10 décembre 2020 | Journée internationale des droits de l’Homme

Aujourd’hui, 10 décembre 2020, est célébrée la 72e journée internationale des droits de l’Homme, dans le contexte particulier de la pandémie de Covid-19. Retour sur l’histoire de cette déclaration fondamentale et sur sa résonance particulière en ces temps troublés. Alors que le monde traverse une crise profondément violente, doit-on y voir une fatalité ou plutôt une lueur d’espoir ? Serait-ce l’occasion de créer un ordre nouveau, plus fraternel, plus juste et plus équitable ?

Reconnaître les droits fondamentaux humains 

Pourquoi cette déclaration ?

Notre Histoire mondiale est jalonnée de conflits mais la Seconde Guerre mondiale a été le théâtre d’abominations telles que la communauté internationale a décidé de prendre des mesures afin que ces atrocités ne se reproduisent plus. 

Avant la fin de la guerre, l’Organisation des Nations Unies est créée et elle s’accompagne de la rédaction d’une Charte, premier pas vers la reconnaissance d’une aspiration profonde et essentielle de l’Homme à vivre libre et en paix. Dans son allocution de clôture de l’adoption de cette charte, le 26 juin 1945, le président Harry Truman déclare que “le monde peut commencer à entrevoir le moment où tous les êtres humains pourront vivre une vie décente d’hommes libres”. Les premières bases sont posées. 

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L’Assemblée Générale des Nations Unies décide d’aller plus loin en rédigeant une déclaration qui garantit les droits des Hommes quels que soient les lieux et les époques. Le contexte politique n’est pas favorable à une discussion apaisée : la guerre froide met face à face les blocs de l’Est et l’Occident mais un accord pourra être trouvé. Sûrement parce que ce texte fondateur n’est finalement que l’expression de “la valeur suprême de la personne humaine” (Hernán Santa Cruz du Chili, membre du sous-comité de rédaction). 

La commission des droits de l’Homme confie la rédaction d’une charte internationale des droits à un comité composé de 18 membres de la commission et originaires de 8 pays différents. Eleanor Roosevelt, veuve du président Franklin D. Roosevelt, est nommée par Harry Truman présidente du comité de rédaction de la déclaration universelle des droits de l’Homme (DUDH). 

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Le rôle d’une femme exceptionnelle : Eleanor Roosevelt

Née à New-York en 1884 d’une famille aristocratique – elle est la nièce du président Theodore Roosevelt -, Eleanor perd ses parents très jeune (sa mère meurt de la diphtérie en 1892 et son père décède deux ans plus tard). Mariée à un lointain cousin, Franklin D. Roosevelt, Eleanor ne reste pas dans l’ombre lorsqu’il exerce le rôle de président des Etats-Unis. C’est elle qui crée la fonction de “First Lady” en s’engageant publiquement pour des causes telles que les droits des femmes, des minorités de couleur et des ouvriers. A la mort de son mari, elle ne délaisse pas ses engagements et participe, sur demande du président Truman, à la rédaction de la déclaration universelle des droits de l’Homme dont elle dira qu’il pourrait s’agir de la “Magna Carta” de l’humanité. Elle défendra, le restant de sa vie, l’application de cette déclaration.

30 droits fondamentaux  

Cette déclaration est en effet un texte majeur qui affirme l’universalité et l’inaliénabilité des droits humains. Elle évoque les droits civils et politiques : 

  • la liberté d’opinion et d’expression ;
  • le droit à la justice ;
  • la présomption d’innocence et le droit à un procès équitable ; 
  • le droit de voter et de prendre part aux affaires publiques de son pays ;  
  • le droit de se réunir ; 
  • le droit d’asile ; 
  • la protection contre les discriminations, l’esclavage et la torture etc. 

Elle aborde les droits économiques : 

  • le droit à un niveau de vie suffisant pour soi-même et sa famille ; 
  • le droit à la propriété ; 
  • le droit au travail etc.

Les droits sociaux ne sont pas oubliés :

  • le droit de se marier et de fonder une famille ;
  • la liberté de pensée, de conscience et de religion ; 
  • la liberté d’association etc.

Tout comme les droits culturels que sont :

  • l’accès à la culture ; 
  • le droit à l’éducation ; 
  • le droit aux loisirs etc.

Tous ces droits doivent permettre à chacun.e de satisfaire ses besoins fondamentaux et son épanouissement personnel. 

