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Les 4 plumes qui m’envolent | Elles se sont inventé leur refuge

Dans Chroniques
16 mars 2021

Les 4 plumes qui m’envolent. Elles se sont inventé leur refuge

Avez-vous déjà retardé la fin d’une lecture où vous vous sentiez accueillie, protégée, réparée ? C’est le concept des plumes qui m’envolent. Des mots, féminins pour la plupart, qui m’allègent du poids de l’existence, voire, qui me catapultent en plein ciel. Savez-vous ce qui me plait le plus ? Ces femmes qui racontent leur rapport épidermique au récit, vécu comme une forteresse, un rempart, un hospice. Je sais, Chère lectrice, que nous partageons certains soir l’angoisse des lendemains incertains, qui font de nous des artistes, des femmes courageuses comme des destinées silencieuses. Alors, si on faisait une pause dans le non-temps de la littérature au féminin ? Je vous partage les plumes qui m’envolent à travers ces 4 femmes qui se sont inventé leur refuge. C’est par ici et ça fait du bien !

Goliarda Sapienza, un havre de paix par procuration

Quand j’ai ouvert l’Art de la Joie, de Goliarda Sapienza, l’histoire de Modesta ne m’a jamais lâché. J’aurais aimé côtoyer cette personnalité incroyable en vrai, pour m’offrir l’hospitalité dans la tourmente. Abandonnée par sa mère à un couvent, Modesta cherche partout la lumière de la liberté. Elle met toute sa malice à se fabriquer le foyer dont elle rêve. Avide de connaissance, sensible et sensuelle, elle parvient à sortir du monastère où elle est enfermée, se marie avec un Prince trisomique et à la mort précoce de sa belle-mère, prend les rênes du domaine. Commence alors la fondation d’une dynastie, à partir des idées neuves et audacieuses de cette femme révolutionnaire, engagée à habiter avec dextérité un siècle entier de mutations. Tour à tour religieuse, épouse, mère, amante, matriarche, philosophe avant-gardiste et politicienne, elle est la démonstration – fictive – que la joie se bâtit en contournant les circonstances.

Et que fait Goliarda Sapienza pendant que son personnage profite de la grande vie ? Elle est seule comme une ombre, dans un taudis, habillée de nippes crasseuses et elle peine à boucler ses fins de mois. Certains la considèrent comme une folle, vielle-fille qu’elle est, enfermée dans le noir à longueur de journée. C’est seulement après sa mort qu’on découvrira son talent, à échelle mondiale, même. Goliarda vivait en fait une existence d’une finesse incomparable à travers son personnage ami. Puisqu’elle ne pouvait expérimenter sa vie rêvée, elle a cultivé son jardin secret en imagination, avec le partage en prime. Inspirant non ?

Jeannette Walls, un refuge contre la maltraitance

Dans le Château de Verre, Jeannette Walls raconte son enfance, à peine nimbée d’autofiction. C’est un parcours instable et précaire, passé auprès de parents marginaux, qui contournent constamment les règles sociales élémentaires, quitte à mettre leurs enfants en danger. Par exemple ? À 3 ans, la jeune Jeannette s’ébouillante au 3e degré en faisant cuire des saucisses. Pour ne pas à avoir à payer les frais d’hôpital, le père, Rex, kidnappe la petite en pleine journée, avant que le traitement ne s’achève. Sans cesse sur les routes, vagabondant de nouvelles écoles en motels miteux, les enfants Walls sont très tôt confrontés à des responsabilités normalement réservées aux adultes.

Cette vie instable, pleine de promesses bafouées, est vécue par Jeannette comme une aventure. Elle rêve pendant des années à un château de verre en plein désert, dessiné par son père sur des plans imaginaires. Au fil des années passant, le masque du mensonge finira par tomber, marquant à jamais la nécessité de fuir cette famille destructrice. Armée de sa brillante plume, elle deviendra une journaliste de renom, capable de fonder un foyer sain et une famille heureuse. L’œuvre qui l’a rendu célèbre, c’est le récit de cette enfance chimérique, transcendée par et avec l’écriture. Un chemin bouleversant de la précarité au havre de paix. Le véritable château de verre en somme…

