moment, son bateau est endommagé à l’approche de l’océan Indien, et elle doit finalement faire escale au cap de Bonne Espérance, en Afrique du Sud. Après 105 jours, elle réussit tout de même à boucler cette course dont elle avait tant rêvé.
Sa dernière course en solitaire se tient en 1998-99. Un grave accident de navigation la conforte dans cette décision prise quelques semaines auparavant : elle ne naviguera plus seule. Elle met un stop final à sa carrière au début des années 2000, mais elle continue de disparaître au large avec son bateau. Pour le plaisir et pour la bonne cause.
Son engagement pour la protection de l’environnement
Les marins le disent tous, ils sont particulièrement confrontés à la catastrophe écologique au quotidien. Du plastique qui flotte, moins de poissons, un glacier qui n’est plus. En 2002, Isabelle Autissier part à la voile en Antarctique pendant 2 mois pour un projet scientifique et culturel. Depuis, elle n’a cessé de participer à des actions pour l’environnement et de promouvoir la nécessité de protéger la vie marine et terrestre.
En 2009, elle est élue présidente de la branche française du World Wide Fund for Nature, un organisme dont la mission première est de préserver la nature et les espèces menacées de disparition. À la fin de la même année, elle prend la tête du WWF France (World Wildlife Fund). La fondation est implantée dans plus de 100 pays dans le monde et la présidence d’Isabelle dure jusqu’en 2021.
Elle devient également Vice-Présidente du premier Grenelle de la Mer. Se déroulant en France, ce débat implique les élus, les acteurs économiques, les professionnels de la mer et les citoyens. Il vise à faire prendre en compte l’océan et le littoral dans les décisions sur le développement durable. De nombreuses actions ont été mises en place suite à cette initiative.
En 2010, une nouvelle expédition en Antarctique voit le jour : le No Man’s Land Project. Isabelle Autissier et son équipage de navigateurs et d’alpinistes réalisent un film documentaire à couper le souffle sur le Continent Blanc. Il sera diffusé dans l’émission Thalassa.
Isabelle Autissier : son besoin de transmission
La retransmission de ses exploits nautiques et de ses actions écologiques dans les médias a inspiré et influencé de nombreuses personnes. Isabelle a toutefois commencé à transmettre ses connaissances sur le monde marin dès 1984. En effet, jusqu’en 1990, avant de se consacrer à sa carrière nautique, elle enseigne à l’école Maritime et Aquacole de La Rochelle.
Isabelle Autissier partage aussi sa passion pour la mer au travers d’actions culturelles. Elle sort son premier roman, intitulé Seule la mer s’en souviendra, en 2009. Les protagonistes ? Un marin, un bateau et la mer bien entendu. L’intrigue ? Une course en solitaire pleine de rebondissements. Ses autres livres, tous acclamés par la critique, incluent L’Amant de Patagonie, Versant océan, ou encore Oublier Klara.
Cette femme battante et inspirante semble sur tous les fronts, et son activité culturelle compte même la création d’un spectacle sur la mer au sein du collectif Lalbatros. Les artistes jouent de la musique, chantent, dansent et racontent des histoires sorties tout droit d’un carnet de voyage imaginaire.
Elle intervient également sur TEDx, une plateforme de conférences en ligne auxquelles participent des intervenants inspirants. Isabelle n’a rien à envier aux plus grands des orateurs, elle a elle aussi des histoires passionnantes à faire partager. WWF, la navigation, le climat, la collaboration avec la nature, le respect de l’environnement, la solidarité, l’appréciation du moment présent. Ce ne sont que quelques sujets abordés lors de ses prises de parole.
Pour tous les services rendus aux Hommes et à la nature, celle qui est marraine de la collection d’ouvrages « Femmes d’exception » a reçu de nombreuses médailles, bien méritées. Elle a notamment été nommée Chevalier de la Légion d’Honneur et Chevalier du Mérite Maritime.
La mer et les éléments lui ont appris l’importance de s’unifier avec ce qui nous entoure. Elle a fait en sorte d’honorer cet enseignement en levant le poing et en propageant la parole du monde naturel. Femme d’influence, Isabelle Autissier continue de répandre ce qu’elle aime et ce en quoi elle croit. Si le parcours des femmes de la mer vous intéresse, allez vite découvrir les portraits de Florence Arthaud, la célèbre navigatrice française disparue en 2015, et de Clarisse Crémer , recordman du Vendée Globe.
Caroline Kerhom-Nookala, pour Celles qui Osent