Hélène Thouy – La voix des animaux à l’Élysée

Savez-vous qu’il existe une Déclaration universelle des droits de l’animal, la DUDA ? Elle a été corédigée par La Fondation du Droit animal (LFDA) puis  solennellement proclamée, en 1978, à la maison de l’UNESCO de Paris.  En dépit d’avancées incontestables, 40 ans après, le pays des droits de l’Homme accuse un retard quasi inavouable en matière de condition et droit des animaux. Rassurez-vous ! Ça bouge ! Selon un sondage IFOP, 73 % des Français sollicitent un référendum d’initiative partagée (RIP) sur la question animale, et 33 % prévoient d’orienter leur vote vers un candidat engagé pour cette cause. Face à cette attente sociétale et à l’immobilisme chronique des politiques, le Parti animaliste investit Hélène Thouy aux présidentielles de 2022. C’est une première dans l’histoire politique française. Du jamais vu ! Cette jeune femme de 37 ans est avocate, militante du droit, de la protection et du bien-être des animaux. Elle est également cofondatrice et coprésidente du Parti animaliste, fort de  2,2 % de suffrages aux élections européennes de 2019. Pour mieux comprendre l’enjeu, Celles qui osent vous dit tout sur l’audacieux défi d’Hélène Thouy, qui ose faire entendre la voix des animaux… à l’Élysée.

La Déclaration universelle des droits de l’animal (la DUDA)

Pour rappel, un animal, quel qu’il soit, vertébré ou invertébré, est un être vivant doué de sensibilité. Qu’est-ce que cela signifie exactement ? Eh bien, qu’il est capable d’émotions, de ressentis, de souffrances, de réactions positives ou négatives en fonction de son environnement, son état, ses besoins existentiels, ses conditions et son cadre de vie. Ça ne vous rappelle rien… ? Il y a plus de 40 ans, consciente de la nécessité de faire évoluer la cause animale, La LFDA se lance dans une réflexion éthique. À l’issue, elle propose 10 articles majeurs qui établissent un cadre plus conforme à la survie et aux droits des animaux. Ils posent également les bases d’une conduite des êtres humains plus morale et plus respectueuse vis-à-vis des autres espèces vivantes. C’est dans cet esprit que la DUDA a vu le jour.  En 1978, à Paris, des ambassades de 14 pays et 2 000 participants assistent à sa proclamation solennelle sous l’égide de l’UNESCO. Rendue publique en 1990, la LFDA assure régulièrement ses mises à jour.

Le désert juridique de la DUDA

Dans l’absolu, les 10 articles de la DUDA constituent une prise de position philosophique sur les rapports idéaux que l’espèce humaine doit instaurer et entretenir avec les autres espèces animales. Dans la pratique, beaucoup reste à faire. Sans valeur juridique reconnue, les grands principes éthiques du document se consument en plein désert juridique. Pourtant, selon la DUDA, les animaux ont le droit d’être :

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  • égaux face à l’existence en fonction des équilibres biologiques ;
  • respectés ;
  • protégés des mauvais traitements ou actes cruels ;
  • assurés d’une mort instantanée, indolore et sereine (lorsque celle-ci est nécessaire) ;
  • garantis d’une décence post-mortem ;
  • certains de vivre librement dans leur milieu naturel et de s’y reproduire sereinement ;
  • épargnés de la chasse et de la pêche de loisir ainsi que de toute utilisation à d’autres fins que vitales ;
  • choyés et entretenus attentivement (animaux domestiques) ;
  • protégés de l’abandon et de toute mise à mort cruelle et barbare (animaux domestiques) ;
  • élevés dans des conditions physiologiques et comportementales propres à l’espèce (animaux d’élevage) ;
  • utilisés dignement, respectueusement et sans violence aucune lors d’exhibitions, spectacles ou films  ;
  • substitués à des méthodes de remplacement (expérimentation animale) ;
  • protégés de toute mort gratuite et inutile (sans nécessité absolue) ;
  • reconnus par la loi ;
  • représentés au sein des organismes gouvernementaux  et dans les programmes scolaires.