Emily Dickinson, faire de son intériorité une forteresse

La rentrée littéraire de septembre 2020 met à l’honneur Dominique Fortier et son magnifique roman sur Emily Dickinson, Les villes de papier. Dans une interview confinée, Dominique Fortier explique que l’écrivaine anglaise vivait en ermite de son plein gré, par une sorte d’attraction magnétique pour l’écho des silences. Quand nous souffrons du confinement, par dépendance aux surstimulations qui font époque, Emilie savourait la surprise constante de l’infiniment petit. En effet, quel meilleur emblème de refuge intérieur qu’Emily Dickinson, qui « a commencé par limiter ses visites au village, pour ensuite rester cantonnée au jardin (…) pour finalement élire domicile dans sa chambre (…) » Elle qui « vivait depuis longtemps dans bien plus petit encore : un bout de papier grand comme la paume ». Cette hypersensible, muette, vêtu d’un blanc sans artifices, aura passé sa vie à écrire des milliers de poèmes, en marge de toute reconnaissance sociale. Certains cherchent un traumatisme qui pourrait expliquer ce repli, mais d’autres croient qu’elle aurait été absorbée par le monde qu’on porte à l’intérieur de soi, comme Enzo dans Le Grand Bleu le fût par les profondeurs océaniques. Ses poèmes hypnotiques, portés par une économie de moyens invraisemblable, fascinent encore aujourd’hui. L’écriture serait-elle un lieu hospitalier, un moyen d’accéder au néant au fond de soi sans vraiment être seul ?

Marguerite Duras, bâtir un sanctuaire contre le néant

À peine réveillée de son coma, provoqué par l’alcoolisme qui la dévorera jusqu’à la fin de sa vie, Marguerite Duras ne pense qu’à terminer son manuscrit du Vice Consul. C’est la lutte des mots sur le silence, de la vie sur la mort, un cap à garder pour se sauver de l’errance. Dans une interview, le journaliste lui demande pourquoi elle a commencé à écrire. « Quoi faire de la solitude de cette maison ? Chercher à l’habiter par tous les moyens », répond-elle. Son écriture est donc une résidence où l’on s’abrite des écorchures du réel, de ses pourquoi insolvables. Le début de son œuvre est d’ailleurs marqué par le récit de situations vécues, comme si elle cherchait à comprendre ce qui lui était arrivé en cours de route. Un barrage contre le pacifique par exemple, raconte la lutte insensée de sa mère pour sauver ses cultures des crues océaniques. L’amant est le récit d’un amour de jeunesse qui l’a transformé à jamais. En même temps, la fiction (et ce sera le revers de cette quête dangereuse), c’est habiter un abri incertain, ouvert au vents des hivers glacés et qui menace de s’effondrer dans les tempêtes de la vie. Se souvenir, c’est brouiller les pistes entre le réel et l’imaginaire, au point de retomber à certains moments dans le vagabondage… En cherchant à consigner le néant en lieu sûr, Marguerite Duras aura dénoué quelques mystères de la nature humaine, au grand bonheur de ses lecteurs. On ne peut que l’en remercier !

 

Vous arrivez à la fin de ces escales littéraires de sanctuaires en cabanes. Je ne sais pas vous, mais même les histoires difficiles me rassurent, parce qu’elles me donnent le sentiment de ne pas être seule. Souvent et d’autant plus aujourd’hui, aller mal fait fuir. Aucun vivant n’est capable de supporter le déchirement intérieur d’un autre, sans perdre sa propre énergie. Le seul endroit où j’ai trouvé une voix sans âge capable de me réconforter, sans être effrayé par la profondeur de mon mal, c’est dans les livres. J’espère que ces 4 exemples de femmes qui ont su s’inventer un refuge vous ont inspiré. Dites-nous si vous connaissez vous aussi un lieu littéraire hospitalier où partager une amitié !

