Colette, écrivaine libre aux mille talents

Colette est l’une des figures marquantes de la littérature du XXe siècle. On compte parmi ses écrits pas moins d’une quarantaine de romans, sans compter ses nombreuses correspondances, ses billets journalistiques et ses collaborations pour des scénarios. Son talent s’est exprimé pour l’art et le théâtre également. Esprit libre et rebelle, Colette a déchaîné les chroniques dans la première moitié du XXe siècle. Elle reste à ce jour l’une des femmes marquantes de la production littéraire française.

L’autrice de Sido : de son enfance paisible à sa vie mondaine agitée

Une enfance heureuse en Bourgogne

Sidonie-Gabrielle Colette voit le jour le 28 janvier 1873 à Saint-Sauveur-en-Puisaye, une petite commune située dans l’Yonne en Bourgogne. Elle est la benjamine d’une fratrie de quatre enfants. Ses deux frères et sœurs aînés sont issus du premier mariage de sa mère, Sidonie Landoy (appelée « Sido »). C’est elle qui apprend à Colette à reconnaître les plantes, les animaux et à observer la nature. Cette éducation prendra d’ailleurs une place prépondérante dans son œuvre littéraire. Féministe et athée, Sidonie Landoy sera en effet une grande inspiration dans la vie de Colette, qui lui dédiera en 1930 un roman à son nom : Sido. Son père, Jules-Joseph Colette, percepteur, lui enseigne le français, lui donne des leçons de style et lui fait lire des classiques de la littérature dès son plus jeune âge. Elle reçoit ainsi une éducation littéraire, libre et laïque qui feront d’elle ce qu’elle deviendra plus tard : une femme de lettres et artiste phare du XXe siècle.

Du premier mariage à la mort de Colette à Paris

Colette rencontre Henry Gauthier-Villars, dit « Willy », lors de son adolescence. Elle l’épouse le 15 mai 1893 à l’âge de 20 ans. Ce dernier est un critique musical reconnu et auteur de romans populaires (écrits en majorité par des prête-plumes). Il possède également une maison d’édition appelée Gauthier-Villars située dans un immeuble parisien où le couple s’installe après le mariage. C’est Willy qui introduit Colette dans les cercles littéraires de Paris où elle fait sensation. Par ailleurs, il se rend rapidement compte que sa femme a un talent pour l’écriture et l’encourage ainsi à écrire pour lui.

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En 1905, Colette a une liaison avec la baronne Madeleine Deslandes, qu’elle voit en secret selon les volontés de cette dernière. D’ailleurs, elle ne cache pas sa bisexualité. À cette époque, les amours homosexuelles entre femmes étaient plutôt tolérées. En 1906, le couple Gauthier-Villars divorce. Dès lors, Colette connaît plusieurs histoires d’amour avec des femmes. Sa relation la plus connue demeure celle avec Mathilde de Morny, qu’elle rencontre en 1911. On lui prête également une brève relation avec la femme de lettres Natalie Clifford Barney.

Colette se marie une seconde fois en 1912 avec le politicien et journaliste Henry de Jouvenel. C’est avec lui qu’elle met au monde son unique fille Colette Renée de Jouvenel. Rédacteur en chef du journal Le Matin, Henry de Jouvenel est celui qui initie Colette au journalisme. Après quelques années de mariage, le couple divorce en 1923 et c’est en 1925 qu’elle rencontre son troisième et dernier époux, Maurice Goudeket. Ils restent unis de 1935 jusqu’à sa mort, le 03 août 1954 à l’âge de 81 ans.

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Colette compte parmi ses proches amis des personnes d’influence comme la reine Elisabeth de Belgique, l’actrice Marguerite Moreno et le poète et cinéaste Jean Cocteau. C’est d’ailleurs grâce à Marguerite Moreno qu’elle rencontre Maurice Goudeket, son troisième mari.

Colette, la littérature et l’art dans le sang

L’écriture et les mots avant tout

Lors de son premier mariage, Colette écrit ses premiers livres en tant que prête-plume, sous le pseudonyme de son mari « Willy ». Il lui demande d’écrire ses souvenirs d’enfance, ce qu’elle fait en écrivant la série des Claudine. Le premier qui paraît est Claudine à l’école en 1895, puis viennent rapidement trois autres romans, jusqu’à son dernier intitulé La Retraite sentimentale. Celui-ci signe la fin de la saga et son divorce avec Henry Gauthier-Villars en 1906.

