Comment la musique s’engage-t-elle pour l’écologie ?

Quel est le lien entre la musique et l’écologie ? Quel est l’impact du monde musical sur l’environnement ? Et quelles sont les solutions pour que l’industrie musicale devienne plus écoresponsable ? Autant de questions que se sont posés les différents acteurs du savoir-faire musical. Le mouvement est déjà en marche. Découvrez avec Celles qui Osent toutes les facettes cachées derrière le rideau artistique. À travers divers appels, réflexions, actions, mais surtout grâce à une grande détermination, les musiciens, producteurs et bien d’autres figures de la scène musicale se mobilisent pour rejoindre le chemin de la transition écologique. 

Quand la musique vibre pour l’écologie : les artistes s’engagent !

Nous avons tous conscience que notre planète va mal. Aujourd’hui, c’est une réalité, nous nous dirigeons vers l’épuisement des ressources du monde tel que nous le connaissons. Les activités humaines bouleversent inéluctablement les équilibres de notre belle Terre. Chacun à notre niveau, il est temps d’agir ! L’univers musical l’a bien compris, il a déjà pris un tournant écologique important. 

Tryo précurseur du mouvement

Le groupe Tryo a toujours revendiqué son intérêt pour la protection de la planète. En 1998, après la sortie de leur titre : L’hymne de nos campagnes, c’est tout naturellement qu’ils ont été catégorisés “groupe écolo”. La joyeuse bande de saltimbanques a vite compris qu’ils avaient un pouvoir extraordinaire : chanter pour défendre des causes importantes. En 2008, pour aller plus loin dans leur engagement, le groupe entraîné par Manu et Guizmo, ont réclamé l’étude d’un bilan carbone sur trois mois de concerts. Bilan : 134 tonnes d’équivalent CO2 de gaz à effet de serre ont été émises durant leur tournée, dont 120 tonnes rien que pour le déplacement des spectateurs. Des chiffres alarmants qui ont fait rapidement réagir Tryo, mais aussi un grand nombre d’autres artistes.

annonce sortie livre Patiente de Violaine Berlinguet

La communauté musicale et artistique se regroupe pour la transition écologique 

Environ dix ans plus tard, le groupe Shaka Ponk soucieux, eux aussi, de leur implication face à cette urgence écologique, créait The Freaks. Un collectif d’artistes engagés prêts à faire changer cette réalité climatique. Ils luttent contre la surconsommation,la pollution, le réchauffement climatique et protéger la biodiversité. Sur le site de the-freaks.fr, vous serez accueilli par quatre petits indiens rigolos qui vous guideront à réaliser les 42 gestes pour sauver l’homme et la planète. Vous aurez aussi la possibilité de participer à un quiz ludique et sympathique qui vous mènera sur la voix des bonnes habitudes écologiques au quotidien. Matthieu Chedid, Anggun, Soprano, Zazie, Nagui et bien d’autres soutiennent cette initiative appuyée par la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme.

Music Declares Emergency annonce l’état d’urgence climatique et écologique

En 2019, côté britannique, c’est le mouvement Music Declares Emergency qui a déclenché un appel d’urgence pour la planète. Leur slogan : No Music On A Dead Planet. Porté par Thom Yorke (chanteur de Radiohead), Massive Attack, Billie Eilish ou Brian Eno, ce groupe d’artistes, de professionnels et d’organisations de la musique réclament une réponse immédiate du gouvernement pour garantir toute la vie sur Terre. Ils sont convaincus que la musique peut incarner et encourager la transformation culturelle vers un futur durable.

Lien vers des formations en écriture digitale

Le 31 mars dernier, Music Declares Emergency France voit le jour. À l’occasion de cet événement, le monde de la musique s’unit à travers une déclaration d’état d’urgence climatique et écologique. Soutenue par Hyphen Hyphen, Yaël Naim, Gaspar Claus, Fakear et bien plus encore, cette association s’engage dans un combat environnemental fort qui ne fait que commencer. Tous les acteurs de la filière musicale sont invités à signer la charte MDE et ainsi soutenir ce projet écologique.