Charlotte Allinieu, Celles qui Osent

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Articles similaires
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Projet de naissance : s’affranchir d’un modèle imposé

Dans Chroniques
19 janvier 2021

Les projets rythment notre existence. Qu’ils soient professionnels, immobiliers, ou amoureux, ils s’élaborent à chaque étape importante de notre vie. Alors, pourquoi rester passif devant l’acte le plus sacré ? Seulement 3,7 % des femmes rédigent un projet de naissance. Ce document, réalisé avant le 7e mois de la grossesse, favorise le dialogue entre les praticiens du lieu de l’accouchement et les futurs parents. Recommandé par la Haute Autorité de Santé, il consigne les volontés et le consentement des parturientes (femmes en train d’accoucher). Si la parole des femmes a généré ce virage sur la périnatalité, quelles en sont les motivations ? Quels en sont les freins ? Comment les dépasser ? Et pourquoi encourager un changement social autour de la naissance ? Plutôt que de vous servir un exemple de projet de naissance, je vous propose d’aborder le sujet sous un angle différent pour prendre du recul et explorer ses réels enjeux.

Le respect de la pudeur et de la parole des femmes

Infantiliser les futures mères au profit de la médecine

L’hypermédicalisation a rallongé la durée des accouchements de 2 h 30, depuis les années 1960. En France, en l’absence de complication, 3 échographies demeurent obligatoires. Néanmoins, à cause de l’augmentation de l’âge moyen des femmes enceintes (30 ans pour la première grossesse), ce chiffre a tendance à doubler. La surmédicalisation semble déliter peu à peu la vision holistique de la périnatalité. Car elle transforme les parturientes en mammifères captifs privés de leurs instincts primitifs. De ce fait, à peine 17 % d’entre elles expriment leurs volontés sur le déroulement de l’accouchement. Sidérées, elles se laissent guider passivement par un système ultra protocolaire. Par exemple, 89 % d’entre elles sont allongées sur le dos pour la phase d’expulsion. Pourtant, il a été démontré que cette position, certes commode pour le personnel hospitalier, ne facilitait pas l’ouverture du bassin et endommagerait le périnée.

Se réapproprier son corps

L’anticipation de l’accouchement suggère un lot de préoccupations : gestion des contractions, touché vaginal, épisiotomie, péridurale, forceps, soins du nouveau-né, etc. La récente controverse sur les violences obstétricales révèle une méfiance croissante envers les pratiques touchant l’intimité des femmes. Ces actes, certes parfois incontournables, doivent faire l’objet d’une information et d’un consentement préalables. Imaginer un projet de naissance permet d’obtenir une position proactive, de savoir ce que l’on désire éviter ou prévenir. Sa conception nous encourage aussi à nous orienter vers un choix adapté de préparation à l’accouchement (sophrologie, acuponcture, réflexologie, yoga prénatal, etc.).

Vivre pleinement un évènement métaphysique

Devenir actrice de son accouchement génère un sentiment de maîtrise. Une mise au monde naturelle aiderait à renforcer le lien d’attachement entre la mère et l’enfant. Mais la crainte de la douleur, la peur de l’inconnu et le retour à un état animal représentent un challenge unique. En conséquence, accueillir tout cela jusqu’au bout et par choix est une démonstration de solidité mentale. C’est se transcender et se prouver que l’on peut tout surmonter. Même si le recours à la péridurale reste un confort salutaire.

L’accouchement entre les mains d’une profession désabusée

Une science pour servir et aider les femmes

La fonction d’accoucheur, ou maïeuticien, existe depuis l’antiquité. Saviez-vous par exemple que les mères de Socrate et Aristote l’ont pratiquée ? À l’époque, cette discipline représentait un rôle majeur dans la médecine légale. Majoritairement effectuée par des femmes, le terme de sage-femme ne fera surface qu’au XVIIe siècle. Aujourd’hui encore, seulement 2,6 % d’hommes l’exercent.
Au Moyen Âge, on les appelait « matrones ». D’ordinaire issues des classes pauvres, elles assistaient les accouchements des paysannes. L’efficacité de leur savoir-faire finit par obérer les pouvoirs religieux. Il gêna les absurdes idéologies phallocrates, qui associeront cette science à des pratiques occultes. Pour cette raison, elles deviendront les premières victimes de la chasse aux sorcières durant l’inquisition.

Naissance du premier mannequin de simulation en médecine
Angélique du Coudray a inventé le premier mannequin de simulation en médecine


Angélique du Coudray, héroïne inconnue
, a été la première maîtresse sage-femme à enseigner officiellement cet art. Elle forma gratuitement plus de 5 000 élèves. Son dévouement et sa pédagogie contribueront à inverser la courbe du taux de natalité français, qui déclinait sérieusement au milieu du XVIIIe siècle. En outre, elle a inventé le premier mannequin de simulation en médecine. Pourtant, son nom n’apparaîtra jamais au panthéon des personnages féminins marquants. Comme si une femme qui prenait soin des femmes ne pouvait devenir illustre.