Une journée internationale des droits de l’Homme sous le signe de la pandémie

Comme indiqué dans son préambule, la déclaration universelle des droits de l’Homme se veut être un “idéal commun à atteindre pour tous les peuples et toutes les nations”. Malheureusement, malgré une évolution positive, cet idéal est bien loin d’être atteint. En effet, en 2020, 40 millions de personnes sont encore victimes d’esclavage, majoritairement des femmes et des enfants. La liberté de pensée et d’expression n’est toujours qu’un vain mot dans certains pays où la censure règne en maître. 8.9% de la population mondiale ne mange pas à sa faim et 60 millions d’enfants dans le monde n’ont pas accès à l’éducation primaire. 

Le mouvement #MeToo a mis au jour les violences et les discriminations dont sont victimes les femmes et les actualités font état quotidiennement de faits discriminatoires à cause de la religion, du sexe, de la couleur de la peau ou des convictions politiques. Triste réalité. Et la liste pourrait être encore longue.

La pandémie due au coronavirus SARS-CoV-2 est venue exacerber ces inégalités. Se nourrir est devenu (encore) plus difficile, en raison de la raréfaction des denrées alimentaires, de l’interruption des circuits d’approvisionnement et de l’augmentation des prix. L’accès aux soins et à l’éducation s’est complexifié à cause des confinements successifs. Les personnes handicapées qui dépendent d’aides extérieures se sont trouvées plus isolées, malgré une relative continuité des services. Le nombre de personnes en situation de grande pauvreté a augmenté. Selon l’Organisation Internationale du Travail, au deuxième trimestre 2020, le nombre d’heures travaillées a chuté de 14%, ce qui équivaut à 400 millions d’emplois à temps plein, sur la base d’une semaine de 48 heures. Les femmes, plus présentes que les hommes dans les secteurs du commerce, de l’hôtellerie et de la restauration notamment, secteurs particulièrement touchés et les jeunes, dont les contrats sont souvent précaires, sont ceux qui subissent le plus durement cette crise. Les conséquences économiques, sociales, culturelles de cette crise sanitaire liée à la Covid-19 sont désastreuses pour les droits humains.

10 décembre 2020 : un espoir pour l’avenir 

Ne nous résignons pas !

Aujourd’hui, les chiffres sont alarmants. Il faut tirer les leçons de cette terrible pandémie qui, à ce jour, a déjà coûté la vie à plus d’1 500 000 personnes. Cette journée du 10 décembre 2020 se veut être une journée d’espoir avec le leitmotiv suivant : “reconstruire en mieux”. Il n’y aura pas de retour au monde d’avant mais est-ce souhaitable ? Peut-on envisager de reconstruire sur d’autres bases pour des sociétés plus résilientes ? Nada Al-Nashif, Haut-Commissaire adjointe des Nations Unies aux droits de l’Homme évoque dans une vidéo sur la chaîne Youtube d’UN Human Rights les grandes lignes des actions à venir. Parmi elles, en finir avec toute forme de discrimination qui affaiblit une société entière, pas seulement les personnes qui en sont victimes. Réduire les inégalités, en termes de protection sociale et de couverture sanitaire, doit être un objectif prioritaire pour rendre nos sociétés plus justes et plus équitables. “Toutes les voix méritent d’être entendues.” La participation de tous, y compris et surtout des jeunes, doit être soutenue, encouragée. Enfin, les actions en faveur du développement durable doivent être poursuivies et accentuées. 

Ces objectifs sont bien sûr l’affaire des États, qui doivent garantir à leurs citoyens ces droits fondamentaux mais ils sont également l’affaire de tous.

Agir chacun à son niveau

En 1958, Eleanor Roosevelt a déclaré à la tribune des Nations Unies :  « Après tout, où commencent les droits de l’homme universels ? Ils commencent près de chez soi, en des lieux si proches et si petits qu’on ne peut les voir sur aucune carte du monde. (…) Si dans ces lieux les droits sont dénués de sens, ils n’en auront guère davantage ailleurs. Si chacun ne fait pas preuve du civisme nécessaire pour qu’ils soient respectés dans son entourage, il ne faut pas s’attendre à des progrès à l’échelle du monde. »

À nous de voir ce que nous pouvons faire, à notre échelle, pour promouvoir cette déclaration universelle des droits de l’Homme dans un monde où il y a beaucoup à reconstruire… en mieux !

La Déclaration universelle des droits de l’homme

Hélène B.

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