Le monde de la musique prend peu à peu conscience de son impact environnemental et social

Face à cette nouvelle révolution écologique, toutes les sphères musicales sont concernées par cet enjeu essentiel : sauver notre monde. De la musique classique aux sons électro, chaque univers à son rôle à jouer. Regards croisés entre différents mondes musicaux, découvrez comment ils apportent leur contribution à la cause environnementale. 

La musique classique réagit pour faire changer les choses

Dans l’univers intime de la musique classique, les préoccupations de transition écologique sont encore un peu tabou. Pourquoi ? Les orchestres dépendent principalement des financements de l’aide publique et du ministère de la culture, qui juge sur des données de productivité. En résumé, plus ils font de dates de concert, plus ils auront de subventions. Est-ce une coïncidence si l’avion est l’une des principales causes de pollution dans la musique classique ? Probablement pas.

À la vue de cette situation d’urgence, le professeur de la culture musicale et de composition au conservatoire de Rueil-Malmaison, Gilles Schuehmacher et la pianiste Vanessa Sanfilippo ont créé le collectif Action Musique Climat. À cette occasion, ils avaient lancé leur premier appel pour une prise de parole musicale. Les Quatre Saisons de Vivaldi n’aurait plus la même symphonie si la filière classique ne défendait pas le climat à travers la musique. L’appel est lancé, n’hésitez pas à le signer sur le site : actionmusiqueclimat.com. 

La scène jazz lance un appel pour une écologie de la musique vivante. 

Au départ de cet appel, trois musiciens de la scène jazz : Leila Martial, Pierre Perchaud et Grégoire Le Touvet. Ensemble, ils réfléchissent à l’impact des pratiques de l’industrie musicale. Ils déclarent : « Nous devons transformer les usages de nos métiers et cesser de considérer la planète comme une ressource inépuisable ». Par le biais de cet appel, soutenu par la fédération des artistes engagés Grand Format, Leila et ses complices demandent aux professionnels de la musique de prendre leurs responsabilités et de revoir le récit de l’artiste star, énorme énergivore de cette usine musicale. Un changement de cap radical s’impose ! Encourager des pratiques et des modes de production responsables et durables, voici le message de ces trois professionnels du jazz. 

Les énergies renouvelables au cœur des préoccupations de la musique électronique 

Le Solar Sound System, vous connaissez ? C’est une initiative incroyable et étonnante ! Explications : Passionné et préoccupé par les enjeux écologiques, Cédric Carles, designer franco-suisse, élabore le Solar Sound System. C’est donc une machine de mixage, entièrement autonome alimentée par le solaire, mais pas seulement. Afin que leur message écologique soit plus impactant pour les spectateurs, le Solar Sound System a imaginé des modules de sono alimentés par le soleil, mais surtout par le public lui-même. Comment ? En pédalant pour le DJ, en se défoulant aux sons de la musique ! Grâce à cette invention, Cédric Carles propose à travers cette bécane, un échange d’énergie positive entre les spectateurs et les DJ. Une très bonne interactivité pour faire la fête toute la nuit et être en harmonie avec l’environnement. Située à Montreuil, Station-E, cette aventure collective a su développer différents projets audacieux pour lutter contre les ravages de la surconsommation des énergies fossiles. Pour fêter les 20 ans de cette démarche et remercier les artistes qui les soutiennent, le Solar Sound System a lancé son propre label de musique responsable : le Solar Tracks. Le 14 février dernier, ils ont sorti une compilation écoresponsable le “Solar Tracks #1” réunissant 8 artistes de toutes les régions du monde. En partenariat avec l’association One Tree Planted pour un album vendu, un arbre sera planté au Pérou. De quoi redonner de l’oxygène à notre mère : la Terre. 