L’ambition d’exercer le plus beau métier du monde

C’est la première profession régie par un diplôme d’État, elle demande 5 ans d’étude et assure 80 % des accouchements nationaux. Cependant, une sage-femme gagne seulement (en début de carrière) 1 600 euros net par mois et endure des gardes de 12 heures en alternance jour/nuit. Alors qu’un dentiste avec le même niveau de formation approche un salaire mensuel de 6 000 euros net.
Bien que le nombre de naissances reste stable chaque année en France, deux tiers des maternités ont fermé leurs portes en 40 ans. De gros centres déshumanisés sont favorisés au détriment des maternités de proximité. Avec son hashtag #JeSuisMaltraitante, Anna Roy (sage-femme chroniqueuse dans l’émission La Maison des Maternelles) explique comment certaines de ses gardes se transforment en un véritable cauchemar à cause du manque d’effectif. Elle doit parfois gérer simultanément 4 patientes en plein travail en plus des urgences. Se rendant complice de situations de détresse traumatisantes. Une enquête réalisée par le Collège National des sages-Femmes de France (juin 2020) révèle que 40 % d’entre elles souffrent de burn-out et qu’une sur deux désire quitter la profession.

Les solutions pour un projet de naissance respecté

Une sage-femme pour une femme

Anna Roy a lancé, à travers une pétition, une revendication claire : « Une sage-femme pour une femme », tout comme c’est le cas en Angleterre ou en Suède. En effet, l’accompagnement des parturientes nécessite une énorme disponibilité psychique. Surtout si la future maman aspire à un accouchement physiologique. Un tel dessein ne devrait pas dépendre d’horaires ou d’un manque d’effectif. De même, cette inclination apolitique pourrait amorcer une nouvelle discussion entre sa profession et le ministère de la Santé.

Le retour de la doula

La doula complète le corps médical dans un soutien émotionnel et pratique. Ainsi, elle informe la femme enceinte sur ses droits et sur toutes les méthodes qui s’offrent à elle pour vivre une maternité qui lui ressemble. Par ailleurs, elle incarne un visage bienveillant, sans jugement sur lequel la mère peut se reposer avant, pendant et après l’accouchement. Des études relayées par l’association des doulas de France démontrent que leur accompagnement en salle de naissance réduirait de 50 % les césariennes, de 25 % le temps de travail et de 60 % l’usage de la péridurale. Cependant, s’offrir leurs services représente un budget de 350 à 800 euros (40 à 70 euros par séance).

La naissance pour renouveler la société

L’importance des 1 000 premiers jours de vie

En septembre 2020, le neuropsychiatre Boris Cyrulnik publie le rapport intitulé « les 1 000 premiers jours ». À l’origine de l’augmentation du congé paternité en France, ses études démontrent l’impact de la période pré et postnatale sur le développement de l’enfant. Il se révèlerait plus déterminant encore que le patrimoine biologique. Néanmoins, plus de la moitié des parents ressentent des difficultés à appréhender leur nouveau rôle parental. C’est pourquoi il est essentiel de dépister la dépression du postpartum et de prévenir le risque d’un sentiment d’échec ou d’impuissance. En effet, ces facteurs influent sur l’état psychologique de la mère et par conséquent, sur le lien d’attachement avec son bébé. Or, une relation sécurisante aiderait l’enfant à :

  • réguler ses émotions face au stress ;
  • explorer son environnement avec confiance ;
  • optimiser son développement cognitif et psychoaffectif ;
  • adopter des comportements sociaux empathiques et coopératifs.

Un progrès social pour les femmes

La maternité contribue inexorablement à l’inégalité salariale des femmes. Selon l’Insee, si l’écart de salaire stagne aux alentours de 7 % entre les hommes et les femmes sans enfant, il se creuse à 23 % entre les pères et les mères. L’allongement du congé paternité représente une mince avancée pour atténuer cette tendance. Cependant, l’implication des pères et l’évolution de l’intérêt politique autour de ce sujet ne pourront qu’amender la position des femmes. Exploiter cette ouverture en accordant de l’importance à la périnatalité s’avère donc opportun. Car c’est dans nos berceaux que l’on renouvèlera la société.

