fbpx
Main Logo
  • Articles
    • Chroniques
    • Actu
    • Stories
    • Culture
    • Relooking
    • Interview
  • Podcast
  • Reconversion
  • Le bottin
  • Contributions
    • Boîte aux lettres
  • La team

Estelle Meyer – l’interview de Celles qui Osent

Dans Interview
8 décembre 2020

Estelle Meyer, l’artiste qui ose tout !

Artiste complète formée au chant lyrique et au conservatoire national supérieur d’art dramatique de Paris, Estelle Meyer est un « OVNI » dans le monde de la création. Cette comédienne, chanteuse incandescente, poète divine, prêtresse solaire inspirante, réchauffe nos cœurs et réveille nos sens. Persuadée que « l’art peut renverser le monde par sa beauté », Estelle Meyer, en véritable artiste interprète polymorphe, laisse s’exprimer tous ses talents dans des domaines connexes et variés. Celles qui osent est entré dans son univers magique, poétique et délicat de cette femme, du chamanisme lyrique à la dramaturgie shakespearienne.

Une rêveuse fascinée par le monde artistique et l’inconnu

Née le 26 mars 1985 en Seine-et-Marne, vers Fontainebleau, Estelle Meyer est la troisième d’une fratrie de quatre enfants. Celle qui voulait « devenir star ou sainte » entrevoit dans le théâtre un domaine fou, fracassant, dans lequel la violence semble inoffensive, et la liberté illimitée. Cette rêveuse grandit, près de la forêt, dans “un endroit doux pour pousser, avec un accès au ciel et à la nature”. Sa mère est chanteuse lyrique soprane et son père scientifique, chercheur, solitaire. Il est exigeant et définit les règles familiales. En effet, ces parents « un peu hippies qui flottent”, aspirent d’un côté à l’harmonie et à l’apaisement et de l’autre posent des jalons éducatifs stricts. Très tôt, elle a besoin de s’en affranchir, et de sortir de sa zone de confort. Son esprit s’ouvre très jeune au brassage culturel ; Estelle Meyer aime déjà tant l’humanité. « J’ai envie de repousser le connu, avec beaucoup d’appétence pour tout ». Elle commence le théâtre dès 6 ans, timidement. Elle vit dans une nécessité de beau, de merveilleux. Elle adore s’inventer des histoires, s’imaginer en tête d’affiche. Hypersensible au monde, elle met en place des rituels dans son jardin, prénomme son arbre fétiche Morgane et fait des « offrandes sacrées » à la nature. Elle se retrouve très tôt dans le chamanisme. Elle tente de ne jamais juger personne moralement, dans la vie comme dans ses rôles.

Un parcours conventionnel pour une artiste singulière

Adolescente, Estelle Meyer a la rage de vivre, « d’explorer des endroits plus dangereux, sauvages, sortir du cadre ». Son amie Carmen, une Espagnole volcanique, “une deuxième maman”, l’aide pour accéder à son rêve, avec beaucoup de radicalité. Après son bac littéraire option théâtre, elle réussit l’audition et intègre la classe libre du cours Florent. Tout en se formant à l’art lyrique, elle prépare son entrée au Conservatoire national supérieur d’art dramatique de Paris. Le théâtre l’absorbe complètement, passionnément. Si jeune, elle côtoie tout à coup des gens de tous âges et horizons. « Une grande bande de potes ; le choc des planètes ». Estelle Meyer conserve d’ailleurs des amitiés très fortes de cette période. En 3e année, elle participe à l’incroyable stage de formation d’Ariane Mnouchkine, metteuse en scène, fondatrice du Théâtre du Soleil s’inscrivant dans les traditions du théâtre de Vilar, Brecht ou Hegel, mettant en exergue la nécessité du rapport entre théâtre et société. Dans une ancienne usine de cartouches naît cet endroit communautaire utopiste où les comédiens font tout, même nettoyer les toilettes. « Cette femme est une pionnière, une cheffe de bateau extraordinaire, une femme qui fait vraiment partie de celles qui osent ».

estelle-meyer-CQO-cellesquiiosent

 

Une carrière polymorphe et des rôles hétéroclites

Au théâtre elle est la princesse Europe dans les mises en scène du Birgit Ensemble au Festival d’Avignon ; la reine des fées pour Guillaume Vincent au théâtre de l’Odéon ; Volumnia, mère dévorante cheffe de guerre, dans Coriolan mis en scène par François Orsoni au Théâtre de la Bastille. On la retrouve aussi aux côtés de Camélia Jordana et Zita Hanrot dans Andando, ode éclatante à Lorca, spectacle musical mis en scène par Daniel San Pedro aux Bouffes du Nord. À la télé, elle est la pharaonne Hatschepsout pour Arte ; Alex, une ardente jeune femme almodovarienne dans la saison 4 de la série Dix Pourcent sur France 2. « J’ai adoré jouer Alex, cette femme brute, insolente, entière. Elle est très libre aussi. » Au cinéma, Jessica, un samouraï libre dans Rêves de jeunesse d’Alain Raoust.

Le réalisateur a choisi Estelle Meyer et lui offre son premier second rôle important dans un long-métrage, qui a fait par ailleurs l’ouverture de l’ACID au festival de Cannes. Dans Nos vies formidables de Fabienne Godet, elle joue la prof de yoga, qui doit aider les autres à aller mieux. Une posture d’aidante qui révèle sa nature profonde.  « C’est un film formidable sur la résilience : des personnes dépendantes décident de se sevrer par le groupe, grâce à des cercles de paroles, dans un registre quasi documentaire. » Dans « Garçon chiffon », de Nicolas Maury, elle intègre le cercle des jaloux, et questionne le « comment devenir soi et sortir de ses démons ? ».

Sa carrière hétéroclite illustre les talents divers que possède l’artiste. Estelle Meyer joue, depuis maintenant plus de dix ans. Femme profondément bienveillante, elle aborde un personnage au théâtre ou au cinéma en recherchant toujours la part d’humanité qu’il contient, sans préjugés. Jamais. Estelle Meyer répète par exemple un monologue de Shakespeare, Coriolan, sur les rapports de pouvoir. Elle joue le personnage de Volumnia, une femme dure, encourageant son fils dans son succès militaire et politique. De prime abord antipathique, parfois cruelle, Volumnia arrête finalement une guerre. « La seule chose qui compte, c’est de faire la paix ».