De 1906 à 1913, alors qu’elle se rapproche du milieu théâtral, Colette écrit plusieurs romans consacrés à cet univers tels que La Vagabonde en 1910 ou encore L’Envers du music-hall en 1913. Par ailleurs, elle se remarie en 1912 avec le rédacteur en chef du quotidien Le Matin, qui lui propose de faire des billets et des reportages. C’est ainsi que débute sa voie dans le journalisme. Elle deviendra quelques années plus tard la directrice littéraire de ce quotidien. Colette continue toutefois sa vocation dans la littérature. En 1922, elle devient la présidente du jury du prix littéraire La Renaissance, créé l’année d’avant par Henry Lapauze, pour élire l’auteur du meilleur ouvrage. Elle y reste présidente jusqu’en 1928. En 1944, Colette est la deuxième femme, après Judith Gautier en 1910, à devenir membre de l’académie Goncourt.

Pendant la Seconde Guerre Mondiale, elle se consacre à l’écriture d’articles pour des journaux comme Le Journal, La Gerbe et Le Petit Parisien, afin de gagner sa vie. Après la guerre, elle continue d’écrire des articles pour des magazines féminins comme Elle et Marie-Claire. Dans cette période d’après-guerre, tout s’enchaîne : en 1948, Colette est nommée pour le prix Nobel de littérature. En 1949, l’écrivaine devient la présidente de l’académie Goncourt, et ce, jusqu’à son décès en 1954. Après sa mort, plusieurs romans sont publiés à titre posthume, parmi lesquels Les belles saisons en 1955 et Paysages et portraits en 1958. On lui doit par ailleurs un certain nombre de correspondances, notamment avec sa fille.

Inspirations et style d’écriture de l’écrivaine

Colette s’inspire de son enfance et de ce qu’elle a vécu pour écrire ses romans. Sa première inspiration est sa mère, Sido. C’est en effet grâce à elle que l’écrivaine a pu s’émanciper et écrire des livres où la nature est omniprésente et importante. Certains la considèrent ainsi comme une romancière régionaliste. L’autrice puise également son inspiration lors de ses multiples séjours sur la Côte d’Azur. Des ouvrages comme La Naissance du jour en 1928 et Bella Vista en 1937 en sont l’exemple. Sa carrière au théâtre joue aussi un rôle dans sa production littéraire.

Colette est souvent considérée comme la pionnière du genre auto-fiction. En effet, selon l’inventeur de ce terme, elle se met en scène dans plusieurs de ses œuvres telles que la saga des Claudine. Par ailleurs, c’est aussi dans cette saga que la femme de lettres évoque ouvertement la bisexualité. En effet, elle y dépeint des personnages de femmes bisexuelles ou lesbiennes. Colette étant elle-même bisexuelle, c’est un thème récurrent dans son œuvre littéraire. Elle parle aussi d’expériences homosexuelles dans Le Pur et l’Impur en 1932.

Le talent de Colette pour l’art et la comédie

Après son premier divorce en 1906, Colette doit trouver du travail pour gagner sa vie. C’est à ce moment-là qu’elle découvre le théâtre. Elle se produit donc sur scène au music-hall, mais également dans d’autres salles de spectacle parisiennes comme le Bataclan, le Moulin Rouge mais aussi en province. Cela dure environ 6 ans. C’est dans ce milieu qu’elle y fait des rencontres, notamment avec Mathilde de Morny (« Missy ») avec qui elle partage la scène en 1911.

Colette rencontre le dramaturge Léopold Marchand en l’engageant au journal Le Matin pendant qu’elle y est directrice littéraire. C’est cet homme qui adapte son roman Chéri au théâtre en 1921. Deux ans plus tard, c’est La Vagabonde qui est adaptée.

L’écrivaine participe également à la création de la fantaisie lyrique L’Enfant et les Sortilèges avec Maurice Ravel de 1919 à 1925. Elle écrit par ailleurs deux scénarios de films qui s’intitulent Lac aux Dames en 1934 et Divine en 1935. En 1952, elle joue son propre rôle dans le documentaire intitulée sobrement Colette que lui consacre Yannick Bellon. C’est d’ailleurs le seul film dans lequel elle joue, car elle décèdera 2 années plus tard.

Colette a marqué sa génération et son symbole d’écrivaine libre demeure à travers les décennies. Elle obtint la légion d’honneur un an avant sa mort en 1953. Lors de son décès, l’Église catholique refusa de l’enterrer en raison de sa vie qualifiée de sulfureuse. Cela ne l’empêcha toutefois pas d’être la deuxième femme, après Sarah Bernhard, à bénéficier de funérailles nationales. Presque trente ans plus tard, Marguerite Yourcenar lui rendra hommage dans son discours lors de son adhésion à l’Académie française.

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