En définitive, le projet de naissance remet à sa juste place le rôle de la future mère. Néanmoins, pour démocratiser cet usage, il faudrait que les parturientes n’éprouvent plus la crainte de déranger un personnel lassé et surmené. De plus, elles devront s’affranchir des jugements et de la culpabilité pour oser s’octroyer le droit d’être unique et en phase avec leurs choix. Car si les enfants créent les parents, nous devons soigner leur mise au monde. Et vous ? Comment avez-vous vécu votre accouchement ? Ou comment prévoyez-vous de le vivre ? Racontez-nous. Enfin, si cet article vous a plu, découvrez également l’histoire de ces femmes qui se sont engagées pour le bien-être de nos bébés.

Jessica Martinelli — Rédactrice Web SEO

Sources :


  • Enquête nationale périnatale rapport 2016
  • Podcast « Sage-Meuf » d’Anna Roy, premier épisode
  • Angélique du Coudray
  • Le Figaro, « La maternité un frein à l’égalité salariale femmes-hommes », 19 février 2019
  • Association doulas de France
  • Rapport de la commission des 1 000 premiers jours, septembre 2020

 

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Oser Dire Non | Un Guide pour enfin Refuser

Dans Chroniques
16 novembre 2020

« Heureux et libre est celui qui ose dire non, » Peter de Genestet. Voilà, en une phrase, la vision de cet article. Tout accepter, c’est vivre pour les autres. Progressivement, chaque proposition, chaque invitation nous met face à un malaise grandissant. D’un côté, la fatigue et l’envie de dire non. De l’autre, cette peur envahissante de déplaire, de vexer ou d’être jugée. Oser dire non, c’est oser vivre pour soi. Apprendre à refuser, c’est affirmer ses valeurs et son identité. Décliner les demandes déplaisantes, c’est s’autoriser à choisir les projets qui nous font vibrer. Pourtant, savoir dire non n’est pas si simple. Dans cet article, apprenez à affirmer vos refus et à mener une communication constructive.

L’importance de savoir dire non

Tout accepter : une voie directe vers l’épuisement et la perte de sens

Oser dire non est essentiel pour votre épanouissement personnel et professionnel. Vous le savez.

Souvenez-vous… Cette soirée où vous vous êtes écroulée dans votre lit, exténuée. Une fois de plus, vous n’avez pas réussi à refuser de garder les enfants de votre amie. Parfois, c’est un déménagement. D’autres fois, c’est une soirée à laquelle vous n’avez absolument pas envie de vous rendre. Vous avez tellement d’engagements sur les bras, que ne savez plus comment gérer votre stress.

Souvenez-vous, aussi, de ce client abusif. Non seulement vous travaillez pour des valeurs contraires aux vôtres. Mais, en plus, il devient votre patron tyrannique, vous demandant toujours plus de tâches non payées.

C’est toujours le même scénario. On se tourne vers vous, la bonne poire, sachant que vous n’aurez pas la force de refuser. On vous fait les yeux doux, quelques compliments… et vous voilà embarquée dans un projet incongru, épuisant. Peur de déplaire, peur du jugement, envie de faire plaisir pour ne pas finir abandonnée.

Peu à peu, vous accumulez frustration, colère et fatigue.

Savoir dire non pour enfin vivre

Au fond, vous savez que vous devriez refuser. Mais vous laissez couler… J’aimerais vous faire prendre conscience d’un fait : tout accepter, c’est passer à côté de sa vie. Car vous dites oui à tout le monde, sauf à vous-même.

Alors, pourquoi dire non ?

  • Pour vivre VOTRE vie. Pas celle des autres. Arrêtez d’exister pour les autres, de reporter les projets qui vous tiennent à cœur. Concentrez-vous, pour une fois, sur votre bien-être.
  • Pour avoir une vie professionnelle alignée à vos convictions. Dans une quête de sens, dire non est essentiel. Vous avez des valeurs ? Vous voulez défendre une cause ? Alors refusez les clients et missions qui ne vous correspondent pas ! Dénoncez les conditions de travail abusives. Bref : fixez des limites et osez l’épanouissement professionnel.
  • Pour améliorer vos relations. Refuser certaines invitations, c’est choisir uniquement celles qui vous plaisent. Ainsi, vous serez plus joyeuse, plus agréable, plus disponible lors de vos activités. Votre entourage vous en sera reconnaissant !