La DUDA considère également que la pollution, la destruction des biotopes et les actes compromettant la survie des animaux sauvages sont des génocides (sic). Depuis sa création, les adeptes de la cause animale cultivent et diffusent dans la population cette « charte » de positive attitude envers les animaux. En revanche, ses détracteurs, principalement philosophes, chasseurs,  agriculteurs, notables, voire juristes ou autres, restent perplexes quant au concept de droits en faveur des animaux et rébarbatifs à leur promulgation. L’intention de la DUDA se confronte également à des logiques de profit peu scrupuleuses, des traditions d’un autre âge et aux lobbies de la surexploitation animale bien ancrés dans le paysage économique. Depuis 40 ans,  la Déclaration universelle des droits de l’animal est victime d’un désert juridique. Paradoxal, non ?

La Fondation du Droit animal, Éthiques et Sciences (LFDA)

Au départ, la LFDA signifiait Ligue française du droit animal. C’est sous cette dénomination première que la DUDA a été corédigée. Par décret du 21 juillet 1999, elle devient une fondation reconnue d’utilité publique. En 2010,  elle est renommée La Fondation Droit animal, Éthique et Sciences (LFDA). Depuis 1977, la LFDA multiplie les actions pour sensibiliser consommateurs, éleveurs, chercheurs et grand public. Elle participe activement au vaste combat pour l’instauration et le respect d’un droit pour les animaux. Sa mission ? Intégrer les progrès de la science dans l’évolution du droit animal. De fait, chacune de ses victoires adoucit les rapports entre l’espèce humaine et les autres espèces du vivant. Dans toutes ses démarches, la LFDA s’appuie sur les sciences au sens large du mot. L’éthologie et la conscience animale en font partie et sont à l’origine de découvertes révolutionnaires. Citons quelques-uns des principaux fondateurs de la LFDA :

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  • le Professeur Alfred KASTLER, membre de l’Académie des sciences et prix Nobel de physique ;
  • le Professeur Rémy CHAUVIN, biologiste et éthologue ;
  • Jean-Claude NOUËT, médecin biologiste, vice-doyen de la faculté de médecine Pitié-Salpêtrière ;
  • Philippe DIOLE, écrivain, journaliste, plongeur et auteur de séries de films télévisés du commandant Cousteau ;
  • Maître Georges BROUWERS, avocat.

Les membres de ce groupe pluridisciplinaire n’étaient pas des novices en matière de condition animale, encore moins des opportunistes. Avant la DUDA, tous s’impliquent déjà dans la défense de la cause. À titre d’exemple, le Pr Kastler était vice-président de l’Œuvre d’assistance aux bêtes d’abattoirs. De son côté, Philippe DIOLE multipliait ouvrages et articles percutants sur la question. Quant à Jean-Claude NOUËT, il dénonçait sans relâche les scandales liés au trafic et à la détention d’animaux sauvages. La LFDA est actuellement présidée par Louis Schweitzer.

Fruit de cette organisation de référence, reconnue pour son sérieux, son expertise et sa rigueur,  la DUDA n’est ni fantaisiste ni utopique. Elle pose les bases concrètes des rapports homme/animal et remet radicalement en cause la notion d’animal-machine ou d’animal-objet dépourvu de conscience et de sensibilité. Les conclusions de nombre d’expériences scientifiques contemporaines confortent les principes directeurs de sa proposition (voir l’article sur la conscience animale).

Animaliste ou pas ?

Avant de tenter une réponse, Celles qui osent vous propose un petit test sur 3 concepts radicalement opposés :

  1. le concept de la séparation :
    1. les êtres humains sont séparés de la nature et lui sont de fait supérieurs ;
    2. les êtres humains sont reliés au monde naturel et intègrent son unité et sa diversité ;
  2. le concept de l’individualité :
    1. le bien-être individuel de l’homme peut être totalement déconnecté du bien-être des systèmes biologiques et sociaux, et perdurer ainsi ;
    2. le bien-être individuel de l’homme est dépendant de la totalité de la bio-culture ;
  3. le concept du sacré :
    1. le monde matériel a juste une valeur instrumentale, totalement séparée du sacré ou de ce qui existe sur un plan différent ;
    2. le profane détient une part de sacré qui invite au respect, à la sublimation du quotidien et à la gratitude envers ce qui l’entoure.

Alors, plutôt « a » ou plutôt « b » ? Celles qui osent vous oriente.

Plutôt « a » ? Vos pensées ne s’encombrent pas trop de la misère animale ambiante. Vous êtes du genre : « Eh oui, c’est bien dommage, mais si on s’occupait de tout ça, on ne vivrait plus ! ». Pas tout à fait faux !

