Le karma c’est quoi ? Oser comprendre pour se libérer

Vous visualisez Charlotte dans Un indien dans la ville, jouée par Arielle Dombasle, avec son calme de plante verte, qui médite ? « Un cercle est un carré, un carré est un cercle, yyyooommm ». En vrai, quand Mimi Siku à la recherche de sa mygale soulève le drap en s’exclamant, « beau foufouillon toi », elle hurle à la mort en le traitant de chenapan. Comme quoi, sous couvert d’une ouverture d’esprit sans faille, on peut vouloir dissimuler une rigidité extrême. « Un cercle est un carré, un carré est un cercle » justement, ça veut dire que l’habit ne fait pas le moine. Cette caricature de la philosophie indienne reste très parlante, même si elle ne fait pas bonne presse aux guides spirituels new age qu’on voit fleurir en annonce sur Facebook. Dans le film, Charlotte donne tout son argent à un gourou en carton, avec un accent de commercial parisien, pour espérer calmer son anxiété. C’est aussi hilarant que vain. Et si nous, nous les hypersensibles pour de vrai, qui cherchons un peu de sérénité dans nos vies, on comprenait vraiment cette notion bouddhique de référence ? Le karma c’est quoi ? Dans cet article, on ose comprendre le concept pour s’en libérer !  

Le karma, un principe de responsabilité, pour créer sa vie

Ce cher Larousse donne du karma la définition suivante « Mot sanscrit désignant les actions de l’homme comme génératrice de conséquences ». C’est un bon début. En bouddhisme, le karma, ce sont les causes qu’on a plantées depuis des vies et des vies pour en arriver là où nous en sommes. Il établit qu’on a choisi qui on est, où on est né et les personnes qui gravitent autour de nous, en ne laissant aucune place au hasard. Une myriade d’interrogations naît déjà de cette définition. Pas vrai ? Vous vous dites peut-être « Alors si je galère dans ma vie, c’est que je l’ai voulu et donc que c’est bien fait pour moi, parce que je l’ai créé ! »  Ce n’est pas tout à fait ça. La plupart du temps, on crée sa vie de manière inconsciente, en permanence et à travers nos pensées, nos paroles et nos actions. Quand on voudrait tout stopper, le train continue sans nous. Ce réseau de causes incessant se multiplie de façon exponentielle et multiplié par le nombre de vies qui sont derrière nous, ça fait un sacré bazar à démêler à la fin ! En passant, on n’est pas obligé de souscrire à la réincarnation pour adhérer au concept de karma. Si un battement d’ailes au bout du globe peut provoquer un tsunami de l’autre côté, on se rend compte qu’une causalité active depuis notre naissance est déjà amplement suffisante !

Dans notre vie quotidienne, on sent bien qu’il y a des « coups de chance » qui nous boostent, comme des moments où on rame, malgré tous les efforts qu’on fait pour s’en sortir. On a l’impression que certains schémas nous collent à la peau et qu’on revit inlassablement certaines situations, même si on mûrit et qu’on change d’environnement. Tout cela c’est le karma. Il implique un principe de responsabilité selon lequel on est l’auteur principal de sa vie. Attention, responsable n’est pas coupable ! La responsabilité implique qu’on a toutes les cartes en main pour défaire ce qui nous a fait souffrir jusqu’à présent et pour créer la vie dont on rêve. Ça ne veut pas dire que c’est facile, mais c’est possible. Ce pouvoir de compréhension puis de libération contraste avec l’état d’esprit chrétien et la notion de destin. C’est là où ça devient vraiment intéressant. 

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Un réseau d’influences universel que nous co-inventons

La notion de karma appartient à une lecture du monde opposée à celle que nous connaissons dans la culture chrétienne. Il n’y a pas de grand barbu là-haut qui tranche entre bien et mal, ou qui peut infléchir volontairement le cours des évènements. Cette lecture anthropique (humaine) de Dieu induit une passivité chez l’être humain, qui fait de lui une toute petite chose ballotée par les circonstances et qui, si Dieu le veut, sera sauvé comme par magie. Dans une lecture bouddhiste du monde, c’est tout à fait différent. Dieu est une force immanente qu’on peut appeler Nature, comme le philosophe Spinoza l’explique très bien. Cette énergie divine est contenue de partout, y compris en nous. Nous sommes les co-créateurs de cette énergie au même titre que le reste du vivant. Ça signifie que le livre de notre existence s’écrit et nous détermine au fur et à mesure que nous le lisons. C’est cette co-invention permanente des êtres et des éléments en devenir qui crée un déterminisme. Ouf. On fait une petite pause et on continue.

Dans cette vision du cosmos, l’être humain n’est pas au centre, mais il a pourtant bien plus de pouvoir sur sa propre vie. S’il trouve sa juste place dans l’univers, ce qui l’inspire vraiment, il peut augmenter sa puissance d’agir. Un peu houleux tout ça. On va donner un exemple. Si je rate un examen, ce n’est pas dû au désir d’un Dieu, mais c’est ma vie qui me dit quelque chose, avec tout ce qu’elle contient d’auto-détermination. « Est-ce que c’était véritablement ta voie ? Comptes-tu redoubler d’efforts pour arriver au but que tu t’es fixé ou ta lassitude révèle-t-elle un manque d’intérêt pour ce métier sur le long terme ? ». Avec le karma, le cours des choses questionne toujours le sens et la direction qu’on veut donner à ses choix, mais à un niveau plus constructif et plus actif qu’avec le destin. C’est la raison pour laquelle les spiritualités orientales séduisent tant d’entrepreneurs aujourd’hui et qu’on voit fleurir des formations sur la méditation ou le Yoga qui célèbrent la ténacité nimbée de sagesse. Lucie Rondelet avait fait à ce propos une vidéo YouTube sur le locus interne, très semblable au karma. Sans spoiler le contenu, que vous pouvez aller visionner, le locus interne est la capacité de chercher en soi les solutions à nos problèmes plutôt que d’accuser l’extérieur (ou d’attendre l’intervention miraculeuse d’un Dieu).