Avoir la force de dire non, pour savoir pleinement dire oui ! Vous pourrez enfin choisir votre vie, vos projets. Et vous donner à fond pour ce qui vous enthousiasme !

gagner-en-confiance-pour-oser-nonGagner en confiance pour oser dire non

Pourquoi est-il difficile de dire non ?

Pourquoi dire non est-il si difficile ? Voilà une question légitime.

  • Le plus souvent, on ne sait pas comment refuser parce qu’on a peur. Peur de déplaire, peur du jugement, peur de vexer la personne, etc. On a l’impression que dire non une fois, c’est dire non toujours. On pense que décliner une invitation, c’est s’exposer à ne plus jamais être invitée. À finir seule.
  • On peut également ne pas oser décliner une demande parce qu’on se relègue constamment au second plan. On a tellement l’habitude de tout faire pour les autres, qu’on s’oublie. On essaye de deviner les besoins des autres, sans même penser aux nôtres.

Ces deux difficultés ont une même origine : un manque d’estime et de confiance en soi. À cause de cela, on culpabilise dès qu’on ose dire non. Soit parce qu’on pense ne pas mériter de combler ses propres besoins. Soit parce qu’on a peur des conséquences.

Je voudrais vous dire une certitude que j’ai construite au fil des années…

S’imposer, c’est déplaire à certains, c’est vrai. Mais s’affirmer permet avant tout d’être aimé pour qui on est. Je vous rassure : votre entourage ne va pas partir en courant ou vous détester parce que vous arrêtez de dire oui à tout et n’importe quoi. Ou alors c’est qu’ils ne méritaient pas votre affection… Souvent, ils feront preuve de compréhension. De plus, combler vos besoins fera de vous une personne plus épanouie, plus joyeuse. Cela sera bien plus agréable pour votre entourage qu’un zombie exténué.

Un refus mal affirmé n’est pas un refus

Un refus hésitant, à moitié formulé ou noyé sous une montagne d’excuse n’est pas un vrai refus. On laisse à l’autre le pouvoir de négocier, de décider à notre place.

Voilà quelques exemples de refus qui ne sont pas efficaces.

  • Refuser avec un air interrogateur, incertain. Cela laisse la porte ouverte à la négociation, aux supplications.
  • S’excuser à outrance ou tenter de se justifier. Cela suggère que vous êtes dans l’erreur et que vous êtes redevable envers la personne. Ce n’est pas le cas !
  • Ne pas donner de réponse jusqu’à ce que l’interlocuteur laisse tomber. C’est particulièrement facile à faire par message…

Dans ces situations, vous perdez de l’énergie, vous faites perdre du temps à la personne en face de vous et vous donnez éventuellement de faux espoirs. D’expérience, je peux vous dire que ça ne sert à rien ! C’est encore plus inconfortable de laisser planer le doute, que de dire un non ferme, définitif et affirmé.

Moralité : gagnez confiance en vous pour affirmer votre « non » clairement et définitivement.

Quelques astuces pour s’affirmer et gagner confiance en soi

Avant d’oser dire non, il va vous falloir gagner confiance en vous !

  • Le yoga est extrêmement efficace pour reprendre confiance en soi. D’abord parce que les postures stables indiquent au cerveau que vous êtes en position de puissance ! Ensuite parce que la méditation et le calme des asanas permettent d’apaiser l’esprit. Loin de vos pensées culpabilisantes et dégradantes, vous créez une nouvelle force intérieure.
  • Entourez-vous de personnes qui vous soutiennent et vous encouragent quoiqu’il arrive.
  • Soyez votre premier fan ! Félicitez-vous à chaque réussite, aussi petite soit-elle. Faites preuve de bienveillance envers vous-même. Soyez votre propre pilier.
  • Prenez soin de vous pour réaliser, petit à petit, que vous en valez la peine. Accordez-vous une séance de sport agréable. Profitez d’un automassage ou d’un bain chaud. Autorisez-vous une sieste quand vous êtes fatiguée. Bref : chouchoutez votre corps et votre esprit. Donnez-vous l’importance que vous méritez.

