Claudie Haigneré, première française à être allée dans l’espace
Tour à tour médecin, docteure en neurosciences, astronaute ou encore ministre, Claudie Haigneré fait résolument partie de celles qui osent. Si elle est connue pour être la première femme française et européenne à être allée dans l’espace, la soixantenaire a surtout prouvé à des milliers de jeunes filles que les femmes ont toute leur place dans les sciences et la technologie. Retour sur un parcours hors normes.
De la rhumatologie aux étoiles : première Française dans l’espace
D’abord médecin
Après avoir obtenu son bac à quinze ans, la jeune Claudie décide d’étudier la médecine. Quelques années plus tard, en 1985, elle commence sa carrière médicale à l’hôpital Cochin de Paris, où elle restera huit ans. Après ses débuts en tant que médecin rhumatologue, elle devient chercheuse au laboratoire neurosensoriel du CNRS. Là, elle étudie notamment l’adaptation des systèmes sensori-moteurs en microgravité.
Mais très vite, c’est une carrière dans la médecine spatiale qui se dessine pour elle. Dans les années 1990, elle devient responsable de la médecine spatiale au Centre National d’Études Spatiales (CNES) et participe activement aux orientations de la recherche spatiale, en collaboration avec les laboratoires français et internationaux.
Entre 1989 à 1992, elle assure la coordination scientifique de la mission franco-russe Antarès. Et en 1996, nouveau tournant : elle fait partie des astronautes sélectionnés pour participer à la mission franco-russe Cassiopée. Elle quitte alors la Terre, direction l’espace.
Astronaute dès 1996
Le 17 août 1996, après onze années de sélection, Claudi Haigneré embarque donc pour un vol de seize jours à bord de la station orbitale russe Mir, dans le cadre de la mission Cassiopée. L’objectif : effectuer des expériences médico-physiologiques, techniques et biologiques.
C’est le début de sa carrière d’astronaute.
En mai 1998, elle rejoint la “cité des étoiles”, en Russie, comme spationaute suppléante pour la mission franco-russe Perseus. Elle suit alors une formation intensive en tant qu’ingénieur de bord de la station, et cosmonaute sauveteur du vaisseau Soyouz. Quelques mois plus tard, en novembre 1999, elle intègre l’Agence spatiale européenne (ESA) et rejoint le Corps européen des astronautes à Cologne, en Allemagne. Elle rejoint de nouveau la cité des étoiles début 2001 pour un entraînement de neuf mois, dans le cadre de la mission Andromède.
“À 12 ans, le premier pas de l’homme sur la Lune, c’était un petit peu une fenêtre qui s’ouvrait : les choses qui sont du domaine du rêve et de l’inaccessible peuvent devenir une réalité. (…) Ça m’a probablement donné l’audace de tenter ma chance. (…) Je me suis toujours dit : “Pourquoi pas moi ?” Et je n’ai jamais attendu que les autres me disent “c’est pour toi” ou “ce n’est pas pour toi”.” – Claudie Heigneré, pour Femme Actuelle
En janvier 2001, elle retourne à la cité des étoiles pour un entraînement de neuf mois, dans le cadre de la mission Andromède. Première astronaute française à voler à bord de l’ISS (Station spatiale internationale), elle réalise alors des recherches dans les domaines de l’observation de la Terre, de l’étude de la ionosphères, des sciences de la vie et des sciences de la matière.
Des étoiles à l’Élysée : une femme qui inspire
La femme politique
L’année suivante, elle délaisse ses activités spatiales pour s’orienter vers la politique. Toutefois, si elle ne s’y rend plus physiquement, elle ne quitte jamais vraiment l’espace puisqu’elle joue un rôle actif dans la politique et l’administration spatiale française.
Elle intègre le deuxième gouvernement de Jean-Pierre Raffarin en juin 2002, en tant que ministre déléguée à la Recherche et aux Nouvelles technologies. Moins de deux ans plus tard, elle devient ministre déléguée aux affaires européennes du troisième gouvernement Raffarin.
Le role model
En 2009, le gouvernement la nomme administratrice provisoire d’”Universcience”, le nouvel établissement public rattaché au ministère de la Culture, issu du rapprochement entre le Palais de la découverte et la Cité des sciences et de l’industrie. Après être devenue conseillère auprès du directeur général de l’Agence spatiale européenne, elle devient finalement la présidente d’Universcience.
“Les jeunes filles n’ont pas suffisamment confiance en elles pour aborder ces métiers et s’orienter vers ces carrières. Ce problème est probablement lié à des représentations, à des clichés, à des stéréotypes… Il faut leur donner confiance et leur expliquer ce que sont ces métiers.” Claudie Heigneré, 2017, via l’INA
Les étoiles, c’est désormais dans les yeux des jeunes filles qu’elle espère les voir. En partageant son expérience, elle espère les encourager à se tourner vers les sciences, l’ingénierie, les mathématiques ou encore les technologies. Son crédo ? Cette phrase de Guillaume d’Orange dont elle souhaite diffuser la philosophie : “Il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer”.
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Sophie Renassia, pour Celles qui Osent