« C’est au bout de dix ans que l’on peut juger le chemin d’un acteur, avec ses difficultés et ses succès. Plus le temps passe, plus je me dirige vers des propositions personnelles. J’affirme mon univers, je découvre ma voie. »

Chanteuse et compositrice : l’autre voix d’Estelle Meyer

Estelle Meyer malmène sa voix, crie, « gueule », et décide un jour d’en prendre soin. Grâce à l’insistance d’un ami, elle commence à chanter humblement ses compositions dans les bars. Elle se produit au Chat Noir, dans une cave dans laquelle elle fera salle comble pendant plus de huit concerts. Avec son amie Judith Chemla, elle rencontre le directeur des Bouffes du Nord qui lui propose de chanter aux Trois Baudets, lieu privilégié qui met en lumière des talents émergents. Béatrice Hall, de chez VMA Voyez Mon Agent, découvre alors Estelle Meyer qu’elle choisit comme talent. En 2019, Estelle sort un EP de 6 titres intitulé « Sous ma robe, mon cœur », des chansons qui prennent la forme d’un livre-disque et d’un spectacle du même nom, entouré de Grégoire Letouvet, pianiste, et de Pierre Demange, batteur. Ils nous emmènent aux portes de la transe, aux Plateaux Sauvages, au sein de ce théâtre du XXe arrondissement. « Ce lieu est tenu par une amazone reine, Laëtitia Guédon. Elle en a fait un lieu complètement hallucinant qui mêle tous les arts, à la pointe de l’innovation artistique. » Estelle Meyer propose une création qui unit le théâtre et la cérémonie païenne. Ces chansons sont comme des poèmes-flambeaux. Beaux. De la parole au chant, du cri à la littérature, la comédienne se donne généreusement dans un spectacle poétique, sensoriel et chamanique, transportées par des harmonies gitanes et orientales. estelle-meyer-celles-qui-osent-artiste-comédienne-chanteuse-lyrique

“Pour ne pas mourir asséchée de réalisme, se la coller un peu : la tendresse, comme une immense réponse. L’explosion de sororité et de bonté, la prière comme une vague, les yeux des animaux, le doux lait du ciel pour unifier tous les règnes, honorer la vie, l’aimer et lui faire des petits guilis. Foutre le feu. Un gros face-à-face avec l’espoir. Chaque nuit sera ouverte par une première partie, une femme que j’aime, une étoile dans la nuit puissante.”

estelle-meyer-spectacle-CQO-chanteuse

Estelle Meyer se révèle en une sorte de poétesse rock, au tempérament généreux et incandescent. « Tu donnes du pouvoir aux légendes, Estelle, le monde s’ouvre comme un livre magique donnant accès à mille chambres secrètes, révélé à la lumière de ta voix, sans pudeur, car ta ferveur ne connaît pas de honte. L’extravagance est libre, le cœur brut, ferme et clairvoyant. », déclare son amie Judith Chemla, en préface de son spectacle Sous ma robe, mon cœur.

En 2019 son titre « Pour toutes mes sœurs » remporte le Prix de la Création du tremplin À nos chansons.

Estelle Meyer : poétesse confinée et féministe assumée

En confinement à Paris, Estelle Meyer écrit, compose, tout en contemplant la lune bleue et les astres. Elle redécouvre des trésors de contemplation, peint, dessine, et relit les Mémoires d’Hadrien, qui explore les affres du pouvoir et de la mélancolie. « Je suis dingue de Marguerite Yourcenar. Pour moi, c’est vraiment une nana qui ose, écrire sur la déesse Kali ou Marie Madeleine… qui sait trancher aussi, avec une plume tellement juste et précise. » À ses fidèles internautes, elle offre des bulles de poésie vocale, encourageant à ouvrir nos fenêtres intérieures. «  C’est un signal de cette épidémie, il faut réagir, se réinventer. Nous avons aussi besoin de beauté. Vive la poésie qui rend le ciel si vaste ! »

dessins-estelle-meyer-CQO

Estelle Meyer croit aussi en la sororité, la solidarité entre les femmes, ce qui nous lit d’un lien solidaire spécial. « Je me revendique féministe. Mais ce n’est pas une guerre, c’est une guérison qui doit se faire AVEC le masculin. » Son amoureux est souvent seul parmi toutes. « ce n’est pas facile de vivre avec une féministe », me dit-elle en riant. « Je suis aussi infiniment reconnaissante des femmes, de ces sœurs qui se sont battues pour nos libertés. Il y a encore tellement de travail, une éducation chez les hommes comme pour les femmes ».

À la question « qui sont les femmes qui pour toi, osent ? », spontanément Estelle Meyer me cite Gisèle Halimi. « On ne naît pas féministe, on le devient. Elle a osé dire non à un mariage forcé, puis exercer le métier d’avocate dans un milieu masculin. Ses plaidoiries sont magnifiques. Grâce à elle, entre autres, dès 1980, le viol est puni comme un crime. » Une autre personnalité qu’elle trouve inspirante est Delphine Horvilleur, écrivaine, philosophe et femme rabbin française. Elle évoque aussi Germaine Tillion, résistante ethnologue déportée à Ravensburg, la femme qui a osé écrire Le Verfügbar aux Enfers, dans lequel elle relate avec humour les conditions de détention. L’opérette sera mise en scène pour la première fois en 2007 au théâtre du Châtelet, à Paris. Dans un tout autre registre, Camélia Jordana fait partie de celles qui osent. « À seulement 27 ans, elle a déjà dessiné son chemin artistique, son propre parcours, en prenant des positions sociétales engagées. » Judith Chemla, actrice française et ancienne pensionnaire de la comédie française, est aussi une femme qui ose, dans sa foi comme dans ses choix de rôles.