Un exercice d’écriture pour gagner en estime de soi

Confiance en soi et estime de soi sont très différentes.

  • La confiance en soi est le fait de savoir que vous avez les compétences ou la force pour faire face à une situation donnée. On peut être confiant lors d’une partie d’échecs, mais perdre les pédales devant une classe de 25 personnes. Cela dépend de vos capacités personnelles et l’image que vous en avez.
  • L’estime de soi est le fait de s’accorder de la valeur, de penser mériter des attentions positives.

Je vous propose un exercice très puissant pour vous rendre compte de votre valeur. Il s’agit de prendre une heure pour lister vos accomplissements. Écrivez ce pour quoi vous êtes fière de vous. Ce que vous avez réussi dans votre vie. Pensez aux actions pour lesquelles on vous a remerciée, félicitée. Pensez à l’impact que vous avez eu sur votre entourage. Vous voyez : vous êtes importante, vous êtes utile, d’une manière ou d’une autre.

Faites de cet exercice une habitude quotidienne. Chaque soir, pensez à votre journée et listez un minimum de 3 faits pour lesquels vous êtes fière de vous. Ça peut être de tous petits actes, comme de plus importants. Un mot d’ordre : félicitez-vous.

refuser-poliment

Savoir quand refuser poliment

Avant d’oser dire non, il faut savoir identifier les situations qui le demandent.

La méditation pour trouver le calme intérieur

La méditation est un merveilleux outil pour mieux vous connaitre. Il s’agit de vous poser 5, 10 ou 20 minutes, calmement, et de concentrer toute votre attention sur une seule chose. Cela peut être les paroles d’un professeur – dans le cadre d’une méditation guidée, votre propre respiration, ou encore la visualisation des vagues régulières dans votre esprit. Cette pratique apaise immédiatement l’esprit, permet de faire décanter ses pensées.

Progressivement, vous réussirez à laisser de la place aux pensées positives, et vous détacher des pensées négatives. Surtout, vous apprendrez à mieux vous connaitre. Vous décèlerez les signaux discrets de vos émotions et découvrirez une nouvelle faculté : l’intuition. Ainsi, vous saurez de mieux en mieux identifier les moments où dire non est le mieux pour vous.

Un exercice d’écriture pour identifier les situations à refuser

Prenez un papier, un stylo et écrivez tout ce que vous faites actuellement pour les autres. Identifiez les situations qui vous déplaisent ou vous fatiguent. Notez pourquoi cela ne vous convient plus de faire le repas tous les soirs, passer des heures à aider votre amie à déménager ou encore sortir avec ces connaissances qui vous mettent inconfortable. Prenez conscience de toutes ces situations désagréables, que vous acceptez pour faire plaisir aux autres. Que vous continuez par peur du jugement ou de la solitude. Prenez l’engagement ferme de ne plus accepter ces circonstances !

Une méthode pour apprendre à dire non : la communication non violente

Quelques conseils pour savoir dire non

Oser dire non, c’est donner une réponse affirmée, polie, mais définitive. Pour refuser poliment, vous pouvez mettre en place les conseils suivants.

  • Proposer une alternative. Plutôt que d’annuler une invitation à cause de la fatigue, suggérez de simplement reporter.
  • Remercier. Que ce soit une demande de service ou une invitation, vous pouvez remercier votre interlocuteur. En effet, ce type de requête démontre qu’il a pensé à vous, qu’il vous apprécie, qu’il vous fait confiance, etc.
  • Expliquer vos ressentis, besoins et contraintes de manière authentique et transparente. Comprenant la source de votre refus, votre interlocuteur ne pourra pas se vexer. Attention cependant : vous n’êtes pas obligée de vous justifier. Faites-le si cela vous semble approprié, ou que vous déclinez la proposition d’une personne qui vous est chère.

Ce dernier point est justement l’objet de la méthode que je souhaite vous présenter : la communication non violente.

Faire une demande en CNV (communication non violente)

La communication non violente est une méthode d’introspection et de communication. Elle vise à créer et maintenir des relations enrichissantes, tout en restant en accord avec ses valeurs personnelles et en honorant ses propres besoins.

