Tina Turner : une vie d’audace

Tina Turner, lionne rebelle : la révolution vivante

Comment une jeune fille abandonnée du Tennessee est-elle devenue l’icône mondiale de la résilience et de la puissance féminine ? Derrière la voix rauque et l’énergie volcanique de Tina Turner se cache une odyssée hors du commun. Unique et indomptable, cette diva s’est imposée comme la « Queen of Rock & Roll » !  Voici l’histoire d’une femme qui n’a jamais cessé de se réinventer, une incarnation de l’audace qui reste un modèle pour toutes les femmes du monde.

Tina Turner ou la naissance d’une légende

Les racines d’une battante

Née sous le nom d’Anna Mae Bullock le 26 novembre 1939 à Nutbush, une petite ville du Tennessee, Tina Turner a vécu son enfance dans un contexte américain marqué par la discrimination raciale. Dès son plus jeune âge, elle connaît l’abandon : à 10 ans, ses parents divorcent, les laissant, elle et sa sœur, sous la responsabilité de leur grand-mère. Cette enfance est marquée par la pauvreté ; le manque d’affection forge une résilience exceptionnelle chez elle.

Son premier salut, c’est la musique gospel, chantée à l’église, où sa voix puissante commence à se révéler. Le chant devient pour elle un refuge et, bientôt, un véritable instrument d’émancipation.

Révélation et tourments : l’envers du mythe

À l’adolescence, Anna Mae décide de rejoindre sa mère à Saint-Louis (Missouri), une ville où la scène du Rhythm and Blues est en pleine effervescence. C’est là, dans un club nocturne, qu’elle assiste à une prestation d’Ike Turner et de son groupe (The Kings of Rhythm). Fascinée par l’énergie et la puissance de la musique d’Ike, elle parvient à monter sur scène lors d’une soirée et impressionne immédiatement par sa voix. C’est là que tout bascule !

Conscient de son potentiel phénoménal, Ike l’intègre à son groupe. Il la rebaptise Tina, en l’honneur de Sheena, la reine de la jungle, une héroïne de bandes dessinées qui incarne la force et la liberté. En 1962, à Tijuana, au Mexique, Ike et Tina s’unissent, sans romantisme apparent.

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Le couple se transforme rapidement en un duo explosif qui domine la scène musicale américaine des années 1960 et 1970. Leur énergie sur scène, leurs chorégraphies endiablées et leurs succès, tels que A Fool in Love, River Deep Mountain High et Proud Mary les propulsent au rang de légendes du rock et du rhythm and blues. Tina, avec sa voix rauque et son charisme brûlant, devient la figure de proue du groupe.

Malgré son immense succès, Tina vit un véritable enfer en coulisses. Victime de violences physiques et psychologiques de la part d’Ike Turner, dépendant à la drogue et tyrannique, elle est privée de liberté et d’argent, parfois forcée de travailler la nuit ou droguée contre son gré. Plongée dans la dépression, elle tente de mettre fin à ses jours en 1968. Pourtant, elle continue de monter sur scène, la musique restant sa seule raison de vivre.

La force de la liberté chez Tina Turner

Bouddhisme : la métamorphose intérieure 

En 1973, alors qu’elle traverse une période de détresse, Tina Turner fait la rencontre décisive de Valérie Bishop dans les studios d’enregistrement. Cette dernière l’initie au bouddhisme japonais de Nichiren. Cette pratique spirituelle deviendra le socle de sa transformation personnelle et de sa capacité à surmonter les épreuves : 

« Lorsque j’ai commencé à étudier les enseignements bouddhistes, la récitation du mantra Nam-myoho-renge-kyo  m’a permis de prendre en main ma vie et de transformer ma souffrance en une source de bonheur».