Plutôt « b » ? Vos émotions réagissent, consciemment ou inconsciemment, aux échos de la maltraitance. Vous êtes du genre : « Qu’est-ce que je peux faire pour éviter ça ? » Pas si facile !

Le martyre animal en chiffres

« Il nous appartient de veiller tous ensemble à ce que notre société reste une société dont nous soyons fiers »,  Stéphane Frédéric Hessel, diplomate, résistant et écrivain.

La question est posée : peut-on vraiment être fiers de ça  ?

  • En France :
    • 3,2 millions d’animaux terrestres abattus chaque jour pour la consommation humaine  dont 80 % issus d’élevages intensifs, 42 % égorgés vifs et dépecés en conscience, 100 % en Île-de-France. Temps d’agonie, 14 minutes pour un rythme de 70 bovins ou 400 ovins à l’heure ;
    • 200 000 animaux aquatiques pêchés quotidiennement ;
    • 33, 6 millions de poules élevées en batterie, encagées et confinées à vie ;
    • 40 millions de poussins broyés vifs (1 par seconde) ;
    • 91 espèces d’animaux sauvages ou d’élevage « chassables » (1er record européen) , 7 jour sur 7, (2e record européen) dont 60 espèces d’oiseaux (3e record européen) contre 15 espèces en moyenne dans les autres pays  d’Europe ;
    • 30 millions d’animaux sauvages tués (fusil de chasse, silencieux, arme blanche [dague, pieux, etc.], arc, piège, pince à déterrage, voire coups de talons, etc.) dont 20 millions préalablement élevés, relâchés puis tirés à vue (4e record européen) ;
    • 2,2 millions d’animaux utilisés à des fins d’expérimentations scientifiques, (5e record européen), données ministère de la Recherche. Selon des études récentes, seuls 6 % d’animaux sont réellement indispensables à ce type d’expériences ;
    • 63 millions d’animaux domestiques recensés pour une population de 66 millions de personnes (6e record européen) ;
    • 250 000 euthanasies d’animaux domestiques déclarées par an (7e record européen) ;
    • 100 000 animaux domestiques abandonnés (11 par heure) dont près de 60 000 durant la seule période estivale ;
    • 10 000 infractions pour sévices graves sur animaux domestiques enregistrées par les services de police + 14 500 par la SPA ;
    • 35 millions de poissons survivent chez des particuliers dans des conditions inadaptées à leur mode de vie ;
    • 6,5 millions d’oiseaux végètent dans de minuscules cages ;
    • 1 200 animaux sauvages parcourent le territoire dans des véhicules pour l’exploitation par des cirques ;
    • 200 équidés victimes de maltraitance et 20 600  égorgés vifs en abattoirs ;
    • 500 souris sacrifiées par lot d’injections de Botox ;
    • 600 000 à 1 million de renards massacrés ;
    • 12 000 blaireaux subissent le même sort (pratique du déterrage 8 mois par an) ;
    • 4 000 animaux sauvages dont 360 cerfs, 400 sangliers, 500 renards, 520 lapins, 880 chevreuils et 1320 lièvres, (chiffres du site « chassons ») meurent d’épuisement ou d’achèvement lors de chasses à courre ;
    • 40 000 taureaux périssent à petit feu dans les corridas de toute l’Europe dont 10 000 en France. 6 millions de spectateurs rien que sur notre territoire ;
    • 3,5 millions de petits oiseaux tués illégalement sur le pourtour Méditerranéen au nom de la tradition ;