L’une des bases de la CNV consiste en effet à prendre conscience de ses besoins et chercher à les combler au mieux. Cette méthode relationnelle permet d’apprendre à dire non poliment, en s’affirmant.

Une demande en CNV se divise en 4 grandes étapes.

  1. J’ai remarqué que… [Exposition des faits de manière objective et spécifique].
  2. Dans ces situations, je me sens… [Description de vos émotions et sentiments].
  3. J’ai besoin de… [Affirmation de vos besoins].
  4. Je te propose de… [Formulation d’une demande claire pour combler vos besoins].

Imaginons par exemple que votre conjoint vous demande de laver la cuisine. Vous pouvez utiliser la CNV pour refuser poliment. « Cette semaine, j’ai fait quatre fois la vaisselle et passé le balai. Cela m’a pris 2 h. J’ai remarqué que tu as simplement lavé les vitres, en 20 minutes. Dans ces situations, je me sens en colère, car je ressens un déséquilibre. J’ai besoin de justice dans la répartition des tâches ménagères. Je te propose de revoir notre planning de répartition afin de trouver un bon compromis. »

Face à une exposition honnête et sincère de vos sentiments et besoins, votre interlocuteur a tendance à se montrer compréhensif, empathique.

Oser dire non progressivement

Au premier abord, la CNV semble scriptée, peu naturelle. Comment concilier ce scénario étrange avec une parfaite sincérité ? Ma réponse risque de ne pas vous plaire : la pratique. Utilisez cette méthode, jusqu’à ce qu’elle devienne naturelle. Essayez d’abord de formuler des petites demandes, auprès de votre entourage proche. Puis osez dire non à des invitations. Appliquez ensuite les étapes de communication avec des collègues, ou sur des demandes plus importantes.

Bref : appropriez-vous la CNV, osez refuser de plus en plus et gagnez progressivement confiance en vous.

Voilà quelques bonnes pratiques pour vos premiers essais.

  • Entrainez-vous à refuser lorsque vous êtes seule. Pratiquez à voix haute pour travailler le ton et la posture. Apprenez à parler ni trop fort, ni trop bas. Vous devez être entendue, sans être agressive.
  • Exprimez-vous toujours en « je ». Vous pouvez parler de votre expérience, vos ressentis. Pas de ceux des autres.
  • Commencez par vous affirmer dans des situations sans enjeux ni conséquences. Refusez de reprendre du dessert par exemple.

Identifier ses besoins pour bien utiliser la CNV

Même sans suivre les étapes scriptées de la CNV, vous pouvez appliquer cette méthode relationnelle. Commencez tout simplement par réfléchir à comment vous vous sentez. Identifiez les besoins qui ne sont pas comblés lorsque vous éprouvez une émotion difficile.

Peu à peu, laissez de la place à vos émotions, vos besoins. Reconnaissez leur importance. Affirmez-les, à vous-mêmes, puis aux autres.

Bientôt, vos émotions seront des signaux d’alarme. Elles vous indiqueront, sans prendre le dessus sur votre calme, que vous devez oser dire non. La joie et l’enthousiasme reflètent une valeur profondément comblée. La tristesse ou la colère alertent, au contraire, d’un besoin qui n’est pas assez nourri ou qui a été contrarié.

Pour apprendre à mieux vous connaitre, n’hésitez pas à vous référer à cette liste des besoins.

Vous savez maintenant comment décliner une proposition qui ne vous convient pas ! Votre mission, si vous l’acceptez : oser dire non. Commencez enfin à vous respecter, à honorer vos besoins et à écouter vos émotions. Ainsi, vous profiterez pleinement de chaque « oui ». À la clé : un quotidien épanoui et une vie professionnelle alignée avec vos valeurs. Alors, prête à affirmer votre refus ?

Cet article a été rédigé par Bérénice Bieuville, d’Envol de Yogi ! Sur ce site, j’aide les indépendants à trouver le bien-être et s’épanouir pleinement. Gestion du stress, confiance en soi, organisation, énergie… Devenez votre priorité et votre business fleurira.

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1 Comment
    Looten says: Reply
    mars 27th 2021, 8:16

    Superbe et talentueuse écrire de Charlotte Allinieu, tu m’emmènes dans les profondeurs de ta plume.
    Merci

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