De la réflexion à l’action | La musique et l’écologie trouvent des solutions

Comme le dit le célèbre journaliste anglais Dorian Lynskey : “une chanson à elle seule ne peut changer une loi ou renverser un régime, mais peut avoir une influence importante sur des changements concrets”. Désormais, place aux actes ! Regardons ensemble, les initiatives, réflexions ou actions mises en place pour rejoindre la voie d’une transition écologique concrète.

Un écosystème à réinventer | Du streaming au récit de l’artiste “star”

Le grand public n’en a pas forcément conscience mais le coût énergétique d’une vidéo est énorme dans l’impact de l’industrie musicale sur l’environnement. Compliqué de concevoir qu’un objet dématérialisé puisse avoir une telle incidence sur notre écologie. Pour mieux l’appréhender, voici le chemin d’un contenu vidéo :

  1. Votre vidéo est stockée sur un serveur ;
  2. Le serveur achemine cette vidéo jusqu’à des terminaux (ordinateurs, tablettes, smartphones, etc) ;
  3. Tous ces terminaux passent par des réseaux (câbles, fibre optique, modems, etc)  qui consomment de l’électricité en grande quantité ;
  4. Cette électricité est produite via une machine qui utilise de la matière plus ou moins propre (nucléaire, barrage, gaz, charbon, etc).

Et voilà comment on pollue en toute insouciance. Le numérique représente 4 % des gaz à effet de serre du monde et accroît sa consommation d’énergie de 9 % par an. Une triste réalité à faire évoluer pour stopper l’épuisement des ressources naturelles. The Shirt Projet prône la sobriété numérique et propose de nouveaux outils pour vous aider à réduire votre usage digital :

  • une extension pour le navigateur Firefox, vous permet de visualiser l’impact environnemental de votre consommation de données en ligne (https://addons.mozilla.org) ;
  • un guide pour réduire le poids d’une vidéo (https://theshiftproject.org/guide-reduire-poids-video-5-minutes/) ;
  • une vidéo pédagogique, sous le nom « Cette vidéo réchauffe le climat : merci de la regarder » sur YouTube. 

 Avant de publier une nouvelle vidéo sur le web, prenez le temps de la réflexion.

Un autre changement inéluctable est d’inciter les médias à repenser le récit de l’artiste star. Mais ça veut dire quoi ? Dans notre société actuelle de consommation, certains acteurs musicaux abusent de la notoriété d’un artiste. Tel un produit marketing, l’interprète est imagé, utilisé et consommé. Mais où est l’art musical mûri et réfléchi dans cette usine à starlettes ? Tournée grandiose, scénographies ultra-consommatrices d’énergie, semi-remorques par centaines et déplacements promo par avion, autant de raisons anti-écologiques à bannir des pratiques musicales. Leïla Martial (chanteuse jazz) a déclaré à ce sujet : “il est temps de revaloriser le statut des artistes engagés et impliqués au niveau local”.

L’incarnation d’une chanson pour dénoncer cette catastrophe écologique

Diffuser un message d’espoir, adhérer à une cause ou défendre des valeurs, les chansons ont toujours été un puissant vecteur universel. Les artistes ont plus que jamais conscience de cette force incroyable : le pouvoir de la musique et ses paroles. Quand l’engagement environnemental se fait par ce biais, c’est la planète toute entière qui chante et fait entendre sa voix. Certains morceaux se font alors hymnes : 

  • Earth Song de Michael Jackson
  • Greenwashinge de Tryo
  • Respire de Mickey 3D.

Jazz, rap, électro, petits ou grands noms de la scène musicale, ils sont nombreux à s’engager à travers leur texte. La musique ne cesse de se réinventer pour défendre cette cause essentielle : la vie sur Terre.  

Concerts, festivals… Des solutions alternatives mises en place

Il existe aujourd’hui différents festivals écoresponsables comme O’Zenergie, COFEES ou R2D2 qui proposent des solutions innovantes pour réduire l’impact environnemental des spectacles. Un grand nombre de gestes à adopter pour améliorer les conséquences écologiques des événements musicaux.

