S’il te plaît Bruno, rencontre avec un DJ électro

Papayamusic salue son talent de DJ et ses ambiances « atmosphériques ». Son track « La courbe du soleil » est célébré par tech_on : huit minutes de mélodie « coup de cœur ». En 2019, Bruno fait le closing de la fête de la musique Villette électro. Plus récemment, la webradio et label White Label Radio, qui fait la part belle aux artistes électroniques indépendants, l’a invité à faire un set. La nuit, il enflamme les soirées parisiennes au Gambetta club, au Glazart, au Klub, à La grande Surface, au Petitbain ou au Jardin21… Il collabore avec les collectifs la Scintillante ou Paillettes Pompettes. Avec son association CARE/MESS, il joue dans des open air ou dans des clubs select parisiens, mais aussi dans des événements de musique solidaires comme le Musicalife festival, en soutien à divers associations comme les Restos du cœur, HAFB Halte Aide aux Femmes Battues, et la fondation des hôpitaux HPHF. Son track “One Extra Life ” figure sur la compilation TEK KARE + Music Against Virus, un électro pack dont les recettes sont intégralement reversées à Médecins sans Frontières pour la recherche contre le coronavirus. Sympa, ce mec. S’il n’est pas aux platines, Bruno « fait l’escalier » dans un coin du dancefloor. Immersion dans l’univers techno de S’il te plaît Bruno

Immerge-nous dans la fête, s’il te plaît, Bruno

Passionné de musique électronique, cet Orléanais est talentueux et obstiné. Après un baccalauréat STG comptabilité gestion des entreprises, il rêve déjà d’être à la tête d’une société de type bar-clubbing. C’est à sept ans, qu’il découvre la dance des années 90 : ALICE Dee, 666, Alice Deejay, DJ Sash, Faithless, ATB ou Universal Nation. En allant écouter des CD dans les rayons des supermarchés, le garçon a une révélation. «J’économise mes francs pour aller m’acheter des compilations de musique électronique. Je passe trois heures dans le magasin à comparer les titres, à regarder lequel contient le plus de musiques. Je m’enferme dans ma chambre pour saigner le CD. En boucle. Des centaines de fois. ». Adolescent, il investit dans deux platines et une table de mixage. Plus de deux mille euros pour mixer tout seul dans sa chambre ou avec ses potes de lycée. Dans son établissement scolaire, il a la chance de pouvoir créer le « club mix » et de disposer d’une grande salle avec du matériel pour pouvoir mixer du son, fort. Il travaille sa technique : caler deux titres de manière fluide, gérer ses effets, gagner en aisance. Matière première essentielle du dj, il recherche constamment des morceaux qui lui ressemblent, de l’électro ou de la Trance principalement. Autodidacte, il compose avec les « kicks », les « boom », les coups de batterie. Ce n’est qu’en 2017 qu’il ose mixer ses propres musiques, ses propres textures, ses mélodies, avec singularité. L’année de son bac, NRJ propose un concours musical permettant à un jeune talent de faire les trente premières minutes du set electro d’Orléans. Il envoie une maquette et gagne le pass pour le set ! C’est ainsi qu’à 18 ans, il est propulsé devant une scène de 15 000 personnes. « J’étais tellement stressé que je pensais que j’allais gerber. Avant de commencer, tu entends ce silence de mort, puis tu montes sur la scène et tu découvres des milliers de tête qui hurlent ton prénom. Les premières minutes, tu ne kiffes pas vraiment ton moment, c’est hyper flippant. Après, tu finis par lâcher prise et à ne plus vouloir quitter la scène ! » Il a réchauffé l’ambiance pour la suite d’un beau casting : David Vendetta et Étienne de Crécy, un pilier à l’époque de l’électro « french touch ».

