Barbara Butch, DJ féministe et « love activist »

Elle enflamme les dance floors des soirées les plus prisées de France et fait danser les féministes. La vie trépidante de Barbara Butch s’articule entre ses DJ sets et son activisme LGBTQ+.  Qui a dit que c’était contradictoire ? Elle s’est imposée en véritable reine de la nuit et fait vibrer le milieu militant. Elle ose prendre la parole pour dénoncer les discriminations imposées par notre société bien trop souvent grossophobe, sexiste et homophobe. La DJ  incarne un renouveau des représentations culturelles et c’est tant mieux !

Une DJ féministe et activiste LGBTQ+

Barbara Butch naît en 1981 à Paris, où elle grandit dans le VIIe arrondissement, sous des auspices féministes. Et pour cause, comme elle l’explique dans une interview diffusée sur France Inter, c’est à la clinique Marie Louise, dans le IXe, que Leslie Barbara Butch, de son vrai nom, voit le jour, une clinique où sont également nées sa mère, sa grand-mère et son arrière-grand-mère. Une histoire de femmes, autour de laquelle la famille Butch s’est construite. Ses parents sont issus d’un milieu plutôt modeste. Son père, d’origine marocaine, est peintre en bâtiment. Sa mère, juive ashkénaze, est secrétaire. Alors pendant que ses parents travaillent dur, Barbara enregistre des mixtapes sur des cassettes, et apprend le solfège, le piano, la guitare.

Très tôt, elle est victime des moqueries des garçons adolescents, qui raillent sa grosse poitrine. Au lycée, elle tombe amoureuse d’une fille pour la première fois, mais n’en parle pas. Ses débuts dans le monde de la musique, elle ne les fait pas à Paris, mais à Montpellier. Elle s’y installe à 22 ans, et travaille dans un restaurant quatre ans durant, où elle commence à mixer. À la fermeture de ce dernier, en 2008, Barbara Butch retourne dans la capitale, où elle se produit dans plusieurs bars de la scène LGBTQ+, notamment le Rosa Bonheur, et autres endroits prestigieux comme la Machine du Moulin Rouge.

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« Mais pourquoi rejette-t-on les gros ? »

En 2020, Barbara Butch fait la couverture de Télérama, sur laquelle on la voit poser nue, sous le titre suivant : « Mais pourquoi rejette-t-on les gros ? ». À la suite de la publication du magasine, la DJ explique :

« Le corps de la femme est toujours montré du doigt. On le scrute tout le temps, à tous les âges. On dit aux femmes comment elles doivent s’habiller, comment elles doivent s’asseoir. Dès qu’on est petite, on sait très bien qu’on est toujours scrutées. Et quand on est une femme grosse ou une personne grosse, en général, on est souvent moquées, insultées. On nous apprend ce que c’est la santé. On nous dit qu’on ne va pas tarder à mourir d’une crise cardiaque, qu’on est feignants… Je me suis dit que j’en avais marre que mon corps appartienne aux autres. J’avais besoin de le récupérer et de me le réapproprier, un peu comme les insultes et du coup, j’ai commencé à faire des photos de moi que je postais sur les réseaux sociaux, dénudée. Et c’est comme ça que m’est venue l’idée aussi de la couverture de Télérama. »

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L’effet de la Une de Télérama est immédiat : Facebook et Instagram censurent la photo. Barbara Butch s’impose peu à peu comme une icône du body positivisme. On la retrouve par exemple dans le court-métrage Extra Large réalisé par Marina Ziolkowski, dans lequel la grossophobie de notre société actuelle devient dystopique, en raison de son absurdité. Cet engagement pour l’estime de soi et de son corps atteint son paroxysme lorsque la DJ devient l’ambassadrice du parfum de Jean-Paul Gaultier « La belle intense ». On l’y voit nue, poser fièrement avec la bouteille de parfum, sur un fond rouge qui rappelle celui de la couverture de Télérama. Sur son Instagram, elle écrit :

« Tous les corps ont le droit d’exister et d’être représentés, même dans la mode et le luxe. »

Barbara Butch, « love activist » et militante de l’amour

Au-delà du prisme LGBTQ+ ou de celui du corps et de l’acceptation de soi, Barbara Butch se revendique comme étant une « love activist », une militante de l’amour. Son militantisme se traduit par plusieurs actions, comme lorsqu’elle assume le rôle de coordinatrice du pôle LGBTQ+ du bureau d’accueil et d’accompagnement des migrants, le BAAM, une association parisienne qui vient en aide aux réfugiés. Solidaire avec le mouvement de grève des femmes de chambres de l’hôtel Ibis Batignolles, elle mixe gratuitement et en l’honneur en 2019. En décembre 2021, elle est également élue personnalité de l’année par l’Association des Journalistes LGBTQ lors de la 4e cérémonie des Out d’or, qui récompense les initiatives médiatiques permettant de donner de la visibilité aux personnes LGBTQ+.

Barbara Butch a, en quelque sorte, pris sa revanche contre les personnes à l’origine du cyberharcèlement dont elle a été victime, en tant que femme « grosse » et lesbienne. Les moqueries et les haters ne l’ont pas empêché de continuer, au contraire. Car Barbara Butch fait partie de ces personnes incroyablement inspirantes, que rien ne semble pouvoir arrêter…

Victoria Lavelle pour Celles Qui Osent

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