Hedy Lamarr : actrice et inventrice

Principalement connue pour avoir été une grande vedette Hollywoodienne du cinéma américain des années 40 et 50, Hedy Lamarr était également une talentueuse femme de sciences, trop peu reconnue pour ses inventions. C’est pourtant grâce à elle que des technologies comme le Wi-Fi, l’assistant de navigation (GPS) ou le Bluetooth ont pu voir le jour. Celles qui Osent retrace le parcours de l’inventrice Hedy Lamarr : celle que l’on surnommait « la plus belle femme du monde » n’avait pas seulement un physique, mais aussi un esprit scientifique brillant.

Hedy Lamarr, l’actrice

Extase : une vedette de cinéma qui ose

Née Hedwig Kiesler le 9 novembre 1914 en Autriche de parents juifs convertis au catholicisme, elle se passionne pour le cinéma après avoir vu Metropolis de Fritz Lang. À seulement 16 ans, elle se présente devant les studios de cinéma de Vienne. Rapidement repérée par Max Reinhardt, metteur en scène de théâtre, sa carrière débute réellement en 1931 quand elle arrive à Berlin. Deux ans plus tard, elle incarne le rôle pour lequel elle est la plus connue dans un film de Gustav Machaty, Extase. Elle joue nue et y simule un orgasme pour la première fois au cinéma. Cette étiquette de femme fatale ne la quittera plus. Le film, réprouvé par le pape Pie XII, ne la dessert pas et elle est érigée au rang de vedette.

Cette année-là, elle fait un mariage peu heureux avec Friederich Mandl, marchand d’armes. Grâce à son réseau, elle fréquente de près l’armée et ses inventions fascinantes, comme les missiles radioguidés. Son époux, fournisseur de Mussolini, se rapproche d’Hitler et du Parti nazi, la poussant à fuir vers les États-Unis en 1937. En débarquant, elle change son nom pour devenir Hedy Lamarr.

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La gloire hollywoodienne

Arrivée en Amérique, l’actrice gagne Hollywood et décroche pour une durée de 7 ans, un contrat avec la Metro-Goldwyn-Mayer (M.G.M.) dont elle devient l’égérie. Elle tourne dans une quinzaine de films et donne la réplique aux plus grands acteurs des années 40 et 50 comme Judy Garland et Clark Gable. Incarnant l’image de la star européenne qui réussit à percer aux États-Unis, elle interprète Dalila dans Samson et Dalila en 1949 sous la direction de Cecil B. DeMille. Le film est un grand succès et donne un second souffle à sa carrière. Elle tourne encore une dizaine de films avant de cesser définitivement de jouer à la fin des années 1950. Se remémorant ces années, elle écrit dans son autobiographie « Ecstasy and me » sortie en 1966 « n’importe quelle fille peut avoir l’air glamour, tout ce que vous avez à faire est de rester immobile et de prendre un air idiot ».

Hedy Lamarr, la scientifique

Une invention brevetée

Elle fait la connaissance du pianiste George Antheil au cours d’une soirée. Cette rencontre est décisive pour Hedy Lamarr. Pour elle qui ne cesse de travailler dans son atelier afin de donner vie à tout type d’invention, elle trouve en la personne d’Antheil un formidable collaborateur. En plein cœur de la Seconde Guerre mondiale, en 1941, ils mettent au point un système basé sur le saut de fréquence permettant d’assurer un meilleur cryptage des communications. Ce système s’applique également aux torpilles, dont le changement de fréquence les rend plus difficilement détectables par l’ennemi. Ils se servent d’un piano mécanique qu’ils synchronisent sur les fréquences hertziennes afin de concevoir leur « étalement de spectre par saut de fréquence », véritable ancêtre du Wi-Fi. Ils déposent un brevet nommé « secret communication system » pour leur invention. Mais celle-ci n’est pas utilisée comme ils l’espèrent par l’armée américaine, qui ne la juge pas sérieuse, mais décide tout de même de la classer « secret-défense ».

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La reconnaissance tardive d’Hedy Lamarr comme scientifique

Il faudra attendre le début des années 60, notamment la crise des missiles de Cuba en 1962 pour que l’armée utilise leur invention pour une étude de repérage de sous-marins. Pour autant, les États-Unis tardent à lui témoigner le mérite qui lui revient pour son invention, puisqu’il faudra attendre 1997 pour qu’elle reçoive de manière rétroactive le prix de l’Electronic Frontier Foundation à l’âge de 82 ans. Bien qu’ayant son étoile sur le Walk of Fame sur Hollywood Boulevard depuis 1960, elle ne sera admise au National Inventors Hall of Fame avec George Antheil qu’à titre posthume en 2014.

Pourtant, une fois le brevet tombé dans le domaine public, de nombreux constructeurs de matériels de transmission se sont servis de cette invention afin de développer les moyens de communication que nous connaissons. De nos jours, le Wi-Fi ne fonctionne plus par « saut de fréquence » mais avec différentes méthodes de codage permettant des débits plus élevés.

 

Décédée en 2000 à l’âge de 86 ans dans un quasi-anonymat, Hedy Lamarr n’a pas eu toute la reconnaissance qu’elle méritait pour ses idées scientifiques avant-gardes. À contre-courant du modèle de l’actrice hollywoodienne enfermée dans des rôles de femmes-objets, elle clamait haut et fort sa liberté sexuelle et sa vie amoureuse, riche de nombreux amants.

 

Envie de prolonger la découverte de la vie rocambolesque d’Hedy Lamarr ? N’hésitez pas à lire l’article des Culottées de Pénélope Bagieu.

Voici une sélection de différents supports pour combler votre curiosité :

  • Ecstasy and me: la folle autobiographie d’Hedy Lamarr, 2018, éditions Séguier ;
  • Heddy Lamarr from extase to Wi-Fi, 2017, documentaire d’Alexandra Dean ;
  • La plus belle femme du monde : the incredible life of Hedy Lamarr, 2018, éditions La boîte à bulles ;
  • Hedy Lamarr, la dame sans passeport d’Hollywood, 2020, Podcast France Culture.

Manon Salley

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