Estelle Meyer, celle qui ose avoir encore des rêves

Estelle Meyer a osé créer un espace de non-négociation avec sa liberté. Écouter sa voix pour ouvrir une porte artistique qui la tentait beaucoup. Chanter ses propres textes au monde, par la nécessité de dire et de s’accomplir. Elle ose explorer la folie amoureuse aussi, ce qui lui a parfois demandé du courage : faire le mur, prendre des trains, des avions, des risques, pour rejoindre ses « amoureux ». Estelle vit dans l’urgence de vivre sa vie, sort danser en boîte de nuit “parce qu’il le faut maintenant”. La comédienne ose entrer dans un processus chamanique, faire la danse de la lune au Mexique aussi. Enfin, Estelle ose prendre du recul avec son image, dans un univers médiatique où le poids des apparences peut être un fardeau. Son physique m’évoque celui de l’immense artiste mexicaine Frida Kahlo.
Adolescente complexée par son nez cabossé, Estelle Meyer est surprise lorsqu’elle découvre son visage sur grand écran à Cannes. Face à son immense projection, elle plaisante « très beau premier dinosaure, très expressif, cette meuf a un visage préhistorique… costaud quoi ! ». Rires. Femme à la beauté singulière, elle qui se définit comme « un dessin de Picasso à gros trait » ne souhaite pas changer.

Le clip “Donne-moi une chambre orientale” d’Estelle Meyer sort le 4 décembre sur sa chaîne YouTube. Réalisé par Caroline Deruas, il met en scène avec démesure une bande d’amazones tombant follement amoureuses d’un beau prince orientaliste. « Ce clip rend aux femmes avec humour, ardeur et truculence leur animus pénétrant et désirant, la liberté d’être sujet et non objet du désir et de dévorer sans pudeur l’objet rêvé dans un festin de fantasmes enfin assouvis. » Enfin un clip qui représente le désir dévorant, goulue, des femmes et non l’inverse !

En prémisse de la sortie du clip, un concert-veillée solo aura lieu sur son compte Instagram le 3 décembre à 20h.
▶ ️ Suivez Estelle Meyer sur sa chaîne YouTube et sur estellemeyerlalouve.

Celles Qui Osent lui a demandé « Pourquoi la louve ? » À la fois secrète et puissante, la louve veille et la protège « Le chant de la louve à la lune m’ouvre une poésie et tout un monde imaginaire incroyable ! Ma première chanson s’appelait la louve. J’invitais toute la salle à hurler, comme des loups, à libérer un cri sauvage et joyeux. C’était beau. » Hâte de revoir Estelle Meyer au cinéma ? Patience, elle joue dans le prochain film de Sigrid Bouaziz et Chloé Bourges, Rupture(s). Si vous rêvez d’aller la voir chanter, la tournée de son spectacle Sous ma robe mon cœur reprend le 2 mars 2021 !

« Et, les filles, ÇA VOUS DIT D’ÊTRE DES PUTAINS DE DÉESSES ? »
Mille tendresses infinies à toutes. Merci Estelle Meyer.

Violaine B – Celles Qui Osent

Partager :

  • Cliquez pour partager sur Pinterest(ouvre dans une nouvelle fenêtre)
  • Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)
  • Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)
Articles similaires
alexandrine-maurice-mannequin-visual-keï-cellesquiosent-CQO

L’interview d’Alexandrine Maurice, mannequin Visual Kei

Dans Interview
10 janvier 2021

Oser faire évoluer les mentalités sur le handicap : l’interview d’une mannequin hors du commun

Bonjour Alexandrine Maurice,

Tout d’abord, merci de bien vouloir prendre de ton énergie pour répondre aux questions de Celles qui Osent. 

Notre webzine souhaite donner la parole à toutes les femmes. 

Tu m’as expliqué très sincèrement que tu allais t’essouffler si nous réalisions l’interview par téléphone et que le bruit de ton respirateur pourrait altérer notre échange. Cette interview se fait donc par écrit.

Nous sommes ravies d’en apprendre davantage sur toi. 

Tu es une jolie jeune femme, avec une trachéotomie reliée à un respirateur, un fauteuil roulant électrique avec têtière : tu es atteinte d’amyotrophie spinale. Peux-tu nous en dire plus sur cette maladie ? Quelles contraintes engendrent-elles au quotidien ? 

L’amyotrophie spinale est une maladie génétique. Mes parents possèdent tous les deux un gène qui ne fonctionne pas correctement. Pour eux, cela ne change rien, mais pour leurs enfants, il y a de grandes chances qu’ils héritent d’un gène complètement défaillant. Il existe différents stades de cette pathologie : les symptômes sont plus ou moins graves.  

Dans mon cas, je cumule à la fois des problèmes musculaires et respiratoires, le premier provoquant le deuxième. Mes poumons sont fainéants, puisque je n’ai presque aucune force musculaire. Je possède donc une trachéotomie, afin de m’aider à respirer à moindre effort (même si, dans mon cas, j’ai de la « chance », car je suis tout à fait capable de respirer sans).  

Il m’est impossible de marcher, ni de me mouvoir de manière générale, un petit peu les doigts, suffisamment pour me servir de mon ordinateur.   

Est-ce douloureux ?  

Oui et non. Il n’y a pas de douleurs caractéristiques de la pathologie, mais plutôt des conséquences à celle-ci : les crampes, les douleurs articulaires, pulmonaires, etc. 

Quel parcours scolaire as-tu fait ? Tu dis très joliment que tu as fait « l’école de la vie » sur ton compte LinkedIn. La vie ne semble pas t’avoir épargné, mais as-tu pu malgré ta maladie, faire les études que tu souhaitais ? 

