Indira Gandhi : celle qui gouverna l’Inde

Qui ne connaît pas le nom de Gandhi ? Irrémédiablement associé à l’Inde, il a été popularisé par le Mahatma, un petit homme pacifique qui œuvrait pour l’indépendance de son pays. Mais il existe une autre Gandhi, petite elle aussi, qui occupe une place importante dans l’histoire de la plus grande démocratie du Monde. Son nom ? Indira Gandhi. Découvrez la destinée de celle qui osa gouverner l’Inde.

Indira Gandhi, une femme de tête 

Une enfance baignée de politique 

Indira Nehru naît en 1917 à Allahabad, dans une famille de brahmanes, la plus haute caste de la société indienne. Son grand-père et son père, Motilal et Jawaharlal Nehru, sont tous deux avocats ; la famille est fortunée.

Après le massacre d’Amritsar (qui a vu des centaines de civils indiens périr sous les balles des soldats britanniques, menés par le brigadier-général Reginald Dyer), sa famille se rallie au Mahatma Gandhi et se défait de ses biens. Ils brûlent tout ce qui évoque l’Occident, et commencent à lutter pour l’indépendance de l’Inde. 

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La petite Indira grandit dans ce contexte houleux. 

À l’âge de 11 ans, elle apporte sa pierre à l’édifice familial en dirigeant « l’armée des singes ». Ce groupe était constitué uniquement d’enfants. Pendant les manifestations, ils circulaient le long du cortège pour transmettre les messages. 

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En privé, la vie de la petite fille est moins exaltante. Elle est particulièrement affectée par l’absence de son père, emprisonné à 9 reprises en raison de ses engagements politiques. 

De manière générale, l’activisme de ses parents est une source de stress constante. Au printemps 1930, elle se retrouve seule pendant un mois, tous deux ayant été emprisonnés. 

Elle souffre également de l’isolement de sa mère Kamala, mise à l’écart par la famille Nehru à cause de sa constitution fragile. Atteinte de tuberculose, elle fait des allers-retours entre le pays du Taj Mahal et la Suisse, où elle est soignée dans des sanatoriums. Finalement, Kamala Nehru s’éteint à Lausanne en 1936, à l’âge de 36 ans, entourée de sa famille. 

Feroze et Indira Gandhi : un mariage d’amour 

Après le décès de sa mère, la fille de Nehru poursuit ses études en Suisse, puis en Angleterre. Elle y retrouve Feroze Gandhi, l’ancien assistant personnel de sa mère. Celui-ci étudie à Londres, Indira à Oxford. Tous deux se retrouvent régulièrement, la jeune femme ayant accepté la demande en mariage de son compatriote. 

Les deux amants repartent en Inde en 1941, pendant la deuxième guerre mondiale. Indira retrouve son père et lui fait part de son souhait d’épouser Feroze. Le patriarche accepte, même si le jeune fiancé est issu d’un milieu social différent. Le mariage est célébré le 26 mars 1942. Indira réussit donc le tour de force d’épouser l’homme qu’elle aime, dans une société indienne très patriarcale, où les mariages arrangés sont légion. 

La naissance d’une grande politicienne 

Indira Gandhi, partagée entre épouse et fille 

À cette période, Indira Gandhi est déjà très investie en politique. Elle milite activement pour l’indépendance de son pays. Elle participe à de nombreuses manifestations en compagnie de son père et de son mari. Cet engagement lui vaut de passer huit mois derrière les barreaux, de septembre 1942 jusqu’au 13 mai 1943.

La période qui suit sa libération marque un véritable tournant dans sa vie de femme. Son époux et elle s’installent à Lucknow, où Feroze dirige un journal, le National Herald. La jeune femme donne naissance à deux fils : Rajiv en 1944, et Sanjay en 1946. 

En même temps, le processus devant mener à l’indépendance de l’Inde se met en place. 

Jawaharlal Nehru est très engagé dans les négociations. Il demande l’aide de sa fille, qui le rejoint à Allahabad pour tenir sa maison. Elle se partage alors entre deux villes, et entre deux foyers.

En 1947, Jawaharlal est nommé Premier ministre. Il s’installe à Teen Murti, une demeure située au cœur de New Delhi, la capitale. Indira le rejoint rapidement pour tenir la maison, emmenant mari et enfants dans ses valises. 

Malheureusement, Feroze supporte mal cette cohabitation forcée. Il quitte donc les lieux en 1952, à la faveur de son élection au Parlement. Cependant, il reste en contact avec sa compagne. Il meurt finalement d’une crise cardiaque en septembre 1960, à 47 ans. 

L’entrée en politique de l’héritière des Nehru

En 1959, le poste de président du Congrès se libère. Jawaharlal Nehru propose le nom de sa fille pour le reprendre. Tout le monde s’étonne, tant Indira est discrète depuis qu’elle travaille avec son père. 

Elle accepte le poste, et occupe ainsi sa première fonction politique d’importance. 

Jawaharlal Nehru meurt en 1964. Même si son nom est évoqué, sa fille ne devient pas Premier ministre. Le parti du Congrès choisit d’élire Lal Bahadur Shastri, une figure de la lutte pour l’indépendance.

Sur proposition du nouveau chef d’État, Indira est promue ministre de l’Information et de la Télédiffusion. Elle devient rapidement une figure clé du gouvernement. 