    • des centaines de « jeux » autorisés tels que : arrachage de têtes d’oies (on attache la patte d’une oie vivante à une corde et les jeunes du village passent à cheval au galop au-dessous de la corde puis tentent d’arracher la tête de l’animal) ;
    • en Martinique, les chiens errants sont immolés ;
    • à la Réunion, les chiens servent d’appât pour la pêche au gros. Hameçonnés puis cloués sur des planches et immergés par à-coups dans l’eau, leurs gémissements et leur sang attirent les squales ;
    • Etc.
  • Dans le monde :
    • 1 380 milliards d’animaux de consommation abattus annuellement ;
    • 250 000 taureaux agonisent au cours de corridas sanglantes ;
    • 56 millions d’animaux encagés puis abattus pour leur fourrure :
      • 85 % d’entre eux vivent l’enfer dans des « fermes à fourrure » ;
      • 15 % sont des animaux sauvages victimes du braconnage (pièges à mâchoires, normalement interdits) ;
      • 1 seul manteau de fourrure correspond à 20 visons morts ;
      • 1 kilo de fourrure  implique 563 kilos de nourriture et l’abattage de 11 animaux ;
      • 180 animaux morts pour 42 peaux sélectionnées ;
      • une des 5 industries les plus polluantes au monde ;
      • un impact climatique 5 fois supérieur à celui du marché de la laine ;
      • 40 milliards de chiffre d’affaires ;
    • 400 000 bébés phoques brutalement harponnés (hakapik) pour leur peau devant leurs mères ;
    • en Chine et au Vietnam, des milliers de chiens sont volés pour alimenter les restaurants de luxe. Plus l’animal est torturé, plus il souffre et meurt lentement, plus sa consommation est appréciée, tout particulièrement s’il est dépecé vivant ;
    • dans ces mêmes pays, des oursons sont encagés, affamés et drogués pour l’extraction de leur bile (aphrodisiaque chinois) jusqu’à ce que mort s’ensuive  ;
    • dans certains pays d’Asie, les éléphants, tellement martyrisés, conservent à vie la terreur de l’homme et des coups, bien après leur extraction du milieu hostile ;
    • en Espagne, les Galgos, chiens lévriers dressés pour la chasse aux lièvres, qui n’ont pas excellé, agonisent lentement par pendaison lente, immolation, gazage  ou encore abandon au fond d’un puits après tortures diverses et variées. Tout est permis pour sauver l’honneur du propriétaire. Plus la souffrance est grande et démontrée, plus l’offense est lavée ;
    • dans ce même pays, 3 000 fêtes locales sont symbolisées par des actes de maltraitance animale : des chevaux et des ânes marchent sur des braises brûlantes et traversent des bûchers avec des flammes de plusieurs mètres de hauteur. Un taureau est lâché, pourchassé puis, une fois acculé, achevé à coups de lance ;
    • au Portugal, 500 animaux sauvages (cervidés, sangliers) ont été massacrés par 16 chasseurs espagnols en 1 seul week-end lors d’une partie de chasse en enclos ;
    • en Chine, Yulin, la fête du chien pas vraiment à la fête. Passons sur les détails de ce festival de viande canine ;
    • en Sibérie, 20 000 rennes massacrées par des braconniers en dehors de la période de chasse ;
    • au Danemark, aux îles Féroé, en Europe ! Le plus grand massacre traditionnel de dauphins ;
    • Au Mexique, des petits animaux sont enfermés vivants dans des poupées jetées dans une arène où se trouve une vache excitée par la foule. Les animaux sont broyés par piétinement ;
    • Etc.