Malheureusement non, je n’ai pas pu faire les études que j’aurais souhaitées. Même si l’on communique sur l’inclusion des personnes en situation de handicap en milieu scolaire, ce n’est pas tout à fait la réalité. Cela l’était encore moins à mon époque. (je suis née le 9 octobre 1990). J’étais une bonne élève, mais une grande majorité de mes enseignants ne se préoccupait pas de moi. Ils étaient « gênés » par mon fauteuil, car sa seule présence était un « problème » pour eux. J’ai été harcelée par mes camarades de classe de la primaire jusqu’au lycée. Je n’ai même pas terminé ma seconde… Certains me disaient que je n’avais qu’à suivre des cours à domicile. Je ne suis pas d’accord. Je ne devais pas me cacher chez moi, alors que j’étais parfaitement capable d’avoir une scolarité comme tout le monde. Après toutes ces années de persécution, de rejet, à m’accrocher de toutes mes forces pour y arriver, j’ai préféré tout stopper. Aujourd’hui, avec du recul, je réalise que cela m’a énormément pénalisé. D’un point de vue psychologique, c’était la meilleure chose à faire. J’étais vraiment à bout. J’avais perdu confiance en moi et plus l’envie de me battre. Je n’encourage personne à arrêter ses études si jeunes d’ailleurs. Je crois qu’il faut toujours persévérer et donner le meilleur de soi-même. 

Rapidement, j’ai eu besoin de m’exprimer dans des activités artistiques.  

Tu as été mannequin pour Takafumi Tsuruta de la marque Tenbo au Japon en 2015. Suite à la catastrophe de Fukushima, ce designer japonais souhaitait à travers l’univers de la mode promouvoir la diversité au quotidien entre personnes valides ou non. Tu l’as contacté par le biais de Facebook et il a accepté de te faire défiler pour la Tokyo Collection. Ton objectif est de faire passer un message de tolérance et plus de diversité dans les médias. Que retiendras-tu de cette expérience sur le podium ? Aimes-tu ton image corporelle ? 

Penses-tu que le monde de la mode est prêt à élargir ses codes aux femmes « différentes » de leurs normes de défilés ?

Je me permets une précision : lorsque j’ai contacté Takafumi Tsuruta, ce n’était en aucun cas pour être mannequin. Je souhaitais simplement lui apporter mon soutien, car je trouvais que ce qu’il faisait était formidable. Ce n’est qu’après plusieurs échanges qu’il m’a proposé de faire cet essai.

Les choses avancent lentement dans l’intégration des « physiques différentes ». Certaines marques comme Diesel commencent à recruter des mannequins en situation de handicap par exemple.

Je pense que tout le monde a le droit de réaliser ses rêves, et d’être représenté. C’est ainsi que la société acceptera plus facilement les diversités qui la composent.  

J’ai défilé lors de la Tokyo Collection 2015 pour la marque Tenbo. Ce fut une expérience très enrichissante, d’autant plus que c’était une première pour moi. J’en ai tiré énormément de points positifs. J’ai pu réaliser qu’il suffisait de vouloir quelque chose et donner le meilleur de soi pour l’obtenir, qui que l’on soit. J’ai rencontré des gens formidables, qui sont aujourd’hui des amis. J’ai découvert le monde professionnel de la mode, envers lequel je nourrissais certains préjugés. C’est finalement un art comme un autre, pouvant faire évoluer les mentalités. 

Cette expérience m’a permis de gagner davantage confiance en moi, d’être en paix envers moi-même.

Aujourd’hui, je me sens (presque) réconciliée avec mon image. 

Le style Visual Kei m’y a beaucoup aidé également. J’apprécie l’image que je renvoie au travers de mon travail. J’encourage vraiment les gens à s’accepter tels qu’ils sont.

Rouge à lèvres noir, yeux soulignés d’un trait d’eye-liner noir, fardé de rouge, corset en dentelle ou résille, collier à clous, manchettes de cuir ceinturé : ton style m’évoque les vêtements gothiques, comment décrirais-tu ton style vestimentaire ? Qui t’habille et te maquille ? 

D’autre part, tu sembles aimer les shootings photo, qu’est ce qui t’attire dans le fait de poser et d’immortaliser tes poses via la photographie ? 

Mon style se compose de différentes influences : « Goth », « Punk », « Lolita », d’influences variées. Je n’aime pas trop donner un mot précis pour me définir, car je pense que ça n’a pas d’importance. En général, je m’en tiens à « Visual Kei ».  

Actuellement, c’est ma mère qui m’habille, me maquille et me prend en photo, mais les choses devraient évoluer…

Pendant de nombreuses années, je n’appréciais pas les shootings photo, car j’avais un problème avec mon image, entre autres à cause du regard des autres. Après mon expérience de mannequin, je me suis sentie mieux et j’ai eu envie de partager mes photos sur les réseaux. Ce n’est pas tant être prise en photo qui me plaît : j’aime surtout échanger avec mes followers et mes proches ensuite sur le résultat. Je suis ouverte aux critiques constructives, pour m’améliorer. J’aime pouvoir proposer des tenues afin d’encourager les femmes dans ma situation à s’accepter.

alexandrine-maurice-mannequin-visual-keï-cellesquiosent-CQO

Tu es également styliste : tu as conçu une tenue pour la marque Tenbo : l’as-tu dessinée ? Comment s’est déroulée cette collaboration ? 

Cela fait plusieurs années que je ne peux plus dessiner moi-même. Connaissant Takafumi Tsuruta, je me suis permis de simplement lui soumettre un schéma réalisé sur Paint. Lorsque j’ai une idée de tenue, je demande à quelqu’un de la dessiner, ce qui explique pourquoi je ne peux pas le faire souvent : c’est un service que l’on me rend.  

La collaboration s’est faite très naturellement et simplement. Après avoir proposé le schéma de la robe à Takafumi Tsuruta, il m’a proposé de réaliser un shoot professionnel. Il me fallait plusieurs tenues. J’ai envoyé des propositions à différentes marques (asiatiques), dont Tenbo. Quelques semaines plus tard, j’ai reçu un colis : la marque Tenbo avait confectionné la robe que j’avais désignée ! J’en ai pleuré de joie ! 

La robe a été ajoutée au catalogue officiel de Tenbo. 

J’étais vraiment très heureuse ! 

Auteure, tu es scénariste de visual novel/dating game/otome-game, manga et roman à caractère fantastique ou comics. Pourquoi es-tu passionnée par le Japon et sa culture depuis l’enfance ? Qu’est-ce que le dating game ? D’où provient ton appétence pour le manga et l’univers du jeu vidéo ? Quel genre d’histoires aimes-tu raconter ?

