La parité en politique : un enjeu toujours d’actualité

Il y a tout juste trente ans, Edith Cresson devenait la Première Ministre de François Mitterrand. Elle fut la seule femme à assurer ces fonctions, et démissionna onze mois plus tard. Aujourd’hui, la parité en politique est un sujet qui est plus que jamais d’actualité. Si depuis le 21 avril 1944 les femmes sont électrices et éligibles au même titre que les hommes, la parité n’est toujours pas au rendez-vous dans nos institutions politiques.

Plusieurs lois ont été adoptées depuis les années 2000 afin de lutter en faveur de la parité au sein des fonctions politiques et des institutions. Pourtant, certaines inégalités demeurent et les résultats sont contrastés. Les femmes maires, ministres ou députées subissent de nombreuses discriminations sexistes. Les propos récemment adressés par Jean-Yves de Chaisemartin à Fanny Chappé, maire de Paimpol en sont un exemple et ne constituent malheureusement pas des cas isolés. 

Parité en politique : une lutte récente 

La mise en place de quotas en faveur des femmes date de 1999. Les revendications féministes portant sur la parité en politique sont plus tardives que les revendications liées aux droits sexuels et reproductifs qui datent des années 1970. Ce n’est qu’à partir des années 1990 que les féministes commencent à s’intéresser au sujet. 

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L’arrivée d’Edith Cresson au poste de Première Ministre révèle un problème généralisé, à savoir la très petite proportion de femmes en politique. Pendant un an, Edith Cresson va d’ailleurs subir des injures sexistes, et aucune erreur ne lui sera pardonnée. Sur les 39 membres nommés au gouvernement d’Edith Cresson, seuls six sont des femmes. Aujourd’hui, le gouvernement de Jean Castex compte 22 femmes et 21 hommes, mais seule une femme, Florence Parly, est à la tête d’un ministère régalien (ministère des armées). 

L’exception Edith Cresson

Les postes clés des institutions républicaines ne sont que très rarement assurés par des femmes. Inutile de rappeler qu’une femme n’a jamais accédé à la fonction présidentielle et que seulement Marine Le Pen et Ségolène Royal ont passé le cap du premier tour. Aucune femme n’a jamais été désignée comme secrétaire générale de la présidence. Aucune n’a jamais été à la tête du Sénat ou de l’Assemblée Nationale. Jusqu’à présent, une seule femme a été ministre des Finances (Christine Lagarde) et des Affaires étrangères (Michèle Alliot-Marie). 

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L’entrée de la parité politique dans le droit 

Après la réforme constitutionnelle de 1999 et l’établissement de quotas en faveur des femmes, plusieurs mesures en faveur de la parité se mettent en place. Le 6 juin 2000, une loi tendant à favoriser « l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives » est promulguée. L’égalité des sexes devient obligatoire pour les scrutins de liste. Pour les élections législatives, les partis doivent avoir autant de femmes que d’hommes en leur sein, sous peine d’amende. En 2007, puis en 2013 sont promulguées deux nouvelles lois dont le but est de féminiser les institutions locales (conseils municipaux, départementaux…). 

Certains chiffres concernant la parité demeurent insuffisants. Par exemple, dans les communes, un tiers des premiers adjoints au maire sont des femmes. Au sein du gouvernement, les ministères régaliens sont le plus souvent accordés à des hommes or il s’agit, comme chacun sait, des ministères les plus importants. Malgré tout, on observe également quelques progrès. Depuis les élections législatives de 2017, les femmes représentent 38,8 % des députés de l’Assemblée Nationale. Certes, c’est moins que 50 %, mais c’est plus que les 26,9 % de femmes députées en 2012.

La parité en politique : des résultats contrastés 

On l’a déjà dit, la législation en faveur de la parité a permis l’obtention de certains résultats. Les élections européennes sont souvent citées en exemple d’une législation efficace : en mai 2019, 39 femmes et 40 hommes ont été élus en tant qu’eurodéputés français. Toutefois, les femmes demeurent encore exclues des fonctions à haute responsabilité. Aujourd’hui, seules quatre femmes sont présidentes de régions. Autre exemple flagrant : après les élections municipales de 2020, seulement 19,8 % des maires sont des femmes. À l’Assemblée Nationale, on observe également que si cette dernière se féminise, il existe encore des partis politiques qui préfèrent payer des pénalités plutôt que de recruter des femmes. C’est d’ailleurs pour cette raison que Marlène Schiappa, anciennement secrétaire d’Etat à l’égalité femmes-hommes, a annoncé en 2019 vouloir multiplier par cinq les pénalités infligées aux partis politiques ne respectant pas la parité durant les élections législatives. 

La parité est donc toujours d’actualité, et de nombreuses actions restent à mener. Emmanuel Macron avait fait des droits des femmes « la grande cause nationale » de son quinquennat. Pourtant, Elisabeth Moreno a récemment reconnu l’insuffisante représentation des femmes dans le cabinet du président. La route est encore longue ! 

 

Victoria Lavelle pour Celles qui Osent

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