On pourrait remplir des pages, des pages et des pages. L’abîme entre le traitement réservé aux animaux et leur qualité d’êtres vivants dotés de sensibilité, qualité aujourd’hui admise et incontestable, est incommensurable.

« De tuer les animaux à tuer les hommes, il n’y a qu’un pas, tout comme de faire souffrir les animaux à faire souffrir les hommes », Léon Tolstoï

Trafic d’animaux, à qui profite le crime ?

Le trafic d’animaux est la troisième activité illégale la plus lucrative au monde. Dans sa globalité, ce business est évalué entre 15 et 20 milliards de dollars.

  • en France, 100 000 chiots et chatons, victimes de trafiquants,  entrent sur le territoire chaque année depuis l’Europe de l’Est (58 millions de CA annuel). Leurs géniteurs ? Des animaux domestiques volés dans toute l’Europe et principalement en France. La principale destination des portées ? Les animaleries, les foires et salons, les particuliers, voire des élevages peu scrupuleux. Nés en batterie dans des fermes mouroirs, ces animaux sont le plus souvent victimes de troubles de la santé et du comportement. Sevrés précocement, dénutris, et stressés chroniques, ils rejoindront tôt ou tard les cabinets vétérinaires ou les refuges déjà surchargés. Les prix proposés à la vente sont 5 fois moins chers que ceux des élevages éthiques. La demande est en augmentation croissante, notamment en banlieue parisienne. Quant aux géniteurs morts d’épuisement ou achevés, leurs dépouilles alimentent le marché des cols et poignets en fourrure (parkas, doudounes, etc.) ;
  • en Europe : l’Espagne est la porte d’entrée du trafic d’animaux européen. La  Belgique en est la plaque tournante. 8 millions de chiots mis en vente sur des sites internet pour un bénéfice proche du milliard d’euros. L’Europe de l’Est caracole à la tête du trafic d’animaux domestiques (Pologne, Hongrie, République tchèque, Roumanie, Bulgarie et Slovaquie).
  • dans le monde : le trafic d’animaux et d’organismes sauvages atteint des chiffres record quasi équivalents aux trafics d’armes ou de stupéfiants. Il représente 5 000 euros de braconnage par seconde.Vous vous en doutez bien, ce négoce n’alimente pas les réseaux de bienfaisance. Il participe au financement du crime organisé, tout particulièrement des groupes paramilitaires et terroristes (source Science et Vie, rapport Interpol). La demande croissante en  nouveaux animaux de compagnie (NAC) en est la source principale. Sur le marché de l’illégalité, plus une espèce est menacée, plus sa valeur augmente. À titre d’exemple, les œufs de perroquet bleu du Brésil, espèce protégée, se vendent  5 000 euros l’unité.

« La grandeur d’une nation et son progrès moral peuvent être jugés à la manière dont les animaux sont traités », Mohandas K. Ghandi

Coupable ou non coupable ?

« Le monde est malade de notre silence coupable car notre individualisme, de plus en plus maladif, tue notre humanité et nous rend parfois plus animaux que les animaux », Dona Maurice ZANNOU

D’après vous, sentiments d’impuissance et de fatalité peuvent-ils contrebalancer notre part de responsabilité ? Que nous en ayons conscience ou non, l’humanité entière est impliquée.  Si la souffrance animale est omniprésente, c’est parce qu’elle est, en partie, interdépendante de nos choix et de nos impulsions. Habillement, alimentation, loisirs, produits quotidiens (ménagers ou cosmétiques) ou encore acquisition illégale d’un animal pèsent lourd dans la balance. Plus difficile encore à admettre, vanité, cupidité, snobisme, égocentrisme, addiction, pouvoir de consommation et de domination, ignorance, paraître et lâcheté sont les maillons faibles de la nature humaine. Ils atteignent leur paroxysme dans la maltraitance animale.

Si le fait de tuer un animal pour s’en nourrir ou nourrir un autre animal est admis comme moralement non condamnable, le torturer l’est totalement. Lui imposer des sévices, des conditions d’élevage, de transport et d’abattage atroces et indignes est contraire à l’éthique. Cette éthique qui revendique la nature d’êtres sensibles aux animaux capables d’éprouver stress, terreur, souffrance et agonie face à la barbarie. Pour un paquet de viande, un être vivant a donné sa vie. La moindre des choses est de s’assurer qu’il a été élevé et tué le plus dignement possible. Pour un chiot de race (pas si sûr) à bas prix, vendu à la sauvette, son géniteur, un être vivant, est emprisonné à vie dans les pires conditions et sans autre alternative que la mort.

« Tous les animaux connaissent ce qui leur est strictement nécessaire, excepté l’homme », Pline l’Ancien.

Certes, la société civile est prise entre deux feux. 73 % des Français sollicitent un référendum pour les animaux, mais la consommation de masse, la paupérisation, la baisse du pouvoir d’achat ou l’attractivité du luxe prévalent sur l’intention. D’un côté l’empathie, de l’autre, l’habitude, la tradition, la facilité, la tentation, le goût et les moyens.  Ce dilemme se retrouve également dans le débat politique. Beaucoup de nos représentants en appellent à une meilleure considération de l’animal tout en rappelant que, quelles que soient les améliorations apportées, toutes doivent préserver l’exploitation et les utilisations animales. Résultat ? Pas de mesures profondes, de mesurettes, de promesses ou pire de la démagogie.

« L’homme voudrait s’envoler comme un oiseau mais il va jusqu’au bout de la branche en voiture », Anonyme.

Alors, coupable ou non coupable ?