Lorsque j’étais petite, je regardais énormément le club Dorothée, qui diffusait plusieurs anime japonais. Je suis fascinée par Sailor Moon ! Petit à petit, je me suis intéressée à la culture japonaise, en découvrant les jeux vidéo, les mangas…

Le dating game est un style de jeu vidéo où j’incarne un personnage féminin, accompagné d’hommes, dans une histoire qui nécessite des choix, du scénario le plus réaliste au plus fantastique. En fonction de mes choix, la fin du jeu change, l’objectif étant de réussir à développer une relation amoureuse avec l’un des personnages masculins de mon choix.

Personnellement, je préfère utiliser le terme « Visual Novel », car celui-ci englobe tous les types de jeux de ce genre : personnage principal masculin, féminin et également relations homosexuelles.  

J’écris divers scénarios pour différents supports (mangas, jeux vidéos, comics, romans graphiques) même si je préfère les histoires avec de l’action.

Tu sembles promouvoir le Visual Kei sur tes réseaux sociaux. 

Comment définirais-tu le style Visual Kei ? Pourquoi dis-tu que « ce style n’est pas mort » ? 

Pour définir  le Visual Kei, j’aime citer cette phrase de Yoshiki Hayashi, leader et batteur du groupe X Japan :  

« Le visual kei n’est pas vraiment juste un style. C’est quelque chose qui se rapproche davantage de ce que je qualifierai comme étant la liberté de s’avouer soi-même. Vous pouvez être la personne que vous souhaitez être. C’est ça le visual kei à mes yeux. »  

– Yoshiki (X Japan) 

C’est ce que j’apprécie dans ce mouvement : la liberté. Pour moi, notre société encourage la « normalité ». Le Visual Kei offre la possibilité de se réinventer telle que l’on s’imagine. 

Avant d’évoluer dans ce « style », je suis passée par différentes « phases », sans jamais m’y identifier : « sportive », « métaleuse », « rock »… Lorsque j’ai découvert le Visual Kei, je me suis sentie réellement moi-même, bien dans ma peau.  

Il y a quelques années, le Visual Kei et le J-Rock sont devenus très populaires en Occident. Cela a été un effet de mode, que les gens ont ensuite qualifié de « mouvement dépassé ». Ce style existe depuis les années 80. Les vrais fans ont toujours été là et seront toujours là. Quand quelque chose nous intéresse réellement, le fait que cela soit « impopulaire » ne nous influence pas.

Tu as travaillé comme traductrice chez Summon the Roses, à Miami : peux-tu me parler de cette expérience professionnelle ? Quelle langue parles-tu ? 

Summon the Roses est un blog de musique japonaise, principalement de Visual Kei. La créatrice de ce blog cherchait à agrandir son équipe ; elle a immédiatement accepté ma candidature. J’ai traduit les interviews de l’anglais au français. Je me suis beaucoup amusée à faire ça : cela m’a permis d’en apprendre plus sur les artistes japonais que j’apprécie. Je possède de solides connaissances dans ce domaine. Le blog est en pause depuis environ un an, mais j’espère le reprendre un jour. Je parle anglais et italien. J’apprends également le japonais et j’ai le projet d’apprendre le coréen.  

 As-tu des projets pour 2021 ? 

 Si l’épidémie de Covid-19 le permet, j’ai une collaboration très importante à venir. Je n’en dis pas plus, car je tiens à garder la surprise !  

Côté écriture, je vais reprendre les discussions sur un projet qui me tient énormément à cœur au printemps, mais là encore, je garderai le secret jusqu’au bout !  

 Quels sont tes rêves actuellement ? 

 Il y en a encore beaucoup ! Dans le domaine de la mode, j’aimerais être remarquée par de grandes marques, idéalement la marque japonaise YOSHIKIMONO de mon idole Yoshiki Hayashi. 

Je souhaiterais également proposer des designs de vêtements, pour un groupe de K-Pop que j’apprécie, Stray Kids par exemple !

J’espère aussi un jour pouvoir être publiée. 

De manière générale, je reste ouverte à toutes propositions dans le domaine artistique.

Enfin, j’espère pouvoir un jour retourner au Japon.

Quelles sont pour toi les femmes qui osent ? Quelles sont les femmes que tu admires, qui t’inspirent ? 

Les femmes qui pour moi osent et m’inspirent, sont celles qui tentent de faire changer les choses, qui s’acceptent telles qu’elles sont, et globalement qui aident les gens psychologiquement ou physiquement. Nous avons encore beaucoup de travail à faire pour faire avancer les droits des femmes, mais également pour respecter toutes les diversités présentes sur Terre. Ensemble, nous allons y arriver !

Merci Alexandrine Maurice d’avoir répondu aux questions de Celles Qui Osent. Bravo pour ton combat !

Violaine B — Celles qui Osent 

Partager :

  • Cliquez pour partager sur Pinterest(ouvre dans une nouvelle fenêtre)
  • Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)
  • Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)
dr-juliane-santoni-entreprendre-mentorship-mindset-cellesquiosent-CQO

Interview Dr Juliane Santoni, accompagner les femmes qui entreprennent

Dans Interview
18 janvier 2021

Celles qui Osent rencontre la créatrice d’un programme d’accompagnement : Entrepreneurial Mindset Evolution Mentorship®   

À seulement 31 ans, Juliane Santoni est fondatrice de son propre programme d’accompagnement entrepreneurial intitulé Entrepreneurial Mindset Evolution Mentorship et chercheuse en Sciences de Gestion. Elle accompagne avec passion les entrepreneurs.e.s depuis plusieurs années, les aide à évoluer dans le changement, débloque leur mental et leurs relations aux autres. Ainsi, ils ou elles restent en mouvement et peuvent se concentrer sur leur création ou le développement de leur entreprise. Son approche mêle à la fois ses années d’expérience en accompagnement entrepreneurial en France et à l’étranger, ses travaux de recherche sur les entrepreneur.e.s, et sa pratique de la thérapie brève et de l’approche systémique Palo Alto. 

Celles qui Osent s’est entretenu avec celle qui s’est donné pour mission d’aider les femmes à entreprendre.  

