Simone de Beauvoir, celle qui osa parler de sexualité féminine

Grande figure du XXe siècle, Simone de Beauvoir est connue pour ses romans, ses autobiographies et aussi pour ses essais philosophiques engagés. On la qualifie de femme libre, indépendante et de femme qui ose. En effet, Simone de Beauvoir fut la première à parler de sexualité féminine, le sujet tabou de son temps. C’est avec Le deuxième sexe, qu’elle est devenue une véritable icône du mouvement féministe. Elle fait désormais figure de référence dans de nombreux domaines. Vous souhaitez en savoir plus sur Simone de Beauvoir et sur son ouvrage fondateur de la cause des femmes ? Venez découvrir dans Celles qui osent, la philosophe à l’origine de tant d’effervescence.

Qui était Simone de Beauvoir ?

La vie « d’une jeune fille rangée »

Simone de Beauvoir est née à Paris le 9 janvier 1908 au boulevard de Montparnasse. Issue d’une famille bourgeoise, elle est scolarisée dans un établissement dit de « bonne famille » et s’avère être une très bonne élève. À l’âge de 15 ans, elle se passionne pour l’écriture et décide de devenir écrivaine. Son souhait est de se faire une renommée et de laisser une trace dans l’histoire. Elle suit des cours de littérature à la Sorbonne et c’est à cette époque qu’elle fait la connaissance de Jean-Paul Sartre. Il deviendra son compagnon de route durant toute sa vie. La relation « libre » qu’ils entretenaient fit l’objet de nombreuses spéculations. Après ses études, Simone de Beauvoir entreprend une carrière d’enseignante pendant plusieurs années notamment à Marseille, Rouen et Paris. Elle profite des vacances scolaires pour faire de nombreux voyages et se passionne pour la randonnée.

Retour sur ses œuvres

Simone de Beauvoir découvre le mouvement existentialiste pendant un séjour aux États-Unis. Il deviendra par la suite sa pensée et sa voie philosophique. Elle se fait connaître en 1949, avec la parution de son célèbre essai Le deuxième sexe. Elle gagne ensuite le prix Goncourt en 1954 pour son roman Les Mandarins. Elle rédige également des récits autobiographiques comme les Mémoires d’une jeune fille rangée en 1958 ou encore La force des choses en 1963. Elle écrit aussi dans la revue existentialiste Les temps modernes, aux côtés de Sartre. Simone de Beauvoir a été la philosophe qui a œuvré pour la libération de la femme et qui en a fait son fil conducteur tout au long de sa vie. Elle décide de ne pas se marier et de ne pas avoir d’enfants pour vivre pleinement sa carrière. Simone de Beauvoir meurt en 1986 à l’âge de 78 ans et est enterrée auprès de son compagnon, Jean-Paul Sartre, au cimetière de Montparnasse.

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L’ouvrage qui fit parler d’elle : Le deuxième sexe

La genèse d’un livre fondateur du féminisme

Simone de Beauvoir décide d’écrire, dans les années 50, un essai sur la condition de la femme. Il ne s’agit pas d’une revendication féministe de sa part, mais d’une étude, parce qu’elle se sent « irritée par le nombre de grandes bêtises qui se débitent à propos [des femmes] et de [leur] situation ». L’essai voit le jour en 1949 et est divisé en deux tomes. Le premier, intitulé Le deuxième sexe : les faits et les mythes fut édité en 22 000 exemplaires et fut épuisé en seulement une semaine ! Il a été traduit en une dizaine de langues et est devenu un véritable best-seller de la philosophie. On l’étudie encore aujourd’hui dans les écoles et il sert de repère pour les psychologues et autres philosophes. Le deuxième tome, appelé tout bonnement Le deuxième sexe, fut édité seulement quelques mois après.