Quelle que soit votre réponse, Celles qui osent vous communique plusieurs pistes pour tenter une autre voie :

Savez-vous vraiment à quoi vous vous engagez lors de l’acquisition d’un animal, d’un chien par exemple ?  Extrait du blog « Chien, vie et santé » de Claude Lefevre. C’est parti :

  1. Aimez-vous les chiens ? Oui ? Tant mieux, le test peut continuer. Non ? Alors, n’adoptez pas !
  2. Êtes-vous allergique aux chiens (poil, bave…) ? Dans l’affirmative, êtes-vous prêt à prendre un traitement ? Si oui, continuez. Si non, n’adoptez pas !
  3. Êtes-vous prêt à adapter et changer votre rythme de vie pour des années – peut-être même pendant 20 ans ?
  4. Même s’il faut se lever 1 heure plus tôt le matin pour promener votre chien ? Et consacrer une heure de votre soirée à vous en occuper ? Et rentrer le midi pour le sortir aussi ?
  5. Même quand il pleut ? Qu’il neige ? Même si vous êtes malade ?
  6. Seriez-vous prêt à dépenser un budget conséquent dans d’éventuels soins vétérinaires ?
  7. Si nécessaire, pourriez-vous vous faire aider d’un éducateur canin ?
  8. Même si les séances reviennent à minimum 40 € l’heure ?
  9. Êtes-vous prêt à dire adieu à certains vêtements, meubles, et autres choses qui risquent de finir mâchouillés, avalés, recrachés et recouverts de poils ?
  10. Avez-vous conscience que partir en vacances nécessitera une organisation à toute épreuve ?
  11. Que vous ne pourrez peut-être plus jamais faire la grasse matinée ?
  12. Êtes-vous prêt à éduquer votre chien avec douceur et respect, sans perdre patience ?
  13. Même quand il fait sa tête de mule et enchaîne les bêtises ?

Avez-vous déjà vu ce type d’alerte dans les animaleries, les salons et autres ménageries ? Pensez-vous vraiment que sur 63 millions d’animaux domestiques, tous bénéficient du minimum d’attention et de dévouement auxquels ils ont droit de fait ? Depuis des décennies, les acteurs du bien-être animal demandent l’instauration d’un certificat de capacité et d’une fiche d’information sur ses besoins existentiels lors de l’acquisition d’un animal. Même les objets bénéficient d’un mode d’emploi et d’une fiche technique ! Paradoxal, non ? Conséquences ? 100 000 abandons par an (officiels) et des dizaines de milliers d’actes de cruauté. Et ce n’est pas le récent article 515-14 du Code civil qui va changer quoi que ce soit à cette explosion. D’une part, il s’agit plus d’une modification textuelle et symbolique que d’une avancée à réelle portée juridique et, d’autre part, il n’est jamais appliqué (Lire l’article sur Gabrielle Paillot).

« Il y a tant d’égoïsme dans le cœur des hommes, tant d’intérêts personnels chez eux, que les belles initiatives viennent s’y briser comme les lames de la mer sur un rocher inébranlable », Donat Dufour, romancière.

La protection animale, combats, avancées et victoires

Face à ce constat cruel, brutal et malheureusement non exhaustif, Celles qui osent vous propose de souffler un peu, et de vous ressourcer auprès du préambule de la Déclaration universelle des droits de l’animal :

  • la vie est une, tous les êtres vivants ont une origine commune et se sont différenciés au cours de l’évolution des espèces ;
  • tout être vivant possède des droits naturels et tout animal doté d’un système nerveux possède des droits particuliers ;
  • le mépris, voire la simple méconnaissance de ces droits naturels provoquent de graves atteintes à la Nature et conduisent l’homme à commettre des crimes envers les animaux ;
  • la coexistence des espèces dans le monde implique la reconnaissance par l’espèce humaine du droit à l’existence des autres espèces animales ;
  • le respect des animaux par l’homme est inséparable du respect des hommes entre eux.

C’est dans cet esprit que des fondations, des associations, des scientifiques, des philosophes, des juristes, des écrivains, des journalistes, des citoyens, des militants, des politiques, des activistes lancent inlassablement et obstinément des alertes. Ensemble, ils œuvrent avec lucidité et détermination à :

  • la dénonciation de l’inadmissible ;
  • l’abolition de la souffrance inutile ;
  • la proposition de mesures protectrices et juridiques ;
  • la mise à disposition de structures d’accueil et de prise en charge (sauvetages, enquêtes, actions en justice) ;
  • la publication d’une documentation scientifique ou philosophique sur la conscience et l’intelligence animales ;
  • la diffusion et la médiatisation d’expériences et de documentaires où la complicité homme/animal témoignent d’une complémentarité gagnant/gagnant.