Un parcours de woman in business

Diplômée d’école de commerce, elle s’intéresse tôt à la création d’entreprises et aux entrepreneurs : « L’entrepreneuriat a été un fil rouge tout au long de mon parcours ». Après une spécialisation en entrepreneuriat, elle part vivre aux États-Unis où elle suit des cours à nouveau entrepreneuriat, en gestion de projet, mais aussi sur l’histoire des États-Unis et les women studies, « des cours qui retracent l’histoire et la place des femmes dans la société, en politique, dans les médias  ». Elle devient notamment membre de l’American Business Women’s Association qui a pour mission de favoriser le réseautage, le développement de compétences, la sororité, l’empowerment des femmes. Elle a pu constater des différences culturelles, par exemple le rapport à l’échec  : « Vivre aux États-Unis a été très apprenant par rapport à la vision de l’entrepreneuriat, et de l’échec qui est plutôt perçu comme une preuve d’expérience et du fait que l’on a osé. J’ai trouvé la réussite moins “pudique” qu’en Europe : le rapport à l’argent et à l’ambition est beaucoup moins tabou. Mais rien n’est idéal ; d’autres choses ont été plus difficiles à voir, en lien avec le système de santé et l’accès au soin, les frictions culturelles, la non-présence de minima sociaux. Des bases que nous prenons parfois pour acquises en France, et dont j’ai mesuré l’importance et la chance que j’avais d’y être née à chaque fois que j’ai voyagé ». Partir vivre à l’étranger était une évidence pour elle : « Vivre en Amérique a toujours été un rêve, je mesure ma chance d’avoir pu le faire. J’ai continué à voyager ensuite, lors des conférences internationales où je présentais mes recherches. Elles m’ont amenée aussi à passer un peu de temps en Australie, et en Afrique du Sud. On apprend beaucoup en voyageant, et ce sont à chaque fois des transformations qui ne s’oublient pas ».

De retour en France, elle accepte un poste dans les relations publiques au sein d’un grand groupe. Un an plus tard, elle est recrutée pour créer un centre entrepreneurial, et commence en parallèle une thèse de doctorat sur le thème de l’accompagnement des entrepreneur.e.s, tout en donnant des cours en école de commerce et à l’Université. Elle gère ce centre pendant 4 années durant lesquelles elle forme, accompagne, organise des événements de sensibilisation, de networking, des conférences pour développer et favoriser l’entrepreneuriat. Elle s’implique dans le Plan d’Actions Régionales en faveur de l’entrepreneuriat des femmes : « Avec différents acteurs de la création et reprise d’entreprises, ainsi que les institutions locales, nous avons construit et mené des actions de sensibilisation et d’accompagnement pour développer la création et le développement d’entreprise par les femmes sur le territoire. Je suis convaincue que l’impact est plus grand et plus positif et a plus de sens lorsqu’il est le résultat de synergies entre plusieurs organismes engagés pour le même enjeu ».  

Docteure en sciences de gestion, spécialisée en Entrepreneuriat, elle réalise six années de recherche en laboratoire et sur le terrain, en France, en Australie et en Afrique du Sud avec pour thèmes principaux l’accompagnement des entrepreneurs, en particulier des femmes, avec un angle issu de la psycho-sociologie. 

Formée à la psychothérapie, et plus précisément à l’approche systémique Palo Alto, elle se passionne pour la psychologie : « L’approche de Palo Alto est née aux États-Unis dans les années 50. Elle est issue de la psychologie clinique, est liée au Mental Research Institute de Californie, et a été adaptée au monde de l’entreprise. Aujourd’hui, les leaders de la thérapie brève Palo Alto se trouvent en Europe ». Juliane Santoni a choisi cette approche pour l’adapter au monde de l’entrepreneuriat « parce que j’aime l’idée qu’il est important de laisser du temps au changement, dans un monde où le culte de la performance est très présent. Adapter cette approche pour aider les entrepreneur.e.s a été, pour moi, une évidence : le côté “bref” et “ici et maintenant” de la résolution du problème est très intéressant, travailler la souplesse de notre comportement me semble indispensable pour un.e entrepreneur.e qui navigue dans le changement et l’incertitude. Et la stratégie de faire de petits pas chaque jours, déconstruire ses objectifs en plus petites étapes à atteindre est très intéressante pour rester en mouvement ».  

Cette approche permet de mieux comprendre les interactions sociales : « Plus qu’une méthode de résolution de problème, c’est une approche globale qui est devenue comme une boussole pour moi, une manière de voir le monde et les relations de façon globale, en interaction. Sa grille de lecture me permet de dénouer les blocages des personnes que j’accompagne, liés à leur rapport aux autres, à l’environnement dans lequel elles évoluent, et leur relation avec elles-mêmes. C’est un prisme puissant que je trouve passionnant et réjouissant, parce que plus une situation est emmêlée, plus il y a de chances que l’on soit prêt.e à amorcer un changement ».

dr-juliane-santoni-entreprendre-mentorship-mindset-cellesquiosent-CQO

Travailler notre « mindset », notre état d’esprit entrepreneurial

 Au cours de ces années passées à accompagner les entrepreneur.e.s, Juliane Santoni fait le constat suivant : « Je me suis rendue compte, après ces années d’accompagnement et de rencontres avec des entrepreneurs, en France et à l’international, qu’ils et elles peuvent vivre des blocages techniques, opérationnels, et que les outils que nous mobilisons pour lever ces blocages sont efficaces quand l’envie et la vision sont là. Mais j’ai expérimenté que ce qui freine le plus les entrepreneur.e.s dans leurs projets, c’est souvent le mental, les blocages psychologiques. Cette dimension psychologique est parfois l’angle mort de l’accompagnement, alors qu’entreprendre c’est faire face à des montagnes russes opérationnelles et émotionnelles. » 

Juliane s’est donc formée à l’approche de Palo Alto et a construit son propre programme d’accompagnement, pour outiller les entrepreneur.e.s de manière concrète, clarifier leur vision et travailler leur mindset, leur état d’esprit entrepreneurial. En effet, l’aventure entrepreneuriale suscite des émotions fortes qui ne sont pas évidentes à gérer.

