Allaitement long : bienfaits, regards et préjugés

S’il y a bien un sujet qui déchaîne les foules, c’est celui de l’allaitement maternel. Qui plus est quand il est qualifié de « long ». Mais qu’est-ce qu’un allaitement long ? Long par rapport à quoi ? Par rapport à qui ? La question n’est pas si simple à répondre. Nous tenterons, dans un premier temps, de donner une définition de l’allaitement long. Ensuite, nous verrons ses bienfaits tant sur le plan nutritionnel que sur le plan affectif. Enfin, nous constaterons que de nombreux préjugés entourent ce sujet mais que des solutions existent pour les enrayer.

L’allaitement long, c’est quoi ?

Les chiffres français

L’OMS préconise un allaitement exclusif pendant les 6 premiers mois, puis pendant au moins 2 ans en complément d’une alimentation diversifiée. D’après un rapport de la DRESS, en France, en 2013, 66% des nourrissons étaient allaités à la naissance. Ce taux chute à 44 % pour les nourrissons de 11 semaines, à 30 % pour les nourrissons de 4 mois et à 18 % pour les nourrissons de 6 mois. Et seulement 13 % des bébés sont allaités au-delà d’un an. Bien que ces chiffres aient augmenté depuis ces dernières décennies, ils restent bien inférieurs à ceux de nos voisins européens.

Une définition propre à chacun

Il est difficile de définir précisément ce qu’est un allaitement long ou prolongé. Cela dépend du ressenti et du regard que chacun porte sur la pratique de l’allaitement. En effet, certains parlent d’allaitement prolongé au bout de 3 mois, d’autres au bout de 6 mois, et d’autres au bout de deux ans.

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Pour rappel : Chez le bébé humain, le sevrage naturel, c’est-à-dire l’arrêt de l’allaitement à l’initiative de l’enfant, se situe entre 2 et 6 ans. Il est à noter que l’enzyme permettant la digestion du lactose (lactase) est sécrétée jusqu’à 7 ou 8 ans. Il parait donc « normal » que l’allaitement puisse durer pendant toute cette période. Finalement, le terme d’allaitement « non écourté » serait plus approprié que celui d’allaitement « long ».

Notre ressenti, et donc le regard que nous portons sur l’allaitement, dépend de plusieurs facteurs tels que :

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  • Notre environnement social (Connaissons-nous des mamans allaitantes ?) ;
  • Notre histoire personnelle (A-t-on nous-même été allaitées ?) ;
  • Nos origines (Venons-nous d’un pays où l’allaitement est ancré dans nos mœurs ?)

Le fait de qualifier un allaitement de « long » ou « prolongé » est donc vraiment subjectif.

Les bienfaits de l’allaitement long

Le lait maternel, un aliment complet et protecteur

Le lait maternel est indéniablement l’aliment le plus adapté au nourrisson. C’est un aliment vivant spécialement fabriqué pour lui. Il lui fournit, non seulement, tous les nutriments nécessaires à son développement, mais aussi des anticorps pour lui permettre de combattre les infections.

Des études prouvent qu’un nourrisson allaité pendant ses 6 premiers mois sera moins sujet au épisodes de rhumes, gastroentérite, grippe et autres infections. De plus, les bébés allaités exclusivement ont deux fois moins de risque d’être victime du syndrome de la mort subite du nourrisson.

Par ailleurs, l’allaitement n’est pas uniquement bénéfique pour le bébé mais aussi pour la maman. En effet, saviez-vous que plus l’allaitement est prolongé, plus le risque de développer un cancer du sein, de l’utérus, des ovaires diminue ? Il en va de même pour les maladies cardio-vasculaires.

La théorie de l’attachement

Outre ses bienfaits au niveau de la santé, l’allaitement permet également de créer un lien d’attachement fort avec son bébé. Le principe de la théorie de l’attachement est qu’un bébé ou un enfant, pour avoir un développement social, affectif et émotionnel normal, doit développer un lien d’attachement fort avec une personne (souvent la mère). Cette personne est celle qui prend soin du bébé, qui le nourrit, le change, joue avec lui et est à l’écoute de ses besoins. Etablir une relation de bienveillance avec son enfant est indispensable pour son développement.

Des études ont montré qu’un lien d’attachement entre la mère et son enfant crée une base de sécurité pour celui-ci et permettra ensuite son détachement et son autonomie (Bowlby 1958,1969). Et quand il en ressentira le besoin, il reviendra vers sa figure d’attachement pour refaire le plein de sécurité affective.

Alors qu’un enfant dont la sécurité affective n’aura pas été comblée sera plus susceptible de devenir un adolescent, puis un adulte stressé, manquant de confiance en lui et n’osant pas aller vers les autres.

