La reine de la coco, la veuve noire, la madrina… Griselda Blanco a été affublée de nombreux surnoms, tous plus terrifiants les uns que les autres. Membre du cartel de Medellín, une organisation criminelle spécialisée dans le trafic de drogue entre les États-Unis et l’Amérique latine, mentor de Pablo Escobar, tueuse de maris… Griselda Blanco a vécu une vie de crimes, d’aventures, et de trafics illégaux avant son assassinat en 2012. À l’occasion de la sortie de la série Netflix dédiée à sa vie, Celles qui Osent revient sur le destin hors-la-loi de Griselda Blanco.
Une enfance passée dans les bidonvilles de Medellín
Griselda Blanco est née en 1943, en Colombie. Âgée de trois ans, elle déménage avec sa mère dans les bidonvilles de Medellín, en Colombie, ville connue pour ses trafics de drogue et son insécurité. C’est là que Griselda Blanco débute sa « carrière » de criminelle. Selon son ex petit-ami, interviewé dans le documentaire Cocaine Cowboys, diffusé en 2008, elle aurait, à 11 ans, kidnappé puis tué un garçon issu d’une famille aisée d’une balle dans la tête, les parents de ce dernier refusant de payer la rançon… À 14 ans, Griselda Blanco quitte le foyer, victime d’une mère violente et abusive. Elle vole et se prostitue pour survivre. Elle rencontre alors son mari, un proxénète, dans les bas-fonds de la capitale colombienne, avec qui elle aura trois fils. Mais son premier mariage cessera à la mort de ce dernier, assassiné, selon la légende, par Griselda Blanco, à cause d’un business qui aurait mal tourné. Toutefois, selon le journaliste José Guarnizo, biographe de la veuve noire, ce dernier serait mort d’une cirrhose.
Elle épouse alors Alberto Bravo, trafiquant de drogue, avec qui elle émigre à New York au début des années 1970. Le couple vit dans le quartier pauvre du Queens et se lance dans un trafic de cannabis, qui peine à réussir : l’herbe est volumineuse, et la transporter prend de la place. Les mules se font donc facilement repérer. C’est ainsi que l’idée de la cocaïne germe dans le cerveau de Griselda Blanco. La construction d’un véritable empire est lancée. Griselda a également quitté la Colombie avec ses trois fils, à qui elle offre une éducation de qualité dans les institutions privées new yorkaises.
Griselda Blanco, reine de la coco
Alors que se met en place un trafic de cocaïne fructueux entre l’Amérique Latine et le Queens new yorkais, Griselda Blanco décide d’augmenter le rendement et la production de drogues en embauchant davantage de mules tout en ayant conscience de la dangerosité d’une telle opération. Elle lance ainsi la construction d’une usine de sous-vêtements féminins en Colombie, auxquels elle fait ajouter un compartiment invisible pour y cacher la cocaïne. Elle fait aussi jouer son réseau et ses connaissances parmi les prostituées de Medellín, qu’elle paye pour voyager de la Colombie aux États-Unis, la drogue cachée dans leur soutien-gorge. Ainsi, le couple formé par Griselda Blanco et Alberto Bravo emploie 1 500 dealers au milieu des années 1970.
Mais en 1975, Griselda Blanco, ciblée par une enquête des autorités fédérales américaines, doit fuir pour la Colombie en avion privé. Elle est inculpée aux côtés de son mari et de trente subordonnés, ce qui dépasse de loin toutes les autres affaires de trafic de drogue de l’époque. De retour dans son pays natal, Griselda Blanco accuse son mari d’avoir pillé les ressources financières de leur entreprise, et le fait assassiner. Là encore, le journaliste José Guarnizo émet quelques réserves sur cette mort et suppose qu’Alberto Bravo aurait plutôt été tué par des dealers du cartel de Medellín.
Miami, l’apogée de l’empire de Griselda Blanco
En 1978, après quelques années passées en Colombie, Griselda Blanco épouse Dario Sepúlveda, avec qui elle a un fils. Le couple décide alors de partir aux États-Unis, mais veut s’installer à Miami. Si Griselda Blanco est toujours recherchée par les autorités américaines, elle demeure méconnaissable : son visage est défiguré par la drogue et l’addiction, ses traits sont bouffis, et son corps est empâté. A Miami, Griselda Blanco connaît l’apogée de son empire. Sa fortune est alors estimée à 1,5 milliards de dollars. Son retour aux Etats-Unis marque le déclenchement d’une guerre entre des gangs. On lui prête plus de 200 homicides : assassinats commandités, expédition punitives, trafiquants rivaux… « Le seul homme dont j’ai toujours eu peur est une femme nommée Griselda Blanco », aurait dit Pablo Escobar à son propos.
Le début des années 1980 marque le déclin de la reine de la coco. Son mari s’enfuit pour la Colombie avec leur fils. Griselda Blanco l’aurait fait assassiner d’une balle dans la tête dans sa voiture, alors que son fils était sur le siège passager. Deux ans plus tard, en 1985, la veuve noire est arrêtée en Californie par Bob Palumbo, agent de l’équivalent de la police des stupéfiants, après 10 ans de traque. Elle écope d’une sentence de 15 ans de prison pour trafic de drogue et est également accusée de trois homicides, mais continue le deal depuis sa prison, dont elle sort en 2004. Elle retourne alors en Colombie après s’être fait expulser des Etats-Unis. Griselda Blanco sera assassinée en 2012 par deux motards dont on ignore l’identité. Elle avait 69 ans.
La vie de Griselda Blanco nous prouve que l’audace n’est pas toujours positive !
Diffusée fin janvier 2024 sur Netflix, la mini-série Griselda a comptabilisé 20,6 millions de spectateurs en trois jours. Le programme romance largement la vie de Griselda Blanco, et accentue certaines légendes issues de sa vie d’hors-la-loi, comme par exemple les meurtres de ses différents maris, ou une prétendue amitié avec Pablo Escobar alors qu’il semblerait, selon les spécialistes du sujet, qu’ils étaient davantage ennemis que partenaires.
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Victoria Lavelle, pour Celles qui Osent