Ces 5 Femmes auront marqué 2023

Guerre entre Israël et le Hamas, femmes prix Nobel d’économie, répression du mouvement « Femmes, vie, liberté » en Iran… Celles qui Osent vous propose une liste non-exhaustive de cinq femmes qui ont marqué 2023.

Fariba Adelkhah, chercheuse emprisonnée en Iran, de retour en France

Fariba Adelkhah est une chercheuse franco-iranienne, emprisonnée en Iran en 2019 pour « espionnage », et libérée en octobre 2023.  Née en 1959 à Téhéran, elle vient étudier en France, et réalise une thèse à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales sur « les femmes islamiques » dans « l’Iran post-révolutionnaire ». Egalement spécialiste de l’Afghanistan, elle travaille sur les Talibans et les minorités, et étudie les mouvements migratoires dans la région. Elle est nommée en 2004 directrice de recherches au Centre de recherches internationales de Sciences Po.
En juin 2019, elle est arrêtée en Iran avec son compagnon Roland Marchal, chercheur également, puis est incarcérée. Le gouvernement iranien l’accuse d’espionnage et « d’atteinte à l’ordre public ». Fin décembre 2019, Fariba Adelkhah avait entamé une grève de la faim pour protester contre son arrestation. En janvier 2020, les charges avaient été abandonnées, mais l’anthropologue avait de nouveau été poursuivie pour « complot contre la sureté nationale » et « propagande contre le système ». En mai 2020, elle est condamnée à 5 ans de prison à l’issue d’un procès, mais est libérée sous bracelet électronique. Finalement, en octobre 2023, elle obtient l’autorisation de revenir en France, et déclare au micro de France culture :
« On m’avait privée de mon terrain, mais on m’en avait donné un autre. Forcément, les codétenues se sont très vite transformées en véritables terrains pour moi. C’était le biais par lequel j’ai essayé aussi de respirer, de penser différemment. »

Sara Al Saqqa, la première femme chirurgien de Gaza

Fin août 2023, Sara Al Saqqa était diplômée, et officiellement chirurgienne. Cette gazaouie de 33 ans était la première femme de la bande de Gaza à pratiquer la chirurgie, et travaillait à l’hôpital Al-Shifa, dans le nord du territoire, bombardé depuis. Elle voulait ouvrir sa propre clinique, mais depuis le 7 octobre, date de l’attaque du Hamas contre Israël, tout a changé. Sara a immédiatement été appelée à l’hôpital. Elle raconte à la BBC les bombardements incessants, les centaines de civils pris en charge à l’hôpital après chaque attaque, le manque de place.
Avec l’intensification des bombardements et l’annonce par Israël d’une attaque imminente dans le nord, Sara Al Saqqa a décidé de fuir vers le sud de la bande de Gaza, à Rafah, avec sa famille, et est actuellement dans un camp de réfugiés. Elle été interviewée par de nombreux médias pour dénoncer la situation des civils gazaouis, et a appelé à un cessez-le-feu.

Claudia Goldin, prix Nobel d’économie

Agée de 77 ans, Claudia Goldin, économiste américaine, a été récompensée par le prix Nobel pour son travail sur l’insertion des femmes sur le marché de l’emploi aux Etats-Unis. C’était la première fois qu’une lauréate unique, qui plus est spécialiste des inégalités de genre, était nommée par le jury. Esther Duflo et Elinor Ostrom, deux autres femmes a avoir eu le Nobel dans cette discipline, étaient co-lauréates de collègues masculins. Claudia Goldin est professeure à Harvard, où elle a d’ailleurs été la première femme à obtenir un poste de professeure titulaire au département d’économie.
Elle travaille, à travers l’économie comportementale, sur la manière dont les événements historiques, les « chocs », les changements sociaux ou intimes impactent le comportement des femmes sur le marché du travail. Par exemple : l’apparition de la pilule contraceptive, l’arrivée d’un enfant, la mobilisation économique post-seconde guerre mondiale… Claudia Goldin a contribué à la naissance des études de genre au sein des universités, et a réalisé d’importants travaux, notamment  son étude sur la manière dont la généralisation de la technique du « paravent » tout au long du processus de recrutement des orchestres symphoniques (l’identité du candidat n’est révélée qu’après sa décision au jury, qui ne peut donc compter que sur ses oreilles) a permis de féminiser les orchestres américains.

Narges Mohammadi, prix Nobel de la paix

Le prix Nobel de la paix a cette année été attribué à l’activiste iranienne Narges Mohammadi pour « son combat contre l’oppression des femmes en Iran ». Âgée de 51 ans, elle a appris la nouvelle dans une prison de Téhéran où elle purge une peine de seize ans de prison, en raison de son activisme. Narges Mohammadi se politise très tôt, et devient journaliste après des études de physique, puis prend la tête du Defenders of Human Rights Center, une organisation iranienne de défense des droits des minorités, des femmes et des prisonniers politique.
Elle est arrêtée et emprisonnée plusieurs fois par la police iranienne. Son mari et leurs deux enfants s’exilent en France, mais Narges Mohammadi refuse de les suivre pour continuer son combat en Iran. Pour les un an de la disparition de Mahsa Amini, Iranienne de 22 ans arrêtée par la police des moeurs parce que son voile n’était « pas mis correctement », Narges Mohammadi brûle son voile dans la cour de la prison où elle est incarcérée.

Emmanuelle Debever, actrice, et première accusatrice de Gérard Depardieu

En 2018, l’actrice Charlotte Arnould portait plainte contre Gérard Depardieu pour viol, ouvrant la voix à quatorze autres femmes, qui accuseront elles aussi l’acteur de viols ou d’agressions sexuelles. Récemment, l’émission Complément d’enquête diffusait des images d’un documentaire réalisé par Yann Moix en 2015, et mettant en scène Gérard Depardieu lors d’un voyage en Corée du Nord. On y voit l’acteur tenir des propos sexistes et choquants à l’encontre des femmes qu’il rencontre sur place. Un jour avant la diffusion des extraits en question, Emmanuelle Debever se suicidait et sautait dans la Seine.

En 1982, Emmanuelle Debever a 19 ans, et joue, aux côtés de Gérard Depardieu, dans le film Danton. Elle aurait subi une agression sexuelle sur le tournage, qu’elle raconte en 2019, dans un post Facebook. Elle est la première femme à parler librement :

«Le monstre sacré s’était permis bien des choses durant ce tournage… Profitant de l’intimité à l’intérieur d’un carrosse. Glissant sa grosse patte sous mes jupons, pour soi-disant mieux me sentir… Moi, ne me laissant pas faire. Je n’en ai point parlé. Juste aux ami·e·s proches et à mon agent. Je n’ai pas été offusquée par ses gestes déplacés, je savais, je le sentais, mon instinct, que ce ne serait pas facile de tourner avec lui. Je m’attendais à tout. Donc, je l’ai remis à sa place. Il l’a très mal pris évidemment ».

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Les circonstances de sa mort restent floues, et une enquête a été ouverte.

Victoria Lavelle, pour Celles qui Osent

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