 D’une durée de trois mois, son programme accompagne les femmes et les hommes à entreprendre plus sereinement, en se concentrant sur l’individu. Elle co-construit une solution sur-mesure pour « dénouer le blocage (l’auto-censure ou la procrastination, par exemple) et remettre en mouvement l’entrepreneur.e ». Son programme se destine aux personnes ayant un projet de création et ne sachant pas comment démarrer, et aux entrepreneur.e.s déjà en activité mais qui se sentent « immobilisé.e.s », avec le besoin de « dézoomer et de construire une vision claire pour les prochaines étapes ». Ce programme leur permet aussi d’être plus « mobile » dans le changement : « Les doutes peuvent être là tous les jours, et chaque jour le choix est à faire : est-ce que la force de ma vision l’emporte ? L’idée n’est pas de cesser d’avoir peur, mais de ne pas se laisser paralyser et immobiliser, mais l’apprivoiser tout en continuant à l’avancer. Et voir ce que nous considérons comme des échecs plutôt comme des opportunités d’apprendre, et de nous améliorer ». 

« Le premier pas pour se lancer dans l’entrepreneuriat n’est finalement pas le plus difficile, parce qu’il y a l’enthousiasme, l’énergie et l’excitation des débuts. Le plus dur, ce sont les pas d’après : faire chaque jour un pas vers son objectif et garder une certaine foi dans sa vision sur le long terme. L’envie peut flancher parfois, se faire accompagner – comme le ferait un sportif ou une sportive de haut niveau est une des clés ».  

Etre femme et entrepreneure

Juliane Santoni connaît bien le sujet de l’entrepreneuriat des femmes, à travers ses recherches et ses actions d’accompagnement, elle possède une compréhension fine de leurs réalités : « Dans le monde, le nombre de créations d’entreprises créées par des femmes est en croissance, mais elles restent sous-représentées – notamment en France :  il existe plus de points communs que de différences entre les hommes et les femmes entrepreneur.e.s. Mais elles peuvent expérimenter des obstacles plus spécifiques aux femmes, qui peuvent freiner leur démarche ». 

Les femmes entrepreneures ne représentent pas un groupe homogène : « avec des collègues chercheuses du Québec, nous avons écrit sur le sujet des mythes liés à l’entrepreneuriat des femmes, l’un d’entre eux est de penser que les entrepreneur.e.s ont tous et toutes les mêmes besoins d’accompagnement, ce qui n’est pas le cas. Il est important d’adapter l’accompagnement et de le personnaliser en fonction des besoins de l’entrepreneur.e que l’on accompagne ».

Parmi ces freins communs aux femmes, Juliane évoque notamment : 

  • Une tendance à l’auto-censure et au syndrome de la bonne élève : « Souvent, elles attendent le business plan plus-que-parfait avant de se lancer, et les recherches montrent que la croyance en leurs propres compétences est moins forte dans les domaines traditionnellement “masculins” comme l’entrepreneuriat, mais aussi l’industrie, le digital, le monde du vin. Les femmes ont tendance à plus s’autocensurer. Ce manque de confiance est l’un des principaux freins psychologiques à la démarche entrepreneuriale. » 

 

  • Une norme sociale plutôt décourageante et un manque de rôles-modèles de femmes réussissant dans l’entrepreneuriat : « En France, la création d’entreprises n’a pas toujours été une voie présentée comme un choix possible, et les exemples d’entrepreneurs montrés comme “ayant réussi” sont souvent le même type d’exemples : plutôt des hommes, et plutôt des réussites flamboyantes. Cela entretient la croyance limitante qu’il n’y a qu’un seul modèle possible. Mais l’entrepreneuriat et la réussite n’ont pas de modèle unique, ni de profil standard idéal. Il est temps de montrer ces différentes facettes. » 

 

  • La conciliation des temps de vie, et le sujet de la maternité : « Beaucoup de femmes et d’entrepreneures que j’ai rencontrées et accompagnées considèrent la maternité comme très peu compatible avec la création d’entreprise, certaines anticipant et intériorisant ces “contraintes” avant même d’être mère. Occuper un poste à responsabilités en entreprise ne me semble pas très différent de ça par certains aspects. Ce sujet reste un sujet complexe avec de nombreux enjeux. Mais ce que l’entrepreneuriat peut permettre, c’est une forme de flexibilité dans la gestion de son temps ».

dr-juliane-santoni-entreprendre-mentorship-mindset-cellesquiosent-CQO

Pour Juliane Santoni, Il existe des leviers pour favoriser l’entrepreneuriat des femmes et lever certaines “fausses croyances”, telles que la sensibilisation qui peut permettre de désamorcer les craintes, l’accompagnement tout au long du processus de création et de développement de l’entreprise, et la mise en valeur de rôle-modèles. Pour elle, « prendre en exemple des parcours de femmes ayant réussi renforce l’envie d’entreprendre, et permet de rendre ce parcours possible, d’ouvrir la voie. L’exemplarité peut agir comme un puissant révélateur de potentiels ». Pour cela, il est important de regarder aussi des modèles « accessibles » de celles « avec un parcours et une réalité plus proches des nôtres, qui ont réalisé ce que l’on souhaite devenir ».

Juliane nous a parlé de deux de ses propres rôles-modèles : « Deux des femmes auprès desquelles j’ai eu la chance d’apprendre, d’évoluer et qui représentent pour moi l’alliance d’une intelligence incroyable et d’une grande force d’action et de vision. Deux femmes de caractère, qui symbolisent les étapes importantes de mon parcours et qui m’inspirent dans ce qu’elles sont et ce qu’elles font : Pr Isabelle Barth, Professeure des Universités, ancienne Directrice Générale et Directrice de la Recherche de plusieurs organismes de l’Enseignement Supérieur, auteure, conférencière, et mon ancienne directrice de thèse. Emmanuelle Piquet, Fondatrice et directrice des centres de thérapie brève À 180 Degrés, psychopraticienne, ancienne DRH, auteure, conférencière, et la formatrice-superviseure pour ma pratique d’accompagnement psychologique. J’ai beaucoup appris de leurs parcours et de leurs convictions – je les en remercie. »

 

