La Boum | Guide intemporel pour surmonter l’adolescence

France 5 a diffusé le mois dernier un documentaire intitulé La Boum éternelle, histoire d’un film sans prétention, retraçant l’histoire du teen movie de Claude Pinoteau à travers des interviews des acteurs et des témoignages de fans illustres (Juliette Armanet, Suzanne Lindon…). À cette occasion, Celles qui Osent a (re)visionné La Boum 1 et 2, devenus des films cultes pour toutes les générations. Loin d’être un film futile pour adolescents, La Boum propose une représentation très progressiste de la figure de la jeune fille au cinéma. On y parle de sexualité, de première fois, de conflits familiaux, d’amitié filles-garçons… Pour des générations entières, La Boum a fait office de guide pour surmonter les tourments de l’adolescence…

Le premier teen movie français : la Boum

La Boum est un film novateur à bien des égards. D’abord, c’est l’un des premiers longs-métrages en France à représenter les adolescents à l’écran, et à faire de ces derniers les personnages principaux de l’intrigue. Le film est en réalité inspiré des teen movies Américains, qui font alors fureur. Car aux origines de La Boum, il y a Danièle Thompson, une scénariste de renom qui vient de rentrer d’une expatriation aux États-Unis. Les teen movies sont en alors en plein développement. Le premier du genre, American Graffiti, est signé par George Lucas, le réalisateur de Star Wars, et met en scène la dernière nuit de quatre amis âgés de 18 ans qui s’apprêtent à quitter leur petite ville pour l’université. À son retour en France, la fille de Danièle Thompson, alors âgée de 13 ans, organise sa première boum chez elle en présence de sa mère, et c’est quand la scénariste assiste à une scène de slow que lui vient l’idée du film.

Mais voilà. Les teen movies qui sortent les uns après les autres dans les salles obscures le long de la décennie 70 mettent en scène des garçons, qui occupent les rôles principaux. En France, il faut attendre 1977 et la sortie de Diabolo Menthe, de Diane Kurys, pour voir apparaître des héroïnes adolescentes. C’est dans ce contexte qu’en 1980, La Boum est tournée, et diffusée la même année. Les premiers jours de sortie sont catastrophiques : un retrait de l’affiche est même envisagé. Mais au bout de la première semaine, le bouche-à-oreille fait effet et la magie opère…

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Trois générations de femmes à l’écran

La Boum, c’est avant tout une histoire de femmes. Celle de Vic Beretton, sa mère, Françoise, et Poupette, son arrière-grand-mère. Car si l’intrigue tourne autour de Vic, son entrée en 4e, et ses premiers émois amoureux, le film raconte aussi l’histoire de Françoise, de son mariage et de son rôle de mère. Il n’hésite pas à interroger le modèle patriarcal de la famille. Dans La Boum 2, Françoise, dessinatrice de bandes dessinées, travaille dans un studio d’animation et négocie avec d’importants investisseurs étrangers, tandis que François, joué par Claude Brasseur, a quitté son cabinet de dentiste pour se lancer dans la recherche, mais le poste qu’on lui propose est à Lyon. Cette question devient centrale dans leur couple, et Françoise affirme ne pas vouloir quitter son métier pour celui de son mari.

Et puis il y a Poupette, la grand-mère de Françoise, et l’arrière-grand-mère de Vic, âgée de 80 ans (voire même 90 ?) passés, qui, dans La Boum 2, est demandée en mariage par son amant, avec qui elle entretient une relation adultère depuis des années. À l’annonce de la mort de la femme de ce dernier, Poupette s’apprête à l’épouser, mais se ravise au dernier moment, et s’enfuit en voiture. C’est la grand-mère idéale, celle qui se fiche des conventions, pour elle-même comme pour sa petite-fille, et à qui l’on peut tout confier. Rappelons que dans La Boum 1, c’est elle qui emmène Vic à Cabourg pour qu’elle puisse retrouver Mathieu, sans prévenir les parents…

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La Boum, guide intemporel pour surmonter l’adolescence

La Boum est aussi l’un des premiers films à parler de la sexualité chez les adolescents, une première pour un long-métrage grand public, visant des spectateurs hétéroclites, issus de différentes générations. Vic connaît un premier amour de jeunesse avec Mathieu et en deuxième partie de film, l’intrigue s’articule autour de la question suivante : va-t-elle coucher avec lui ? Elle en parle d’ailleurs très librement avec Poupette, qui la met en garde :

« T’as peur que je couche avec lui hein ? Manquerait plus que ça ! Attention, à 14 ans, il y a des enfants qui ont des enfants. »

Dans le documentaire La Boum éternelle, histoire d’un film sans prétention diffusé sur France 5, plusieurs femmes interviewées — Ambre Chalumeau, Suzanne Lindon — expliquent s’être servies de La Boum comme une sorte de manuel pour guider leurs relations amoureuses et sexuelles. À la fin de la Boum 1, Mathieu et Vic se retrouvent enfin seuls dans une petite cabane de plage, à Cabourg. Et c’est là que la justesse et le talent de scénariste de Danièle Thompson opèrent. On est loin de la première fois parfaite et fantasmée : Mathieu a un rhume, les deux adolescents s’installent sur un matelas gonflable, qui se dégonfle au moindre mouvement… Bref, Vic se confronte au réalisme de la situation, et finit par refuser de coucher avec Mathieu. Bien sûr, il est encore trop tôt pour parler de consentement, mais c’est le message que le film véhicule. La Boum 1 et 2 sont, en fait, plein de bons tutoriels pour de jeunes ados. Dans le deuxième volet, Françoise évoque par exemple, au détour de quelques euphémismes, l’importance de la santé sexuelle, quand elle propose à Vic de prendre rendez-vous chez sa « doctoresse » — comprendre gynécologue. C’est sans doute cet aspect didactique et préventif qui contribue au caractère intemporel de La Boum. Car si l’époque a changé, les émois de l’adolescence, eux, restent les mêmes.

Ces thématiques vous intéressent ? Vous pouvez retrouver notre article sur la sexualité et les premières fois sur notre site ou encore sur les mythes entourant l’hymen et la sexualité des jeunes filles.

Victoria Lavelle pour Celles qui Osent

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