Shastri disparaît brutalement, terrassé par un arrêt cardiaque en janvier 1966. Le parti du Congrès doit donc élire un nouveau Premier ministre, pour la deuxième fois en deux ans. Le 19 janvier 1966, les chefs du parti nomment Indira Gandhi à ce poste. Ainsi, à 48 ans, elle prend les commandes de la plus grande démocratie du monde, qui compte alors 500 millions d’habitants. 

Indira Gandhi élue : une femme gouverne l’Inde 

Un régime autoritaire 

Lors de sa nomination, les dirigeants du Congrès espèrent profiter de la jeunesse et de l’inexpérience d’Indira pour la garder sous leur coupe. Mais elle déjoue rapidement les pronostics. 

Elle s’affirme et crée un lien direct avec le peuple indien. Son ascension contraste avec la crise qui agite le parti, liée aux difficultés rencontrées par le pays (mauvaises récoltes, guerre contre le Pakistan, dévaluation de la roupie). 

Ouvertement socialiste, fidèle aux valeurs défendues par son père, elle fonde sa politique sur la défense d’une démocratie laïque et sur le non-alignement. En matière d’économie, elle choisit de nationaliser les 14 plus grandes banques indiennes. Cette mesure la rend très populaire auprès des basses classes. Plus elle s’impose, plus le Congrès s’inquiète : Indira gouverne par ordonnances, coupant court à toute tentative d’opposition. Son autoritarisme engendre des conflits, qui mènent à une première scission du Congrès. 

En 1970, elle dissout le Parlement, et elle abolit les privilèges dont bénéficient encore les princes. 

À l’international, plusieurs événements permettent à Indira Gandhi d’asseoir son autorité : 

  • En 1971, les relations entre le Pakistan occidental et le Pakistan oriental se détériorent. L’Inde intervient dans le conflit, et permet la création d’un nouvel état indépendant : le Bangladesh (ex-Pakistan oriental).
  • La même année, l’Inde et l’URSS signent un traité de coopération, qui entérine l’entente militaire entre les deux pays. L’alliance est destinée à contrer la coalition Chine-Pakistan-États-Unis.
  • En 1974, l’Inde fait exploser sa première bombe nucléaire, devenant le 6e pays à tester cette arme avec succès. Indira Gandhi affirme sa volonté d’en faire une utilisation pacifique. 

L’état d’urgence 

Malheureusement, cet âge d’or ne dure pas. L’inflation explose, la situation politique se dégrade, le gouvernement est vivement critiqué. Indira est même accusée de népotisme pour avoir octroyé des privilèges à son fils Sanjay. 

Dans ce contexte difficile, la fille de Nehru fait l’objet d’une plainte pour fraude électorale. Son adversaire gagne : l’élection de 1971 est invalidée le 12 juin 1975. 

Loin d’accepter cette défaite, Indira Gandhi réagit dans la nuit du 25 au 26 juin : elle proclame l’état d’urgence, et s’accorde des pouvoirs dictatoriaux. Les libertés civiles sont réduites ; la presse et l’opposition sont muselées. 

Cette période noire dure presque deux ans. Elle est marquée par la montée au pouvoir de Sanjay, le fils cadet d’Indira. Il mène des réformes très contestées, sans avoir été élu. L’opposition grince des dents. 

Le destin tragique d’Indira Gandhi, la femme qui gouverna l’Inde 

Un retour en politique rapide 

Incapable d’évaluer sa popularité, Indira Gandhi met fin à l’état d’urgence en janvier 1977. Elle organise alors de nouvelles élections, et les perd. Elles sont remportées par le parti politique du Janata Dal, une très large coalition de ses opposants. Les dissensions sont nombreuses au sein du nouveau gouvernement. Cela mène à une nouvelle scission du Congrès, en 1978. La fille de Nehru s’en sert pour retrouver sa popularité perdue : elle prend la tête du Congrès I (Congrès Indira), avant de gagner les élections de 1980, et de retrouver son poste de Premier ministre.

 La nouvelle gouvernante espère remettre son fils Sanjay au pouvoir. Malheureusement, le décès prématuré de ce dernier l’en empêche. La mère éplorée appelle alors à son fils aîné, Rajiv. Malgré ses réticences, il accepte de l’assister. Il entre au Congrès fin 1980. 

Un deuxième mandat qui s’achève dans le sang 

À cette période, Indira Gandhi est confrontée à l’émergence d’un mouvement séparatiste : le parti Shiromani Akali Dal prône la création du Khalistan, un état sikh indépendant, au Pendjab. La dirigeante s’y oppose fermement. 

En juillet 1982, la situation dégénère : les sikhs occupent le temple d’Or à Amritsar, principal lieu de prière des adeptes du sikhisme.

Pour mettre fin à la rébellion, la place sainte est attaquée par l’armée indienne le 05 juin 1984. L’offensive fait des centaines de morts, combattants armés ou simples civils. Les sikhs ne pardonnent pas cette attaque. En représailles, Indira Gandhi est assassinée par ses deux gardes corps sikhs, le 31 octobre 1984. Elle reçoit 30 balles, et succombe à ses blessures quelques heures plus tard. 

Son fils Rajiv est choisi pour lui succéder, perpétuant ainsi la lignée des Nehru-Gandhi. 

Aujourd’hui, Indira Gandhi est la première femme à avoir dirigé l’Inde. Ses mèches blanches sur chevelure de jais sont célèbres ; son nom est associé à la dynastie la plus influente du pays. Mais la dirigeante indienne n’est pas la seule femme politique qui a osé. Découvrez le parcours inspirant de Michelle Obama, une first lady engagée. 

Delphine Jouenne – rédactrice SEO

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