Saluons ici tous les défis relevés par les plus grandes associations de défense animale.

À quand un juste équilibre entre l’homme et la nature, l’instauration d’un droit animal équitable et moderne et une remise en cause des traditions barbares et obsolètes, du braconnage et du trafic d’animaux sauvages et domestiques ?

« Nous vivons dans un monde essentiellement interdépendant où le sort de chaque être, quel qu’il soit, est intimement lié à ce lui des autres. Il ne s’agit donc pas de ne s’occuper que des animaux, mais de s’occuper aussi des animaux », Matthieu RICARD.

#lesanimauxcomptent, voilà en quelques mots le défi du parti animaliste et de sa coprésidente, Hélène THOUY, oser hisser le droit et la voix des animaux à l’Élysée. L’enjeu ! Se rapprocher au plus près et dans la mesure du possible des propositions de la DUDA. Permettre une réconciliation homme/animal, économie et éthique. Faire en sorte que les animaux comptent aussi ! Tout un programme !

Hélène Thouy, oser faire entendre le droit des animaux à l’Élysée

Le parti animaliste

Créé en novembre 2016, le parti animaliste revendique aujourd’hui 4 000 membres. Deux femmes en sont coprésidentes,  Hélène THOUY et Douchka MARKOVIC. Comme son nom l’indique, le parti animaliste est principalement dédié à la cause animale. Ni de gauche, ni de droite, il réalise un score de 2,17 % aux élections européennes de 2019, soit près de 500 000 voix.

Totalement inattendu, ce résultat symbolise la déconnexion entre les aspirations de la population et celles du gouvernement. De fait, il met en exergue les multiples prises de position du gouvernement à l’encontre des avancées en matière de bien-être animal et à rebours des recommandations scientifiques les plus réalistes. Face à un taux d’abstention de plus en plus inquiétant, il pointe le manque de concrétisations politiques en matière de condition animale et le manque d’ambition du pouvoir législatif et du gouvernement sur cette question. Il souligne également l’abîme entre les préférences citoyennes et la très forte influence des lobbies dans les prises de décisions publiques. Sans atteindre la barre des 5 % nécessaires en France pour prétendre à un eurodéputé, ce score a dépassé l’UPR et Lutte ouvrière, et talonné de très près le PCF et l’UDI. Le parti animaliste a également réussi à obtenir plusieurs sièges de conseillers municipaux.

À titre d’information, son homologue allemand a obtenu 1 siège avec 1,5 % des voix et la liste animaliste néerlandaise, 1 siège également. En France, ce tournant historique élève la cause animale au rang des sujets majeurs dont la société doit s’emparer. Il contraint également le gouvernement à une prise en compte accélérée de cette problématique, jusqu’ici totalement méprisée. Dès lors, certaines promesses non tenues durant le quinquennat ont abouti, notamment la fin du broyage des poussins mâles vivants et la fin de la chasse à la glu. Même colorées d’opportunisme électoral, ces victoires sont synonymes d’un peu moins de souffrance.

En juillet dernier, le parti animaliste a investi Hélène THOUY à la présidentielle de 2022.  Cette candidature est une nouvelle étape dans le combat mené par ce jeune mouvement. Ensemble, ils surfent sur la dynamique en cours,  les attentes de la population et le besoin exprimé d’une meilleure représentativité citoyenne dans les décisions.

Hélène Thouy, co-fondatrice du parti animaliste

Hélène Thouy n’est pas une novice en matière de protection animale. Avocate, l’idée de justice l’habite. De fait, elle consacre sa vie à la défense des animaux et de tous ceux qui ne peuvent pas le faire. À 37 ans, toutes les associations et tous les militants la connaissent et l’apprécient. Dotée d’une solide réputation dans le milieu, on la qualifie de bourreau de travail à la détermination farouche. L’arène présidentielle ne l’effraie pas et sa candidature est prise très au sérieux dans la classe politique. « Ce sont des sujets qui intéressent les jeunes générations et qui méritent d’être pris au sérieux », plaide un député de la majorité présidentielle qui observe avec méfiance le parcours de la jeune avocate.