Concernant ses projets 2021, « je suis très enthousiaste à l’idée de poursuivre le développement de mon programme et d’accompagner les entrepreneur.e.s dans leurs projets, en particulier les femmes, pour les aider à oser. » Juliane va poursuivre ses travaux de recherche, notamment les femmes entrepreneures dans le monde du vin et les études menées à la fois en France et en Afrique du Sud. Elle continuera également les cycles de conférences sur les thématiques : “Naviguer dans l’incertitude : comment garder le cap”, “Tout ce que vous avez voulu savoir sur les femmes entrepreneures”, “La stratégie des petits pas” et “Le syndrome de l’imposteur : décryptage”…

En ce début d’année, elle est Guest speaker dans différents Lives sur les réseaux sociaux à destination des entrepreneur.e.s ayant pour thème “Dénouer les blocages quand on est entrepreneur.e” ou encore “Comment gérer son entreprise et ses émotions ?“, et dans un podcast sur la culture américaine. Elle donnera également une conférence intitulée « Rester en mouvement dans l’incertitude » lors du BlendWebMix, le Shaker du numérique de Lyon et sa région. Elle partagera son expertise autour de comment garder le cap et aborder le changement, tout en traversant les montagnes russes opérationnelles et émotionnelles que l’entrepreneuriat implique, et quelles pistes pour rester en mouvement dans l’incertitude. 

Dans le contexte actuel, Juliane Santoni nous rappelle que « chaque crise, chaque changement est une chance de se réinventer, de désapprendre pour réapprendre, même si c’est inconfortable. Comme le dit Simon Sinek « toute période de changement est un catalyseur d’opportunités. »

Celles qui Osent, ça vous dit d’oser entreprendre ?

 Pour en savoir plus sur son programme d’accompagnement destiné aux femmes entrepreneures LIBRE | Women’s mentorship : https://www.julianesantoni.com/programme-femmes

Pour suivre Juliane sur les réseaux sociaux : https://www.facebook.com/julianesantonibusiness 

https://www.linkedin.com/in/dr-juliane-santoni/ 

 Violaine B — Celles qui Osent  

Partager :

  • Cliquez pour partager sur Pinterest(ouvre dans une nouvelle fenêtre)
  • Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)
  • Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)
1 Comment
    Interview d’Alissa Wenz : chanteuse et écrivaine engagée | Celles qui osent says: Reply
    janvier 7th 2021, 11:58

    […] Pourtant, Alissa Wenz ressent alors un “manque de création”. En 2009, elle choisit de s’orienter vers le cinéma et la chanson, et intègre  la Fémis, l’École nationale supérieure des métiers de l’image et du son, en département scénario. En parallèle, elle se produit sur scène où elle écrit, chante et s’accompagne au piano. Elle commence à se professionnaliser comme chanteuse. On la compare rapidement à de grands noms de la chanson à texte. “Poétique, piquante ou un peu nostalgique : on retrouve chez elle un petit quelque chose de Barbara.”  (Télérama). Elle côtoie les scènes parisiennes, tout comme l’actrice et chanteuse Estelle Meyer.   […]

    chargement…
Laisser un commentaire Annuler la réponse

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

About Me

Bienvenue sur votre webzine Celles qui Osent ! On a souhaité vous offrir un espace collectif, de proximité, pour vous donner la parole. Ici, on narre les histoires de femmes aux destins exceptionnels, mais aussi les vôtres. Celles qui, avec une formidable énergie, souhaitent partager des idées, des projets, des points de vue. Celles aussi qui veulent entreprendre, s’investir pour la planète ou pour des causes qui leur tiennent à cœur. Faire des choses qui ont du sens. CQO pour se cultiver, s'informer, s'inspirer. Merci de nous lire et de nous faire confiance !

Articles récents

  • Premas&cie-charlotteclementsapéi-prématurité-préma-bébé-grossesse
    Interview de la fondatrice Prémas & Cie
    by ViolaineCQO / 20 janvier 2021
  • projet-de-naissance-accouchement-choix-cellesquiosent-CQO
    Projet de naissance : s’affranchir d’un modèle imposé
    by AuteureCQO / 19 janvier 2021
  • dr-juliane-santoni-entreprendre-mentorship-mindset-cellesquiosent-CQO
    Interview Dr Juliane Santoni, accompagner les femmes qui entreprennent
    by ViolaineCQO / 18 janvier 2021
  • aurelia-monaco-ici&higher-maitre-reiki-cellesquiosent-CQO
    Interview d’Aurélia Monaco, fondatrice d’Ici&Higher
    by ViolaineCQO / 17 janvier 2021
  • potrait-fanny-niel-cellesquiosent-CQO
    Reconversion de Fanny Niel : mamentrepreneuse d’Uni’vert famille
    by ViolaineCQO / 15 janvier 2021
serial-niqueur-abricot-courgette-sexe-sexfriend-sites-rencontre-cellesquiosent Interview d’un « serial fucker » — Celles qui Osentby Lucie / décembre 8, 2020
Interview de Stéphanie Ledoux | Artiste voyageuseby AuteureCQO / décembre 8, 2020stéphanie-ledoux-celles-qui-osent-artiste-voyageuse

Newsletter

Vous aimez Celles qui Osent ? Suivez la newsletter !

Idées de blogging sur l’éducation !

Recevez des nouvelles de haut-vol, des idées de leçons, des astuces d’enseignement et plus encore !
Adresse e-mail non valide
Avec nous, pas de courrier indésirable. Vous pouvez vous désinscrire quand vous le souhaitez.
Merci pour votre abonnement !

Categories

  • Chroniques
  • Actu
  • Stories
  • Culture
  • Relooking

Pages

  • La team
  • Contact
  • Mentions légales
  • Charte de confidentialité

© 2020 Celles qui osent.

%d blogueurs aiment cette page :
    Nous utilisons des cookies pour vous garantir la meilleure expérience sur notre site web. Pour continuer à naviguer sur le site, vous devez accepter les cookies :-)AccepterPolitique de confidentialité

    Newsletter

    Vous aimez Celles qui Osent ? Suivez la newsletter !
    Adresse e-mail non valide
    Avec nous, pas de courrier indésirable. Vous pouvez vous désinscrire quand vous le souhaitez.
    Merci pour votre abonnement !.