Après un parcours scolaire d’excellence, des études de lettres et une formation théâtrale et cinématographique, Alissa Wenz choisit de partager sa vie entre deux amours : la chanson et l’écriture. Auteure-compositrice-interprète, elle chante ses textes, s’accompagne au piano et travaille en trio avec Agnès Le Batteux et Léo Varnet. Soutenue par Contrepied Productions, elle se produit dans diverses salles à Paris et en région (le Jazz Café Montparnasse, le Théâtre des Déchargeurs, le Forum Léo Ferré, les Trois Baudets, l’Entrepôt…). Elle enseigne également le cinéma en lycée et à l’Ecole Normale Supérieure. Écrivaine engagée, elle vient de publier aux éditions Denoël son premier roman À trop aimer, dans lequel elle ose parler de violence amoureuse.
Un parcours d’excellence alliant la littérature et la chanson
Des études littéraires…
Alissa Wenz grandit à Plouër-sur-Rance, entre Dinan et Saint-Malo, jusqu’à son bac qu’elle obtient à 17 ans. Dès 5 ans, elle apprend le piano classique, nourrie par un héritage parental : la tradition orale et la musique classique. “J’ai toujours navigué entre trois passions : la littérature, la musique et le cinéma.”
Amoureuse des mots, elle intègre une prépa littéraire (hypokhâgne, khâgne) au prestigieux Lycée Henri IV. Excellente élève, elle est alors admise à l’école Normale Sup, l’une des institutions universitaires les plus sélectives de France.
…à la chanson à texte
Pourtant, Alissa Wenz ressent alors un “manque de création”. En 2009, elle choisit de s’orienter vers le cinéma et la chanson, et intègre la Fémis, l’École nationale supérieure des métiers de l’image et du son, en département scénario. En parallèle, elle se produit sur scène où elle écrit, chante et s’accompagne au piano. Elle commence à se professionnaliser comme chanteuse. On la compare rapidement à de grands noms de la chanson à texte. “Poétique, piquante ou un peu nostalgique : on retrouve chez elle un petit quelque chose de Barbara.” (Télérama). Elle côtoie les scènes parisiennes, tout comme l’actrice et chanteuse Estelle Meyer.
Dans la vie, Alissa Wenz est une femme discrète, mesurée. Pourtant, elle aime monter sur scène, être sous les feux des projecteurs, chanter ses chansons et les interpréter devant son public : “C’est l’endroit où je me sens libre.” Elle oublie sa “personne quotidienne”, pour se plonger dans ce lieu de vérité profond.
Du scénario à l’écriture de romans
Créer un manuel pour les scénaristes
Alissa Wenz travaille comme scénariste, puis co-écrit avec Pierrick Bourgault le manuel ludique Tu ne tueras point ton héros trop tôt : les 365 lois incontournables du scénariste (éditions Armand Colin), pour tous les scénaristes, débutants ou professionnels. Lorsque l’on écrit un scénario de court ou long métrage, de documentaire ou encore de film d’animation, les erreurs techniques peuvent être nombreuses. Un bon scénariste doit avoir du talent, mais aussi une capacité à respecter des règles :
- construire une intrigue solide ;
- soigner ses personnages ;
- captiver le spectateur ;
- susciter l’intérêt des producteurs, réalisateurs ou acteurs.
Cependant, Alissa Wenz estime que l’écriture de scénario est “contrainte par un grand nombre de paramètres”, ce qui lui donne envie de se tourner vers les livres, pour éprouver “une plus grande liberté”. Ainsi, depuis un an et demi, elle se consacre pleinement à l’écriture de romans. “Dans l’écriture littéraire, qui est à la fois très solitaire et très libre, j’ai l’impression d’être à l’endroit juste.”
Écrire le témoignage d’une femme du 20e siècle
Entre l’essai et le témoignage, Lulu fille de marin (éditions Ateliers Henry Dougier) retrace l’histoire d’une femme du 20e siècle. Alissa Wenz y retranscrit les propos de sa grand-mère Lucienne, 92 ans, fille de marin et femme d’aviateur, pour mieux comprendre cette époque qui destinait les femmes à devenir des épouses et des mères très jeunes.