« On ne naît pas femme, on le devient » : le slogan imprégné dans la conscience collective

Même si Simone de Beauvoir est déjà connue du grand public, c’est avec cette citation : « on ne naît pas femme, on le devient » qu’elle est proclamée figure du mouvement féministe, un peu malgré elle au départ. En effet, c’est en recevant de nombreux témoignages de la part de ses lectrices, qu’elle s’est rendu compte des véritables épreuves de celles-ci. L’auteure explique ne jamais avoir souffert d’être une femme. Elle a pu entreprendre les études et le métier qu’elle désirait. Elle n’a donc pas écrit ce livre par désespoir de sa propre condition. Il s’agit d’une analyse sur la situation féminine au sein de la société et son ouvrage ne se voulait pas provocateur. Le but était en premier lieu de lancer un appel aux femmes, pour qu’elles puissent décider elles-mêmes de leur vie. Selon l’écrivaine, il y a une volonté des hommes de prendre le pouvoir depuis toujours, notamment en ce qui concerne le travail. Elle considère qu’une femme libre est une femme qui étudie et qui choisit son métier, quel qu’il soit. La philosophe pense que leur destin leur est imposé par la société et par l’éducation qu’elles reçoivent. Elles transmettent ces mêmes mœurs, de manière consciente ou non, à leurs propres enfants. Outre la pensée philosophique de Beauvoir sur la place des femmes en société, c’est un des chapitres du livre qui a fait sa renommée.

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Simone de Beauvoir : celle qui osa parler de sexualité féminine

Le scandale des mots

La parution du livre et notamment du texte intitulé : « l’initiation sexuelle de la femme », provoque une véritable révolte. Les critiques viennent de partout, notamment de l’Église et des partis politiques, que ce soit de la droite ou de la gauche. Le deuxième sexe est reçu comme une véritable bombe ! Personne avant elle n’avait osé parler de sexualité en public. Elle utilise des mots jugés « crus » pour l’époque. C’est un texte en avance sur son temps et personne ne s’attendait à une telle description. L’auteure évoque « l’apprentissage » sexuel de la jeune femme et « l’importance des débuts érotiques ». Elle utilise des termes comme « sensibilité vaginale » ou encore « spasme clitoridien ». Elle ose poser des mots sur des sujets tabous et nous pouvons imaginer le choc en 1949 à la lecture de ce texte ! Mais pendant que certains critiquent la brutalité des termes employés, le livre se fait une place de choix dans le processus d’émancipation de la femme.

Un ouvrage qui rassemble les femmes

Le deuxième sexe est devenu un livre de ralliement. Pas seulement en France, mais aussi aux États-Unis où il reçut un accueil chaleureux. Le livre est perçu comme un second souffle par ses lectrices. Enfin quelqu’un s’intéressait à leur condition et osait poser des mots sur leur vie. L’essai philosophique a aidé les femmes à se « prendre en main » et à décider de leur chemin. Simone de Beauvoir explique que devenir mère n’est pas une nécessité, mais un choix ! C’est un thème vraiment précurseur pour l’époque. L’ouvrage fut le moteur du mouvement féministe. Il fait partie des textes fondateurs de la cause et a été repris pendant de longues années.

Les limites du deuxième sexe

Le deuxième sexe est donc un ouvrage philosophique, une étude de cas où Beauvoir relate des faits, mais n’apporte pas de solutions aux problèmes décrits. Après la mort de l’auteure, de nombreuses lettres de ses lectrices ont été retrouvées lui demandant d’aller plus loin et de donner des solutions à la théorie qu’elle propose. Parler de sexualité ne suffit pas, il faut de l’action. Même si une voix féministe a vu le jour, les femmes se sentent encore isolées et ont besoin que quelqu’un les porte. À la date de la parution du livre, le mouvement féministe n’avait pas encore vu le jour en France. Il faudra attendre encore 20 ans pour qu’il se mette en marche. Simone de Beauvoir a tout de même apporté la première pierre à l’édifice, et nous pouvons le dire, une pierre bien solide !

Simone de Beauvoir reste l’une des plus grandes théoriciennes du féminisme. Son œuvre, son audace et sa pensée sont encore reconnues aujourd’hui. Elle est devenue une référence de la cause des femmes. La philosophe laisse derrière elle de précieux ouvrages. Ses récits autobiographiques nous permettent de nous rapprocher un peu plus d’elle. Son rêve a été réalisé, celui de consacrer sa vie à sa passion et de laisser sa trace dans l’histoire. Découvrez également une autre icône de l’émancipation de la femme avec le portrait d’Amelia Earhart.

Maïwenn Le Pallabre, pour Celles qui Osent

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