Dans la nuit du 1er juillet 1976, après une violente altercation à Dallas, Tina décide de quitter Ike Turner. Elle s’enfuit du motel où ils logeaient, le visage tuméfié, n’ayant sur elle que 36 cents. Cette lionne a choisi la liberté, même si cela implique de tout perdre. Elle gagne ainsi son indépendance et sa dignité.

 

❤️‍🔥 Découvrez l’une de ses prestations les plus enfiévrées :  Tina Turner – Proud Mary (Live from Arnhem, Netherlands)

L’envol solo de Tina

En juillet 1976, Tina Turner claque la porte et renonce à la totalité de ses biens : maisons, voitures, droits d’auteur, revenus, studios. Deux ans plus tard, le divorce est acté. Ruinée, harcelée par Ike et son entourage, elle enchaîne les petits boulots – femme de ménage, serveuse – mais refuse de baisser les bras. Humiliée, épuisée, elle décide de tout reconstruire, seule, portée par une détermination sans faille.

Finalement, après quatre ans de lutte, elle remporte une grande victoire. La British Electric Foundation lui propose de reprendre le titre Ball of Confusion. Émerveillés par sa performance, ils l’invitent à enregistrer Let’s Stay Together. Cette chanson triomphe au Royaume-Uni et relance sa carrière internationale.

En 1983, Tina lance l’album Private Dancer. Les morceaux What’s Love Got To Do with It et Let’s Stay Together rencontrent un immense succès à travers le monde. Elle devient ainsi la première femme noire à dominer seule la scène musicale pop-rock. Sa voix remarquable s’impose comme le symbole d’une époque.

En 1985, la star électrise la planète avec son tube We Don’t Need Another Hero, l’hymne inoubliable du film Mad Max : Beyond Thunderdome. Trois ans plus tard, elle entre dans la légende en réunissant 180 000 fans déchaînés au Maracanã de Rio, un record absolu pour une artiste soliste. Dans plusieurs entrevues, Tina Turner a décrit ce concert au Brésil comme l’un des moments les plus intenses de sa carrière. Au-delà de sa prestation, elle a vécu une expérience de communion profonde avec le public.

En 1989, la consécration est totale : The Best s’impose comme l’un des titres les plus emblématiques de sa carrière, scellant à jamais son statut d’icône planétaire. En 1995, elle ajoute une nouvelle page à sa légende en interprétant le générique du film James Bond, Golden Eye, une chanson écrite spécialement pour elle par Bono et The Edge du groupe U2. Enfin, en 2018, Tina reçoit le Grammy Lifetime Achievement Award, la distinction ultime de l’industrie musicale américaine, qui vient couronner l’ensemble de sa carrière. 

Son énergie, sa voix, sa danse et sa capacité à se réinventer ont fait d’elle la reine incontestée du rock et de la pop :

« Sur scène, je suis libre. Je deviens tout ce que je veux être ».

 

🎉 Pour son 60e anniversaire, soirée mémorable à Londres :

Tina à la conquête de la planète

Au cinéma, Tina Turner éblouit par sa prestance. Dès 1975, elle s’amuse à bousculer les codes dans le film musical Tommy de Ken Russell, incarnant une Acid Queen aussi envoûtante que déjantée. On sent le plaisir qu’elle éprouve dans le jeu d’actrice.

Dans Mad Max : Au-delà du Dôme du Tonnerre, Tina incarne Entity avec une puissance et un charisme indéniables, défiant Mel Gibson et montrant qu’elle peut s’imposer avec force dans n’importe quel univers — même celui, impitoyable, d’un monde post-apocalyptique. Et puis, il y a ce clin d’œil savoureux dans Last Action Hero en 1993, où elle croise la route de Schwarzenegger, juste pour le plaisir de surprendre.

Mais le plus bouleversant reste sans doute de voir sa propre vie projetée au cinéma. Le film Tina (What’s Love Got to Do with It), interprété par Angela Bassett fait entrer son histoire dans la légende.