A l’image de Tryo et de leurs concerts désormais responsables, les actions ne manquent pas : 

  • création d’une plateforme de covoiturage ;
  • instauration de navettes à disposition du public ;
  • conception de parcs à vélos ;
  • installation de tri sélectif dans les loges ;
  • prestations de repas locaux ;
  • distribution de couverts et verres réutilisables, etc.

D’autres moyens sont mis en oeuvre pour réduire l’impact de la pollution des concerts et festivals comme : 

  • impression “imprim’vert” des tracts pour réduire la quantité de papier ;
  • réutilisation des anciens panneaux signalétiques, recyclage des bâches ;
  • achat de matériel réutilisable d’une année sur l’autre ;
  • emploi de matériel avec lampes LED en remplacement des projecteurs ;
  • informatisation de la billetterie, etc. 

Et ceci n’est que la partie visible de l’iceberg. Tant d’initiatives restent à mettre en place pour que la musique affirme enfin sa transition écologique.

Les actions écocitoyennes existent : à chacun son engagement !

Nous pouvons tous à notre niveau agir pour la planète. Tous les petits gestes du quotidien sont importants, c’est grâce à ces petits plus que le changement va s’opérer. Comme par exemple ces différentes actions menées par : 

  • Roméo Elvis, ce rappeur belge, a lancé son hashtag #Magourdeàmoi et a commercialisé des gourdes floquées, soit au nom de son album Chocolat, soit d’une image de crocodile (animal fétiche du chanteur). Par cette action, il a su interpeller son public et l’a mobilisé à employer des gourdes réutilisables pour lutter contre la pollution plastique. À travers son site internet, vous avez la possibilité d’acheter la vôtre. Un geste écocitoyen par excellence ! (pour toute gourde achetée, un euro sera reversé à l’association The Ocean Cleanup).
  • Plugin Records, label de musique indépendant, souhaite repenser son implication éco-citoyenne. Comment ? En partenariat avec un bûcheron ariégeois, ils ont imaginé et réalisé de belles boîtes en bois noble (essence ramassé exclusivement sur le sol, pour un respect total de la forêt). Ils proposeront ces coffrets naturels renfermant des graines bio made in France à planter au gré de ses envies. Pas de merchandising donc pour Plugin Records, mais une volonté de faire germer de nouvelles idées ou réflexions auprès d’une génération concernée par cet enjeu environnemental. Une initiative originale et épanouissante pour tous les amoureux de la nature.
  • Olivier Oullier, docteur en neuroscience, devient la nuit Jacques Lavoisier, DJ engagé. Il a créé l’association DJs4Good qui financera des œuvres caritatives et / ou à enjeu social positif. Il soutient la communauté des DJ et les encourage à s’adresser à leur public afin de transmettre des messages forts comme la lutte pour l’écologie. Encore une démarche positive qui plaira à tous les défenseurs de notre belle planète.

 

Aujourd’hui, vous l’avez compris, la musique et l’écologie ont un lien très étroit. La filière musicale a conscience de son impact sur l’environnement et souhaite faire changer les choses. La musique est un art universel qui fait partie de notre histoire et de notre culture. Elle a la capacité de transcender nos vies et nos habitudes. Nous sommes tous acteurs de cette transformation écologique. Par le biais d’une chanson, d’une musique, d’un concert ou d’une association, il est possible de construire un nouvel avenir à nos générations futures.  Vous avez le pouvoir d’agir chacun à votre niveau, en arrêtant de consommer du plastique, en plantant des graines, en privilégiant le vélo à la voiture et en écoutant sur votre trajet des artistes musicaux engagés. Agissez maintenant et participez au plus grand sauvetage de l’humanité et de la planète. La musique s’engage… et vous ?

L’écologie ne doit plus être regardée comme un label de bien-pensance, mais plutôt comme une réalisation collective et un engagement nécessaire. 

Ensemble, continuons à faire entendre nos voix ! Le combat ne fait que commencer. 

Elodie Escaré, pour Celles qui osent

Celles qui osent instagram
3 Comments
Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.