CARE/MESS
crédit photo Emmanuelle Griffon

D-Job alimentaire et DJ de CARE-MESS

Suite à sa performance, il devient résident dans un bar house orléanais, le K-Ube. Malheureusement à Orléans, il peine à trouver son public et n’est pas intéressé pour mixer des « sons commerciaux ». Après une prépa-école de commerce, il intègre l’ESCP Business School et obtient un master en management. Il continue à mixer en amateur, dans les soirées de l’école, ou dans un local dédié avec des copains. Après un stage « chiant » en audit financier, puis en marketing, il travaille pendant trois ans dans une grosse société parisienne pour faire des études de marché. À 25 ans, il devient expert en lessive, en dentifrice et en make-up. Cool. C’est le début de sa vie bien rangée, une stabilité voulue et subie. Il n’est pas heureux. Il rencontre alors Emmanuelle, une graphiste de talent. Elle est son « crush », son amoureuse, puis son pilier moral, son soutien. Elle l’encourage à changer de vie, tandis que sa famille le freine un peu. « Mec, tu es dans la dépression, ça devient vital là ». Issu de la « classe moyenne », ses parents accordent de l’importance à la carrière et à la sécurité. Malgré les réticences familiales, Bruno ose tout plaquer. Il cherche alors un secteur dans lequel s’épanouir. Depuis toujours, il est attiré par l’évènementiel, mais ne parvient pas pour l’heure à trouver de missions dans ce domaine. Hédoniste et bon vivant, il aime la gastronomie, manger, boire du bon vin. Il tente de devenir gérant de resto. Erreur de casting « Je n’étais pas du tout fait pour ce métier. Après quelques jours, j’arrête et je me retrouve au chômage. Étonnement, je suis apaisé. Libéré, délivré. L’horizon se dégage. La vie est belle. » Après une parenthèse d’inactivité salutaire, il enchaîne les petits boulots. « Je découvre que dans cette nouvelle organisation, je compose mon emploi du temps comme je l’entends. Adieu la sécurité financière, mais j’y gagne un truc essentiel que j’avais perdu : ma liberté. Mes petits boulots sans intérêt sont mal payés, répétitifs, éreintants. Je fais des grosses journées de boulot, mais j’ai des collègues. Cela me sociabilise, m’ancre dans la réalité, dans la société. Je ressens une fatigue physique et pas seulement mentale. Cela me fait presque du bien, et m’empêche de procrastiner musicalement. » Bruno a besoin d’être brusqué, d’avoir des deadlines. Jouer l’anime, même s’il travaille sa musique par « phases ». Son mode de création est cyclique : il bosse intensément…ou pas du tout !

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Métro, boulot, set électro

Il travaille pour manger et tout le reste de sa vie, il mixe, passionnément, dans des soirées parisiennes. D’ailleurs, la plupart des DJ qu’il connaît n’en vivent pas. « Le minimum admis pour un set, c’est deux heures, pour environ deux cent euros si tu joues dans un endroit correct et que tu as une petite réputation … Il y a des dizaines de jours de travail en amont, et cela t’occupe l’esprit, tout le temps. On est loin d’un métier « bling bling », forcément bankable. » Exigeant, il a besoin d’aimer son set avant tout et mixe rarement les mêmes sons. Il intègre ses morceaux coup de cœur du moment et soigne ses prestations. En 2017, avec son âme-sœur Emmanuelle, il fonde l’association CARE-MESS « We Care about the Mess ». Artiste vidéaste de formation, elle se charge de toute la communication graphique, le réseautage, la publicité, la scénographie et la plupart de toutes les photos de soirées. Bruno s’entoure également de son meilleur pote depuis toujours, Thomas, et de Lucas, un ami proche de l’ESCP. Bouquets de fleurs champêtres dans des tennis, boule à facettes-pastèque, abricot barricadé et serpent psychédélique, skieurs dévalant une généreuse glace italienne : le ton est donné. Entre first et after, ils assurent les programmations de soirées dans des bars, de plus en plus importants « des gros clubs jusqu’à 1500 personnes ». L’association organise une à deux soirées par mois, et invite aussi d’autres collectifs à jouer. « Il n’y a rien de lucratif : tout l’argent récolté est réinjecté dans l’asso. » Bruno joue de la Techno ou Hard Techno dans les formats soirée (0h-7h du matin) ou de la deep House dans les ambiances posées de début de nuit. Celui qui s’estime modestement « en début de carrière » produit depuis peu. Il commence à peine à être satisfait de ses propres sons. Déjà édité par Ghost of the Shelf, un label lillois, Bruno a envoyé un EP (un mini album de 4-5 morceaux) à plusieurs labels parisiens… des choses sont en attente pour lui… Le DJ a profité du premier confinement pour s’améliorer sur ses productions musicales et créer de nouveaux sons. Il explore et expérimente des textures sonores pour créer les éléments musicaux qui lui ressemblent. Les échanges avec d’autres producteurs lui permettent de booster son inspiration.

L’asso a créé une page Facebook Paris Techno pour référencer les événements de musiques électroniques à Paris et un soundcloud. En ce moment, il s’imprègne des sons de Chicago Loop, Kink, Jusaï, MZA, Hune, Rudosa, Ravn, Peter Fern et tellement d’autres ! « Quand j’écoute de la musique électro, je ne peux pas m’empêcher d’analyser le son. Impossible de faire autre chose ou d’avoir une écoute passive ! ” Pour ce confinement vague n° 2, Bruno a fait le choix de travailler de nuit dans un laboratoire. Job alimentaire nécessaire, parenthèse de travail « normal », jusqu’à ce que le monde de la nuit se déconfine… Avec l’épidémie mondiale de covid19, tout est gelé, mais il prépare le futur, optimiste.

Lien vers des formations en écriture digitale

En attendant, retrouvez son morceau « Terre Promise » sur la chaîne YouTube French Techno, plongez dans son univers musical, ou son dernier track ! Soutenez l’artiste S’il te plaît Bruno DJ sur Facebook ou suivez-le sur insta !

Violaine B

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