La députée Zooey Zephyr dans le viseur de la droite américaine

Près de 63 % des Américains s’opposent à l’inclusion des femmes trans dans les équipes de sport féminines. Huit ans après la légalisation du mariage pour les personnes de même sexe aux États-Unis, l’inclusion des femmes transgenres dans le sport ne remporte pas l’adhésion des conservateurs américains. La Floride vient d’adopter, le 20 avril dernier, une loi visant à interdire aux personnes assignées hommes à la naissance d’intégrer les équipes féminines financées par l’État. Dans le viseur de la droite américaine se trouve aussi Zooey Zephyr, députée de l’État du Montana et l’une des rares élues à être ouvertement transgenre. Elle vient d’être exclue de la Chambre des représentants pour avoir soutenu les traitements à destination des enfants trans.

L’inclusion des femmes transgenres, une « guerre » culturelle

Le débat a commencé dans le monde du sport et a été lancé par la question de l’inclusion des femmes transgenres dans les épreuves féminines. Riley Gaines, nageuse américaine, s’oppose alors fermement à ce que les athlètes transgenres participent aux compétitions. Aux côtés de Donald Trump, elle exige qu’on « laisse le sport féminin aux femmes » lors de la conférence annuelle des républicains, en août dernier. D’ailleurs la Floride, dominée par les républicains, vient d’adopter, le 20 avril dernier, une loi qui vise à interdire aux personnes assignées hommes à la naissance d’intégrer les équipes féminines financées par l’État. Le texte doit maintenant être examiné par le Sénat, à tendance démocrate.

Il faut dire que Riley Gaines s’est retrouvée ex aequo à une compétition de natation avec Lia Thomas, athlète transgenre. C’était en mars 2022. Depuis, la fédération de natation américaine a rendu quasi impossible la participation des nageuses transgenres aux compétitions, en divisant par deux la concentration maximale de testostérone autorisée. Les prises de parole de Riley Gaines ont été exploitées par les républicains, qui ont ajouté la question des personnes transgenres à leur agenda politique. Et cela semble porter ses fruits. Selon un sondage Ipsos réalisé en juin dernier, ce sont près de 63 % des Américains qui s’opposent à l’inclusion des femmes trans dans les équipes de sport féminines.

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Des droits de plus en plus restreints pour les personnes transgenres

Cette guerre contre les personnes transgenres n’est pas seulement culturelle. Depuis le mois de janvier, ce ne sont pas moins de 29 lois qui ont été adoptées dans quatorze États différents pour restreindre les droits des personnes trans. L’année dernière, 20 textes similaires avaient été votés dans douze États. Cette transphobie étatique ainsi que la multiplication des lois dirigées contre la communauté trans a conduit l’activiste Erin Reed à développer sur son blog une documentation exhaustive des très nombreuses propositions de loi qui menacent les personnes transgenres aux États-Unis. La « Bible belt », constituée des États les plus conservato-religieux du pays, est en rouge. On y retrouve l’Alabama, le Mississippi, la Floride, la Géorgie…

Le Texas a par exemple déposé une série de lois, visant par exemple à interdire la présence d’enfants aux spectacles de drag-queens ou encore les soins de transition aux moins de 18 ans. Certains États vont même plus loin. Le Kansas, par exemple, souhaiterait bannir les personnes transgenres des prisons, des refuges pour les personnes victimes de violences conjugales, des vestiaires et des toilettes ne correspondant pas à leur sexe de naissance. Le 30 mars dernier, l’ancienne porte-parole du gouvernement de Joe Biden, Jen Psaki, a d’ailleurs fait un communiqué de presse dénonçant la situation actuelle :

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« Aujourd’hui, à travers notre pays, les extrémistes de MAGA (Make America great again), la frange trumpiste du parti républicain, font avancer des centaines de lois étatiques haineuses et extrêmes qui ciblent les enfants transgenres et leurs familles. Personne ne devrait avoir à être courageux juste pour être soi-même. Ces attaques ne sont pas américaines et doivent cesser ».

L’élue transgenre Zooey Zephyr, dans le viseur de la droite américaine

Zooey Zephyr, 34 ans, est la première élue à la Chambre des Représentants du Montana, sous la bannière démocrate, à être ouvertement transgenre aux États-Unis. Elle vient d’être exclue de la Chambre des représentants pour avoir soutenu les traitements à destination des enfants trans. Car Zooey Zephyr ose donner ouvertement sa position sur ce projet de loi restreignant les parcours de transition des mineur·es :

« Si vous refusez les soins d’affirmation du genre et forcez un enfant transgenre à passer par la puberté, cela équivaut à de la torture, et ce corps devrait avoir honte. Si vous votez en faveur de ce projet de loi, j’espère que la prochaine fois que vous inclinerez votre tête pour prier, vous verrez le sang sur votre main. »

En effet, la majorité républicaine, la jugeant trop véhémente, a décidé de la censurer, qualifiant ses propos « d’inappropriés ». D’abord interdite de prendre la parole, Zooey Zephyr a ensuite été bannie jusqu’à la fin de la session parlementaire.

« Cet effort des dirigeants de la Chambre pour me faire taire, moi et mes électeurs, est un affront troublant et terrifiant à la démocratie elle-même. Les dirigeants de la Chambre m’ont ciblée explicitement et directement […] parce que j’ai osé faire entendre les valeurs et les besoins des personnes transgenres comme moi. »

À ce jour, l’élue est toujours interdite de siéger à la Chambre des représentants, malgré son recours en justice. Un juge de la cour du district du Montana a rejeté sa plainte.

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