Parce qu’on n’a jamais assez d’idées de séries à regarder, Celles qui Osent vous propose son top 3 des séries à voir pour la rentrée. Les séries, formes hybrides et propres à l’innovation, sont souvent des espaces d’expérimentations pour les réalisateurs. Petits budgets, fragments, formats libres : les séries, modulables, peuvent faire émerger des personnages émancipateurs ou aborder des thèmes inhabituels et tabous, loin du cinéma traditionnel et de ses codes classiques. Celles qui Osent vous a donc sélectionné trois séries féministes à regarder en septembre, toutes trois réalisées par des femmes.
« Fleabag », la série féministe, entre humour noir et réflexions sur la sexualité
On avait déjà parlé de Fleabag à l’occasion de l’une de nos newsletters et nous qualifions, sans emphase ni hésitation, cette série de « master piece ». A l’origine destinée à être un « one woman show », Phoebe Waller-Bridge , réalisatrice et actrice, en a finalement fait une série en deux saisons. L’histoire est simple : il s’agit de celle de Fleabag, « sac à puces » en français, une londonienne d’une trentaine d’années. Elle nous raconte – grâce à de nombreux regards caméra et interpellations du spectateur – ses déboires amoureux, familiaux, et professionnels. On a donc tout de suite l’impression d’être dans la vie de Fleabag, d’être gardien de ses secrets et de ses fantasmes.
Grâce à cette transgression de la caméra au bénéfice du spectateur, Fleabag nous apparaît toujours comme une héroïne active, maîtresse de ses désirs et de sa sexualité. Les dialogues sont mordants, et l’humour toujours décalé, ne nous met pas toujours très à l’aise, en ce que Phoebe Waller-Bridge sait jouer avec nos complexes comme avec nos fantasmes inavoués. Plusieurs épisodes font place à des monologues féministes d’une justesse rare, où les femmes assument de ne pas être parfaites ni exemplaires. On pense par exemple à l’épisode 3 de la saison 2, dans laquelle Fleabag tombe sur une quinquagénaire qui lui explique le bonheur de la ménopause, et de la cinquantaine passée, une fois qu’on n’a plus ni maris, ni enfants à charge. La série est constituée de deux saisons, d’une dizaine d’épisodes chacune, et est disponible sur Amazon Video.
« Girls », la série qui fait place aux anti-héroïnes
Girls, c’est une série « feel good » par excellence. Le synopsis, à lui seul, suffit à donner envie : Hannah, 23 ans, vit à New York en coloc’ avec Marnie, sa meilleure amie, et partage son quotidien avec deux autres copines, Jessa et Shoshana. Elles viennent toutes d’être diplômées, et oscillent entre recherche d’emploi, plan cul foireux, histoires d’amour rocambolesques, réussites professionnelles et échecs personnels. Tout ce petit monde vit à Brooklyn, et baigne dans une atmosphère pseudo-mondaine.
Contrairement aux séries habituelles, Girls, dont la première saison est sortie en 2012, représente des femmes grosses, maigres, complexées, décomplexées, poilues, expérimentées, vierges… et dépeint le sexe de manière réaliste. Et ça fait du bien. Zone grise, simulation d’orgasmes, fantasmes inavoués, infections urinaires, cycles menstruels… tout y est. Lena Dunham, la réalisatrice et l’actrice principale de Girls, montre fréquemment son corps nu : ses tatouages, ses bourrelets, ses petits seins. Tout comme dans Fleabag, le féminisme des héroïnes est maladroit. Les dialogues sont nuancés, et dépeignent une génération de millénials oscillant entre carcans sociaux, et désir d’émancipation. La série est composée de six saisons, d’une dizaine d’épisodes, et se regarde sur OCS.
« I love Dick », la série de la rentrée qui explore le désir féminin
La dernière série de notre sélection, c’est I love dick, de la réalisatrice Jill Soloway, et adaptée de la pièce de théâtre de Sarah Gubbins. Chris, une femme d’une quarantaine d’années, part avec son mari, âgé de vingt ans de plus qu’elle, en résidence artistique dans le Texas. Elle y rencontre Dick, un artiste mystérieux, sur qui elle fantasme, et qui devient bientôt le centre de sa vie sexuelle. Entre paysages désertiques, bande son mélancolique, et écriture à la première personne, la série raconte un couple dont le mariage s’effrite, et qui semble échapper aux personnes principaux, guidés par un désir de renouveau sexuel.
Le male gaze est renversé, et Dick devient la muse de Chris, à ses dépens. Le triangle amoureux, au sein duquel Dick, Chris et son mari se retrouvent, tourne vite au vinaigre. Dick devient la projection des fantasmes du couple marié, malgré lui, et découvre le sens d’une objectification sexuelle, dont les femmes sont victimes depuis des siècles dans toutes nos représentations culturelles. Le paradigme est inversé. Les femmes de la série prennent peu à peu la main sur leur sexualité, et parviennent à s’imposer dans deux mondes, jusque-là régi par des hommes : celui de l’art, et celui du sexe. La série est constituée d’une seule saison, à regarder sur Amazon video.
Victoria Lavelle pour Celles qui Osent
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