La « pin-up », une icône féministe ?

« Jeune femme épinglée au mur ». Voilà ce que signifie littéralement le terme « pin-up girl ».  Il apparaît pour la première fois lors de la Seconde Guerre mondiale, lorsque les soldats accrochent dans leurs campements des images de femmes dévêtues très sexy, dans des poses aguichantes. Symbole de charme et d’érotisme, la pin-up connaît un succès grandissant à la fin de la guerre, et s’installe dans les représentations populaires des pulp magazines ou des comics américains. D’ailleurs, Marylin Monroe a commencé sa carrière en posant comme « pin-up girl »Provocante sans être vulgaire, la pin-up, égérie des années 50, est encore aujourd’hui exploitée par des artistes comme Dita von Teese, danseuse érotique américaine. La pin-up serait-elle devenue une icône féministe ?

La « pin-up » du 19e siècle : symbole de la femme libérée et attirante

Si le terme « pin-up » apparaît aux États-Unis en 1941, les images de femmes dénudées existent depuis le développement de la photographie, vers 1830, comme en témoignent les photos d’Auguste Belloc, pionnier de la photo érotique du 19e siècle, dont certains clichés sont exposés au Quai d’Orsay et au Grand palais. Les photos de ces jolies femmes étaient accrochées au mur des boudoirs et autres lieux privés ou conservées, en toute discrétion.

À l’origine vendus sur le marché noir, à des prix très élevés, les clichés érotiques se démocratisent peu à peu, alors que ce commerce reste illégal. Les ancêtres de la pin-up, les Gibson girls (du nom de Charles Dana Gibson, leur créateur), premières représentations féminines à paraître sous forme de poster, diffusent l’image idéalisée de la femme libérée et attirante.

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Après la Première Guerre mondiale, les soldats américains ramènent avec eux des clichés de Parisiennes très sexy qui vont inspirer le style pin-up tel qu’on se le représente aujourd’hui.

Une femme-objet glamour au service de la publicité

Les années 50-60 constituent l’âge d’or du style « pin-up ». Elles sont partout : magazines, journaux, posters, cartes postales, calendriers… Figure très populaire au sein de l’armée américaine et de ses GI, elles sont présentes sur les paquetages ou dessinées à l’avant des avions ou des bateaux militaires.

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À partir de 1945, le monde occidental fait son entrée dans trente ans d’années florissantes, marquées par une période de forte croissance économique et une amélioration du niveau de vie. La société de consommation est en plein essor, ainsi que la publicité, qui devient maîtresse dans les représentations de femmes-objets. La célèbre marque de soda Coca-Cola exploite l’image glamour du style « pin-up » pour certaines de ses publicités, comme en témoigne les peintures emblématiques de l’artiste Gil Elvgren.

Coca-Cola a d’ailleurs voulu, en 2014, réexploiter l’image de la pin-up pour promouvoir une nouvelle boisson au lait haut de gamme. Mais cette opération marketing a suscité la polémique et a été très mal accueillie par le public, la jugeant obsolète et sexiste.

La pin-up, une icône féministe ?

La « pin-up », femme-objet fantasmée, incarne, à elle seule, l’ensemble des contradictions et paradoxes qui sont imposés aux femmes. Trop sexy ou pas assez, aguicheuse, mais attirante…. La femme « pin-up » est modelée par la société sexiste et consumériste d’après-guerre. Qu’elle soit virtuelle, comme Betty Boop, ou réelle, comme Jean Harlow, la pin-up dépend entièrement du regard masculin car cette icône érotique a été créée pour satisfaire le désir des hommes. Grim Natwick, le réalisateur à l’origine de Betty Boop, déclare, lorsqu’il est interrogé sur sa création :

« J’ai, d’abord, dessiné un petit chien, j’y ai ajouté de jolies jambes de femmes. Je crois que j’ai pris pour modèle de base un caniche. »

C’est Jean Harlow qui est choisie pour incarner Betty Boop à l’écran. On la surnomme « blonde platine », du fait de l’un de ses films, Blond Shell. Cliché de la blonde stupide et écervelée, Jean Harlow est admirée et détestée.

Peu à peu, les magazines érotiques et pornographiques comme Playboy ou Penthouse diffusant des photos de femmes complètement nues font disparaître progressivement la mode des « pin-up », jugées trop « rétro ».

Depuis, des artistes féministes se sont réappropriées l’image de la « pin-up », sex-symbol sur papier glacé, et s’émancipent librement du carcan patriarcal qui l’a façonnée. C’est par exemple le cas de Dita Von Teese, danseuse burlesque américaine, qui réinvestit l’image culte de la « pin-up moderne », comme icône féministe de l’émancipation féminine. Le documentaire Pin-up, la revanche d’un sex-symbol, réalisé par Sophie Peyrard en 2014, propose de découvrir ce qui se joue derrière les images de papier glacé de cette icône populaire érotique et nous interroge : et si la pin-up du 21e siècle était devenue une icône féministe ?

Et vous, qu’en pensez-vous ?

Victoria Lavelle pour Celles qui Osent

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