C’est quoi l’afro-féminisme ?

L’afro-féminisme est un mouvement militant en faveur des droits des femmes, porté par des afrodescendantes, qui puise son origine dans le black feminism américain. Ces luttes nouvelles du féminisme contemporain émergent dans les années 1970. Elles sont issues de la pensée intersectionnelle, selon laquelle les discriminations de classe, de race, de genre peuvent se chevaucher et ainsi créer une nouvelle forme de stigmatisation. Celles qui Osent revient sur les origines de l’afro-féminisme et son héritage actuel.

C’est quoi l’afro-féminisme ?

Le black feminism est une lutte contemporaine du mouvement pour les droits civiques américains, qui précède l’afro-féminisme. Nous sommes alors dans les années 1960, décennie durant laquelle le féminisme est en plein dans sa deuxième vague : les femmes acquièrent de nouveaux droits (contraception, ouverture d’un compte en banque, avortement…) et commencent à prendre conscience de l’étendue des oppressions (politiques, familiales, intimes, professionnelles…) dont elles sont victimes.

Le black feminism, et par extension l’afro-féminisme, s’opposent à toute forme de ségrégation raciale. À l’origine, le mouvement n’est pas seulement constitué d’Afro-Américaines et concerne les femmes non blanches de manière générale.

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En 1969, la militante féministe Mary Ann Weathers publie un texte majeur : Un argument pour la libération des femmes noires comme force révolutionnaire. Dans cet essai, l’autrice explore le rapport entretenu par le mouvement des droits civiques et les féministes noires avec les féministes blanches, mais s’attaque aussi aux stéréotypes racistes dont sont victimes les femmes noires, stéréotypes qui, parfois, sont également véhiculés par les féministes blanches.

C’est un texte précurseur de la pensée intersectionnelle. Les femmes, peu importe leur couleur de peau, sont victimes de discriminations. Pour l’autrice, c’est cette oppression commune qui peut amener à « construire et transformer la force révolutionnaire que nous avons commencé à accumuler ».

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Une lutte pour une meilleure considération des femmes racisées

En 1970, l’Alliance des Femmes du Tiers-Monde publie le Manifeste des femmes noires qui appelle à une meilleure considération des femmes racisées :

« La femme noire demande une nouvelle gamme de définitions de la femme, elle demande à être reconnue comme une citoyenne, une compagne, une confidente et non comme une vilaine matriarche ou une auxiliaire pour fabriquer des bébés. »

Dans une interview donnée sur France Inter, la poétesse et afro-féministe Kiyémis explique que l’afro-féminisme n’est pas à envisager comme une sous-branche du féminisme blanc, que l’on a accusé d’être trop bourgeois et autocentré, mais constitue véritablement une lutte à part entière.

En France, l’afro-féminisme naît au sein de mouvements militants organisés dans les années 1970 et 1980 par des immigrées, exilées, ou Françaises issues de l’immigration. Elles forment des collectifs, comme le Groupe Femmes Algériennes, le Cercle des Femmes Brésiliennes, ou la Coordination des Femmes Noires.

L’héritage de l’afro-féminisme

Le mouvement s’est progressivement développé en Europe avec la traduction de penseuses issues du black feminism, et la création de collectifs. Le groupe Swatche, créé en 2017, et basé à Lyon vise par exemple à sensibiliser sur l’afro-féminisme et à offrir un espace de rassemblement et de rencontre pour les femmes noires. D’autres associations, comme Mwasi, existent également. Ses militantes défendent :

« Notre plein droit à l’existence, à la libération, au bonheur et à l’autodétermination ; ce que nous obtiendrons par l’abolition de la négrophobie, de l’hétéropatriarcat et du capitalisme. Un afro-féminisme comme une pratique politique et non une identité. »

Des oeuvres littéraires et cinématographiques afro-féministes ont notamment vu le jour. En 2016, la réalisatrice Amandine Gay diffuse à Saint-Denis son film Ouvrir la voix, financé via une cagnotte participative, interrogeant 24 femmes noires sur les discriminations subies par ces dernières en France et en Belgique.

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Victoria Lavelle pour Celles qui Osent

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