Née à Plouër-sur-Rance, celle que l’on surnomme « Lulu » rassemble ses souvenirs et nous plonge dans la vie d’un village de Bretagne au 20e siècle. Lulu y narre les préoccupations rurales des années 1930 et la vie des femmes et filles de Terre-Neuvas, la guerre aussi. Celles qui Osent reviendra prochainement sur le parcours modeste, à la fois ordinaire et extraordinaire, de cette femme née en 1928.
Narrer l’emprise et dénoncer la violence amoureuse
En 2020, Alissa Wenz écrit son premier roman, À trop aimer (éditions Denoël), qui aborde la violence conjugale, et s’inspire d’une emprise amoureuse qu’elle a vécue pendant près de cinq ans. Certains faits ont été romancés, car elle ne souhaitait pas écrire un témoignage où elle se placerait en victime. “Je voulais m’autoriser la fiction, transformer cette histoire en œuvre littéraire, et créer une tension narrative, presque comme dans un roman policier.”
À trop aimer commence par un coup de foudre : Alissa Wenz a voulu raconter la beauté de cette rencontre, de ce miracle amoureux. La narratrice tombe immédiatement sous le charme de Tristan, et admire cet artiste génial qui transforme le rêve en réalité. À ses côtés, la vie devient magique. Il ne ressemble à personne, mais cela à un prix. Le monde est trop étriqué pour lui qui ne supporte aucune règle. Ses jours et ses nuits sont ponctués d’angoisses et de terreur. Seul l’amour semble pouvoir le sauver. Alors elle l’aime éperdument, un amour qui se donne corps et âme, capable de tout absorber, les humeurs de plus en plus sombres, de plus en plus violentes. Le prince charmant devient de plus en plus agressif. À ses « crises » d’angoisse s’ajoutent de la violence et des insultes. « Salope, connasse, je m’habitue à ces mots qui deviennent irréels ». Pourtant, sous emprise, elle s’efface, se fait toute petite.
Elle s’habitue à la peur et ment à ses proches. « Nous avons des idées préconçues sur les femmes qui sont victimes de maltraitance : on dit souvent que ces femmes sont fragiles psychologiquement ou émotionnellement… Ces idées renvoient à quelque chose de honteux. Or elles sont erronées, car la violence conjugale touche tous les profils psychologiques, toutes les classes sociales. Je voulais lutter contre le sentiment de honte, qui est un puissant moteur d’enfermement. » Alissa Wenz assume la nature autobiographique de ce roman, courageusement. Avec son roman À trop aimer, l’écrivaine espère donner du courage aux femmes qui la liront et qui subissent peut-être elles aussi des situations violentes.
Celles qui Osent chanter avec audace
Celles qui Osent termine l’interview en interrogeant Alyssa Wenz : “quelles sont les femmes qui osent pour toi ? ” Pour elle, Anne Sylvestre, qui vient de nous quitter le 30 novembre 2020, est une grande dame de la chanson qui fait partie de Celles qui Osent. Anne Sylvestre, féministe, chante avec audace, humour et subtilité les femmes dans des chansons comme La Faute à Ève, Mon mystère ou La Vaisselle. Elle écrit de nombreux textes engagés sur des thèmes de société telle que le viol dans Douce Maison, l’avortement dans Non, tu n’as pas de nom, la misère et les sans-abris dans Pas difficile. Elle aborde également à plusieurs reprises le thème de l’amour homosexuel et des préjugés qui lui sont liés, notamment dans sa chanson Gay marions-nous. Cette femme audacieuse reçoit le prix de l’Académie de la chanson française en 1960. Alissa Wenz cite également Jeanne Moreau, une autre de Celles qui Osent. Chanteuse, comédienne, et même réalisatrice, elle lui insuffle une aura de liberté et de créativité.
Alissa Wenz excelle dans beaucoup de domaines et nous lui souhaitons encore beaucoup de réussites dans ses projets futurs. N’hésitez pas à découvrir son univers sur son site internet, ou vous procurer son livre à trop aimer, 240 pages, qui traite de violence amoureuse, à savourer sans tarder !
Violaine B – Celles qui Osent
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