L’allaitement contribue à créer naturellement ce lien d’attachement. D’ailleurs, pour que la lactation soit mise en place, on conseille, durant les premiers jours ou semaines, d’allaiter aux premiers signes d’éveil du bébé, puis de l’allaiter à la demande. Cela implique d’être constamment à l’écoute de son bébé pour répondre entièrement à ses besoins physiologiques et émotionnels. Emotionnels car l’allaitement n’a pas uniquement une fonction nourricière mais aussi une fonction apaisante. Toutes les mamans allaitantes seront d’accord sur ce point. Combien de fois une tétée a sauvé une sieste, a calmé un bobo ou un chagrin ? La tétée est souvent la réponse aux petits maux du quotidien. Les bébés auraient tort de s’en passer et on les comprend ! Quoi de plus rassurant que d’être bercé dans les bras de sa maman en profitant de son bon lait ?

Allaitement et préjugés

Allaiter en France

Malgré tous les bienfaits, allaiter en France, de nos jours, n’est pas toujours facile. Les préjugés ont malheureusement la vie dure.

Même si tout le monde aujourd’hui reconnait les bienfaits de l’allaitement, peu de personnes y sont formées. La France n’ayant pas une culture de l’allaitement (comme les pays scandinaves, le Japon, l’Amérique du Sud…), il est rare d’avoir au sein de sa famille des personnes expérimentées dans le domaine.

Celles qui auront fait le choix d’allaiter, longtemps qui plus est, devront s’armer de patience face aux critiques infondées de l’entourage. En effet, si dans notre pays, allaiter un nourrisson de 6 semaines est perçu comme quelque chose de beau et attendrissant, dès que bébé a 4 ou 6 mois (1 an n’en parlons pas !) préparez-vous à entendre la fameuse question « Mais, tu vas l’allaiter jusqu’à quand ? ». Comme s’il y avait une urgence et que le maternage devait suivre un calendrier.

Et c’est là que débutent les questions indiscrètes et les préjugés comme :

  • « Il tète encore ? Ton lait n’est pas nourrissant… »
  • « Vu la taille de tes seins tu n’auras jamais assez de lait ! »
  • « Donne un biberon et il fera ses nuits »
  • « La bière c’est bon pour la lactation »
  • « Tu ne trouves pas ça incestueux ? »
  • « Tu n’as pas honte de montrer tes seins en public ? ».

Si vous allaitez ou avez allaité, ces remarques vous seront familières. Et elles viennent la plupart du temps de l’entourage proche. Mais on ne peut pas complètement leur en vouloir. Ces critiques et injonctions sont souvent dites par habitude et par ignorance parce qu’il y a une désinformation totale du sujet dans notre quotidien.

En effet, l’allaitement n’est pas un sujet qui est abordé ouvertement dans notre société.  C’est la désinformation et l’ignorance du sujet qui pousse les personnes à la critique et parfois au mépris. Et ceci n’est pas vrai uniquement pour l’allaitement mais pour beaucoup d’autres sujets de société.

Une solution, l’enseignement !

Le problème étant posé, il serait temps en 2021, d’y remédier, ne trouvez-vous pas ?

Une des solutions serait de commencer par former les professionnels de santé à l’allaitement. En effet, une grande majorité de médecins généralistes et pédiatres n’est malheureusement pas formé et pourtant donne des conseils aux jeunes mamans qui peuvent mettre en péril une lactation (espacer les tétées, limiter la durée d’une tétée, etc.). En effet, de 1h à 4h d’enseignement sont consacrées au thème de l’allaitement maternel en fonction des facultés de médicine ! Alors que les sages-femmes peuvent suivre jusqu’à 46h de formation sur le sujet.

Heureusement, la formation continue existe et certains médecins décident de se former eux-mêmes au sujet.

Par ailleurs des conseillères en lactation existent pour informer et soutenir les mamans dans leur projet (entretien de la lactation, douleurs, reprise du travail, sevrage). Même si la consultation n’est pas encore remboursée par la sécurité sociale, dites-vous que ça coûtera toujours moins cher que de passer au lait artificiel !

Autre le fait de mettre à jour la formation des médecins, il est important de changer le regard de la population sur l’allaitement. Une solution serait d’aborder le sujet dans les programmes scolaires. Au collège, le thème de la reproduction est enseigné, pourquoi ne pas y inclure celui de l’allaitement qui y est directement lié ? Cela permettrait ainsi de sensibiliser les adultes de demain et d’éviter les remarques et préjugés.

Le but de cet article n’est pas de faire la promotion de l’allaitement et de faire culpabiliser les mères qui ne souhaitent pas allaiter. L’allaitement est un choix personnel et il ne regarde personne d’autre que la maman et le papa (ne l’oublions pas !). Si le thème ne vous était pas familier jusqu’ici, que vous soyez contre l’allaitement long ou au contraire convaincu de ses bienfaits je pense que vous serez toutes d’accord sur le fait qu’il n’y a rien de plus beau que l’amour que l’on porte à son enfant, qu’on l’allaite ou pas !

Sources :

Delphine Riblet pour Celles qui Osent.

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