Vous souvenez-vous du Live Aid 1985 ? Plus de 100 000 spectateurs au stade JFK de Philadelphie, et un duo explosif avec Mick Jagger : State Of Shock et It’s Only Rock’n’Roll

Une complicité exceptionnelle règne entre eux, jusqu’à ce moment culte où Jagger arrache la jupe de Tina sous les cris du public. Ce soir-là, le monde entier découvre deux géants du rock partageant la scène : c’est un instant très émouvant.

Durant sa tournée Private Dancer en 1984, c’est David Bowie qui la rejoint sur scène à Birmingham pour un duo incandescent sur Tonight, puis Get Back des Beatles et Hot Legs dans une ambiance survoltée. Et qui pourrait oublier cette soirée mémorable des Grammy Awards en 2008, lorsque Beyoncé, admirative, a partagé la scène avec son idole pour chanter Proud Mary  ?

 

Au-delà de ses performances en solo, ce sont ses collaborations légendaires avec Bryan Adams, les Rolling Stones, Janis Joplin, Elton John ou Eros Ramazzotti qui marquent les esprits. À chaque apparition, elle impose sa marque, transcende les styles et les générations, et prouve qu’aucune scène n’est trop grande pour elle. 

Comme l’a si bien résumé Mick Jagger : « Tina m’a appris à bouger sur scène. Elle est la seule capable de rivaliser avec l’énergie des Rolling Stones ».

🎷 Envie de découvrir les chorégraphies de Tina Turner ? Jetez un œil à son compte Instagram  #Private Dancer

L’héritage Tina Turner

Tina Turner a utilisé sa célébrité pour soutenir l’Unicef, Amnesty, la lutte contre les violences faites aux femmes, le VIH/SIDA, Greenpeace, le WWF. À l’image d’Angélique Kidjo ou de Whitney Houston, elle a fait de son art un cri pour les droits humains et un modèle pour toutes les femmes qui osent croire en leurs rêves.

En 2018, la comédie musicale Tina triomphe à Londres tout en soutenant l’organisation Women’s Aid, qui poursuit le combat de Tina Turner contre les violences. Ses documentaires, quant à eux, frappent fort et continuent d’éveiller les consciences sur la cause féminine à travers le monde.

Cette battante a prouvé qu’il n’y a pas d’âge pour se réinventer. Femme noire, rebelle et authentique, elle a conquis la scène mondiale après 40 ans, brisant le silence sur les violences conjugales, assumant pleinement son âge et redéfinissant la féminité selon ses propres codes. 

Après avoir conquis le monde et survécu aux tempêtes, Tina Turner a finalement trouvé le bonheur sur les rives du lac de Zurich. En 2013, elle épouse Erwin Bach, son compagnon depuis 1985, lors d’une cérémonie bouddhiste à leur domicile de Küsnacht.

Bien que la maladie l’ait affligée dans les dernières années de sa vie, elle a su rester courageuse et rayonnante, témoignant constamment de sa profonde reconnaissance envers la vie.

Animée par un amour profond qui lui a apporté une stabilité et une sérénité inédites, elle a vécu pleinement cette harmonie jusqu’au 24 mai 2023, date à laquelle elle s’est envolée librement… 

🎶 Cet article vous a plu ? Je vous suggère de lire la biographie de Nina Simone, un vrai régal !

Lisa HELENO, pour Celles qui Osent

 

Pour aller plus loin :
Wikipedia – Tina turner

Site officiel de Tina Turner

Rock and Roll Hall of Fame 

Radio France – Rock’n Force – Tina 

Tina Turner : Reine du Rock’n Roll 

 Bibliographie : My love story – Tina Turner | Éditions Arrow (2018)

   I,Tina | biographie coécrite avec Kurt Loder (1986)

   Le bonheur est en vous – Mon chemin spirituel – Tina Turner

En attendant notre prochain article, n'oubliez pas de suivre notre podcast sur ces Femmes qui Osent

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