4 raisons qui laissent un goût amer à la 20e commémoration des attentats du 11 septembre

Où étiez-vous le 11 septembre 2001 ? Que faisiez-vous ? Aujourd’hui encore, l’effondrement des tours du World Trade Center reste dans toutes les mémoires. Le monde entier se rappelle de cette situation « irréaliste », des vidéos des gratte-ciel en flamme, des images choquantes de personnes sautant dans le vide et de l’héroïsme des pompiers. En quelques heures, les tours jumelles de New York se sont effondrées, frappées par un double attentat terroriste. Deux cents unités de pompiers sont mobilisées sur les lieux pour sauver les rescapés. Le bilan humain est catastrophique : 2 977 personnes sont tuées. Entre veillées aux chandelles et chants du God Bless America, ce drame provoque alors en Amérique des élans de patriotisme et une forte unité nationale. Pourtant, vingt ans plus tard, le sens à donner à la commémoration divise. Celles qui osent vous explique pourquoi.   

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Attentats du 11 septembre 2001 – AFP/ARCHIVES

1. La lutte contre le terrorisme a fondé l’autoritarisme américain

Considéré comme l’attentat terroriste le plus sanglant de l’Histoire, le président Bush prononce un discours où il assure aux Américains « que toutes les ressources du gouvernement fédéral travaillent pour assister les autorités locales à sauver des vies et à aider les victimes de ces attaques. »

« Les États-Unis chasseront et puniront les responsables de ces actes lâches. »

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L’administration Bush commence alors une lutte acharnée contre le terrorisme jusqu’à ce que le commanditaire et chef d’Al-Qaïda, Oussama Ben Laden soit tué en mai 2011 au Pakistan.

Le journaliste Spencer Ackerman, dans son livre Le Règne de la Terreur. Comment l’ère du 11 septembre a déstabilisé l’Amérique et produit Trump, affirme que cette bataille « a transformé le pays et instauré des politiques qui ont créé les fondements de l’autoritarisme américain ; la mise en place d’un état policier à une échelle impensable une génération plus tôt, le recours à la torture et à la détention indéfinie des prisonniers, les déportations en masse d’immigrés considérés comme une menace. »

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Après le 11 septembre, les États-Unis ont renforcé leur réseau de surveillance en créant le Département de la Sécurité intérieure. En 2001, les Américains ont voté le USA patriot act, qui accroît les pouvoirs des agences fédérales en matière d’écoutes téléphoniques et de collecte de données. En 2019, on compte désormais sur le territoire américain 1 caméra pour 4,6 individus contre 1 pour 4,1 en Chine. 

2. La guerre interminable contre les talibans a provoqué une désaffection pour l’armée américaine

Les guerres menées depuis 2001 en Afghanistan ont fait des milliers de blessés. Le nombre d’engagés volontaires prêts à traquer Oussama Ben Laden après les attentats n’a augmenté que modestement. Pour atteindre ses objectifs, l’armée américaine, qui comptabilise 1,3 million de soldats, doit attirer chaque année 150 000 nouvelles recrues. Elle peine à recruter, alors elle cible… les femmes et les transgenres !

Ce désamour s’explique en partie par la longueur des guerres et les déploiements à répétitions. Plus de 50 000 soldats sont rentrés avec des blessures physiques ou psychologiques. De 11 à 20 % des soldats souffrent d’un syndrome de stress post-traumatique contribuant à l’explosion des suicides. En 20 ans, plus de 30 000 anciens combattants ont mis fin à leurs jours, alors que l’on dénombre 7 000 morts au combat. 

3. Les maladies du World Trade Center continuent de tuer

Nombre d’Américains ont développé des maladies, vingt ans après avoir été contaminés par les poussières toxiques dégagées lors de la chute des tours jumelles. Pour eux, « le 11 septembre continue de tuer ».

New York a en effet vu naître un cluster de cancers, de troubles psychologiques et de pathologies aérodigestives. Plus de 65 000 personnes ont déclaré au moins une de ces « maladies du World Trade Center » selon les Centers for Disease Control (CDC).

Les photos de New-Yorkais couverts d’une fine poudre gris-blanc quelques minutes après le drame sont devenues tristement célèbres. Beaucoup l’ignorent alors, mais cette étrange « neige » se compose d’un cocktail toxique d’amiante, de verre, de béton pulvérisé, de cendres…

Sous les tonnes de décombres, les incendies – alimentés par le kérosène des avions – continuent de brûler, dégageant des fumées toxiques. Environ 400 000 personnes y ont été exposées au sud de Canal Street entre septembre 2001 et mai 2002. 

4. Le spectre du terrorisme ressurgit en Afghanistan 

Joe Biden et son épouse Jill sont attendus ce samedi à New York, au très impressionnant mémorial construit là où s’élevaient les tours jumelles du World Trade Center, tombées le mardi 11 septembre 2001.

Les cérémonies de commémoration prendront la forme de lectures des noms des victimes à haute voix par les familles et de rediffusion des images tragiques sur les télévisions. Certes, depuis les attentats, le pays n’a pas subi de nouvelles attaques extérieures, mais le traumatisme est encore présent. Les États-Unis et le monde entier demeurent hantés par les évènements du 11 septembre 2001, et la lutte contre le terrorisme reste le cheval de bataille de tous les politiques.

L’évacuation désastreuse des troupes américaines à Kaboul, les talibans triomphants et le groupe terroriste Al-Qaïda saluant « leur victoire historique » ravive l’horreur des attentats : le spectre du terrorisme ressurgit… L’attentat du 26 août 2021, revendiqué par la branche afghane du groupe État islamique ayant tué 13 militaires américains à l’aéroport de Kaboul, a également bouleversé l’opinion publique. C’est dans ce contexte qu’a lieu la 20e commémoration des évènements du 11 septembre…

 

Les attentats ont marqué les esprits des Américains et du monde entier. Le choc semble inoubliable pour certains. Pour d’autres, ce cataclysme appartient désormais à l’histoire. Vingt ans après, un contexte d’amertume et de division est palpable. Les Américains se demandent s’ils doivent rendre seulement hommage aux 2 977 victimes des attentats ou également aux 2 461 soldats américains morts en Afghanistan et aux plus de 100 000 victimes afghanes, civiles et militaires… De plus, le procès des terroristes survivants n’a toujours pas eu lieu parce que la justice américaine s’est engluée dans les procédures judiciaires d’exception à Guantanamo. Enfin, le retrait chaotique des troupes américaines renforce le « sentiment de gâchis » des Américains. Les États-Unis ont dépensé environ 2 000 milliards de dollars en Afghanistan, mais ont cédé le pays à des fondamentalistes islamistes qu’ils avaient pourtant chassés de Kaboul il y a 20 ans. Cette commémoration 2021 laissera à certains Américains, un goût amer…

 Si vous vous intéressez à la politique, n’hésitez pas à lire notre article sur Alexandria Ocasio-Cortez, femme politique américaine engagée pour la justice sociale aux USA.

 

Violaine B — Celles qui Osent 

 

Sources :

  L’express du 9 septembre 2021, dossier d’Hélène Vissière

  RFI Reportage

  Faut-il commémorer le 11 septembre – Le Point 06/09/2021

  France Info – 11 septembre 2001 : le spectre des attentats toujours dans l’esprit des américains

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