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Il est vrai que la question de la liberté est si vaste qu’elle mériterait un article à part entière. Ce qu’il faut retenir, c’est que dans la cosmogonie orientale, on croit qu’au-delà des conditions extérieures, il se trouve un noyau fondamental de liberté. Ce noyau ne meurt jamais et si infime soit-il, il peut être à l’origine de transformations spectaculaires. Dans cette vie en tout cas, nous avons l’occasion d’apprendre à être un bon chef d’orchestre, pour guider l’énergie qui vibre en nous vers nos buts les plus précieux. L’occasion nous est donnée ici et maintenant d’harmoniser les dimensions du soi pour naviguer même en eau trouble. Bonne nouvelle, non ?

Le karma négatif, un poids dont on peut se libérer

Dans le karma, il y a l’idée de cercle vertueux comme de cercle vicieux. Un mauvais choix en entraîne un autre et inversement. Pour le philosophe Spinoza, (que j’adore, vous l’aurez compris) le négatif n’a pas de consistance en soi. Il est la conséquence d’un défaut qui nous empêche de mener à bien des actions fructueuses. En guise de confirmation, il est vrai que quand nous nous arrêtons de maîtriser notre devenir, ce n’est pas le mal ou la décrépitude qui l’emportent : notre cœur continue vaillamment de battre, nos blessures se cicatrisent, nos défenses immunitaires travaillent pour notre santé, etc. La vie prend toujours le dessus et se charge d’opter pour la meilleure manière. Le fait même qu’il y ait un univers plutôt que rien ou que nous existions, malgré la bataille qu’il a fallu livrer contre des milliards de spermatozoïdes, donne raison à Spinoza. La vie est par essence hospitalière et bienveillante. Le karma va donc plutôt naturellement dans un sens positif.  

Là où ça se complique, c’est que l’être humain a le pouvoir d’aller à l’encontre de ce qui est bon pour lui. Il a le choix conscient de faire des écarts sur son chemin, là où les animaux obéissent la plupart du temps à leur instinct et choisissent de façon moins substantielle. Dans la philosophie chinoise, il est dit qu’il faut éviter au maximum de se retrouver face à des ultimatums qui nécessitent l’emploi de la raison, parce qu’on a 50 % de chance de se tromper. Nombreuses sont les occasions d’accumuler des erreurs de trajet lorsqu’on se base sur son mental. Au fil des années, cette anarchie dans l’ordre et la connexion des choses (Spinoza toujours) peut se changer en mauvaise fortune et on se trouve dépassés. 

La bonne nouvelle, c’est que tout est réparable. La philosophie bouddhique indique qu’à n’importe quel stade, on est capable de changer le poison en élixir. Quand la difficulté se manifeste avec force, l’occasion nous est donnée de changer radicalement d’élan. Souvent, on se dit « Si je l’avais vu avant, j’aurais fait autrement ». Mais il faut parfois en arriver à certaines extrémités pour décider de stopper net une situation douloureuse. En se repassant le film à l’envers, on remarque les signes avant-coureurs qu’on n’a pas su ou pas voulu voir. Et bien transformer son karma négatif, c’est parvenir à ressentir ce qui va clocher, avant de le subir. Tout ceci est dit sans aucun jugement moral et avec la conscience qu’on trouve parfois la vie simplement injuste. L’analyse qu’on fait de son propre chemin demeure toujours très personnelle.

En tout cas, il existe beaucoup d’outils pour aller chercher le changement au fond de soi. Tous les thérapeutes connus, les énergéticiens, les réflexologues, les psychologues, les naturopathes, pourquoi pas les voyants, peuvent alléger les souffrances accumulées au fil du temps (s’ils sont compétents). Toutefois, le berceau de la guérison du karma, sans aucun prosélytisme, reste la méditation. Rassurez-vous, on ne parle pas de religion ici, mais de spiritualité. Dans le Yoga, par exemple, on peut trouver un moyen de nettoyer ses énergies négatives et de se reconnecter au petit chef d’orchestre intérieur qui sait où aller. La méditation quant à elle, aide à comprendre que les idées malsaines qui nous traversent ne font pas partie de nous. En fermant les yeux, on regarde passer le tout venant et on choisit de retenir uniquement les pensées qui nous procurent de la joie. À cette condition, on peut vraiment se libérer et commencer à créer la vie dont on rêve. 

 

Vous arrivez à la fin de cet article. Comme on est allés loin, on va terminer sur quelque chose de plus léger. Vous connaissez le sketch des Inconnus, « Skippy le grand gourou » ? À l’écran, le faux journaliste interroge un nouveau converti « – Avant, j’étais un voyou, je volais, je dealais, mais quand j’ai rencontré Skippy ça a changé ! Le journaliste – Ah bon ? Vous ne volez plus ? – Si bien sûr, mais je donne tout à Skippy ! » En vous souhaitant de ne pas tomber sur Skippy, vous nous direz si cet article vous a fait du bien ! N’hésitez pas à l’enrichir en nous donnant votre point de vue et en partageant votre expérience.

Charlotte Allinieu, web journaliste pour Celles qui Osent

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