Son ambition :

  • hisser le droit et la voix des animaux à l’Élysée ;
  • défendre leurs droits et réduire les souffrances inutiles ;
  • rendre la question animale incontournable ;
  • créer un ministère de la condition animale « totalement indépendant du ministère de l’Agriculture » pour limiter les conflits d’intérêt et les jeux d’influences ;
  • plaider pour la valorisation des « protéines végétales, plus digestes et moins cancérigènes » ;
  • remettre à plat le modèle agricole et alimentaire ;
  • améliorer les pratiques d’élevage intensif ;
  • accompagner les agriculteurs dans la reconversion vers une agriculture végétale ;
  • agir pour le développement de cette filière ;
  • assumer la grande responsabilité d’inverser la tendance et d’abolir la barbarie ;
  • Etc.

Le programme détaillé du parti animaliste émergera bientôt. Dans tous les cas, l’obtention de 500 parrainages de maires reste la condition incontournable pour valider la candidature d’Hélène THOUY à l’élection présidentielle. Ce challenge, l’avocate l’aborde avec sérénité :

« Nous avons un réseau et une base militante très importante pour solliciter les élus… Nous allons connaître des difficultés mais l’objectif est réalisable. Comment peut-on encore considérer la France comme une nation développée, civilisée, tout en tolérant que sur notre territoire des millions d’animaux soient mutilés atrocement, castrés, qu’on les empêche de se retourner dans leur cage. Ce que nous faisons subir à ces êtres est impardonnable. » [Le Figaro].

« Il est évident qu’il faut changer les choses. Nous ne pouvons plus nous dérober ! La France, c’est l’éthique animale portée par les plus brillants esprits du siècle des Lumières,  Jean-Jacques Rousseau, Pierre-Louis de Maupertuis, Condorcet, Voltaire, et tant d’autres qui ont façonné nos institutions et éclairé notre esprit. Ce sont eux qui nous ont enseigné que le seul critère de l’attribution des droits est la capacité de sentir, et que les animaux devraient donc à ce titre être juridiquement protégés. Être Français, c’est ne jamais oublier cette importante leçon. Être Français, c’est être audacieux, audacieux comme nous l’avons toujours été au sein de notre mouvement. Parce que, croyez-moi, il en faut du courage pour fonder un parti politique qui se bat pour des êtres qui n’iront jamais voter pour lui. Pour se présenter à des élections, sans argent, sans notoriété, sans appui médiatique. »

 

Indépendamment de toute opinion politique, il est désormais évident et urgent de hisser le droit et la voix des animaux à l’Élysée, de leur accorder reconnaissance, bienveillance et compassion. Eux savent le faire. Didier Van Cauwelaert, célèbre romancier : « comprendre le fonctionnement de l’intelligence émotionnelle des animaux nous aide incontestablement à devenir plus humain, à réveiller en nous des pouvoirs endormis d’amour, de respect et de gratitude. » Les dauphins sont capables de scanner notre état émotionnel et de remédier à ses perturbations par leur unique présence. Le chant des baleines peut ramener à l’état vibratoire de fœtus, faciliter la guérison cellulaire et accélérer la cicatrisation. La présence du chat stimule la créativité des écrivains. Les chiens guides d’aveugles sont capables de discernement et de prise de décision dans l’intérêt de leur maître, quitte à enfreindre leur apprentissage. Partout dans le monde, les animaux tendent la main à l’homme. Ils sont nos meilleurs amis, capables de transcender nos propres limites. Chacun est une extension de nous-mêmes.

« Pourquoi reconnaître des droits  à l’animal implique-t-il nécessairement qu’on l’identifie à l’homme ? En dépit de nos différences, ne peut-on tout simplement leur accorder le droit de vivre et d’exister ! » Théodore MONOD.

Pour tous les amoureux des animaux, découvrez notre article sur la peintre Rosa Bonheur, une artiste emblématique de l’art animalier !

 

Etsie TESSARI pour Celles qui osent

Sources :

https://www.fondation-droit-animal.org/

https://www.fondationassistanceauxanimaux.org/

https://www.referendumpourlesanimaux.fr/

https://www.nouvelobs.com/politique/20210701.AFP0242/le-parti-animaliste-se-lance-dans-la-bataille-presidentielle.html

https://www.lefigaro.fr/elections/presidentielles/le-parti-animaliste-veut-se-presenter-a-l-election-presidentielle-20210701

https://www.liberation.fr/debats/2020/08/27/le-referendum-pour-les-animaux-trois-defis-pour-notre-democratie_1797877/

https://parti-animaliste.fr/

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